Loi sur le temps de travail adoptée au Parlement : Les salariés livrés à l'arbitraire total des patrons.09/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2084.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi sur le temps de travail adoptée au Parlement : Les salariés livrés à l'arbitraire total des patrons.

Avec ses derniers amendements, la loi sur le temps de travail a donc été adoptée par les députés de la majorité de droite mardi 7 juillet. C'est une attaque en règle contre tous les salariés. Des ouvriers aux cadres, chacun risque de devoir travailler beaucoup plus, pour un même salaire, et souvent même un salaire diminué. Les limitations légales du temps de travail volent en éclat, on en est revenu 90 ans en arrière.

Ainsi, la loi adoptée donne l'entière liberté aux patrons de fixer la durée du travail qu'ils veulent, dans la seule limite de 10 heures par jour, 48 heures par semaine (et encore, ce n'est pas une limite absolue), 47 semaines par an. Cela aboutit à une possibilté de 405 heures supplémentaires par an. Les repos compensateurs, pour une bonne part, sont supprimés ; le temps pour prévenir en cas de modification des horaires des salariés est réduit à quasiment rien ; la notion d'horaire collectif garanti, de fait, disparaît. L'inspecteur du travail ne se voit reconnaître un droit d'intervention qu'au-delà de ces limites. Et encore, comme la France a adopté la directive européenne qui fixe à 60 heures par semaine, voire à 65 heures, le maximum des heures de travail qu'un patron peut imposer, n'importe lequel de ceux-ci pourra saisir les tribunaux pour en redemander.

Cette marche en arrière forcenée nous ramène à avant 1919, époque où le mouvement ouvrier arriva à imposer les huit heures maximum de travail quotidien, six jours par semaine, qui furent portés à cinq jours par semaine après les grèves de 1936. Aujourd'hui, en plus des dix heures par jour, les temps de repos obligatoires entre deux journée de travail ont été quasiment annihilés, de même que la notion de repos hebdomadaire ou de jours fériés.

En effet la loi ne parle plus que de nombre de jours de travail annuel à ne pas dépasser. Ce nombre a été fixé à 235 (pouvant même aller jusqu'à 282 jours en cas d'accord d'entreprise). C'est la base qui devrait servir pour les salariés payés au forfait, les cadres et les autres. Cela revient à supprimer l'ensemble des jours fériés, puisque cela correspond à 47 semaines de travail cinq jours par semaine. Et encore s'agit-il là d'un amendement dit " progressiste " des députés UMP, qui prévoit que les 17 jours supplémentaires qui s'ajoutent aux 218 jours de travail, requis jusqu'à aujourd'hui, se verront appliquer une majoration de 10 % ( au lieu de 25 et 50 % actuellement). En effet, le projet gouvernemental ne prévoyait, lui, aucune limite et mettait donc les personnes au forfait à la disposition de leur patron 365 jours par an.

Enfin, pour l'essentiel, la dernière " nouveauté " sera de permettre de ne plus payer les heures supplémentaires imposées à toute une partie des salariés, avec l'extension des contrats au forfait, limités aux cadres jusqu'à aujourd'hui. Chaque patron sera en droit de l'imposer à ses salariés, il suffira pour cela qu'ils soient considérés comme faisant partie de cette catégorie, totalement floue, des " salariés dont la durée de travail ne peut être prédéterminée ou qui disposent d'une réelle autonomie dans l'organisation de leur emploi du temps ". C'est-à-dire tout le monde, car c'est exactement ce qu'essaye d'imposer en ce moment à leurs ouvriers de chaîne les patrons de Toyota et d'autres sociétés.

Il s'agit donc bien d'une loi scélérate, qui vise à faire travailler, à la guise des patrons, sans limite de temps, sans jours fériés, voire sans salaire, les nouveaux esclaves salariés du 21ème siècle. On n'en est vraiment plus au temps des parlottes, mais au temps de la révolte.

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