Les moins de 16 ans et la justice : Démagogie débridée19/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1773.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les moins de 16 ans et la justice : Démagogie débridée

Le 17 juillet, le gouvernement devrait présenter son projet de loi sur la justice dont tout un volet concerne les mineurs. La détention provisoire des mineurs de 13 à 16 ans serait rendue possible, ainsi que des sanctions prétendument éducatives pour les enfants de 10 ans. Enfin, il serait envisagé d'ouvrir ces " centres éducatifs fermés " autour desquels les campagnes sécuritaires de la droite et de la gauche avaient tourné durant les élections.

Ce projet présente ces mesures comme intermédiaires avant l'internement dans des " centres de détention pour mineurs ", c'est-à-dire dans des prisons qui leur sont spécialement destinées. Mais comme les centres n'existent pas encore, le garde des Sceaux entend développer des quartiers pour mineurs dans les prisons classiques.

Toutes ces mesures constituent un retour en arrière de plus de vingt ans. Le dernier centre éducatif fermé a été clos en 1979, tout le monde reconnaissant à l'époque que, loin de résoudre les problèmes de la violence, ces centres les encourageaient. Dans de tels milieux clos, il n'y a souvent pas d'autre choix pour les mineurs que de plier devant le caïd local ou d'en devenir un soi-même.

Pendant leur campagne, les Chirac et les Jospin, dont les programmes revendiquaient la création de " structures fermées pour les mineurs récidivistes ", avaient largement utilisé la démagogie sécuritaire, contre les jeunes en particulier. Mais faut-il le rappeler, la violence n'est pas le seul fait de la jeunesse, puisqu'à 80 % la délinquance est le fait d'adultes.

A aucun moment il ne s'agit, pour ce gouvernement comme pour ses prédécesseurs, de s'attaquer à la racine du mal. Pourtant, c'est le chômage et la désagrégation des rapports sociaux qu'il entraîne qui font qu'un nombre croissant de jeunes ou de moins jeunes peuvent se laisser tenter par des actes délictueux, faute de trouver un emploi. Certes, la suppression du chômage ne supprimerait pas de façon automatique la délinquance, mais elle y contribuerait certainement.

Après avoir laissé mettre les parents à la porte des usines, le gouvernement décide de renforcer l'arsenal judiciaire contre leurs enfants. Voilà à quoi se résume la politique sécuritaire du gouvernement.

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