Affaire Tiberi : Tricheurs et escrocs21/07/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/07/une-1671.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Tiberi : Tricheurs et escrocs

La découverte de nouveaux faux électeurs de la mairie de Paris a provoqué un nouveau rebondissement dans une affaire qui en a déjà connu un certain nombre. Et ce n'est certainement pas le dernier.

Dans cette tibériade à épisodes, le Conseil constitutionnel avait jusqu'à présent rejeté la requête d'invalidation de l'élection législative de 1997, concernant le seul Vème arrondissement de Paris, estimant que la fraude constatée n'avait pu inverser le résultat du scrutin. C'est admettre qu'il y a des fraudes vénielles, avec lesquelles la loi peut constitutionnellement s'accommoder. Or, il s'avère que l'ampleur de la fraude aurait été au minimum de 3315 voix pour un écart de voix entre Tibéri et Lyne Cohen-Solal, candidate du PS, de 2275 voix. C'est dire que la candidate socialiste aurait dû être élue en lieu et place de Tibéri. Celle-ci a donc saisi, une nouvelle fois, le Conseil constitutionnel pour faire invalider l'élection.

A droite, Séguin, qui est RPR comme Tibéri et... Chirac, a dénoncé, sans complexe, le " système parisien " et a suggéré à son compagnon de parti Tibéri d'abandonner l'ambition de se porter candidat. A quoi Tibéri a répondu, non sans perfidie, que Séguin voudrait mettre en cause l'administration de son prédécesseur - Chirac - qu'il ne s'y prendrait pas autrement.

Le PS et la gauche dite plurielle font des gorges chaudes devant ces entorses à la légalité et à la démocratie.

Certes elles sont incontestables. Sauf que de tels scandales, il y en a certainement d'autres, et pas seulement à droite, que ce petit monde politicien ne peut ignorer. Car dans ce milieu, chacun a son lot de cadavres, qu'il conserve dans les placards, quitte à les sortir au moment opportun, c'est-à-dire en période de campagne électorale.

Mais, scandale pour scandale, n'est-il pas plus scandaleux encore de promettre une chose à ceux dont on sollicite les suffrages pour faire l'inverse une fois élu ? Pourtant cela se fait habituellement, sans qu'il y ait besoin de recourir au moindre trucage, dans l'entier respect de la loi. Cette escroquerie-là - car c'en est une - est pratiquée à droite sans doute, mais au moins autant par la gauche politicienne. Car la droite, elle, n'a en fait guère besoin de tromper ses électeurs. Elle leur dit qu'elle va faire une politique de droite, et tient ses promesses. A la différence de la gauche qui promet une politique de gauche pour faire la politique de la droite.

On oublie de dénoncer cette supercherie-là, parce qu'elle fait partie des règles du jeu.

Et pourtant, elle est aussi lourde de conséquences pour les électeurs que les pratiques douteuses d'un Tibéri ou d'un Chirac.

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