Chartres - (Eure-et-Loir) : Logement social: dehors les pauvres!21/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1890.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chartres - (Eure-et-Loir) : Logement social: dehors les pauvres!

Fin septembre, le maire de Chartres, Jean-Pierre Gorges (UMP), a présenté son plan de "renouvellement urbain" concernant Beaulieu, une cité populaire de la périphérie de la ville. Ce quartier est composé essentiellement de logements sociaux, construits entre 1959 et 1963 sur ce qui était encore des champs. Lorsqu'il a été construit, il représentait, pour beaucoup de familles, un progrès. Mais la situation s'est dégradée parce que rien de vraiment sérieux n'a été fait pour assurer un entretien correct. Résultat, tout est à refaire: peintures, portes et fenêtres, électricité, sanitaires, etc. Et aujourd'hui Beaulieu est considéré comme un quartier à "problèmes", tout simplement parce que le chômage et la misère se sont développés, et toutes les difficultés qui vont avec.

C'est en prenant prétexte de cette situation que le maire a concocté un projet de transformation du quartier pour "l'horizon 2030 ". Il consiste à démolir progressivement une partie des logements -les barres entre autres- pour ouvrir de nouveaux axes, reconstruire des petits immeubles et des maisons individuelles. Ce projet n'a pas du tout été élaboré avec les habitants du quartier... qui sont tout de même les premiers concernés. La mairie a pris, depuis plus d'un an, l'avis d'architectes, d'urbanistes, de sociologues (qui n'ont pas travaillé gratuitement!) et n'a organisé une "réunion d'information" qu'une fois que tout était ficelé. Les habitants ont ainsi découvert que la mairie avait programmé la disparition d'une école, de la piscine, ou encore de petits pavillons individuels qui bordent le quartier.

En fait, derrière les belles maquettes et les discours sur la "mixité sociale", l'objectif de la municipalité est de diminuer la part du logement social sur la ville. Le maire a d'ailleurs annoncé la couleur lors d'un récent conseil municipal: la loi oblige les villes à un quota de 20% de logements sociaux. Or Chartres en compte près de 35%. Il peut donc en diminuer le nombre sans problème! Car la ville ne serait pas assez "attractive" pour les cadres supérieurs et les classes moyennes. Une partie des nouveaux immeubles sera en location -mais à quel prix?- et le reste en accession à la propriété. Qui pourra y accéder? Certainement pas les ex-salariés de l'usine Snappon toute proche, licenciés en août dernier, dont une partie habitent le quartier. Avec cette rénovation, le maire économisera sur le "social" comme il l'a déjà fait en supprimant des subventions à toute une série d'associations de quartier. Et il poussera les plus pauvres à se loger ailleurs. Où? Il s'en moque.

Les habitants du quartier sont conscients qu'il s'agit d'une exclusion de plus, d'autant plus scandaleuse que des centaines de demandes de logement social ne sont pas satisfaites. Il faut obliger le maire à revoir sa copie. Les 5000 habitants de Beaulieu sont une force suffisante pour contraindre la municipalité à respecter les souhaits de la population.

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