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- Lutte de Classe n°2
- Rabotchaïa Borba Numéro spécial 13 octobre 1993
Rabotchaïa Borba Numéro spécial 13 octobre 1993
Bulletin d'usine pour les ouvriers de l'Usine de la Baltique
CAMARADES OUVRIERS !
La crise du système bureaucratique a provoqué une cassure au sein de la classe dirigeante. Chacune des fractions rivales de la nomenklatura s'essaye à s'emparer des vrais leviers de commande du pouvoir d'État. La lutte des clans bureaucratiques a provoqué un massacre sanglant à Moscou. Les 3-4 octobre, le conflit n'a pas du tout éclaté entre "démocratie" et "fascisme". Non ! C'était une empoignade peu ragoûtante entre des cliques de la bureaucratie, se disputant le pouvoir. Cela fait déjà longtemps qu'Eltsine avait des envies de dictateur. Eh bien, maintenant qu'il a écrasé la Maison Blanche, le président a mis en place son pouvoir personnel... Enfin, pour l'instant, sur le papier seulement.
Eltsine candidat dictateur
Pourquoi donc, Eltsine, ayant décrété la dissolution du Soviet suprême le 21 septembre, n'a pas pris de mesures décisives aussitôt ? Pourquoi le régime d'état d'urgence n'a été introduit qu'à Moscou ? La réponse est simple. La cassure au sein de la classe dirigeante est déjà à ce point profonde que pas une seule des fractions concurrentes ne se trouve en situation de recueillir le soutien de la majorité de la bureaucratie. Les forces de l'ordre (armée, ministère de la Sûreté, milice) jouent leur propre partition. Le centre ne contrôle pas les régions. Sur le territoire des régions autonomes, n'ont force de loi que les lois locales.
Le sens de ce face à face "pacifique" de 12 jours (entre le 21 septembre et le 3 octobre) entre le Parlement et le président est clair : chacun des camps dressés l'un contre l'autre essayait d'attirer à lui, d'une part l'armée, de l'autre la bureaucratie des régions. Les tractations entre appareils ont duré 12 jours. Le Soviet Suprême a perdu position sur position. Alors, Eltsine s'est décidé à jouer de la provocation, suscitant une intervention des gens de l'extrême droite, ce qui força l'armée à se tenir aux côtés du président. L'épilogue est connu.
Mais, après avoir expédié ses anciens collègues - Khasboulatov, Routskoï et cie - à la prison de Lefortovo, Eltsine n'en a pas pour autant renforcé son pouvoir. Les Soviets régionaux et locaux sont loin de se presser de s'autodissoudre. L'armée et la police terrorisent la population ; formellement les forces de l'ordre sont du côté du président, mais en fait elles poursuivent leurs propres buts. Eh oui, Eltsine, est enfin devenu un dictateur... dans les limites du boulevard des Jardins (NdT : l'équivalent des boulevards des Maréchaux, à Paris) de la ville de Moscou.
Contre le nationalisme
Les moyens d'information sont infectés par le poison nationaliste. Eltsine et cie ont emprunté les slogans d'appel à la grandeur russe à l'extrême droite. L'appartenance nationale de Khasboulatov est devenue un atout maître car pipé dans des jeux de politiciens peu regardants. Sous prétexte de maintien de la loi dans le cadre de l'état d'exception, on expulse de Moscou les réfugiés du Caucase. La classe dirigeante encore et encore agit selon le principe "diviser pour régner". Les travailleurs doivent s'opposer à la contagion nationaliste. Quelle que soit leur nationalité, les travailleurs n'ont qu'un ennemi : la bureaucratie.
Pour le communisme
En quoi la classe dirigeante, aujourd'hui est unie ? Eh bien, c'est dans la haine du communisme. Avec l'insistance d'une mouche, les moyens d'information aux ordres du pouvoir parlent d'un putsch "communiste". Les héritiers repeints de neuf du contre-révolutionnaire Staline ont décrété d'interdiction les organisations communistes. Même les symboles communistes se voient interdits ! Bien sûr, des démagogues du type d'Anpilov (de Troudovaïa Moskva), de Ziouganov (PC de Russie), sans oublier Nina Andréiéva (PC-Bolchévik), n'ont rien à voir avec le communisme. Sur le sort de politiciens de ce genre, il n'y a pas une larme à verser. Mais les milliers de travailleurs qui méprisent le régime d'Eltsine doivent faire valoir leur droit de se réclamer du communisme et de se battre pour leur émancipation.