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- Lutte de Classe n°77
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Motion : Accord... accords...
Le propos de ce texte, dont les auteurs sont en faveur de l'accord LO-LCR, sur la base du protocole et des professions de foi auxquels on a abouti aujourd'hui, n'est pas de réfuter les oppositions ou dissiper les réticences exposées dans les deux textes intitulés "Pas d'accord" ou "Sur l'accord LO-LCR".
Une simple ligne de la motion présentée par les auteurs du premier de ces deux textes, nous semble pourtant résumer les appréhensions, les idées préconçues et les trous de mémoires des adversaires de l'accord.
"Compte tenu de la politique de la LCR depuis 1999, de son attitude lors du second tour des élections présidentielles, un accord politique pour les élections de 2004 serait partiel et se déferait au lendemain même de ces élections ; la campagne commune se limiterait à la profession de foi et nous n'avons aucune garantie que le cadre que nous fixons sera respecté".
"La politique de la LCR depuis 1999" ? Sans aucun doute, elle fut par moment à l'opposé de la nôtre. Et LO avait toutes les raisons de s'en démarquer et de la critiquer (elle aurait même pu et dû le faire plus explicitement et plus souvent). Mais, et celle de LO, en tout cas vis-à-vis de la LCR ? C'est LO, faut-il le rappeler, qui entendait bien "défaire [l'accord conclu aux européennes] au lendemain même des élections". La plupart d'entre nous ne peuvent pas ne pas se souvenir de ce qui était dit sur la LCR du haut de la tribune des congrès 1999, 2000 ou 2001, afin de justifier l'impossibilité de toute action commune y compris aux élections. (À ce propos d'ailleurs qu'est devenue la demande de la Fraction de publier ces interventions afin que tous les camarades puissent juger du mal-fondé de la motion présentée contre elle in extremis au congrès de l'an passé ? Au moment où l'on déplore que "les interventions ne viennent au congrès qu'après les AG, ce qui ne permet pas une discussion large c'est-à-dire approfondie", n'est-il pas dommage d'avoir laissé cette occasion de discussion aux oubliettes depuis 11 mois ?).
"Un accord politique pour les élections de 2004 serait partiel" ? Évidemment. Avec un accord politique total c'est de fusion qu'il devrait être question, ce dont personne ne parle. Tout accord avec un autre groupe ou parti ne peut être que limité et restreint, partiel donc. De même, évidemment, il n'y a jamais de "garantie que le cadre que nous fixons sera respecté", en tout cas de garantie absolue. Ce n'est jamais qu'après coup que nous pouvons en avoir la vérification.
Ce qui saute aux yeux à l'exposé de tous ces arguments, c'est qu'ils ne sont que de forme (confiance, pas confiance, des garanties, pas de garanties, la LCR a fait-ci, la LCR n'a pas fait ça) pas sur le fond politique de l'accord.
Or c'est tout de même sur celui-ci que nous devons avant tout juger et nous prononcer. Les conditions décidées pour une campagne commune sont-elles correctes ou pas ? La profession de foi (qui détermine quand même la teneur de la campagne et le programme sur lequel nous nous présentons) est-elle juste ?
Personne ne peut dire que LO aurait accepté une seule condition qui ferait entorse à nos principes. Les adversaires de l'accord eux-mêmes d'ailleurs ne le disent pas. Ou qu'elle aurait accepté une seule ligne qui serait politiquement erronée. Tout n'y est pas, c'est sûr. Mais tout n'aurait pas été non plus dans une profession de foi écrite par LO seule. Et qu'est-ce qui aurait été indispensable et qui manque ? Les camarades qui sont contre l'accord ne nous le disent pas non plus. Sans doute parce qu'ils savent bien, comme nous tous, qu'en la matière l'indispensable est très relatif et que cette profession de foi, centrée sur les problèmes de la classe ouvrière et de ses couches les plus exploitées et déshéritées, contient bien l'indispensable aujourd'hui.
La réalité c'est que cet accord est une victoire politique pour LO, conclue sur son terrain (ce qui ne veut pas dire hors du terrain ou plutôt des terrains de la LCR, puisqu'on sait que celle-ci joue sur plusieurs terrains, y compris certains sur lesquels il ne peut être question pour nous d'aller). Il est analysé d'ailleurs comme ça par tous, amis et ennemis. Il suffit d'entendre les réactions de tout le monde politique après le congrès de la LCR.
De quelles autres raisons avons-nous besoin pour l'approuver ?
Et que pouvons-nous craindre ? Qu'il profite davantage à la LCR qu'à nous ? Mais avec les dernières présidentielles, nous avons eu l'exemple inverse : c'est notre refus a priori de tout accord (et même d'en discuter) qui a finalement bien plus profité à la LCR qu'à LO.
La politique du splendide isolement (qui reste d'ailleurs rarement splendide longtemps, s'il l'a jamais été) ne peut nous convenir. Un groupe révolutionnaire veut bouleverser le monde dans le long terme et construire un parti dans le court. Comment le faire sans en entraîner beaucoup d'autres, militants et groupes ? Et comment les entraîner sans le tenter ? En commençant quand même par ceux qui sont ou se disent les plus proches de nous.
Certes, nous ne réussirons pas à tous les coups ni avec tous. Certes, il s'agit de les entraîner sur notre terrain. Bien sûr, avec cette politique, le danger existerait constamment d'aller sur ceux des leurs dont nous ne voulons pas, de les suivre sous prétexte de les entraîner. Mais ce n'est pas ce que nous faisons avec cet accord.
Il fut une époque où notre organisation avait pour politique de proposer aux autres groupes, et notamment déjà à la LCR, de faire ensemble tout ce qu'il était possible de faire ensemble, c'est-à-dire l'action commune chaque fois que les bases politiques en étaient trouvées, sans cacher les divergences sur les autres questions, sans subordonner ces actions à un accord plus général, en bref en refusant le tout ou rien, que nous proposait alors les autres, et en particulier la LCR. Car à cette époque ce sont les autres qui en général ont repoussé nos propositions.
Nous proposons, dans le contexte d'aujourd'hui, de renouer avec cette politique. Plus exactement d'ailleurs, de continuer au-delà des élections cette politique avec laquelle nous avons renoué cet été en prenant les devants pour proposer à la LCR de discuter des possibilités d'un accord électoral.
Nous proposons donc d'envisager dès maintenant d'explorer les possibilités d'actions communes sur d'autres terrains que les seules élections. En tout cas d'affirmer notre volonté de le faire lors de notre prochain congrès.
Pas besoin d'être grand clerc pour deviner les sujets sur lesquels une intervention des révolutionnaires sera nécessaire dans la période qui vient, tant les attaques du gouvernement et des patrons se multiplient : l'emploi, les licenciements, le chômage ou encore la défense de la Sécurité sociale, pour ne citer que les deux principaux. Ce sont justement des questions sur lesquelles nous nous apprêtons à faire campagne électorale en commun avec la LCR. Alors, même si la tâche principale et immédiate sera de consacrer nos énergies à faire la meilleure campagne électorale possible, pouvons-nous ne pas poser dès aujourd'hui le problème de l'intervention hors élections, à côté ou après cette campagne, sur ces sujets ?
Nous n'avons aucune garantie que c'est possible avec la LCR. Mais nous n'avons pas plus la garantie que ce n'est pas possible avant de l'avoir essayé. La preuve : quelle garantie avions-nous en juin que l'accord pourrait être trouvé pour les élections ? La plupart des camarades étaient persuadés, en lisant notre première lettre à la LCR, que celle-ci ne pouvait que répondre par un refus.
Et ne pas le faire ce serait perdre une bonne partie au moins des bénéfices politiques que nous pouvons espérer de la campagne commune.
- Le principal d'abord : le crédit gagné aux yeux d'un certain nombre de travailleurs, qui peuvent juger que, à cette occasion au moins, les trotskistes sont assez responsables pour se rassembler quand ils sont d'accord. En revanche si nous ne le faisons qu'à l'occasion des élections, l'accusation de manoeuvre purement politicienne, pour avoir un score et des élus, (accusation que répètent à l'envi nos ennemis et qu'ils vont répéter jusqu'en juin, ils n'en ont pas beaucoup d'autres) prendrait alors, hélas, quelque consistance.
- Mais un autre aussi qui ne nous importe pas moins : le crédit gagné ou regagné auprès d'un certain nombre de militants de la LCR. Pas tous, bien sûr, ça c'est sûr, certains nous demeurent hostiles, voire encore plus hostiles qu'avant, à cause de l'accord. Mais il y a tous ceux qui sont sensibles à ce que dit et fait LO, d'accord avec une partie au moins de sa politique, ceux que nous pouvons espérer gagner complètement à cette politique un jour, mais qui sont persuadés que LO ne veut rien d'eux, n'attend rien d'eux et au fond les méprise (sentiments peut-être injustifiés mais que l'attitude de LO ces dernières années a contribué à renforcer).
7 novembre 2003
Motion à intégrer éventuellement à "la situation intérieure" ou au texte à venir sur l'accord
La politique offensive adoptée par LO avant les vacances vis-à-vis de la LCR a porté ses fruits. Elle a montré qu'il était possible de conclure un accord avec la LCR sans compromission et sur une base correspondant aux intérêts de la classe ouvrière.
Cette politique doit être poursuivie hors élections, à savoir explorer systématiquement les possibilités d'interventions communes avec l'extrême gauche, en premier lieu la LCR, et proposer cette intervention commune chaque fois qu'elle s'avère possible, c'est-à-dire chaque fois que les bases politiques en sont trouvées. Et il va sans dire que cette politique n'implique en aucune façon d'accepter de cacher, taire ou subordonner nos divergences et nos critiques à l'encontre d'un groupe quelconque ou de sa politique.
Ce qui a été possible sur le terrain électoral devrait l'être aussi sur d'autres, ceux de la lutte de classe, plus essentiels pour le monde du travail. À tout le moins cela mérite d'être recherché.
Sans préjuger des questions qui peuvent surgir et occuper le devant de la scène dans le proche avenir, deux au moins devraient faire l'objet de discussions entre LO et la LCR sur les possibilités d'interventions et de campagnes communes : la lutte contre les licenciements et le chômage ; la lutte contre les attaques gouvernementales et patronales contre la Sécurité sociale.