Quelles perspectives pour la classe ouvrière après les élections (Discours d'Arlette Laguiller le 29 avril 1988 à la Mutualité)01/05/19881988Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1988/05/17_0.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

Quelles perspectives pour la classe ouvrière après les élections (Discours d'Arlette Laguiller le 29 avril 1988 à la Mutualité)

Le système électoral pour l'élection présidentielle prévoit en France deux tours de scrutin. La candidature pour le premier tour est « libre », pour autant que l'on puisse faire abstraction d'un certain nombre de conditions, parmi lesquelles l'obligation de déposer devant le Conseil Constitutionnel la signature de 500 élus, maires, conseillers généraux, députés, etc., qui constitue un barrage difficile à franchir pour des candidats qui ne bénéficient pas du soutien des grands partis. Au deuxième tour, en revanche, seuls restent en présence les deux candidats ayant obtenu le maximum de votes.

C'est dire que c'est le premier tour, permettant de se prononcer sur plusieurs politiques, qui a réellement une signification politique. Les neuf candidats présents au premier tour représentaient un large éventail politique : de l'extrême droite de Le Pen, à notre camarade Arlette Laguiller se revendiquant du communisme révolutionnaire, en passant par les deux principaux courants de la droite traditionnelle représentés par Chirac et Barre ; Mitterrand soutenu par le Parti Socialiste ; l'écologiste Waechter ; l'ancien porte-parole du Parti Communiste Français, Juquin, en rupture avec son ancien parti et soutenu par les rénovateurs communistes, le PSU et la LCR ; Lajoinie, candidat du Parti Communiste ; et Boussel-Lambert, dirigeant du PCI, qui s'est présenté au nom du Mouvement Pour un Parti des Travailleurs (MPPT).

Nous publions ci-joint le tableau des résultats obtenus par ces candidats.

Les résultats reflètent un très net glissement à droite, se manifestant, d'une part, par un important progrès de l'extrême-droite lepéniste au détriment de la droite classique ; et un progrès de Mitterrand au détriment du candidat du Parti Communiste.

Pour l'analyse de ces résultats, et surtout pour les perspectives qui en découlent, nous publions ci-dessous la plus grande partie du discours d'Arlette Laguiller prononcé lors du meeting organisée par Lutte Ouvrière le 29 avril, quelques jours donc après le premier tour du scrutin.

« (...) Le choix du deuxième tour ne concerne en rien, mais vraiment en rien les travailleurs !

L'augmentation du score de Le Pen pèse autrement plus sur la vie politique, et concerne autrement plus les travailleurs, bien que Le Pen ne soit pas présent au deuxième tour.

Ce n'est pas la façon dont les votes de cet électorat lepéniste se reporteront au deuxième tour, ni l'élection de qui ils favoriseront, qui constituent un fait politique inquiétant du point de vue de la classe ouvrière. C'est l'existence même de cet électorat et son ampleur.

Pour la première fois depuis la vague poujadiste de 1956, et à une échelle sensiblement plus grande qu'à l'époque, l'extrême-droite apparaît comme un phénomène de masse. Pour l'instant uniquement sur le plan électoral. Mais le fait même que l'extrême-droite relève la tête est grave et cela peut ne pas rester sur le plan uniquement électoral.

Les quelque quatre millions quatre cent mille suffrages qui se sont portés sur Le Pen, malgré ou à cause de ses élucubrations réactionnaires, xénophobes et racistes, donnent un poids politique non seulement à tous ces anciens de l'OAS, à tous ces nostalgiques de l'Algérie française retirés des voitures, mais aussi à une nouvelle génération de réactionnaires, d'apprentis fascistes et, en tous les cas, d'adversaires de la classe ouvrière, que le succès électoral de Le Pen fait sortir de l'isolement des petits cénacles, et qui osent déjà s'exprimer et qui pèsent sur la vie politique, en espérant le faire davantage.

Cette évolution s'est déjà manifestée lors de l'élection européenne de l984 et des législatives de l986. Mais l'élection présidentielle lui a donné une ampleur suffisante pour modifier, de façon visible, l'attitude des commentateurs, des médias ; et pour infléchir aussitôt les interventions des dirigeants politiques dans un sens réactionnaire.

Un Chirac qui, avant même le premier tour, déclarait « comprendre « les réactions racistes capitalisées par Le Pen, proclame maintenant qu'il a « entendu » les électeurs de Le Pen, et qu'il tiendra compte de ce qu'ils lui ont dit. Et dès sa déclaration du soir du premier tour, il s'est posé en champion de « l'identité nationale » ; et il a juré de sa fermeté contre, pêle-mêle, le terrorisme, la délinquance et l'immigration clandestine.

Le ministre Bernard Pons n'avait peut-être pas besoin du succès électoral de Le Pen pour se livrer à des rodomontades guerrières contre le peuple kanak. Mais la pression lepéniste lui a donné des ailes. En tous les cas, on voit clairement se développer là-bas une véritable guerre coloniale, même si en ce moment, ce sont les gendarmes qui se font ridiculiser.

Solidarite avec le peuple kanak

Et j'en profite pour réaffirmer ma totale solidarité avec le peuple kanak, spolié de ses terres par quelques riches familles d'une communauté d'origine européenne privilégiée et à qui, ni le gouvernement de droite en place, ni les gouvernements de gauche qui l'ont précédé, n'ont laissé d'autre choix que de se battre pour se faire entendre.

Au milieu du concert qui dénonce le terrorisme du FLNKS là-bas, je réaffirme, quelle que soit par ailleurs mon opinion sur les objectifs du FLNKS, que le terrorisme qui me révolte, c'est le terrorisme d'État de la France ; et peu importe que les gendarmes qui l'exercent soient subordonnés à un ministre socialiste ou à un ministre gaulliste. Et si le gouvernement veut éviter les morts, y compris de gendarmes, qu'il retire donc les troupes de répression de la Nouvelle Calédonie !

Qui a vote pour le pen ?

Du côté du camp de Mitterrand, on se gausse de la plate abdication de Chirac devant Le Pen. Mais Chevènement, un des principaux dignitaires du Parti Socialiste, déclare dans une intervention publique devant des étudiants socialistes que, je cite, « c'est une grave erreur d'avoir abandonné à Le Pen le drapeau tricolore » , déplore « la crise de l'idée de nation » et proclame qu'il faut, et je le cite encore, « redonner à la France le sens de son destin » .

A en juger par les scores des différents candidats, c'est essentiellement au détriment des partis de la droite traditionnelle que Le Pen a progressé.

A l'élection présidentielle de 1981, Giscard et Chirac avaient totalisé sur leurs noms 46,2% des suffrages, auquel on peut ajouter les 3% réalisés par les deux candidats dissidents du gaullisme, Debré et Garaud. Le score de la droite traditionnelle est donc tombé des plus de 49% de 1981 aux 36,45% totalisés en 1988 par Chirac et Barre.

Et l'ensemble des voix obtenues par Chirac, Barre et Le Pen représente à peine 1,5% de plus que ce que Giscard et Chirac avaient obtenu en l981.

La poussée à droite, visible dans cette élection, est représentée pour l'essentiel par un glissement des voix de la droite traditionnelle vers l'extrême-droite.

Mais aussi, de façon parallèle, par un glissement des votes qui se portaient dans le passé sur le Parti Communiste et ses candidats, vers un Mitterrand de plus en plus « recentré ».

Cela signifie socialement que Le Pen n'a trouvé qu'une petite fraction de son score dans l'électorat ouvrier.

Même cette petite fraction, c'est de trop, car le fait qu'il se trouve des ouvriers démoralisés au point d'apporter leurs suffrages à l'adversaire le plus ouvertement déclaré de la classe ouvrière ; le fait qu'il se trouve aujourd'hui, dans les entreprises, dans les quartiers ouvriers, des femmes ou des hommes qui reprennent, plus ou moins ouvertement, ne serait-ce qu'une partie des idées de Le Pen, est l'indice d'un profond recul de la conscience ouvrière.

L'écrasante majorité de l'électorat de Le Pen se recrute cependant pour l'instant dans la bourgeoisie, petite ou moyenne, clientèle traditionnelle de la droite classique.

Elle se recrute parmi ces petits patrons qui trouvent que les ouvriers, et les leurs en particulier, sont bien trop payés pour ce qu'ils font.

Elle se recrute parmi ces commerçants, artisans ou agriculteurs, qui considèrent que l'État leur prend vraiment de trop, et pour qui il est plus confortable de penser que c'est pour aider des chômeurs qui ne veulent pas travailler qu'on leur prend ce qu'on leur prend.

Elle se recrute parmi les cadres grands et petits qui voudraient qu'un climat moins « laxiste » les aide à tenir plus facilement les ouvriers dont ils ont la charge face à leur patron. Et évidemment, la démagogie lepéniste trouve d'autant plus facilement preneur que les ouvriers les plus mal payés sont souvent des travailleurs émigrés, et lorsque c'est le cas, l'encadrement est toujours français.

Elle se recrute dans une certaine mesure aussi, sans doute, dans certaines couches d'employés ou du personnel administratif plus proches par leur mentalité de la petite bourgeoisie que de la classe ouvrière et qui sont assez stupides pour croire que si leurs cotisations à la Sécurité Sociale augmentent tout le temps, c'est parce que les travailleurs émigrés sont trop souvent malades, ou parce qu'ils ont trop d'enfants.

La majorité de l'électorat de Le Pen se recrute, aussi, parmi ces membres des professions libérales qui considèrent que eux, ils travaillent et payent des impôts alors que l'État entretient des fonctionnaires qui ne font rien.

Elle se recrute parmi ces militaires, parmi ces policiers, qui pensent que l'État ne leur accorde pas assez d'autorité.

Elle se recrute parmi tous ces Dupont-la-Joie, heureux enfin de pouvoir manifester tout haut leurs préjugés et de pouvoir donner à leurs inquiétudes une expression aussi simple qu'imbécile.

La petite bourgeoisie qui fournit à Le Pen l'essentiel de son électorat, n'est certainement pas la classe la plus à plaindre. En tous les cas, pas dans sa majorité, car jusqu'à présent, seule la classe ouvrière a été vraiment frappée par la crise.

Mais l'obscure inquiétude de la petite bourgeoisie pour son avenir n'est évidemment pas sans fondement. La crise, la stagnation de la production, la montée du chômage ne peuvent pas se prolonger indéfiniment, sans que les petits commerçants, les artisans, les paysans, les petits patrons eux-mêmes et leurs revenus en ressentent les effets. La grande bourgeoisie de l'industrie et des banques est trop occupée depuis plusieurs années à faire les poches de la classe ouvrière. Mais ces poches finiront par se vider du peu qu'elles contenaient. Ce sera alors le tour de la petite bourgeoisie.

Cette petite bourgeoisie est inquiète aujourd'hui surtout par anticipation. L'expression de son inquiétude est, pour l'instant, purement électorale.

Il lui suffit, pour l'instant, d'aller applaudir un tribun à son image, de l'entendre donner à ses préjugés les plus crasseux les lettres de noblesse d'une idéologie ; et puis, de rentrer chacun chez soi, dans son appartement, dans ses affaires, dans ses certitudes, en priant chacun, au fond de lui-même, que les choses restent en l'état.

Il suffit pour l'instant aux petits bourgeois qui constituent le gros de l'électorat de Le Pen d'être justement, un électorat, mais un électorat dont on parle, qui attire l'attention. Il leur suffit d'être flattés par un démagogue, qui ne leur a demandé jusqu'à présent qu'un bulletin de vote. Mais qui leur donne en contre-partie la vanité de se compter parmi ceux qui « combattent le déclin » et oeuvrent pour cette « renaissance nationale », faite de famille, travail, patrie ; de religion et de respect de l'ordre ; de Jeanne d'Arc et de priorité nationale, dont Le Pen est le messie.

Un messie qui se contente de leur dire : votez pour moi, et je ferai le reste.

Il leur suffit que ce démagogue exorcise leur crainte diffuse de la montée de la pauvreté et de tout ce qui va avec, délinquance, drogue ou insécurité, en matérialisant toutes ces craintes sous la forme de ce travailleur émigré qu'il leur semble si facile de pouvoir chasser.

L'extrême-droite ose lever la voix parce que la classe ouvriere se tait

Mais même si les choses en restaient là, sur le plan purement électoral, c'est déjà grave pour la classe ouvrière.

Car cela reflète le recul du poids politique de la classe ouvrière et des travailleurs en général. Car cela peut contribuer à son tour à aggraver le climat politique en défaveur des travailleurs. Car cela peut encourager tous les adversaires de la classe ouvrière à relever encore plus la tête, à se croire tout permis, en renforçant leur conviction que les travailleurs sont assez démoralisés pour être prêts à tout accepter.

L'extrême-droite et, avec son aide et son encouragement, la hiérarchie, la maîtrise dans les entreprises et la police dans la rue déclencheront sans doute leur première bataille contre la fraction émigrée de la classe ouvrière, de façon à tenter de diviser celle-ci pour mieux la battre. Mais la guerre, c'est contre l'ensemble de la classe ouvrière qu'ils la mèneront, si les travailleurs leur laissent l'occasion de la mener.

Le succès électoral de Le Pen fera que le point de vue des autres classes sociales, traduit par l'extrême-droite, c'est-à-dire sous une forme hostile à la classe ouvrière, s'exprimera plus largement, avec moins de retenue, dans la vie sociale comme dans la vie politique.

On entendra plus fréquemment les ouvriers au chômage traités de fainéants par des parasites ; et il y aura une pression sociale plus forte sur les travailleurs qui se défendent pour les décourager.

J'ai dit bien souvent pendant la campagne électorale que la responsabilité de cette situation incombe essentiellement au fait que les partis de gauche, qui prétendaient parler au nom de la classe ouvrière, se sont déconsidérés par leur passage au gouvernement.

Pourquoi l'extrême-droite ose-t-elle relever la tête, occuper le devant de la scène, exprimer le fatras rétrograde qui lui tient lieu d'idées ?

Parce que toute la dérive de la société vers la droite, vers le conformisme réactionnaire, et pas seulement en politique, mais même dans la vie quotidienne, dans la vie sociale, tout montre que le mouvement ouvrier est absent, que la classe ouvrière ne défend pas ses propres valeurs.

Ce qui est dans l'air du temps, c'est l'exaltation de l'individualisme, du profit individuel, de la loi de la jungle ; c'est l'exaltation d'une société hiérarchisée entre riches et pauvres, puissants et faibles, peuples de pays riches et peuples de pays pauvres, hommes et femmes ; c'est l'exaltation de la religion, des mysticismes, du retour au passé ; c'est le nationalisme, le chauvinisme, le racisme, l'exclusion.

Ces scories traînent de tout temps dans les bas-fonds de la société, et elles y traîneront jusqu'à ce que le prolétariat détruise l'ordre capitaliste qui les engendre sans cesse.

Mais ces scories ne font que traîner dans les bas-fonds de la société, justement, lorsque le mouvement ouvrier est présent, lorsqu'il s'exprime et défend ses valeurs, sa conviction dans le progrès, lorsqu'il se bat, réellement et en permanence, contre les inégalités, contre l'oppression d'un peuple par un autre, contre l'oppression de la femme par l'homme ; lorsque le mouvement ouvrier est capable de marquer toute la société de sa conviction dans l'internationalisme, dans la destruction des rapports d'exploitation entre les hommes par les méthodes de la lutte de classe des prolétaires et dans l'avènement inéluctable d'une organisation sociale basée sur l'égalité complète entre tous ceux qui font partie du genre humain !

C'est parce que la classe ouvrière ne dit rien que l'extrême-droite peut se permettre d'être bruyante. Pour l'instant, cette extrême-droite n'est ni vraiment forte, ni courageuse : elle occupe simplement la scène parce qu'elle a pu faire le constat que la classe ouvrière laisse la scène vide.

La responsabilite de l'union de la gauche dans le renforcement de l'extrême-droite

Mais si la classe ouvrière est muette face à l'extrême-droite, c'est parce que la gauche l'a fait taire. Parce que c'est la gauche qui a commencé à déformer, à transformer en leur contraire, toutes les valeurs du mouvement ouvrier.

Et les travailleurs ne voient pas, au nom de quelles idées, au nom de quelles perspectives, ils pourraient s'opposer à tous leurs adversaires, d'extrême-droite comme simplement de droite. Et ils n'y croient pas parce qu'ils ont vu les partis de gauche, qui prétendaient, avant leur arrivée au gouvernement, incarner une autre perspective pour les travailleurs, mener une politique anti-ouvrière. Ils ont vu l'Union de la Gauche justifier et favoriser les licenciements, c'est-à-dire, le chômage ; ils ont vu le blocage des salaires ; ils ont vu le démantèlement de la protection sociale, ils ont vu l'invention de toutes ces formes de contrats de travail, les TUC, les SIVP, qui permettent tout à fait légalement aux patrons ou à l'administration, de payer leurs travailleurs deux fois, trois fois moins que le SMIC.

Ils ont vu toutes les bassesses de ces ministres de gauche devant le patronat, leur lâcheté, en même temps que leur dureté avec les travailleurs.

Chirac a évidemment un sacré culot de se poser en défenseur des travailleurs devenus chômeurs en fin de droits, lorsqu'il rappelle comme il l'a fait encore hier soir, que c'est Bérégovoy qui a réduit la durée d'indemnisation du chômage. Mais s'il peut se le permettre, c'est bien parce que c'est ce ministre prétendument socialiste qui a fabriqué, d'un trait de plume, des centaines de milliers de « nouveaux pauvres », sans la moindre ressource !

Et c'est maintenant que se paie aussi le fait d'avoir démobilisé pendant plusieurs années la classe ouvrière, avec la complicité active de toutes les centrales syndicales sans exception, sous prétexte de « ne pas nuire » à l'expérience gouvernementale de la gauche.

La place que l'Union de la Gauche a interdit aux travailleurs d'occuper, d'autres forces sociales l'ont occupée. Et les mécontentements engendrés par la politique de l'Union de la Gauche au sein des autres catégories sociales, ont pu ainsi être traduits par l'extrême-droite en sentiments d'hostilité au mouvement ouvrier, alors que cette politique n'était nullement menée en faveur de la classe ouvrière, mais en faveur du patronat.

Et puis, le fait que la gauche se soit déconsidérée, a encore un autre aspect.

Tout petit bourgeois qu'il soit pour l'essentiel, cet électorat de Le Pen n'était pas, par nature en quelque sorte, forcé de trouver un exutoire à ses inquiétudes auprès d'un démagogue d'extrême-droite. Pas dans son ensemble en tous les cas.

Mais ces catégories sociales, méfiantes déjà au départ, ont vu infiniment plus clairement que les travailleurs, que la gauche au pouvoir n'était pas capable de faire prévaloir d'autres solutions face à la crise. Le Pen a pu d'autant plus s'en prendre, en bloc, à la bande des quatre, réduite au bout de quelque temps à la bande des trois, que, aux yeux de tout le monde, les partis de gauche et les partis de droite sont pareils, avec la même politique, les mêmes scandales, les mêmes discours vides.

Oui, c'est l'Union de la Gauche qui a préparé le terrain pour Le Pen. Comme c'est l'Union de la Gauche qui a été le principal artisan du recul électoral continu du Parti Communiste. Recul qui constitue, avec la montée de Le Pen, une autre expression de cette poussée à droite qui marque la situation.

Le recul du parti communiste et ce que ce recul doit a la politique de ses dirigeants

Avec à peine plus de 2 millions de votes, 6,7% des suffrages, l'audience électorale du Parti Communiste a régressé à un niveau plus bas que jamais dans l'histoire du Parti depuis sa création.

Il est évident que ce ne sont pas seulement le contexte général et la crise qui sont responsables de cette situation.

Et si ce reflux électoral du Parti Communiste reflète, à sa façon, la démoralisation de la classe ouvrière, cela n'enlève rien, bien au contraire, à la responsabilité particulière de la direction du Parti Communiste dans cette démoralisation.

Les illusion en les élections ; les illusions selon lesquelles il faudrait que les partis de la classe ouvrière participent au gouvernement pour changer le sort des travailleurs ; les illusions selon lesquelles il faudrait chercher protection du côté des hommes politiques dits de gauche de la bourgeoisie, qu'il faudrait « voter utile », c'est-à-dire voter pour des hommes politiques de la bourgeoisie, simplement parce qu'ils se disent de gauche mais qu'ils ont une chance de l'emporter ; toutes ces illusions, qui se sont retournées contre le Parti Communiste lui-même, c'est la direction du Parti Communiste qui les a semées.

C'est la direction du Parti Communiste qui a fabriqué à Mitterrand une auréole de leader de la gauche et qui a mis, à ce titre, à la disposition de ce politicien de la bourgeoisie, le dévouement et le crédit de ses propres militants d'entreprise.

Et les militants communistes qui voient aujourd'hui leurs efforts, leurs activités passés, réduits à néant, ont tout intérêt à réfléchir sur la politique passée de leur parti et à comprendre comment et pourquoi tout cela a pu arriver.

J'ai dit et j'ai répété pendant ma campagne que je ne me réjouirai pas d'un nouveau recul du Parti Communiste.

Sans avoir la moindre compassion pour les dirigeants du Parti Communiste, pour ceux qui en sont encore ou pour ceux qui ont décroché, je sais ce que ce recul électoral a de démoralisant pour les militants ouvriers du Parti Communiste ; d'autant plus démoralisant d'ailleurs que la direction de leur parti les a formés dans l'idée que le terrain électoral est le terrain principal sinon exclusif pour les interventions politiques de la classe ouvrière.

Et si ce recul électoral du PC devait amener une partie des militants ouvriers du Parti Communiste à baisser les bras, à abandonner même ce qui reste de leur militantisme politique dans les entreprises, ce serait un affaiblissement pour l'ensemble des travailleurs.

Les resultats d'arlette laguiller

Voilà le contexte dans lequel s'inscrivent mes propres résultats.

Vous avez vu, un peu plus de 600.000 électeurs, représentant un peu moins de 2% des votants, ont fait le geste politique de voter pour ma candidature. C'est moins que ce que j'avais obtenu en 1981, où j'ai eu 668 OOO et quelques voix, représentant 2,30% des électeurs.

Mais ce qui me réconforte, c'est que, malgré la poussée générale à droite, malgré le recul important du PCF, le nombre de ceux qui ont eu le courage de voter pour une candidate qui se revendique du communisme révolutionnaire, n'a diminué que faiblement.

C'est un pourcentage qui demeure de toute façon trop faible pour qu'il pèse dans la vie politique. Mais le fait qu'il se maintienne sensiblement depuis 1974, alors que le Parti Communiste, lui, a perdu dans le même laps de temps les deux tiers de son électorat, alors qu'il dispose d'un nombre de militants et de possibilités incomparablement plus grand que ceux de Lutte Ouvrière, montre que la politique que j'ai exprimée dans cette élection et qui est défendue par tous les militants de Lutte Ouvrière tout au long de l'année, n'est pas un handicap, même sur le plan électoral, bien au contraire.

Et cela prouve aussi que les dirigeants du Parti Communiste qui ont, souvenons-nous en, abandonné jusqu'à certains mots même de la lutte de classe, la dictature du prolétariat comme bien d'autres , au nom de l'efficacité, pour faciliter l'Union de la Gauche, ont trompé leurs propres militants. Car ce ne sont pas ces abandons qui ont arrêté le déclin du Parti Communiste.

Le seul choix pour la classe ouvriere : se defendre par les moyens de la lutte de classe

Alors oui, quel que soit le résultat du deuxième tour et même si, avec l'apport d'une partie des voix du centre, voire d'une partie des voix venant de l'électorat de Le Pen, Mitterrand devait être finalement réélu, cette élection présidentielle aura exprimé le recul du mouvement ouvrier.

Et c'est à peine paradoxal que, dans ce pays où l'électorat ouvrier est sous-estimé car une fraction importante de la classe ouvrière, sa fraction émigrée, est écartée du droit de vote ; où l'électorat dit de gauche est traditionnellement minoritaire, ce soit précisément dans une période de profond recul du mouvement ouvrier qu'un candidat qui bénéficie de l'appui du Parti Socialiste, puisse espérer l'emporter avec plus de voix que jamais.

Ce n'est pas encore fait, mais il faut se souvenir que pendant cette autre période de recul du mouvement ouvrier qu'a constitué le tournant des années quarante et cinquante, c'était le socialiste Vincent Auriol qui était à l'Elysée, et que cela n'a évidemment en rien empêché les gouvernements en place de mener une politique particulièrement hostile à la classe ouvrière et d'un anti-communisme forcené.

Quel que soit le résultat du deuxième tour, la classe ouvrière aura à affronter une situation dure sur le plan économique ; dure sur le plan politique.

L'offensive patronale se poursuivra car la crise se prolonge, et parce que , ayant abandonné pour la période à venir jusqu'à l'espoir d'un nouvel essor économique, la classe capitaliste ne pourra continuer à maintenir et à accroître ses profits que dans la même direction que jusqu'à présent. C'est-à-dire, en s'en prenant, encore et toujours, aux salaires des travailleurs ; et en tentant, encore et toujours, de faire suer plus de profit à un nombre plus réduit de travailleurs, aggravant par là le chômage.

Et les gouvernements, qu'ils soient nommés par Chirac si c'est lui qui est élu le 8 mai, ou qu'ils soient nommés par Mitterrand, seront d'autant plus durs avec les travailleurs qu'ils se sentiraient talonnés par un fort courant d'extrême-droite.

Alors, il faudra de toute façon que les travailleurs se défendent.

Et la principale question qui se pose aujourd'hui à la classe ouvrière, comme aux militants qui, au sein de la classe ouvrière, ne comptent pas baisser les bras et se résigner, c'est comment les travailleurs peuvent préparer les luttes auxquelles ils seront de toute façon acculés, comment ils pourraient les organiser et les rendre efficaces.

Comment developper la capacite de defense de la classe ouvriere

C'est pourquoi je m'adresse, en mon nom comme au nom de l'ensemble de mes camarades de Lutte Ouvrière, aux militants du Parti Communiste comme plus généralement à tous les militants de la classe ouvrière pour leur dire que maintenant qu'il est évident que les illusions électorales ne mènent à rien, ils doivent se rendre compte qu'il ne reste rien d'autre à faire qu'à développer les capacités de défense des travailleurs.

Les forces de la classe ouvrière sont encore pour l'essentiel intactes, puisqu'elles n'ont pas pu jusqu'à présent servir vraiment. Et le rapport de forces n'est favorable au patronat qu'en raison de l'absence de confiance de la classe ouvrière en elle-même.

Mais la situation de la bourgeoisie demeure fragile. Ses profits industriels sont conditionnés par le fait que la production continue à sortir, sans heurts, dans toutes les entreprises qui marchent. Ses profits financiers sont conditionnés par le maintien de ce qu'ils appellent la paix sociale, c'est-à-dire la résignation des travailleurs.

La classe ouvrière a de réelles possibilités de défendre son niveau de vie et d'imposer à la bourgeoisie de consacrer une partie de ses profits à maintenir des emplois.

Seulement, dans ce contexte plus rude, il faut un mouvement de masse, une lutte généralisée.

Car ce qui manque aux travailleurs, c'est la conscience en leur force collective. Mais comment l'acquérir ? Il faut que ceux des grandes entreprises où un grand nombre de travailleurs sont concentrés, montrent aux travailleurs de petites entreprises où le rapport de force apparaît défavorable, qu'ils ne sont pas seuls. Il faut que ceux des entreprises où la production marche et dont le patron ne peut pas se passer de ses ouvriers, rejoignent et aident les travailleurs des entreprises qui licencient et où la lutte apparaît plus difficile. Il faut plus simplement que ceux qui sont déjà prêts donnent l'exemple à ceux qui ne le sont pas encore.

Cela ne se fera pas en un jour, bien sûr. Il n'y aura pas nécessairement un grand soir où toute la classe ouvrière partira en grève comme un seul homme. Mais il faut que ceux qui ont repris confiance l'insufflent collectivement aux autres ; il faut que, progressivement, tous les travailleurs, même et surtout ceux qui sont dans des entreprises où le rapport des forces apparaît le plus défavorable, sentent que ce qui compte ce n'est pas seulement ce qui se passe dans leur entreprise. Il faut qu'ils voient que les problèmes des travailleurs sont les mêmes par delà les entreprises ou les catégories, les revendications vitales aussi et que tous les travailleurs font partie d'une même armée des prolétaires. Et ensemble, cette armée est invincible !

Il faut donc une politique orientée dans ce sens. Il faut que les travailleurs qui se mettent en mouvement, quel que soit l'endroit, quelle que soit la façon dont la lutte s'enclenche, cherchent à sortir leur lutte de l'isolement. Il faut qu'ils cherchent à étendre leur lutte au lieu de la confiner entreprise par entreprise, sur des revendications différentes. Il faut qu'ils mettent en avant des revendications en lesquelles peuvent se retrouver tous les travailleurs, et quand je parle de travailleurs, je parle aussi de ceux d'entre eux qui sont condamnés au chômage.

Tous ceux qui, dans le contexte actuel, encouragent le repliement sur sa propre entreprise, le corporatisme, l'isolement volontaire de la lutte engagée, mènent une politique qui peut cette fois mener à des défaites graves et à une démoralisation des travailleurs sans commune mesure avec les déconvenues électorales.

C'est pourquoi la politique que mène le Parti Communiste, même maintenant qu'il se proclame partisan de luttes, me semble néfaste, à en juger au moins par son attitude dans certaines luttes et je veux parler, comme exemple, de la lutte de ceux de la SNECMA.

L'exemple de la greve des usines snecma

Les travailleurs de la SNECMA sont prêts à aller d'usine en usine tenter d'étendre leur grève car ils ont compris que leur seule chance de vaincre, c'est que leur mouvement fasse craindre au patronat qu'il se généralise.

Plus précisément je dirai que le mouvement n'a de chance de vaincre que s'il menace de s'étendre des entreprises nationales comme la SNECMA, au secteur privé. Tant qu'il s'agit d'entreprises nationales, l'État ne cèdera pas, pour ne pas passer pour responsable, aux yeux du patronat, d'une brèche dans le blocage des salaires. Ce n'est que si les grèves s'étendaient aux entreprises privées, touchant les intérêts directs du patronat, ou au moins, si cette menace d'extension était convaincante au point que le patronat craigne qu'elle se réalise, que les patrons non seulement accepteraient que l'État cède devant les revendications de ceux de la SNECMA, mais seraient sans doute les premiers à l'exiger, pour éviter la contagion.

La direction du Parti Communiste ne peut pas ignorer cela. Pourtant, tout en n'étant pas contre l'extension en paroles, elle demande à ses militants de s'y opposer de fait, en spéculant sur les préjugés corporatistes, en encourageant les réflexes du genre « moins on est nombreux à demander, plus on a des chances d'obtenir ». Et lorsque les travailleurs ont su surmonter les objections de ceux qui voulaient cantonner leur lutte aux différentes usines de leur entreprise, et ont trouvé le moyen de s'adresser à d'autres entreprises de l'aéronautique, les militants du PC se sont retranchés sur une autre ligne de défense. Ils ont prétendu que la lutte engagée ne concernait que l'aéronautique, et qu'il ne fallait pas aller au-delà, pas aller en particulier vers Citroën, vers ce secteur automobile privé, dont les patrons réalisent justement des profits faramineux, qu'ils ne voudraient justement pas voir compromettre par des grèves dans leurs usines.

Alors, je dis au Parti Communiste et à ses militants : voyez où vous en êtes, voyez où en est la classe ouvrière.

La politique conforme aux intérêts des travailleurs serait, à l'heure actuelle, d'étendre une grève comme celle de la SNECMA d'usine en usine. Et de chercher à l'étendre, avec la participation du maximum de travailleurs ! Car c'est le nombre qui inspirera le plus confiance à ceux qu'on cherche à entraîner.

Les travailleurs de la SNECMA sont allés cette semaine, à juste titre, chez Citroën à Aulnay. La direction de Citroën a eu beau mobiliser sa maîtrise, ceux de SNECMA sont entrés à l'intérieur de l'usine, et c'est la maîtrise qui a eu peur. Même s'ils ne sont pas encore prêts à la lutte dans leur majorité, les travailleurs de Citroën se sentent plus forts, parce qu'ils ont vu, de leurs yeux vu, qu'il y a d'autres travailleurs d'autres entreprises qui sont en lutte.

Mais la démonstration aurait été plus forte, et peut être même assez forte pour entraîner une partie des travailleurs de Citroën, si les travailleurs de la SNECMA avaient été non pas 300, mais mille ou deux mille. Pourquoi, au nom de quoi le Parti Communiste, au lieu de mettre toute sa force militante pour convaincre le maximum de travailleurs de cela, y a-t-il mis au contraire des obstacles ?

Alors, je dis aux militants du Parti Communiste : ce que les travailleurs de la SNECMA sont prêts à faire, faisons-le ensemble. Vous nous trouverez alors à côté de vous, au lieu que nous soyons séparés, voire opposés, ce qui ne sert pas la cause des travailleurs. Ensemble, nous réussirons à faire reculer le patronat et le gouvernement, car ce n'est qu'une menace de généralisation des luttes qui peut les faire reculer.

Et quel que soit le résultat du deuxième tour des présidentielles, nous pourrions ouvrir un troisième tour social, victorieux pour les travailleurs.

Nous pouvons imposer une augmentation générale de tous les salaires, des pensions et des retraites.

Nous pouvons imposer qu'il ne puisse plus y avoir de salaires inférieurs à 6 000 francs.

Nous pouvons imposer l'arrêt des licenciements.

Je ne suis pas d'accord avec l'essentiel de la politique du Parti Communiste. Je n'ai aucune confiance dans ses virages et ses retournements successifs. Mais je dis que, malgré cela, moi-même et les militants de Lutte Ouvrière, nous sommes prêts à discuter, à tous les niveaux, des voies et des moyens par lesquels les travailleurs peuvent défendre leurs intérêts dans la situation actuelle.

Les forces de la classe ouvrière sont encore, je le répète, intactes. Mais on voit bien les conséquence que cela a, déjà, de seulement ne pas avoir engagé de luttes sur le terrain où la classe ouvrière est forte ; d'avoir fourvoyé la classe ouvrière vers les urnes et vers les élections pour défendre ses intérêts.

Ne pas laisser s'etablir une coupure entre les travailleurs qui ont du travail et ceux qui sont au chomage

Laisser passer du temps ne joue pas en faveur de la classe ouvrière. Le développement continu du chômage, et le fait que la durée passée au chômage se prolonge, risquent d'établir des barrières entre les travailleurs qui ont du travail et ceux qui n'en ont pas.

La coupure, si elle s'établissait, pourrait aussi se traduire sur le terrain politique.

Les travailleurs condamnés à rester au chômage, et puis, arrivés en fin de droits, condamnés à la misère et à la charité, ne peuvent pas vivre sans perspectives. Ils peuvent de moins en moins se raccrocher aux faux espoirs d'une reprise économique susceptible d'engendrer des emplois. Plus personne n'y croit. Alors, si ce n'est pas le mouvement ouvrier qui ouvre des perspectives devant eux, un nombre croissant d'entre eux se tourneront vers Le Pen.

Et offrir des perspectives, c'est montrer qu'on peut faire reculer le patronat et le gouvernement par la force du mouvement ouvrier. C'est faire ravaler par le gouvernement le blocage des salaires et imposer au patronat une augmentation générale de tous les salaires, bien sûr. Mais c'est interdire aussi aux patrons tout nouveau licenciement ; c'est les obliger par la force des travailleurs à embaucher des chômeurs au lieu d'augmenter les cadences ; les obliger à consacrer une partie de leurs profits à créer de nouveaux emplois, quitte à répartir le travail sans diminution de salaires.

Mais c'est aussi montrer aux chômeurs, livrés à eux-mêmes, seuls face au propriétaire de leur logement, seuls face à l'administration, qu'ils peuvent compter sur le mouvement ouvrier ; que la mobilisation des travailleurs de la localité ou des localités d'à côté, peut interdire toute expulsion, interdire l'accès des huissiers dans les cités ouvrières ; qu'elle peut même déchirer le décret ignoble de Bérégovoy limitant arbitrairement dans le temps l'attribution de l'allocation chômage à ceux qui ne trouvent pas de travail, en obligeant les municipalités ou l'État à prendre, quand même, en charge les chômeurs jusqu'à ce qu'ils trouvent un travail correctement payé !

C'est seulement en montrant, concrètement, que le mouvement ouvrier est capable de prendre en charge leurs problèmes, non par la charité, non par des collectes, mais par la lutte de classe, et qu'il est le seul à pouvoir le faire, qu'on peut éviter le risque qu'une partie des travailleurs au chômage sombrent dans un désespoir tel qu'ils regardent du côté d'un Le Pen.

Ce n'est pas encore le cas, pas à l'échelle en tous les cas que les moyens d'information le disent. Mais que cela puisse arriver, simplement parce que les travailleurs réduits au chômage, ne voient aucun moyen de sortir d'une situation insupportable, c'est un risque grave.

C'est évidemment à cette majorité de la classe ouvrière qui est dans les entreprises, et en particulier, dans les entreprises les plus grandes et dont les patrons ne peuvent pas se passer, c'est à ces travailleurs de mener à bien la lutte qui peut changer le rapport de forces. Et c'est seulement ce changement du rapport des forces qui peut redonner de l'espoir à la fraction de la classe ouvrière condamnée au chômage.

Mais là encore, les luttes isolées, repliées sur elles-mêmes, cantonnées à des revendications particulières, risquent seulement de faire naître et d'accentuer des antagonismes entre les ouvriers au travail et les chômeurs. Elles risquent seulement de convaincre les chômeurs que ceux qui ont du travail sont des privilégiés qui les oublient ; et d'amener les autres à craindre les chômeurs. D'autant qu'il se trouvera toujours des bonnes âmes pour pousser les uns comme les autres à penser de cette façon.

Seule la préparation de la lutte d'ensemble, brisant les obstacles corporatistes, prenant en charge les revendications de toute la classe ouvrière, y compris des travailleurs condamnés au chômage, peut donner à ces derniers des perspectives crédibles, leur redonner confiance, et même associer concrètement les chômeurs à la lutte.

Qu'est-ce qui empêcherait alors par exemple que les travailleurs licenciés des entreprises en lutte, rejoignent leurs camarades pour aller avec eux d'entreprise en entreprise, étendre la grève ?

Mais comment donc mitterrand pourrait-il et voudrait-il proteger la societe contre la montee de l'extrême-droite ?

La transformation de la scène politique elle-même est conditionnée par la rapidité avec laquelle la classe ouvrière retrouvera confiance en elle-même à travers la lutte pour la satisfaction de ses revendications matérielles indispensables.

Ceux qui s'indignent le plus bruyamment devant le fait que ce pays ait le triste honneur de compter le courant électoral ouvertement raciste et xénophobe le plus ample de toutes les démocraties impérialistes d'Occident, sont souvent ceux qui devraient vraiment se taire. A commencer par les dignitaires du Parti Socialiste.

Ils en sont largement responsables. Le courant d'extrême-droite a poussé sur le fumier de la crise, d'accord : c'est la généralité qu'il ne coûte rien à personne de reconnaître.

Mais il est au moins démontré qu'un président de la République socialiste, qu'un gouvernement de la même étiquette disposant de tous les moyens de gouverner, ne constituent en rien un barrage contre la montée d'un tel courant d'extrême-droite. C'est précisément sous leur règne que ce courant est sorti du quasi néant qui était le sien, pour devenir une force politique majeure dans ce pays.

Alors ceux qui, parmi les dirigeants politiques grands et petits disent encore aux travailleurs qu'il faut qu'ils votent pour Mitterrand pour se protéger de Le Pen, sont des menteurs professionnels ou des imbéciles sans espoir.

Mais comment donc Mitterrand pourrait-il protéger la société contre Le Pen ?

Comment pourrait-il faire en sorte que le courant que Le Pen représente, disparaisse ? Car le courant existe. Les quelques bonnes âmes de la droite qui n'ont pas peur de dénoncer la xénophobie et la démagogie anti-émigrés de Le Pen, sont en général des hypocrites lorsque c'est le mode de scrutin faussement proportionnel qu'elles invoquent pour expliquer la poussée lepéniste. Comme si pour faire disparaître le courant lepéniste, il suffisait d'en supprimer la représentation parlementaire !

Comment Mitterrand pourrait-il empêcher que ce courant pèse sur la vie politique ? Comment pourrait-il l'empêcher d'étendre son influence directement dans l'appareil d'État, par l'intermédiaire de cette hiérarchie militaire ou policière, qui était lepéniste avant Le Pen ?

Oui, ce courant qui se retrouve autour de Le Pen et qui représente déjà une menace pour la classe ouvrière du simple fait qu'il propage des idées néfastes à la cause de la classe ouvrière, peut devenir un danger mortel, s'il cesse d'être un courant purement électoral.

Les quelque 4 millions de personnes qui regardent vers Le Pen, ne font pour l'instant que regarder. Elles n'agissent pas.

La plupart des petits bourgeois qui votent pour Le Pen, et à plus forte raison, les travailleurs égarés parmi eux, ne sont que des électeurs passifs et bien souvent honteux. Les instituts de sondages sont peut-être, comme l'affirme Le Pen, incapables ou manipulés pour avoir sous-estimé les votes Le Pen. Mais il est plus probable que certains au moins de ses électeurs n'ont tout simplement pas osé dire aux sondeurs qu'ils allaient voter Le Pen.

Ces gens-là ne sont pas, ou pas encore, des militants des idées qu'ils se contentent d'applaudir. Mais c'est une faillite monétaire, ruinant une partie des classes moyennes, qui a fourni à Hitler, en Allemagne, un de ses plus forts contingents de fanatiques enragés.

La crise boursière d'Octobre l987 n'a été qu'une alerte sans lendemain, et même ceux des petits bourgeois qui avaient converti une bonne partie de leur argent en actions, n'ont pas été ruinés par la chute des cours. Mais cette crise boursière d'octobre a rappelé que cela pouvait arriver, et sans prévenir.

Les conditions politiques du developpement de l'extrême-droite

Les conditions politiques du développement d'une extrême-droite anti-ouvrière musclée existent. Il n'y a pas encore des masses fanatisées de petits bourgeois dressées dans la haine contre la classe ouvrière ?

Sans doute. Et on peut toujours espérer que la crise ne prendra pas une tournure susceptible de les susciter.

Mais le succès électoral de Le Pen pourrait de toute façon encourager des minorités d'apprentis fascistes à passer aux actes. Contre des travailleurs émigrés pour commencer. Puis ou en même temps contre ceux qu'ils accuseraient de les défendre.

Le Pen pourrait évidemment se contenter, si c'est Chirac qui devient président de la République, de monnayer simplement ses voix pour devenir ministre. Mais il pourrait être tenté, contre Chirac et à plus forte raison, contre Mitterrand, de se poser en chef de l'opposition de droite. Et pas seulement à la tribune du Parlement, mais aussi, dans la rue. En appelant ses troupes à manifester, systématiquement, sur toutes les questions politiques ; en obligeant par la rue le gouvernement à prendre certaines mesures ou à en abandonner d'autres. En faisant en un mot, avec les forces réactionnaires et à leur profit, une partie de ce que le mouvement ouvrier pourrait et devrait faire, pour la défense de ses intérêts de classe.

La lâcheté avec laquelle Mitterrand et les siens ont cédé devant les manifestations de la droite et des curés sur la seule question qui tenait un peu à coeur au Parti Socialiste, la question de l'école laïque, permet de deviner la difficulté qu'il aurait à résister, quand bien même il le voudrait. Et chaque recul du gouvernement devant la rue tenue par l'extrême-droite, donnerait des ailes et du courage à ceux en son sein qui n'en ont pas encore à revendre, pour s'en prendre, de plus en plus directement, au mouvement ouvrier, à ses militants politiques et syndicaux, ou simplement aux travailleurs qui revendiquent.

La crise et le contexte politique se conjuguent pour créer une situation lourde de danger pour la classe ouvrière. Il serait grave qu'elle soit surprise.

Et la pire des choses serait pour les travailleurs de croire que si un homme de gauche était à l'Elysée, la police les protégerait contre les exactions d'apprentis fascistes. Mais les policiers protégeront les fascistes. Et plus les travailleurs et leurs organisations feraient appel à la police et à sa protection, plus ils démontreraient qu'ils ne sont pas capables de se protéger eux-mêmes, plus cela donnerait des ailes à ceux dans la police qui sympathisent avec les idées d'extrême-droite, et plus cela rendrait prudents les policiers les mieux disposés à l'égard des travailleurs.

Personne ne défendra les travailleurs s'ils ne sont pas capables de se défendre eux-mêmes. Et si l'extrême-droite se développe, bien des anti-lepénistes déclarés d'aujourd'hui, iront là où il y a la force, là où il y a l'influence.

Combien d'hommes politiques, combien de prétendus intellectuels, disent et écrivent déjà que Le Pen a eu le mérite de, comme ils disent, « poser les véritables problèmes » à défaut de lui reconnaître encore le mérite d'offrir les moyens pour les résoudre.

Ça commence comme ça. Et puis, combien de ces journalistes, de ces intellectuels trouveront, si l'étoile de Le Pen monte au firmament politique, qu'il est finalement ce chef politique dont le pays a besoin contre le « laxisme » et contre « la décadence ». Combien mettraient leur cerveau, leur plume, à trouver pour Le Pen les justifications pseudo-idéologiques ou pseudo-historiques qu'il est incapable de trouver tout seul ? Il y a bien déjà des médecins qui sont tout prêts à expliquer pourquoi Le Pen a raison de vouloir rejeter, isoler, et regrouper les malades atteints du SIDA. Ils sont déjà moralement et intellectuellement prêts à leur faire porter une étoile verte ou grise ; et il s'en trouvera d'autres pour justifier qu'on en fasse porter une autre, d'une autre couleur, à ceux qui sont nés au Maghreb.

Ce n'est pas de la politique-fiction, malheureusement. On a vu en Allemagne de brillants intellectuels libéraux se mettre au service de Hitler, par conviction ou par lâcheté et justifier au nom de la lutte contre le laxisme, les camps de concentration pour les délinquants, en admettant bien vite que les délinquants, ce sont aussi les communistes, les syndicalistes ou simplement, les travailleurs qui font grève ou les Juifs. Et c'est comme cela que la société sombre dans la barbarie.

Alors oui, la pire des choses pour les travailleurs, mais aussi pour l'ensemble de la société, serait de se réfugier dans la fausse croyance que qui que ce soit les protégera contre la montée de l'extrême-droite et contre la transformation éventuelle de cette extrême-droite électorale en force militante. Ce n'est pas seulement faux, mais c'est nuisible, parce que c'est de cette façon que l'on désarmerait les travailleurs devant la menace, au lieu de les préparer à y faire face. Alors qu'ils constituent la seule force capable d'y faire face et de protéger, en même temps qu'eux-mêmes, toute la société.

Renverser le cours des choses depend de la reaction de la classe ouvriere

Les élections, c'est un thermomètre et rien de plus. Mais il serait dangereux d'en ignorer les indications.

Les résultats de Le Pen, comme le recul des votes du PCF, sont la traduction électorale d'un rapport de forces. Comme en est la traduction, à une plus petite échelle, le fait que l'extrême-gauche n'ait pas progressé, même en additionnant les votes qui se sont portés sur ma candidature et ceux qui se sont portés sur la candidature de Boussel-Lambert.

Le balancier politique a évolué vers la droite, plus loin sans doute qu'il ne l'a jamais fait dans ce pays depuis la guerre.

Un renversement de cette situation ne pourra venir que de la classe ouvrière, de ses profondeurs, de sa masse. Aucune organisation ne pourrait se substituer à cela.

Cela pourrait venir et venir brusquement. Quelques-uns des plus féconds réveils de la classe ouvrière de ce pays ont été précédés par des périodes plus ou moins longues d'abattement, de démoralisation, d'absence de confiance et de combativité.

Mais lorsqu'il y aura un nouvel essor de la combativité de la classe ouvrière, il ne faut pas que cette combativité soit dévoyée.

Defendre et faire prevaloir au sein de la classe ouvriere les idees communistes revolutionnaires

Cela dépend de l'énergie du mouvement même de la classe ouvrière . Mais cela dépend, aussi, de l'existence au sein de la classe ouvrière d'une organisation communiste révolutionnaire, liée à la classe ouvrière et capable de mener une politique juste.

Une organisation communiste révolutionnaire trouvera une partie de ses militants ouvriers, et sans doute même la majorité, parmi les militants du Parti Communiste.

Mais la direction du Parti Communiste et son appareil sont irrémédiablement dans le camp de la bourgeoisie. Pas à cause du recul électoral du PC, ni depuis ce recul, sûrement pas. Mais ce recul, en mettant à nu l'inefficacité de la politique de la direction du PC, amènera peut-être un certain nombre de militants ouvriers du PC à réfléchir sur la politique du passé pour en tirer leçon pour l'avenir.

La leçon est chèrement payée, et par la classe ouvrière et même par les militants du PC. Mais elle est de toute façon payée. Et le mieux qu'on puisse espérer c'est qu'une nouvelle remontée ouvrière, tout en redonnant courage aux militants, ne leur fasse pas oublier l'expérience politique du passé.

Ce n'est évidemment pas par les seules discussions ou par la seule réflexion que les militants ouvriers du Parti Communiste pourraient être convaincus de l'efficacité d'une politique communiste révolutionnaire. Surtout pas dans une période de recul et de démoralisation.

Pour en être convaincus, il faut retrouver confiance en sa classe, profondément. Cette confiance, c'est la remontée qui la leur donnera.

Mais il faudra alors qu'ils s'en souviennent. Il faudra que la politique communiste révolutionnaire soit défendue, dans les entreprises, par des militants en chair et en os. Il faut que nous soyons présents dans les entreprises, et que nous soyons capables, dans chaque lutte, de gagner la confiance des travailleurs en leur proposant la politique qui permette à leur lutte d'être la plus efficace.

Et il faut, aussi, que la politique communiste révolutionnaire soit défendue, publiquement, même par une minorité.

Notre courant, notre organisation est très minoritaire dans la classe ouvrière. Mais même très minoritaires, nous faisons, par notre activité, la démonstration qu'on peut s'exprimer et militer tout au long de l'année sur la base de ces idées, et qu'en cas de grèves, de luttes, on peut intervenir sur cette base.

Et c'est pour dire ce que nous avions à dire, même en étant une minorité, que nous sommes intervenus dans cette élection également, en notre nom, sans cacher notre drapeau et nos références. Et même si nos résultats électoraux sont et demeurent faibles, nous avons fait la démonstration qu'il était possible de conserver, en intervenant sur la base des idées et de la politique qui sont les nôtres, et même en cette période de recul général, une influence électorale qui, pour être petite, dépasse et de loin, nos forces militantes.

Aux militants de la ligue communiste revolutionnaire

Nous voudrions nous adresser à nos camarades de la Ligue Communiste Révolutionnaire pour les amener à réfléchir.

Ceux d'entre eux qui se sont trouvés à l'aise derrière Juquin, derrière cet ex-dirigeant stalinien, responsable au même titre que Marchais, Lajoinie, Fiterman ou Rigout, de la situation désastreuse où l'Union de la Gauche a conduit et la classe ouvrière, et le Parti Communiste ; derrière un politicien qui se sert d'eux mais qui les méprise et le montre, eh bien, grand bien leur fasse, mais je dois dire que nous n'avons pas grand'chose en commun.

Mais à ceux qui, tout en pensant de Juquin ce que nous en pensons, ont choisi de s'effacer derrière lui parce qu'ils croyaient que c'est plus efficace, parce qu'ils espéraient pouvoir trouver, à travers la campagne Juquin, une audience plus large pour leurs idées, nous leur disons qu'il faut qu'ils réfléchissent et tirent une leçon de cet effacement. On ne bâtit pas une organisation communiste révolutionnaire en servant éternellement de coursier à tous ces Juquin passés, présents ou à venir, à ces Tillon, à ces Garaudy qui, même lorsqu'ils réussissent, réussissent comme Huguette Bouchardeau, c'est-à-dire en décrochant un sous-ministère dans un gouvernement dit de gauche, mais qui, en général, disparaissent de la scène politique après avoir usé l'énergie militante de ceux qui se sont mis à leur service.

Il n'y a pas de raccourci pour les communistes révolutionnaires. Et c'est en réalité en inventant des raccourcis, qu'on baptise « alternative » ou « dynamique unitaire » derrière Juquin, qu'on perd du temps et de l'énergie, qu'on dévoie et démoralise des militants qui auraient bien mieux à faire.

Il n'y a pas trop de militants trotskystes pour gagner aux idées communistes révolutionnaires des jeunes générations de militants ouvriers, car on peut en gagner même en cette période de recul. Il n'y a pas trop de militants trotskystes pour les former, pour leur transmettre notre héritage politique. Et c'est une tâche autrement plus importante pour l'avenir, que de meubler les réunions d'un Juquin de passage.

Car le renouveau du mouvement communiste révolutionnaire, c'est dans la classe ouvrière que cela se passera, et sur la base des idées de la lutte de classe clairement affirmées.

Alors, ce que je souhaite, ce que j'espère c'est que les militants de la LCR réfléchissent sur les échecs successifs de « l'alternative », puis de la campagne Juquin. Les choses sont déjà assez difficiles pour le petit nombre de militants qui se revendiquent du communisme révolutionnaire, et surtout, en période de recul. Alors, on peut se tromper une fois, deux fois, mais pas tout le temps, et pas systématiquement dans le même sens.

Il nous arrive de nous retrouver côte à côte dans les luttes avec les militants de la LCR. Je souhaite qu'on se retrouve plus souvent, sur la base de la politique d'extension des luttes qui est la seule efficace en cette période. Mais j'espère que nous nous retrouverons, avec au moins un certain nombre de militants de la LCR aussi, dans le travail pour la formation d'une organisation communiste révolutionnaire. Mais je crois que cela demandera de leur part de rompre avec bien des habitudes politiques.

Nos taches

Que Mitterrand et Chirac continuent à s'étriper, pour nous, les élections, c'est fini.

Et s'il va de soi que Chirac est un adversaire déclaré des travailleurs, pour autant, il n'est évidemment pas question pour moi d'appeler les travailleurs à voter pour Mitterrand, légitimant ainsi la politique anti-ouvrière qui leur est commune à tous les deux. Et je considère que le pire pour les travailleurs serait de croire que Mitterrand les protégerait contre Le Pen et la montée de l'extrême-droite, car cette illusion ne ferait que désarmer les travailleurs devant la menace, au lieu de les préparer à y faire face par leurs moyens de classe.

Nous avons mis à profit la campagne pour dire ce que nous avions à dire et c'était utile.

La presse dite grande, et les télévisions, nous ignoreront de nouveau, car le travail politique essentiel que nous avons à faire, c'est dans les entreprises que cela se passe, au sein de cette classe ouvrière qui ne les intéresse pas, quand ils n'en nient pas carrément jusqu'à l'existence.

Ce travail est à faire.

J'ai confiance dans la classe ouvrière et dans sa capacité à faire surgir de ses rangs une nouvelle génération de militants qui reprendra le flambeau de la lutte de classe dans les entreprises, et qui encouragera les militants plus anciens à persévérer.

Et j'espère, aussi, qu'il se trouvera de plus en plus de lycéens, d'étudiants, de jeunes intellectuels, qui ne se contenteront pas, en guise d'idéal, de l'admiration pour un politicien roublard qui, lui, n'a vraiment pas d'autre idéal, s'il en a un, que de servir la bourgeoisie, l'ordre établi, avec ses injustices révoltantes et son anachronisme dangereux pour l'humanité. J'espère qu'il y en aura pour apporter l'énergie, le dévouement et la conviction propres à leur âge, au service du camp du prolétariat, du communisme révolutionnaire, de l'internationalisme.

Ces jeunes, travailleurs comme intellectuels, nous avons à les trouver, à les gagner, à les former.

Et nous devons chercher à établir, systématiquement, ces relations fraternelles avec les militants de la classe ouvrière, en particulier avec ceux du Parti Communiste, qui permettront de discuter de la façon dont les travailleurs pourraient se défendre le plus efficacement.

Alors, camarades, les élections sont finies, mais le véritable travail continue !

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