La mort d’Amin Dada : Un produit de l’impérialisme20/08/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1829.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

La mort d’Amin Dada : Un produit de l’impérialisme

L'ancien dictateur ougandais Idi Amin Dada est mort, samedi 16 août, en Arabie saoudite, tranquille et impuni, après avoir passé les vingt dernières années dans une somptueuse résidence mise à sa disposition par le régime saoudien.

Amin Dada, ancien sous-officier de l'armée anglaise formé par elle, accéda au pouvoir par un coup d'État en janvier 1971, avec le soutien de la Grande-Bretagne, des États-Unis et d'Israël, qui trouvaient que le régime précédent -en place depuis l'indépendance concédée par la Grande-Bretagne en 1962- se rapprochait trop de l'URSS.

II clama haut et fort, dès sa prise du pouvoir et jusqu'à son renversement en 1979, son admiration pour Adolf Hitler. Son bilan fut particulièrement atroce: peut-être 300000 victimes du régime de terreur qu'il instaura, 80000 émigrés indiens et pakistanais expulsés par la force, des cadavres jetés dans le Nil, des tortures sans nombre.

Pourtant, Amin Dada connut -en dehors de son pays il est vrai - une certaine popularité en Afrique durant son règne, parce qu'il multipliait les provocations verbales vis-à-vis des pays impérialistes et répondait au mépris de l'Europe envers les Africains par des bravades souvent caustiques. Amin Dada se faisait transporter en palanquin porté par des Blancs (anglais), se proclamait «roi d'Écosse» et proposa même, au moment où la crise économique frappait l'Angleterre de plein fouet, de faire en Afrique une collecte de bananes et d'organiser l'aide humanitaire.

Mais tout cela s'accompagna d'épouvantables exactions. Amin Dada était certes un bouffon, mais un bouffon sanglant. Soi-disant défenseur de l'Afrique noire, il fut l'assassin de son propre peuple, et du peuple tanzanien voisin, auquel il déclara en 1978 une guerre qui allait finalement accélérer sa chute. Malgré ses gesticulations, il ne fit jamais quoi que ce soit pour nuire aux intérêts de l'impérialisme en Ouganda ou ailleurs, et au contraire défendit fidèlement ses intérêts... même si le régime stalinien de Brejnev osa le classer, en 1977, dans sa liste des «dirigeants progressistes».

Amin Dada, comme bien d'autres dictateurs de la région, de Bokassa à Mobutu, n'a été que le fruit pourri de la colonisation européenne en Afrique, qui n'a laissé derrière elle que misère et guerres civiles. Les démocraties occidentales n'ont jamais levé le petit doigt pour empêcher Amin Dada de nuire, pas plus que pour arrêter les exactions de son successeur Milton Obote, qui fit au moins autant de victimes que lui. Et le fait que les pays impérialistes l'aient laissé couler une retraite paisible en Arabie saoudite en dit long.

En réalité, l'impérialisme s'est toujours parfaitement accommodé de ce type de dictateurs, qu'il a formés et encouragés. Et il a fermé les yeux sur leurs exactions, parce que ces tyrans défendaient l'ordre et les profits capitalistes.

Dans cette région des grands lacs, à laquelle appartiennent l'Ouganda, mais aussi le Rwanda et en partie le Congo, les peuples ont eu à subir toutes les atrocités, depuis les despotes du type d'Amin Dada jusqu'aux récents génocides. Il faudra bien un jour, en faire payer l'addition à l'impérialisme.

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