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Crise de la dette : les problèmes de la bourgeoisie... et ceux des travailleurs
À peine quatre ans après la crise financière de 2008, le système bancaire mondial semble de nouveau proche de la syncope. La spéculation sur la dette des États joue aujourd'hui le rôle que la spéculation sur l'immobilier américain avait joué en 2008 : à la fois source de profits rapides et bombe à retardement pour l'ensemble du système financier. Mais il y a une différence importante avec la situation de 2008 : cette fois-ci, les États qui sont venus au secours de la finance il y a quatre ans, ne sont plus capables de le faire à cause de leur endettement.
Le point névralgique de la phase actuelle de la crise est justement la dette des États européens liés entre eux par la monnaie unique, l'euro. Depuis deux ans et demi, les phases de panique de la finance et des dirigeants politiques se sont succédé, menaçant à chaque fois de faire imploser la zone euro. À chaque fois, l'issue trouvée n'a été qu'un répit de courte durée avant la phase de panique suivante. Et d'ailleurs, les derniers épisodes se sont précipités.
D'abord, il y a eu en juin la menace de faillite du système bancaire espagnol et l'annonce d'un plan d'aide de l'Europe de près de 100 milliards d'euros. Les banques espagnoles sont percluses de dettes depuis la crise de la bulle immobilière espagnole de 2008, qui a éclaté dans la foulée de la crise américaine, et près de 184 milliards d'euros de ces « mauvaises dettes » traînent depuis dans leurs caisses.
Comme à chaque plan d'aide mis en place, on a eu droit aux déclarations des chefs d'État toujours très fiers d'eux-mêmes et rassurants. Au-delà de ces fanfaronnades, il y a la tentative dérisoire de bluffer la spéculation sur leur maîtrise de la situation. Car tout ce petit monde sait très bien que si les États européens sont venus en aide aux banques espagnoles, c'est parce que l'État espagnol n'est plus en mesure lui-même de leur venir en aide, car il est sur le point d'être entraîné dans la spirale du surendettement comme la Grèce.
La situation en Grèce est toujours aussi menaçante, comme l'anxiété des dirigeants mondiaux à l'approche des élections législatives de juin dans ce pays l'a montré. Ce n'est pas tellement la couleur du nouveau gouvernement qui sortirait des urnes qui les inquiétait. Ce qu'ils craignaient et craignent toujours c'est que la moindre petite annonce puisse jouer le rôle d'une étincelle et provoquer une panique financière, dans un contexte où le système bancaire mondial est plus que mal en point comme la récente dégradation par les agences de notation des grandes banques mondiales est venue en témoigner.
À l'échelle mondiale et encore plus en Europe, l'économie est entraînée dans un cercle vicieux où les plans d'austérité imposés par les États pour payer leur dette ont pour conséquence automatique une aggravation de la crise économique, qui en retour les empêche de se désendetter et effraye les marchés financiers.
Mais pour comprendre comment le nœud coulant de la finance s'est mis en place et petit à petit resserré, il faut remonter à la crise financière de 2008 et même, au moins rapidement, à ce qui caractérise l'économie capitaliste depuis plusieurs dizaines d'années, sa financiarisation croissante.
Les capitaux qui rechignaient à s'investir dans la production ont reflué vers la spéculation...
Depuis le ralentissement économique du début des années 1970 et la fin de la période dite des « Trente glorieuses », l'économie capitaliste mondiale est marquée par la faiblesse des investissements productifs. Une part toujours croissante des profits réalisés dans la production n'a pas été réinvestie dans la production et a cherché des débouchés autres.
Ces profits ont été utilisés à racheter des entreprises concurrentes, ils ont servi à racheter des entreprises privatisées, ils ont été prêtés aux États ou sont allés encore vers de tout autres types de placements financiers, mais il y a eu très peu d'investissements productifs, en tout cas au regard de la somme globale des profits générés par la production. Et cela a également contribué en retour à ralentir l'économie elle-même, car c'est dans la production que se crée la richesse.
Ainsi, des capitaux en nombre toujours plus important ont afflué vers la sphère financière et ont alimenté la spéculation.
Les activités bancaires sont aussi vieilles que le capitalisme et elles lui sont nécessaires. Car il est essentiel que des capitaux soient sans arrêt disponibles pour amortir les inévitables à-coups de la production et de la distribution, pour rendre possible l'accroissement de la production ou tout simplement pour le fonctionnement quotidien de l'économie.
Quand une entreprise doit payer ses fournisseurs ou ses salariés, elle a besoin d'avoir accès à du capital. De même, au fur et à mesure qu'elle écoule ses marchandises, elle confie aux banques le capital qui lui est revenu pour qu'il soit disponible pour d'autres capitalistes, en échange d'un intérêt évidemment. Le système bancaire gère donc les flux de capitaux qui passent d'un bout à l'autre de l'économie en fonction des besoins de celle-ci et de la rentabilité des placements.
Et dans une économie anarchique, dominée par la recherche du profit individuel maximum, le système bancaire apparaît comme une « socialisation » de l'utilisation du capital. Car il en concentre la gestion entre les mains de quelques grandes banques, évidemment sans toucher à la propriété privée des capitaux que chaque capitaliste peut à tout moment retirer et placer dans une autre institution bancaire. Pour reprendre une phrase de Marx : « Les banques créent, à l'échelle sociale, la forme, mais seulement la forme, d'une comptabilité et d'une répartition générales des moyens de production. »
Le système bancaire sert donc à fluidifier la circulation des capitaux dans l'économie. Et c'est justement cette « fluidité » ou « liquidité » d'une partie des capitaux qui rend la spéculation financière possible.
D'un certain point de vue, même les investissements productifs sont spéculatifs, car tout investissement est un pari sur l'avenir. Un capitaliste ne récupère son capital investi dans la production augmenté de son profit que s'il réussit à vendre ses produits. La spéculation financière, qui consiste à acheter un produit pour le revendre en misant uniquement sur l'évolution de son prix, suit donc la même logique. À la différence importante près que c'est dans la production que se réalise la création de richesses. Et les bénéfices de la spéculation ne sont en définitive qu'une ponction sur les profits réalisés dans la production.
Globalement, la spéculation ne crée donc pas de richesse. Mais elle peut générer des fortunes rapides ! Sous l'effet d'une demande importante, les valeurs de certains produits peuvent voir leur cours grimper en flèche et alors, acheter pour revendre devient une source de profits immédiats et qui peut même sembler infinie.
La spéculation peut se porter sur des actions d'entreprises, sur des matières premières, mais cela peut aussi être des contrats d'assurance sur des placements financiers ou encore des contrats qu'on regroupe souvent sous le terme de « produits financiers dérivés ».
Il y a eu une véritable explosion de ces « produits financiers » au cours des dernières décennies. Car, la quantité de capitaux cherchant un placement lucratif étant constamment en croissance, les banques et autres institutions financières n'ont cessé d'inventer de nouveaux « produits » pour répondre à la demande. Au point qu'aujourd'hui, un financier de renom dans les années 1990, George Soros, affirme qu'il ne comprend plus rien à tous ces nouveaux produits dérivés mis sur le marché de la finance.
Ces « produits dérivés » sont des paris sur l'évolution de tel ou tel produit ou encore de l'évolution d'une monnaie par rapport à une autre. Ils peuvent être des échafaudages mathématiques ultra-sophistiqués, et même devenir incompréhensibles à celui qui envisage de placer ses capitaux. Il est vrai que pour parier au PMU (et pour gagner !), il n'est pas besoin d'avoir une connaissance exhaustive de l'anatomie du cheval.
D'ailleurs, bien des placements de capitaux se font sans que tous les termes du contrat soient réellement compris tant ils sont alambiqués. Et c'est en réalité la confiance en l'institution auprès de qui les détenteurs de capitaux placent leur argent qui sert de garantie. La confiance qu'inspire une banque ou un fonds d'investissement est un élément crucial pour sa survie : s'il y a confiance, les capitaux affluent sans problème ; s'il y a défiance, ils se retirent précipitamment, pouvant entraîner la faillite de la banque.
Il y a quelques années, le financier américain Bernard Madoff avait réussi, à la tête de son fonds d'investissement, à se faire confier plusieurs dizaines de milliards de dollars simplement sur sa réputation de spéculateur hors pair. En réalité, il distribuait des bénéfices en dépensant au fur et à mesure l'argent qu'on lui confiait, et il se servait aussi au passage évidemment. La BNP, la Société générale ont par exemple été des « clients » de Madoff et lui ont confié de l'argent à placer. En 2009, la justice américaine l'a condamné à 150 ans de prison pour escroquerie.
Enfin, les bulles spéculatives sont l'expression la plus visible de la spéculation. Elles sont le résultat du comportement moutonnier des placeurs de capitaux : si tel produit a le vent en poupe pour une raison ou pour une autre, tous se précipitent dessus, ce qui contribue à faire monter sa valeur. Jusqu'à ce que, pour une raison ou pour une autre, le produit n'ait plus le vent en poupe. Alors, le comportement moutonnier entraîne l'effondrement des valeurs qu'il venait juste de porter au pinacle : les mêmes se précipitent pour vendre leur produit avant qu'il ne perde trop de valeur, mais en faisant cela, ils précipitent la chute de la valeur du produit qu'ils détiennent.
Des bulles spéculatives apparaissent et se résorbent constamment, au rythme des événements économiques, comme la pénurie temporaire de telle denrée à la suite d'une mauvaise récolte à l'échelle mondiale, ou les difficultés d'approvisionnement en pétrole ou en gaz suite à un conflit militaire. Il y a même des vagues spéculatives très ponctuelles comme celles sur les prix de nombreuses denrées alimentaires qui augmentent juste avant une récolte et chutent ensuite.
Des masses de capitaux considérables passent donc leur temps à chercher le placement le plus profitable. Et le moindre petit capitaliste, à partir du moment où une partie de son capital n'est pas immobilisée dans la production, contribue donc à la spéculation d'une manière ou d'une autre. Il n'y a pas d'un côté des spéculateurs, et de l'autre des industriels : c'est l'ensemble des profits de la classe capitaliste qui constitue le carburant de la finance et de la spéculation.
... et ont en retour étouffé la production
Si, à la base du fonctionnement du capitalisme, le crédit bancaire est censé jouer le rôle d'oxygène supplémentaire pour les capitaux investis dans la production en fonction des besoins de celle-ci, la financiarisation croissante que l'économie mondiale a connue depuis près de quarante ans a au contraire contribué en retour à étouffer toujours plus la production. De manière imagée, on peut dire que le capitalisme s'est toujours plus étouffé dans sa propre graisse de capitaux.
L'exemple du pétrole est éclairant, d'autant plus qu'historiquement c'est là que la première phase de cette financiarisation s'est développée.
Lorsque, à la fin des années 1960, il devenait de plus en plus certain que l'économie capitaliste allait entrer dans une phase de crise économique, les multinationales du pétrole, grâce à leur position de monopole, ont fait le choix de réduire leurs investissements productifs et de gonfler leurs profits en misant sur l'explosion des prix du pétrole en réduisant l'offre. Ce fut le premier « choc pétrolier » qui déclencha une crise brutale de toute l'économie mondiale.
Ces « majors » du pétrole ont alors engrangé des profits faramineux. Ces capitaux, ces « pétrodollars » comme ils furent appelés, qui étaient à l'affût de placements, mais qu'en grande partie, les multinationales se refusaient à investir dans la production, furent la première expression de cette tendance à la financiarisation.
Encore aujourd'hui, les capacités de raffinage sont à peu de choses près quasiment les mêmes qu'au début des années 1980. Par contre, si les capitaux ont délaissé le secteur du raffinage, ils ont été attirés par la spéculation juteuse sur les prix du pétrole, faisant grimper les prix de l'essence à la pompe et renchérir, par exemple, le prix du transport de marchandises.
Depuis près de quarante ans, la bourgeoisie accroît ses profits, non en développant radicalement la production, mais en pressurant davantage la société et la classe ouvrière, et ce faisant, elle maintient la société dans cette situation de crise économique permanente. La caractérisation générale des crises du capitalisme par Marx s'applique plus que jamais : « La raison dernière de toutes les véritables crises reste toujours la pauvreté et la limite imposée à la consommation des masses, contrairement à la tendance qui pousse, d'autre part, la production capitaliste à développer les forces productives comme si la limite de ces dernières résidait dans le pouvoir absolu de consommation de la société. »
Financiarisation et production industrielle atone sont donc les deux caractéristiques de l'économie capitaliste qui s'alimentent en permanence l'une l'autre. La spéculation étouffe la production ce qui, en retour, pousse toujours plus les capitaux vers la finance.
La crise de l'immobilier américain et son onde de choc planétaire
La finance mondiale a connu de nombreuses phases d'euphorie suivies d'un krach financier. Sans remonter trop loin, on peut rappeler le krach d'octobre 1987 après une spéculation sur les actions des entreprises américaines dont les profits étaient dopés par une très faible valeur du dollar. Il y a eu la crise des « tigres » et des « dragons » du Sud-est asiatique - ces États comme la Corée du Sud, la Thaïlande, Singapour, l'Indonésie ou encore Hong-Kong dont les Bourses avaient attiré les capitaux suite à des investissements dans cette région. Il y a eu la crise de la bulle Internet en 2000 et 2001.
À chaque fois, des capitalistes y ont laissé des plumes et d'autres en ont profité pour rafler la mise. Et à chaque fois, les États sont intervenus pour empêcher que le krach financier ne se traduise par des faillites en chaîne.
Mais dans cette succession de booms et de krachs financiers, la dernière crise, celle de l'immobilier américain en 2007 et 2008, la « crise des subprimes », a eu une répercussion d'une ampleur inégalée depuis la crise de 1929.
Le marché de l'immobilier aux États-Unis avait connu une spéculation effrénée depuis le début des années 2000 : les hausses de prix de l'immobilier avaient entraîné des constructions nouvelles et l'ensemble avait attiré des sommes considérables. Mais à force de monter, les prix de l'immobilier ont fini par voir le nombre d'acheteurs potentiels baisser et les constructions en chantier se sont révélées plus importantes que ce que le marché pouvait absorber.
Alors, quand le marché de l'immobilier a commencé à donner des signes de retournement de tendance, les banques et autres instituts financiers ont cherché à faire durer la bulle spéculative en prêtant aux acheteurs qui avaient le moins de moyens. C'est ce qu'on a appelé les subprimes. Ces prêts ont, eux aussi, attiré d'importants capitaux : près de 640 milliards de dollars en 2006. Pour un investisseur, placer son capital en subprimes signifiait un prêt un peu risqué, certes, car c'était un prêt à un acheteur ayant peu de moyens et qui pouvait ne pas pouvoir rembourser, mais c'était un prêt très lucratif. Et puis, face à un risque de défaut, les investisseurs s'étaient assurés auprès d'institutions spécialisées (ces contrats d'assurance sur les prêts immobiliers sont d'ailleurs également devenus une source de spéculation). Et en dernier ressort, les prix élevés de l'immobilier américain étaient la garantie des prêteurs.
Tout cela reposait donc sur la croyance dans la croissance ininterrompue des prix de l'immobilier. Quand cette croyance s'est retournée, tout l'échafaudage financier s'est effondré. Et tous ceux qui, aux États-Unis, mais en fait à travers le monde entier, avaient placé de l'argent dans le marché de l'immobilier américain ont vu la valeur de leur placement s'effondrer.
En raison de la place de ce marché au cœur de l'économie la plus puissante du monde, cet effondrement a eu des conséquences économiques planétaires. Et chaque effondrement d'une partie de l'échafaudage a provoqué lui-même une onde de choc financière.
L'éclatement de la bulle a transformé d'un seul coup toute une partie des avoirs des banques à l'échelle mondiale en simples chiffons de papier n'ayant plus aucune valeur. Poussant même à la faillite la banque Lehman Brothers, qui était une des plus puissantes de Wall Street.
Pour le fonctionnement quotidien de l'économie capitaliste, les échanges de valeurs entre banques, les échanges interbancaires, sont comme la circulation sanguine d'un organisme : ils sont vitaux. Suivant la taille des banques considérées, leur rôle est plus ou moins crucial.
La chute d'un colosse comme Lehman Brothers a amplifié l'onde de choc du krach. La faillite de la banque Lehman Brothers a eu une conséquence « systémique », pour reprendre un adjectif devenu depuis très à la mode. L'ampleur des actifs pourris qui infestaient les comptes des banques et le fait qu'un géant comme Lehman Brothers puisse faire faillite a littéralement paralysé le système bancaire mondial. Pratiquement plus aucun échange ne pouvait se faire, les banques n'ayant plus aucun moyen de se faire confiance entre elles. Les Bourses mondiales, ces thermomètres de l'économie capitaliste, se sont effondrées. À Paris, en cinq jours, le CAC 40 représentant la valeur des plus grandes entreprises françaises a chuté de 22 %.
Après la crise de 2008, les États renflouent les banques
Pour mettre un terme à cette panique bancaire, les États sont intervenus en déclarant qu'ils ne laisseraient désormais aucune autre banque de taille « systémique » faire faillite. C'est-à-dire qu'ils ont annoncé qu'ils viendraient au secours de toutes les grosses banques en difficulté avec l'argent de l'État nécessaire. Tous les États ont alors mis la main à la poche pour apporter du capital à leurs banques privées : empruntant aux unes pour prêter aux autres, jouant le rôle de caution dans les relations interbancaires.
Les États sont également intervenus par l'intermédiaire des banques centrales, en réinjectant de l'argent frais à la place des créances douteuses. Les banques centrales ont prêté des sommes garanties par les États, en échange de cautions qui ne valaient plus rien aux yeux des banquiers eux-mêmes.
Des sommes astronomiques ont été prêtées aux banques privées à un taux défiant toute concurrence. Il y a quelques mois, dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, Michel Rocard et Pierre Larouturou (deux politiciens qu'on ne peut pas suspecter d'être de dangereux révolutionnaires), ont révélé qu'à la fin de l'année 2008, juste après l'éclatement de la crise financière, 1200 milliards de dollars avaient été prêtés aux banques par la banque centrale américaine à un taux de 0,01 %. Et la banque centrale européenne a, dans la foulée, mené une politique équivalente de crédit facile et quasi illimité.
D'un côté, les politiciens, comme Obama et Sarkozy, faisaient des discours sur la moralisation de la finance, et de l'autre, les banques centrales, c'est-à-dire en définitive les États, réarmaient les banques en munitions qui préparaient la phase spéculative suivante.
Avec leur politique de crédit facile, les banques centrales prenaient le risque de décrédibiliser leur monnaie aux yeux des financiers. Même si c'est la banque centrale américaine qui a le plus ouvert les vannes du crédit, le dollar, étant adossé à l'économie la plus puissante de la planète, reste la monnaie la plus fiable aux yeux de tous ceux qui cherchent à placer leurs capitaux. Par ailleurs, toutes les banques centrales, à la suite de la banque centrale américaine, ont eu cette politique de crédit facile. Et c'est ce qui, pour l'instant, n'a pas entraîné de dégringolade de la valeur d'une monnaie par rapport à une autre.
Les causes de l'accroissement de la dette des États
L'éclatement de la crise dans le secteur financier a évidemment eu des conséquences sur la production : les entreprises ont eu plus de mal à obtenir des crédits auprès des banques, des projets immobiliers ont été interrompus, et le chômage est monté en flèche. En janvier 2009, le gouvernement français annonçait 90 000 chômeurs de plus en un mois.
Alors, les États se sont endettés de plus belle pour subventionner les profits.
Ils ont cherché à doper les carnets de commande des grands groupes industriels, comme ceux de l'automobile avec la prime à la casse, ou même ceux de l'industrie pharmaceutique avec ces millions de vaccins contre la grippe A commandés très largement par la ministre de la Santé de l'époque, Roselyne Bachelot.
Ils ont largement étendu leur politique d'allègements de cotisations sociales patronales et d'exonérations d'impôts. Alors que les petites entreprises de moins de neuf salariés ont un taux d'imposition réel de leurs bénéfices d'environ 30 %, les entreprises du CAC 40 payent, elles, un impôt réel estimé à 8 %.
Un rapport de la Cour des comptes de 2010 parlait de 172 milliards d'euros de « niches fiscales » profitant aux entreprises. Il est bien difficile de faire la liste des allègements d'impôts et de ces « niches fiscales » qui profitent aux capitalistes parce que ce genre d'expression mélange beaucoup de choses différentes et parce que tout cela est incroyablement opaque. Mais derrière les aides de l'État pour « favoriser l'emploi » ou « favoriser la recherche » par exemple, il y a toujours des grands groupes qui raflent la mise. Le Crédit impôt-recherche a coûté 4,5 milliards d'euros en 2010 et ce sont des grandes entreprises qui se sont taillé la part du lion, en absorbant plus de la moitié de ces aides. Il y a aussi les innombrables prétendues « aides à l'emploi ». La somme cumulée de toutes ces aides correspond à un cadeau d'environ trente milliards d'euros par an. Elles ont pris une telle ampleur qu'aujourd'hui on peut se demander quelle grosse entreprise paye des cotisations sociales complètes sur les salaires de ses ouvriers.
Tous ces cadeaux, l'État les a financés en s'endettant toujours plus auprès des banques privées, celles-là mêmes qu'il a sauvées de la faillite en 2008.
Cela n'a absolument pas permis de relancer l'économie, par contre, cela a considérablement alourdi la dette des États : entre début 2008 et aujourd'hui, la dette de l'État français a augmenté de près de 500 milliards d'euros. Et cette explosion de la dette est alors devenue la nouvelle cible de la spéculation.
Le cas particulier de la spéculation sur la dette des Etats européens
La spéculation sur la dette des États et sur leur monnaie n'est pas une nouveauté. Il faut se rappeler les incessantes spéculations sur les monnaies européennes avant la création de l'euro. Les spéculateurs jouaient le Deutsche Mark contre le franc, la livre sterling contre le Deutsche Mark, etc. En 1992, alors que la Grande-Bretagne s'enlisait dans la crise économique, George Soros, un financier à la tête d'un énorme fonds de spéculation, avait même réussi, sur un « bon coup », à obliger la Banque d'Angleterre à dévaluer la livre sterling.
Au lancement de l'euro, celui-ci avait été présenté comme le moyen de supprimer la spéculation entre les monnaies des différents pays européens. L'euro mis en place, ce fut bien le cas. Mais une autre spéculation, imprévue à l'époque, allait s'immiscer entre les États européens.
Au départ de l'euro, tous les États de la zone euro ont pu emprunter à peu près aux mêmes taux. De la Grèce à l'Allemagne, quand un État empruntait à une banque privée, celle-ci détenait alors en échange une reconnaissance de dette en euros. La solvabilité des différents États n'étant pas mise en doute à l'époque, les banques n'avaient aucune raison de faire une réelle différence entre les dettes d'un pays ou d'un autre. Les capitaux se sont alors plus ou moins répartis entre tous les États.
Mais après le krach de 2008, l'endettement aggravé des États a commencé à semer le doute sur leur solvabilité : pourraient-ils réellement rembourser tout ce qu'ils avaient emprunté ? Et la crise économique a rapidement fait ressortir le fait que, si tous les pays de la zone euro avaient la même monnaie, ils n'avaient pas la même économie, ni la même résistance à la crise, ni le même État avec la même politique économique et fiscale.
Un État allant au guichet d'une banque pour emprunter des euros s'est vite vu traité différemment suivant que c'était l'Allemagne ou la Grèce. Et la liberté de mouvement des capitaux a fait que les difficultés pour emprunter de la Grèce et d'autres pays comme l'Espagne ou l'Italie ont, au contraire, rendu l'accès au crédit plus facile pour les pays les moins menacés comme l'Allemagne, voire la France. Si les États capitalistes sont tous considérablement endettés, les moins mal en point tirent leur épingle du jeu. Comme dit le dicton : « Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois », et la disparité des taux entre pays européens est très rapidement devenue un champ pour la spéculation.
Et quand, fin 2009, le gouvernement grec du socialiste Papandréou, à peine élu, a révélé que le déficit annuel de l'État grec n'était pas de 6 % du PIB, comme l'avait affiché le précédent gouvernement, mais de 12,7 %, il a désigné son pays comme cible privilégiée pour ceux qui spéculaient sur la dette.
Ensuite, l'anticipation sur l'évolution des taux d'intérêt des prêts à la Grèce, ou encore la spéculation sur les contrats d'assurance sur ces prêts, qui ont automatiquement fait monter les taux d'intérêt, tout cela a achevé d'entraîner la Grèce dans la spirale du surendettement.
Dans ce contexte, les annonces des agences de notation sont apparues comme des appels au lynchage de la spéculation vis-à-vis des pays les plus endettés. Les notes que ces agences attribuent aux différents États sont censées évaluer leur solvabilité. Elles donnent des cotes comme les journaux hippiques notent les chevaux avant une course. Ces agences ne sont à la spéculation que ce que les journaux comme Paris-Turf sont aux courses de chevaux. Elles sont d'ailleurs bien souvent en retard sur la spéculation elle-même, elles qui sont censées anticiper et prévoir. Elles n'avaient, par exemple, ni anticipé le krach de l'immobilier américain, ni prévu les problèmes financiers de l'État grec. Et surtout, elles ne font que désigner les futures victimes de la spéculation, elles n'en sont pas la cause, loin de là.
La spéculation sur la dette de la Grèce et contre l'euro, un bras de fer entre les banques et les États
Depuis 2009, c'est sur la dette de la Grèce que la spéculation s'est le plus acharnée. Mais il n'y a aucune raison pour que la spirale infernale du surendettement soit réservée à la seule Grèce. Même en éliminant la Grèce du champ de la spéculation, les capitaux doivent bien être placés quelque part. Et face à leurs deux impératifs contradictoires, fiabilité et rentabilité, il est inévitable que les États les plus fragiles soient ceux qui doivent payer les taux d'intérêt les plus élevés... ce qui les rendra encore plus fragiles.
La spéculation a déjà trouvé d'autres cibles : le Portugal, l'Irlande, l'Espagne, l'Italie. Même la France est dans le collimateur. Comme le disait récemment un économiste français, Philippe Dessertine : « La question n'est pas tant de savoir si nous serons touchés, mais quand ». Et cela, d'autant plus que la monnaie unique, l'euro, relie les pays européens tous entre eux.
En effet, chaque poussée de spéculation sur la dette grecque a entraîné une chute de la valeur de l'euro vis-à-vis des autres devises internationales comme le dollar américain ou le yen japonais. Et cela a obligé les grandes puissances européennes, comme l'Allemagne et la France, à intervenir et à se porter garantes, dans une certaine limite, des dettes de la Grèce, car la valeur de leur monnaie était en jeu.
D'autre part, parmi les banques qui avaient prêté à l'État grec, bon nombre étaient françaises ou allemandes. Et une faillite de la Grèce se serait alors répercutée sur ces banques. Derrière les prétendus plans d'aide à la Grèce, il y a d'ailleurs avant tout des plans d'aide aux banques et entre autres aux banques françaises et allemandes. À chaque versement de ces prétendues aides à la Grèce, l'immense majorité de l'argent, entre 58 et 70 % selon les économistes, est ressortie immédiatement de Grèce pour atterrir dans les coffres de banques étrangères. Le dernier communiqué du Fonds européen de stabilité financière (le FESF, en charge de ces versements), publié il y a quelques semaines, est à ce sujet instructif. Il précise que les 4,2 milliards d'euros versés devront aller « sur un compte spécialement réservé au paiement du service de la dette grecque », c'est-à-dire au paiement des intérêts des banques créditrices.
Ces interventions des autres pays européens donnent une base encore plus large à la spéculation. Comme il y a, derrière la Grèce, des États plus puissants qui ont un intérêt à empêcher sa faillite, cela accroît les possibilités de pression des usuriers sur la Grèce. Un usurier qui fait payer un pauvre type redoublera d'acharnement s'il se rend compte que ce pauvre gars a en fait un oncle fortuné !
À chaque poussée de fièvre de la crise de la dette grecque, il y a un véritable bras de fer entre les banques et les États européens. Les banques tapent du poing sur la table pour que les autres États fournissent à la Grèce de quoi rembourser ses traites. De l'autre côté, les États savent que cela signifie s'endetter toujours plus, avec le risque de donner toujours plus prise à la spéculation sur leur dette.
Fin 2011, les banques ont accepté de revoir à la baisse la dette de la Grèce. Même l'usurier le plus féroce sait qu'il faut laisser sa proie en vie si on veut continuer à la faire payer. Et puis, à cause du risque réel de faillite de la Grèce, la valeur des dettes grecques a elle-même chuté sur les marchés financiers. En faisant une ristourne sur leurs créances, les banques n'ont fait qu'avaliser leur prix réel.
Mais le système bancaire est fragile. De nombreuses banques sont en situation difficile et ne peuvent pas se permettre de pertes trop importantes sous peine de faillite. La situation catastrophique des banques espagnoles, par exemple, est venue le rappeler. Et le non-remboursement des dettes de la Grèce ou des dettes d'autres pays comme l'Espagne ou l'Italie aurait sans doute des conséquences similaires au krach de 2008.
Jusqu'à présent, face aux attaques spéculatives, les gouvernements européens ont cherché des solutions qui relèvent plus du bluff et du poker qu'autre chose. À chaque fois, ils ont affirmé que l'ensemble des États européens ne laisserait pas la Grèce faire faillite, en mettant sur la table des sommes importantes. Ils espèrent ainsi dissuader la spéculation de miser sur la faillite de la Grèce ou d'un autre État européen. Mais, à chaque fois, cela n'a duré qu'un temps et chaque annonce d'une difficulté économique ou politique en Grèce, en Espagne ou dans un autre pays dans le collimateur de la spéculation provoque une nouvelle vague spéculative. La spéculation sur la dette agit comme un acide virulent sur les liens entre États européens, mettant à l'épreuve toujours plus loin la solidité de l'euro.
En réalité, derrière le bras de fer entre les banques et les États, il y a une profonde impuissance des uns et des autres à gérer cette crise de la dette et au-delà à maîtriser leur propre économie.
Les bourgeoisies européennes face à la crise de la dette : des bandits rivaux enchaînés à la même chaîne
Pour l'instant, les pays les plus riches, Allemagne en tête, ont fait le choix de maintenir la cohésion de l'euro et de maintenir tous les pays dans la zone euro, en avançant aux banques les dettes qu'elles réclament et en imposant des plans d'austérité féroces aux populations pour payer les banques. Accepter la faillite de la Grèce serait prendre le risque d'une contagion de la spéculation sur la dette aux autres États les plus endettés, ce qui mènerait à l'éclatement de la zone euro. Ce serait un pas de plus dans le sens de l'aggravation de la crise, et un pas très important, car il s'accompagnerait du retour d'un protectionnisme exacerbé entre pays européens.
Mais les politiques d'austérité posent réellement un problème à l'économie capitaliste, car elles ne font qu'aggraver la crise. La bourgeoisie se retrouve devant un réel dilemme : pour une partie de son capital, celui qu'elle confie aux banques, elle veut être payée avec des taux d'intérêt élevés, pour une autre partie de son capital, celle que constituent ses usines, elle veut pouvoir vendre et écouler ses marchandises. Le groupe PSA-Peugeot-Citroën, par exemple, aimerait que l'État facilite l'écoulement de ses voitures, mais le même groupe s'est vanté d'avoir onze milliards d'euros de liquidités. Cette somme-là ne dort pas dans un bas de laine et contribue donc à la spéculation d'une manière ou d'une autre.
Pour essayer de détourner la spéculation de la zone euro, certains économistes et dirigeants politiques mettent en avant la nécessité d'une mutualisation de la dette des États européens, par exemple grâce à l'émission d'« euro-bonds ». Ce ne serait plus tel ou tel État qui irait emprunter au guichet d'une banque, mais l'ensemble des pays de la zone euro. C'est-à-dire que cela reviendrait à mettre derrière chaque emprunt la garantie par avance de l'ensemble des États de la zone euro.
Face à la catastrophe qui se profile, les États sont poussés, dans la précipitation, à essayer de combler la carence essentielle de la monnaie unique européenne depuis le début de son existence : le manque d'unification politique des pays de la zone euro. Mais le problème est que cela revient à faire systématiquement payer les États les plus riches, dont l'Allemagne. Et on ne peut imaginer qu'elle l'accepte sans contreparties, comme une autorité de plus en plus importante sur les budgets des autres États européens. Est-ce qu'à leur tour, ceux-ci accepteront cette soumission ? Rien n'est moins sûr.
Face à l'accumulation de plans d'austérité, on entend aussi de plus en plus parler de « plan de croissance » à mettre en place. Hollande s'en est fait le champion durant toute sa campagne présidentielle.
C'est, avant tout, du baratin électoral. La croissance de l'économie, c'est-à-dire le développement général de la production, toute la classe capitaliste la souhaiterait et les politiciens à son service bien évidemment aussi. Mais ni les uns, ni les autres n'en sont maîtres. Leur économie est fondamentalement imprévisible et incontrôlable, car ce sont les lois du profit et de la concurrence qui règnent.
En réalité, ces « plans de croissance » ne seront que de nouvelles aides au patronat sous forme de cadeaux fiscaux ou de commandes d'État. Et quand le Premier ministre britannique, David Cameron, a lâché : « Austérité et croissance ne s'excluent pas », il faut traduire : l'austérité pour les travailleurs, et la croissance des profits pour les capitalistes.
Ces courants réformistes qui prétendent vouloir réguler le capitalisme
Face à l'emballement de la spéculation, il y a aussi des courants politiques qui se posent en médecins de l'économie capitaliste, avançant des prétendues solutions pour soigner voire guérir l'économie capitaliste de cette spirale étouffante de la spéculation. Ces courants font mine de crier à la catastrophe aux oreilles de la bourgeoisie... pour avoir les voix des travailleurs.
Évidemment, la finance fait bien peu de cas de tout ce cirque. Il n'y a qu'à voir comment les grandes banques traitent même les gouvernements : elles dévastent et pillent et laissent les États se débrouiller pour recoller les morceaux. Ces grandes banques sont françaises, allemandes, italiennes et même grecques. Ce sont elles qui spéculent contre les dettes des États européens et prennent le risque de faire imploser l'Union européenne, le cadre de leur propre économie.
Pour séduire l'électorat de gauche, le Front de gauche, Mélenchon et le PCF, a fait un de ses chevaux de bataille électorale de l'idée que les États puissent obtenir des prêts directement auprès de la Banque centrale européenne, en court-circuitant les banques privées qui font un juteux profit en tant qu'intermédiaires.
Il est vrai que ce tour de passe-passe des banques est choquant et révélateur de la mainmise du capital financier sur l'ensemble de l'économie. Mais pour mettre fin à cela, il faudra bien autre chose que les menaces verbales d'un politicien en campagne électorale. Et cette possibilité offerte aux banques n'est en réalité qu'un aspect parmi bien d'autres du parasitisme du capital financier sur la société.
Par ailleurs, que signifierait précisément permettre aux États d'emprunter directement à la Banque centrale européenne, si ce n'est permettre aux États d'éponger leurs dettes avec de l'inflation ? Et quelles conséquences cela aurait pour les travailleurs ?
Il est tout à fait possible d'ailleurs que la bourgeoisie et ses banquiers fassent, à un moment donné de l'évolution de la crise, ce choix de l'inflation. Les banques trouveraient alors les moyens de préserver leurs avoirs au maximum. Par contre, pour les travailleurs et les couches populaires en général, une inflation signifierait une dégringolade du pouvoir d'achat et une paupérisation accélérée. Pour la classe ouvrière, cela reviendrait à choisir entre crever de misère au chômage ou crever de misère parce que le pouvoir d'achat fond comme neige au soleil.
Mélenchon se pose en fait vis-à-vis de la bourgeoisie en alternative possible au cas où celle-ci aurait besoin de mettre en place ce genre de politique et aurait besoin d'un gouvernement capable de faire avaler cette pilule aux travailleurs.
Un seul programme de lutte pour les travailleurs
Ce genre de proposition n'est que de la poudre aux yeux. Face à ce baratin électoral de période de crise, il faut au contraire que les travailleurs mettent en avant des mesures de survie, leurs exigences propres, qui correspondent à leurs intérêts collectifs.
Dans la situation actuelle, la bourgeoisie ne tolérera pas que même des miettes de ses profits lui échappent. Au contraire, elle cherchera à maintenir voire accroître ses profits en écrasant toujours plus les travailleurs et il est certain que les gouvernements, encore une fois quelle que soit leur couleur politique, relaieront cette offensive de la bourgeoisie. La bourgeoisie ne tolérera que des gouvernements de combat contre les travailleurs.
Comment extorqueront-ils toujours plus aux travailleurs ? Ajouteront-ils d'autres plans d'austérité ? Se lanceront-ils dans une politique d'inflation galopante ? Feront-ils les deux ? Le problème n'est sûrement pas de choisir la sauce à laquelle la bourgeoisie veut nous cuisiner ; mais qu'au contraire, quelles que soient les attaques, la classe ouvrière défende sa peau.
Face aux plans d'austérité qui augmentent le nombre des chômeurs, il faut imposer l'interdiction de tous les licenciements et la répartition du travail entre tous, sans diminution des salaires. Il faut imposer que l'État crée tous les postes nécessaires dans les services publics comme la santé, l'éducation et les transports, et qu'il crée même des services publics nouveaux comme un service public de la construction de logements sociaux ou encore de la petite enfance.
Face aux menaces d'inflation, et alors que le chômage pèse sur le niveau des salaires, il faut imposer l'augmentation générale des salaires et des pensions et leur indexation sur les prix.
Ces mesures sont les seules qui peuvent protéger les travailleurs des conséquences de la crise quelle que soit son évolution. Et elles sont également les seules qui peuvent empêcher l'économie de s'effondrer. Car elles reviennent à imposer que les profits des entreprises servent à faire vivre la population décemment, plutôt que d'être utilisés à la spéculation.
Ces mesures ne viendront pas d'un gouvernement sorti des urnes. Elles seront prises sous la pression d'une mobilisation générale des travailleurs, explosive, remettant en cause la mainmise de la bourgeoisie sur la marche de l'économie, avec un contrôle direct des travailleurs sur les entreprises, c'est-à-dire une pression révolutionnaire remettant en cause l'ordre social de la bourgeoisie.
28 juin 2012