Les lobbies vinicoles poussent à la consommation21/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1890.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les lobbies vinicoles poussent à la consommation

Un amendement concernant la loi Evin qui limite, entre autres, la publicité sur les alcools a été adopté par les députés lors de la discussion de la loi rurale.

Depuis des années, les producteurs, les négociants et leurs organisations font campagne pour supprimer cette limitation de la publicité vinicole. Et un certain nombre de députés, plus particulièrement ceux des régions productrices, se sont faits les relais de ces revendications, aussi bien parmi les élus de gauche que ceux de droite.

Ce vote est en totale contradiction avec l'intention affichée du gouvernement -qui invoque des raisons, justifiées, de protection de la santé- de diminuer de 20% la consommation d'alcool dans le pays dans les cinq ans à venir, et où il déclare prioritaire la lutte contre le cancer et les risques liés à la conduite sous l'emprise de l'alcool.

Certes, la consommation de vin en France n'a cessé de se réduire ces dernières années. Les exportations régressent aussi. Mais les nouvelles dispositions inquiètent les professionnels de la santé, dont un représentant a déclaré: "À quoi bon continuer nos travaux, nos actions de prévention? C'est perdu d'avance, vu nos moyens".

On ne sait pas si le député UMP de Côte-d'Or, président par ailleurs des Hospices de Beaune, un des hauts lieux de la vente vinicole, a mesuré ses paroles en déclarant: "Vous savez, avec les ventes de charité de vin, on équipe les hôpitaux". Mais c'est avec les ventes des produits alcoolisés, dont le vin, que ses confrères fournissent des malades aux hôpitaux.

Chaque année, la surconsommation de vin fait des dizaines de milliers de morts. La France compterait deux millions d'alcooliques dépendants de l'alcool. L'alcoolisme n'est certes pas dû uniquement à la promotion publicitaire du vin. Mais si les modifications proposées à la loi Evin sont destinées, comme l'affirment eux-mêmes leurs promoteurs, à lutter contre la crise du secteur vinicole, c'est bien parce que ceux-ci espèrent ainsi augmenter la consommation du vin!

Que des petits viticulteurs se sentent menacés, c'est compréhensible. Et si on voulait vraiment réduire la consommation des boissons alcoolisées sans les léser, il faudrait prévoir une politique de reconversion, au lieu d'étendre la surface des vignobles, y compris de ceux de médiocre qualité.

Entre la santé publique et les intérêts des groupements vinicoles, les parlementaires qui veulent amender la loi Evin ont choisi. Ils ont choisi la défense des lobbies viticoles tout en sachant que leur vote menaçait l'intérêt sanitaire de la collectivité. Le ministre de la Santé, accusé de n'avoir défendu la loi Evin que du bout des lèvres, a déclaré, après coup, face aux protestations des organismes de lutte contre l'alcoolisme et des professionnels de la santé, qu'il ferait tout pour que les mesures en faveur de la publicité des vins ne passent pas.

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