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- Lutte de Classe n°1
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A nos lecteurs
La présente revue, trilingue, est éditée par quatre organisations trotskystes qui militent en commun depuis de nombreuses années et dont les trois premières sont plus connues sous le nom de leurs organes de presse :
-Lutte Ouvrière - France
-Spark - USA
-Combat Ouvrier - Antilles francophones
-UATCI (Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes).
Cette édition n'est pas la première du genre : de 1972 à 1980 plusieurs éditions bilingues (français-anglais et anglais-espagnol) du même mensuel ont été publiées par les mêmes organisations, éditions bilingues remplacées depuis 1972 par des éditons dans chacune des trois langues.
Précédemment encore, en 1967 et 1968, une telle revue mensuelle bilingue avait été éditée par l'Union Communiste une organisation dissoute en mai 1968 sous de Gaulle.
« Lutte de Classe » exprimera bien sûr les analyses, les points de vue de ces organisations sur l'actualité politique et sociale internationale en fonction des options fondamentales qui leur sont communes.
Ceci dit, cette revue a pour ambition de s'adresser à tous les militants trotskystes qui souhaitent une réelle confrontation politique entre les différentes tendances trotskystes de par le monde, à tous les travailleurs révolutionnaires qui s'intéressent à l'avenir politique de leur classe et au rôle qu'elle ne peut manquer de jouer dans l'histoire mondiale lorsqu'elle agira de façon indépendante et autonome, politiquement et organisationnellement, par rapport aux autres classes sociales, révolutionnaires ou pas.
Nous souhaitons en faire ainsi une revue de discussion entre les différentes tendances trotskystes internationales même si, du fait du sectarisme de certaines d'entre elles, cette discussion n'aura pas toujours la forme d'un dialogue ou d'un échange, mais d'une critique, à sens unique, d'interventions ou de choix politiques tels qu'ils apparaissent au travers des publications. Cependant même lorsque le dialogue ne s'établira pas, nous éviterons les agressions polémiques stériles, car notre objectif n'est pas d'affirmer que seuls nous avons raison et que tous les autres ont tort, mais de discuter, devant l'ensemble du mouvement trotskyste, nos choix, nos options et ceux des autres courants.
Evidemment, nous préférerions que s'instaure une véritable discussion mais, malgré nos efforts, chaque courant qui se prétend une internationale à lui tout seul reste campé, sinon sur ses certitudes, car ce n'est pas le cas, mais sur son autosatisfaction pour refuser toute relation avec toute autre tendance, si ce n'est sous forme de pourparlers fondamentalement apolitiques dans le but d'une fusion (prélude d'une nouvelle scission plus ou moins rapide).
Nous aurons dans cette revue bien d'autres occasions d'exprimer ce que nous pensons de l'évolution du mouvement trotskyste depuis la Deuxième Guerre mondiale, à la fois sur le plan politique et sur le plan organisationnel ainsi que sur la façon dont pourrait se construire, ou se reconstruire, la IVe Internationale.
L'existence d'une multitude d'organisations qui prétendent être la IVe Internationale, ou même plus modestement qui affirment la reconstruire, ne serait pas en elle-même la preuve qu'aucun regroupement n'est suffisamment crédible, c'est-à-dire doté d'un capital politique et humain suffisant pour être véritablement ne serait-ce que l'embryon d'un Parti Mondial de la Révolution Prolétarienne tel que l'envisageait son fondateur, Léon Trotsky.
Ce qui est malheureusement le plus significatif, c'est qu'en fait, et le SU lui-même n'y fait pas exception aujourd'hui, aucune de ces organisations qui se disent internationales ne regroupe plus d'un seul groupe national tant soit peu conséquent (à l'échelle du mouvement trotskyste d'aujourd'hui).
Les directions successives du SI, puis du SU qui lui a succédé, ont posé comme principe qu'elles étaient la IVe Internationale sans se poser réellement le problème de savoir si à travers la Deuxième Guerre mondiale les organisations trotskystes avaient réellement fait face à la situation créée par la guerre et surtout par l'après-guerre.
Toujours est-il que ni dans l'immédiat après-guerre en Europe, ni dans la crise révolutionnaire qui a secoué le Monde dans la décennie 1945-1955 (et encore les années suivantes) aucune organisation de la IVe Internationale ni joué le moindre rôle, et a fortiori de rôle dirigeant.
Comme les prétentions ne suffisent pas à forcer la réalité, la IVe Internationale a éclaté d'abord au moment du « pablisme », puis en fractions de plus en plus réduites pour arriver à la situation présente.
Aujourd'hui, chaque organisation nationale ayant un minimum d'existence, c'est-à-dire de forces militantes, refuse la direction arbitraire d'une internationale qui n'en est pas une, refuse de se voir imposer une politique par des organisations constituées de prétendues sections qui ne représentent rien. Chacune débauche quelques militants par-ci par-là dans différentes sections du SU et « construit » son Internationale sur le modèle du SU.
C'est ainsi qu'aujourd'hui chacune de ces internationales est constituée d'une seule organisation un peu conséquente (encore que toujours marginale par rapport à la vie politique du pays et surtout par rapport à la classe ouvrière) entourée de groupuscules constitués de quelques dizaines de militants, voire de quelques militants, débauchés d'autres organisations trotskystes, sans capital politique propre, sans passé militant bien souvent, et pompeusement baptisés sections, voire partis. Les rapports entre ces sections au sein de ces prétendues internationales reflètent cette réalité et malgré la pompe des congrès mondiaux et autres organismes internationaux, ne dépassent pas l'influence personnelle de quelques individualités, voire d'un seul militant. Ce n'est pas en soi condamnable, dans la mesure où l'on ne peut faire mieux, mais ce qui est condamnable, c'est d'utiliser un vocabulaire erroné qui trompe les militants, les travailleurs, les jeunes, que l'on veut former et les rend inefficaces car incapables de discerner réellement les tâches à accomplir.
Des différences politiques, il y en a certes, mais elles mériteraient d'être examinées sérieusement, car elles ne résident pas toujours où chacune de ces « internationales » le proclame.
Toujours est-il que cette méthode ne favorise que les déformations sectaires voire nationales et qu'en tout cas elle ne semble guère efficace puisqu'aujourd'hui, où nous sommes extrêmement riches d'internationales, il n'y a guère plus de militants trotskystes dans le monde qu'en 1945. Et surtout, les programmes, les stratégies politiques et militantes, sur lesquels ces militants interviennent ne peuvent plus être comparés à ceux pour lesquels Trotsky a lutté jusqu'à sa mort. C'est un des problèmes qui se posent à nous tous et non des moindres.
Pour notre part, nous ne prétendons donner de leçon à personne. Les leçons, si nous le pouvons, si nous en sommes capables, nous les donnerons par notre pratique militante et notre intervention. Car c'est cela qui est déterminant.
Avec cette revue nous nous efforcerons seulement, comme nous le disions précédemment, de mener une discussion qui n'est pas menée à l'heure actuelle, entre les différents courants trotskystes.
Nous espérons que cela pourra aider tous ceux qui consacrent leur activité à la victoire de la révolution prolétarienne mondiale.