Loi Veil : Une réforme en passe d'avorter ?21/07/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/07/une-1671.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Loi Veil : Une réforme en passe d'avorter ?

Avec le refus du Conseil d'Etat d'autoriser la délivrance de la pilule du lendemain dans les établissements scolaires ; avec l'ajournement du projet de réforme de la loi Veil concernant l'IVG, pourtant promise il y a déjà un an par Martine Aubry et qui prévoyait l'allongement de dix à douze semaines des délais légaux durant lesquels l'IVG est autorisée, ainsi que la suppression de l'autorisation parentale pour les mineures désirant avorter, les adversaires des droits des femmes, parmi lesquels il n'y a pas que des grenouilles de bénitiers, ont quelques raisons de se féliciter.

Du coup, et c'est heureux, des voix se sont fait entendre, jusque dans les rangs du PS et de la " gauche plurielle ", pour s'inquiéter du peu d'empressement (et c'est peu dire) du gouvernement à réformer la loi.

Il faut dire qu'il y a de quoi ! Jospin, n'a rien trouvé de mieux, face au lobby réactionnaire et face à l'association catholique intégriste qui avait saisi le Conseil d'Etat, que de faire le gros dos en exprimant le souhait que les deux dossiers soient traités séparément. C'est une façon très jospinienne de botter en touche, et de remettre cette affaire aux calendes grecques !

Quant à Martine Aubry, elle se montre plus préoccupée de son départ prochain pour Lille afin d'y préparer les élections municipales que de montrer sa solidarité avec les légitimes préoccupations des femmes. Courageuse, mais pas téméraire, celle qui se voit siéger à la tête de la mairie de Lille !

Alors que 5 000 femmes sont contraintes d'avorter chaque année à l'étranger, faute d'une législation plus souple, Martine Aubry a choisi de faire écho aux propos pour le moins méprisants du gynécologue Israël Nisand, à qui elle avait commandé un rapport, et qui, dans celui-ci, exprimait sa crainte que l'allongement des délais ne donne lieu à des " avortements de confort ".

Face à de tels propos, le personnel d'une dizaine de centres IVG s'est mobilisé et a signé un manifeste dans lequel il répond fort pertinemment que " c'est à la femme seule, quel que soit le terme de sa grossesse, de connaître en son âme et conscience ce qui l'autorise à poursuivre ou non sa grossesse ".

Ce manifeste réclame en outre l'application de la réforme promise et, loin de s'en tenir aux déclarations d'intention d'une ministre si peu solidaire, les signataires affirment qu'ils sont " prêts à assumer la pratique de l'IVG au-delà du délai légal et qu'ils en possèdent la technique ". Ils se déclarent " déterminés à prendre en charge les jeunes femmes mineures sans autorisation parentale et les femmes étrangères sans titre de résidence " et veulent " soutenir celles et ceux qui se mettent d'ores et déjà dans l'illégalité ".

Face aux pleutreries des Jospin et autre Aubry, voilà une prise de position claire, humaine et courageuse. Le Premier ministre et Martine Aubry feraient bien de s'en inspirer. Mais ce serait supposer qu'ils sont attachés aux idées que parfois ils développent dans leurs discours. Si c'était le cas, cela se serait vu !

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