Le 14 juillet de Chirac : La voix de son maître... le MEDEF21/07/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/07/une-1671.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le 14 juillet de Chirac : La voix de son maître... le MEDEF

Le 14 juillet, non seulement la fanfare marche au pas, mais le président de la République y va de son " traditionnel entretien ". A deux ans de l'échéance présidentielle, Chirac a déjà un pied sur la ligne de départ.

Il a ressorti du magasin des accessoires le thème de la fracture sociale de 1995. Échéances électorales obligent, la " cohabitation constructive ", louée dans des entretiens antérieurs, n'est plus de mise. Chirac aimerait se démarquer un tant soit peu de son rival à gauche, Jospin. Mais, évidemment, quand gauche et droite se relaient pour mener une politique assez voisine, ce n'est pas facile. En effet quinquennat ou Union européenne ne sont plus des sujets qui divisent.

Prenant à contre-pied les chantres de " l'embellie économique ", Chirac a donc déclaré qu'il ne voyait pas la fracture sociale se réduire. Au contraire, il a constaté que le nombre des allocataires du RMI n'a fait que se développer depuis cinq ans, tandis qu'à l'autre bout, la richesse augmente et sa répartition est contestée. Une répartition inégalitaire qui pourrait même s'aggraver.

Et pendant que Chirac en était à prendre Jospin sur sa gauche, ce qui il est vrai n'est pas difficile, il a dénoncé le faible niveau... des salaires, mettant en cause ce qu'il appelle une " situation curieuse " : " Nous sommes dans une période de croissance et le pouvoir d'achat n'augmente pas ". Le monde à l'envers... si même Chirac le dit !

N'en demandez tout de même pas trop à Chirac, ce prétendu pourfendeur des inégalités sociales - le 14 juillet et en période électorale - s'est évidemment abstenu de s'en prendre au premier responsable de la dégradation des salaires et de l'augmentation des bénéficiaires du RMI : le patronat, auquel il n'a cessé de distribuer des bons points. Pour lui, le Plan de retour à l'emploi (PARE) " va dans le bon sens ". Il a félicité les signataires de cet accord (MEDEF, CFDT et CFTC) qui va aggraver la situation des chômeurs. Chirac a choisi de saluer le pseudo " dialogue social " à la sauce cuisinée par le baron Seillière, chef du MEDEF. Et, en dénonçant la trop grande réglementation qui gênerait l'activité des entreprises, Chirac a purement et simplement repris à son compte un des dogmes du grand patronat.

Pour le reste, le président a lancé quelques banalités sur la modernisation de la démocratie, dont le quinquennat serait devenu l'illustration... alors qu'il disait le contraire, il y a un an, jour pour jour. Chirac a été prudent sur la Corse ou les municipales à Paris. Pour la capitale, il souhaite " que les querelles s'apaisent " : il préfère, bien sûr, qu'on ne remue pas trop le malodorant " système de la mairie de Paris ", qui a bénéficié au maire actuel, mais d'abord et surtout à son prédécesseur... Chirac. Pour ce qui est des " faux électeurs ", il dégage d'avance sa responsabilité des fautes commises par des élus parisiens. Ni responsable, ni coupable, bien sûr.

Voilà donc comment le Chirac " social " ressort de sa boîte, tel qu'en lui-même. Mais après tout, pourquoi se gênerait-il, face à un Jospin et à un Parti Socialiste qui lui ressemblent comme deux gouttes d'eau.

Partager