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- Lutte de Classe n°5
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A nos lecteurs
La tendance internationale qui édite cette revue mensuelle trilingue, et qui comprend les groupes Lutte Ouvrière (France), Combat Ouvrier (Antilles francophones), UATCI (Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes) et The Spark (États-Unis) est une tendance communiste révolutionnaire, trotskyste.
Nous partageons cette référence au trotskysme avec des dizaines de groupes, appartenant ou non aux diverses tendances internationales qui se réclament de la Quatrième Internationale, et la référence au communisme révolutionnaire avec d'autres groupes encore.
Notre différence avec la plupart d'entre eux est, qu'en particulier, nous nous refusons à voir des révolutions prolétariennes dans les bouleversements politiques imposés par l'armée russe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans les pays de l'Est européen. Nous ne jugeons pas non plus prolétariennes les révolutions menées par des armées paysannes encadrées par des petits-bourgeois, dont le seul but était la libération nationale, même s'ils se disent communistes, comme en Chine, à Cuba, au Vietnam et a fortiori lorsqu'ils ne le disent pas comme en Algérie
Pour nous, la seule révolution prolétarienne victorieuse qu'ait connue ce siècle est celle de la Russie de 1917, révolution qui a été effectivement conduite par le prolétariat organisé, indépendamment, sur une base de classe, dans les conseils ouvriers. Et l'État soviétique qui fut mis en place par cette révolution est bien le seul qui ait mérité le nom d'État ouvrier même si, avec le reflux de la vague révolutionnaire internationale, cet État a dégénéré, s'est bureaucratisé et est aujourd'hui une force dont le bilan est contre-révolutionnaire.
Notre différence ne se marque pas seulement dans le jugement divergent porté sur les changements politiques survenus depuis un demi-siècle dans le monde. Elle se marque aussi dans la politique quotidienne, c'est-à-dire dans le choix des questions et du milieu dans lesquels nous intervenons.
Notre conviction, que nous tenons de Marx, Lénine et Trotsky, c'est que la révolution prolétarienne ne peut être faite ou en tout cas conduite que par le prolétariat lui-même. Aucune autre classe ne peut se substituer à lui. Et a fortiori aucun parti ni aucune force politique qui n'en est pas l'émanation réelle ne peut non plus le remplacer, même ceux ou celles qui prétendent agir en son nom ou au nom du communisme.
Notre différence se marque encore sur le plan organisationnel. Si l'on est convaincu en effet du rôle irremplaçable du prolétariat lui-même, l'instrument politique de la révolution, le parti révolutionnaire, ne peut être formé n'importe comment et avec n'importe qui. Pas plus que la référence au communisme ou au socialisme ne suffit à faire d'une armée paysanne une armée prolétarienne, pas davantage la référence au programme communiste ne peut suffire pour faire de n'importe quel groupe d'intellectuels même intelligents, une organisation prolétarienne. Pour en être une, il doit être enraciné dans le prolétariat, avoir tissé mille liens avec celui-ci, organiser dans ses propos rangs d'abord des prolétaires authentiques et n'y accueillir que les intellectuels qui ont réellement rompu moralement et politiquement avec leur classe, la petite ou grande bourgeoise, pour se mettre tout entiers au service de la classe ouvrière. Bref, s'imposer les principes qui furent ceux du bolchevisme, à commencer par une sélection rigoureuse de ses membres.
Notre choix est d'oeuvrer pour la révolution prolétarienne et elle seule.
Certes, tous les groupes trotskystes et même la plupart des groupes qui se disent communistes révolutionnaires affirment la même chose, avec plus ou moins de conviction. mais leurs analyses du monde contemporain, leurs politiques et leurs pratiques militantes démentent le plus souvent cette affirmation.
Ce sont sur ces principes que s'est constituée notre tendance, et ce sont leurs conséquences politiques que cette revue entend défendre, face aux positions des autres tendances trotskystes et communistes révolutionnaires, avec lesquelles notre revue entend cependant promouvoir avant tout le dialogue et la discussion.