La hausse des prix alimentaires, les agrocarburants et la spéculation.09/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2084.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

La hausse des prix alimentaires, les agrocarburants et la spéculation.

Alors qu'une réunion internationale de chefs d'État, le G8, se penche à Hokkaido au Japon sur la crise alimentaire mondiale, la presse a publié des extraits d'un rapport de la Banque mondiale qui incrimine le rôle des biocarburants dans la hausse des prix des aliments.

Ils seraient trois fois coupables : ils ont détourné une partie des céréales qui auparavant étaient destinées à l'alimentation ; ils ont incité les agriculteurs à utiliser davantage de terres pour le colza, le tournesol ou la canne à sucre, aux dépens des surfaces consacrées aux cultures vivrières ; et enfin tout cela a déclenché une vague de spéculation à la hausse sur le prix des céréales.

Ce qui est certain, c'est qu'il y a une spéculation sur le prix du blé, du maïs, du riz ou du soja, comme il y en a sur le pétrole, le cuivre, le nickel ou d'autres matières premières. Des aliments indispensables pour la vie se sont transformés eux aussi en titres financiers pour les capitaux en mal de rentabilité immédiate. Or ces fonds sont considérables. Ils proviennent des profits tirés de l'intensification du travail, depuis plusieurs décennies. Ces profits ont été gonflés par des crédits bancaires de toutes sortes, comme l'a prouvé la crise du crédit de l'immobilier aux États-Unis. Jusqu'alors, ces capitaux misaient sur la Bourse et l'immobilier. Depuis, une partie d'entre eux se déportent vers d'autres secteurs, que ce soit le pétrole, les matières premières ou les produits alimentaires.

Depuis plus d'un siècle, le colonialisme a privé par la force une grande partie de la planète de cultures vivrières, sacrifiées pour des cultures d'exportation comme l'arachide, la canne à sucre ou le coton. Aujourd'hui, le marché capitaliste favorise les cultures de contre-saison à destination des pays riches, si bien que les peuples des pays pauvres peuvent de moins en moins trouver sur place de quoi se nourrir et subissent de plein fouet la flambée des prix sur le marché mondial.

Ici même, les augmentations de prix n'ont pas les mêmes conséquences dramatiques. Mais les hausses mettent en grande difficulté une partie de plus en plus importante de la population. L'échelle mobile des salaires et des retraites, c'est-à-dire leur indexation sur la hausse des prix, devient une nécessité. Il serait plus que légitime de l'imposer à une poignée de capitalistes pour qui la hausse des prix est une source d'enrichissement supplémentaire et qui n'ont aucune idée du prix du pain.

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