Un épisode significatif dans les relations entre Lutte Ouvrière et le Secrétariat Unifié01/05/19861986Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1986/05/122.jpg.484x700_q85_box-54%2C0%2C2335%2C3298_crop_detail.jpg

Un épisode significatif dans les relations entre Lutte Ouvrière et le Secrétariat Unifié

 

Le présent numéro contient la correspondance que Lutte Ouvrière a échangée avec le Secrétariat Unifié entre le 12 mai 1985 et le 8 février 1986.

Cet échange de correspondances illustre une brève période de relations avec le Secrétariat Unifié, concrétisées par ailleurs par notre participation en invités au congrès du SU ; période qui, commencée il y a un peu plus d'un an, semble aujourd'hui close.

Cette période de relations a été ouverte lorsqu'un représentant du Secrétariat Unifié, présent aux réunions entre les directions de la Ligue Communiste Révolutionnaire et Lutte Ouvrière, a évoqué, dès la première de ces réunions, en décembre 1983, la possibilité pour Lutte Ouvrière d'être associée de façon permanente aux activités du Secrétariat Unifié, en qualité d'observateur.

Nous avons alors demandé ce que cette proposition recouvrait de concret et à une réunion suivante, en février 1984, un autre représentant du SU nous répondit que les statuts du Secrétariat Unifié ne prévoyant pas la qualité d'organisation observatrice, la chose serait à discuter et à définir. Nous fûmes invités à une réunion du Bureau européen dans le courant de cette même année 1984, puis au Congrès Mondial du SU à la fin de l'année 1984.

C'est après cette participation que, lors d'une nouvelle réunion commune LCR-LO, le représentant du SU nous priait, au cas où nous souhaiterions toujours être associés au SU en qualité d'observateurs, de formuler une telle demande par écrit, afin que les instances de son organisation puissent se prononcer. Nous avons donc exprimé, par écrit, dans notre lettre du 12 mai 1985 notre acceptation de la proposition orale du SU.

Depuis les quelque quarante ans que nous côtoyons le Secrétariat Unifié sous ses dénominations, ses ruptures, ses réunifications successives - même si nous le côtoyons en règle générale sans rapports directs - et que nous nous sommes habitués à ce que la seule façon pour lui d'envisager des relations directes avec nous, ce soit en exigeant que l'on entre dans son regroupement international en acceptant son autorité et sa politique que nous n'avons jamais eu l'intention d'accepter, cette proposition même vague, semblait ouvrir une porte devant un autre type de relations.

Deux semaines après notre lettre, le 26 mai 1985, lors de la fête commune LO-LCR, et dans le cadre d'un forum en commun, nous parlions de ce que nous pensions de la construction d'une Internationale révolutionnaire, sans taire nos divergences avec le Secrétariat Unifié ; sans taire ce que nous pensions de sa politique, dans des termes identiques à ceux que nous avons toujours utilisés.

C'est peu après que nous avons eu notre première rencontre avec le SU en tant que tel, c'est à dire hors des réunions communes LCR-LO. A cette rencontre les représentants du SU prétendirent qu'il y avait une contradiction entre notre volonté de resserrer les liens avec le SU et les critiques que nous formulons à son égard ; il nous demandait d'expliquer la démarche qui nous a conduits à un rapprochement, et de résumer par la même occasion nos critiques politiques. Ce fut l'objet de notre seconde lettre qui a enfin suscité une réponse du Secrétariat Unifié. Cette réponse est apparemment le fruit d'une laborieuse réflexion, puisque notre première lettre date du 12 mai 1985, la deuxième du 13 septembre 1985, alors que la réponse du SU s'est fait attendre jusqu'au 10 janvier 1986, c'est-à-dire plus de deux ans après que sa proposition primitive nous ait été faite oralement. Et cette réponse est, en résumé, le refus de nous proposer autre chose que le droit de participer à certaines initiatives que le Secrétariat Unifié aurait décidé unilatéralement, et le droit de participer à quelques réunions sans intérêt majeur...

 

Lorsque la fin précède la suite

 

Dont acte. Un épisode stérile de plus dans nos relations - ou plutôt dans notre absence de relations - avec le Secrétariat Unifié. Ce n'est pas la première au cours des décennies écoulées, et peut-être pas la dernière non plus. Une fois de plus le Secrétariat Unifié, qui sait pourtant que nous représentons une organisation de la taille de sa plus importante section, fait le choix de ne pas avoir de relations avec nous. Cela ne nous a pas empêché ni de vivre, ni de nous développer jusqu'à présent, cela ne nous en empêchera pas non plus dans l'avenir.

Dans son unique lettre pendant cette période (publié dans ce numéro) le Secrétariat Unifié exprime d'ailleurs clairement son choix : « les relations de l'Internationale avec votre organisation dépendent substantiellement des rapports entre LO et LCR ». C'est donc que, en l'occurrence, aussi bien en entr'ouvrant la porte devant la possibilité de relations entre ce regroupement international et notre organisation, qu'en la refermant aussitôt, le Secrétariat Unifié ne s'est pas comporté en direction internationale ayant une politique propre à notre égard, mais en agent de la LCR, en instrument de pression et de marchandage, au service de la politique de cette dernière. Il faut croire que lorsqu'il a fait mine de discuter sérieusement de la forme et du contenu possible de nos relations, il ne l'a fait que pour mettre son poids supposé dans la balance afin d'appuyer la LCR dans sa tentative d'entraîner Lutte Ouvrière dans l'alliance électorale « alternative » proposée par la Ligue Communiste.

Et lorsque la LCR, même avec l'appui du Secrétariat Unifié, n'a pas réussi aux élections à nous entraîner dans une politique qui consistait à se présenter simultanément avec deux visages et deux langages, l'un révolutionnaire, l'autre à destination des déçus de mai 68 qui ne veulent plus ni des révolutionnaires, ni de leur langage, eh bien, le SU a aussitôt cessé de faire semblant de s'intéresser aux relations entre lui-même et notre tendance.

Nous publierons dans un prochain numéro, à paraître sous peu, les textes, articles, échanges de correspondances, relatifs à nos relations avec la LCR elle-même durant cette période.

Mais quant au Secrétariat Unifié, son attitude se résume en fin de compte à ceci ; pas de campagne commune avec la LCR ? Alors, pas de relations avec le Secrétariat Unifié non plus !

C'est puéril ; et c'est en même temps assez présomptueux de la part du Secrétariat Unifié qui surestime très nettement l'attraction qu'il peut exercer sur une organisation comme la nôtre, comme il surestime son attraction tout court, et qui, tout simplement, malgré sa prétention d'être une direction internationale, se désintéresse d'avoir une politique vis-à-vis du mouvement trotskyste international. Apparemment, il ne se sent chargé d'aucune responsabilité à l'égard des militants du mouvement trotskyste ; pas plus à l'égard des siens qu'à l'égard de ceux des autres tendances du mouvement trotskyste. C'est un comportement de groupuscule irresponsable.

De cette façon de refuser d'avoir une politique propre pour se contenter d'être, suivant le contexte, un simple moyen de pression ou un moyen de vengeance pour la LCR, nous avons l'habitude. Lors du précédent épisode de nos relations, en 1976, relations engagées alors par notre initiative de nous adresser à l'ensemble du mouvement trotskyste pour proposer un cadre de discussion permanent entre les différentes tendances, et qui a entraîné des rencontres et un échange de correspondances avec le Secrétariat Unifié, ce dernier s'est dégagé en cours de route, transformant l'amorce de discussion entre le SU et Lutte Ouvrière au sujet de nos relations à long terme en vue de la reconstruction de la Quatrième Internationale, en discussion entre la LCR et Lutte Ouvrière en vue des échéances électorales immédiates de l'époque.

A l'époque, le Secrétariat Unifié s'était dégagé de toute relation suivie avec nous, en douce en quelque sorte. Cette fois, il a éprouvé le besoin d'inventer un prétexte ; nous aurions changé de position en cours de discussion. Prétexte que, comme on le verra dans l'échange de correspondances que nous publierons à ce sujet, la Ligue a également repris -à moins que ce soit elle qui l'ait suggéré.

Toute la lettre du SU est rédigée pour donner l'impression que nous avons, nous, changé d'attitude entre le moment où il nous a fait la proposition orale d'une forme de collaboration avec un statut d'observateur, et le moment où il a rejeté sa propre proposition ; voire entre notre lettre du 13 septembre et nos textes de congrès rédigés à peine un mois plus tard. Dans la conclusion de la lettre, son rédacteur prend d'ailleurs notre « changement d'attitude » pour une chose tellement évidente, qu'elle n'a même pas besoin d'être démontrée et qui, bien entendu, « rend les choses plus lentes et plus difficiles ».

Pour avoir l'air de donner un fondement à son prétexte, le Secrétariat Unifié ne s'embarrasse pas de subtilités ; il feint de découvrir brusquement et avec étonnement l'ampleur de nos divergences et le jugement que nous en faisons.

« Vous portez sur ces divergences un jugement qui nous paraît en contradiction avec votre volonté de faire votre part de travail », découvre le rédacteur de la lettre.

Citant une phrase de notre lettre du 13 mai où nous disions que nos principales divergences avec le Secrétariat Unifié tournaient autour du fait que « dans un nombre significatif de cas » il avait « renoncé dans le passé (et au présent) à défendre la nécessité pour le prolétariat de s'organiser de façon indépendante des autres classes sociales », dans sa réponse du 8 février 1986, le SU fait mine d'être surpris et choqué de trouver cela sous notre plume et s'indigne ; « Rien de moins ! Ou vous écrivez à la légère, ou vous prenez vos propres termes au sérieux. Et en ce cas, nous voyons mal ce qui pourrait inciter votre direction et vos militants à établir des relations privilégiées avec une organisation qui aurait pour tradition de brader l'indépendance de la classe ouvrière ».

 

Lorsque le SU feint de découvrir ce qu'il sait depuis toujours

 

Nous ne pouvons évidemment pas supposer que le Secrétariat Unifié découvre que nous lui reprochons d'avoir trop souvent renoncé « à défendre la nécessité pour le prolétariat de s'organiser de façon indépendante des autres classes sociales ». Nos tendances respectives se côtoient, au moins en France, depuis plusieurs décennies. Nous avons publié des monceaux d'articles, polémiques ou pas, où nous avons écrit ce que nous pensions de la politique des organisations du Secrétariat Unifié par rapport à la Yougoslavie, à Cuba, l'Algérie, le Nicaragua, etc.

Il est même arrivé que la LCR, sinon le SU - avec qui nous avons bien du mal à engager une discussion sur un problème politique, et à plus forte raison une discussion qui le mette en cause - polémique avec nos positions. Il y a, en tout cas, une ample littérature, remontant à quarante ans, sur nos divergences, sur le jugement que nous portons sur le Secrétariat Unifié et sur ses ancêtres, sur la Quatrième Internationale après la mort de Trotsky, sur ses errements politiques.

A moins d'être sourd, aveugle et en-dessous de tout, le SU ne peut évidemment pas ignorer tout cela.

Pour ne pas remonter encore plus loin, voilà ce que nous écrivions dans une brochure contenant l'exposé du Cercle Léon Trotsky du 28 février 1966, et consacré précisément à la « Reconstruction de la Quatrième Internationale »

« Dans un tel conflit (NDLR : il s'agit de la guerre de Corée et nous critiquions l'appréciation qu'en faisait la Quatrième Internationale d'alors, juste avant de scissionner) les partis staliniens joueraient un rôle révolutionnaire et, comme on n'avait plus le temps de construire des partis révolutionnaires, il faut dire que ces camarades semblent n'avoir jamais le temps d'en construire, il fallait entrer coûte que coûte au sein des partis staliniens ou socialistes, afin de s'intégrer dans le mouvement réel des masses. Il fallait travailler et rester à tout prix dans les PC, les « ruses » et les trahisons étant non seulement admises mais nécessaires. Cela équivalait à renoncer à l'organisation trotskyste après avoir renoncé à son programme. Mais ces positions n'étaient pas un tournant dans la politique de la Quatrième Internationale. Déjà la caractérisation des pays du glacis comme États ouvriers dégénérés signifiait que la bureaucratie avait un rôle révolutionnaire, qu'elle était capable de transformer à la place de la classe ouvrière des États bourgeois en États ouvriers, de remplir la tâche historique du prolétariat. »

Dans un article de la Lutte de Classe de septembre 1967 , consacré à discuter les positions des principales tendances du mouvement trotskyste dont le SU, à l'égard de ce qu'elles appelaient les « gouvernements ouvriers et paysans » , nous écrivions : « En conclusion, la discussion sur la question du « gouvernement ouvrier et paysan » ne nous semble pas importante seulement parce qu'une terminologie claire est indispensable en théorie. Mais parce qu'un « gouvernement ouvrier et paysan » serait une étape vers la dictature du prolétariat. Attribuer ce qualificatif à des gouvernements tels que celui de Ben Bella, de Castro, de Mao ou ceux des Démocraties Populaires entre 1945 et 1948, c'est introduire en contrebande dans la théorie révolutionnaire l'idée qu'il est possible de franchir des étapes sur la voie de la dictature du prolétariat sans la mobilisation révolutionnaire du prolétariat lui-même. C'est attribuer à la bureaucratie soviétique, à des couches petites bourgeoises ou à des individus, des capacités qui appartiennent au prolétariat et à lui seul. C'est en dernier ressort abandonner le marxisme. » Rien de moins ! s'écrierait le rédacteur du SU s'il ne faisait pas semblant de ne pas être au courant.

Dans le numéro 66 de la Lutte de Classe nous avons publié un article dont on peut supposer qu'au moins certains membres du SU l'ont lu, d'une part parce qu'il portait pour titre - et avait pour objet - « Lutte Ouvrière et le Secrétariat Unifié », mais aussi parce que ce numéro parut le 8 juillet 1979, c'est-à-dire pendant une période où nous avions des relations directes avec le SU. (C'est l'année où nous nous sommes présentés en commun avec la LCR aux élections européennes) .

L'article est précisément consacré à expliquer que notre démarche à l'égard des élections n'est pas la même que celle à l'égard du Secrétariat Unifié ; que la première est circonstancielle, et que la seconde est, pour utiliser une expression pompeuse « stratégique ».

Nous y affirmons que « nous sommes évidemment prêts à collaborer de la même manière (NDLR qu'avec la LCR ...) avec le Secrétariat Unifié. (...) Une organisation révolutionnaire a besoin d'une conscience claire du développement de la lutte de classes à l'échelle internationale. Et c'est pourquoi, elle a besoin, à la fois de tirer profit de l'expérience des révolutionnaires militant partout dans le monde, et également de soumettre sa politique à la critique de ces révolutionnaires.

C'est la raison pour laquelle nous ne pensons pas qu'il soit profitable, en attendant que l'épreuve des faits ait tranché entre les différentes politiques qui s'affrontent aujourd'hui, que chaque tendance s'isole des autres. Nous pensons au contraire qu'il est de l'intérêt du mouvement trotskyste tout entier, et donc du devoir de chacune de ses parties constitutives, de développer au maximum la confrontation politique fraternelle et la collaboration entre tous ceux qui se réclament du trotskysme ».

Mais nous faisions cette proposition tout en rappelant dans le même article que nous avons des divergences graves avec le SU, en écrivant notamment : « L'une des principales fonctions d'une direction internationale devrait être d'impulser la création d'organisations trotskystes dans tous les pays, de faire en sorte qu'il existe partout, ne serait-ce qu'un noyau de militants défendant le programme de la révolution socialiste et l'idée de la nécessité de l'indépendance politique de la classe ouvrière. Les camarades du Secrétariat Unifié affirment volontiers que l'appartenance à leur organisation permet de participer à ce combat politique. Mais malheureusement, l'histoire du Secrétariat Unifié et de sa politique infirment cette prétention, car son alignement derrière des organisations nationalistes petites-bourgeoises l'a amené à renoncer explicitement ou implicitement à cette tâche, à chaque fois que le problème se trouvait posé en termes cruciaux, à chaque fois que les masses étaient en mouvement. Prenons par exemple le cas de l'Algérie... », etc.

Eh bien, non seulement nous avons formulé nos critiques à l'égard du SU pratiquement dans les mêmes termes que ceux qui ont tant « surpris » le rédacteur de la réponse du SU, mais nous précisons que c'est compte tenu de ces critiques que nous avons une démarche unitaire à l'égard du Secrétariat Unifié.

Nous pourrions multiplier les citations.

Mais supposons que le Secrétariat Unifié ait chargé de la rédaction de sa réponse à notre lettre un de ses jeunes camarades, militant depuis moins de deux ans et, de surcroît, ne s'intéressant pas assez à la politique pour lire sur ce qui se produisit avant. On peut tout de même supposer qu'il a lu jusqu'au bout l'article de notre Lutte de Classe de mai 1984 dont il a au moins lu le début, puisqu'il en cite un passage dans sa lettre.

Cet article se termine ainsi : « Seulement, les camarades du Secrétariat Unifié substituent ce qu'ils appellent les tâches de soutien à ces régimes (NDLR : il s'agit des régimes mis en place par des mouvements nationalistes radicaux dans certains pays pauvres) à la mise en oeuvre d'une politique autonome, à tous égard, du prolétariat. Ce n'est plus un devoir élémentaire de solidarité révolutionnaire, à l'égard de peuples en butte à l'impérialisme, c'est une capitulation politique, et un renoncement aux tâches révolutionnaires spécifiques à ces pays. »

Ce numéro de la Lutte de Classe date de mai 1984, c'est-à-dire un an avant que le SU nous demande de lui écrire.

Ce n'est donc pas que nous ayons changé d'opinion après que le SU nous ait relancés pour sa proposition, lui donnant ainsi des motifs pour qu'il revienne sur sa proposition ; ce n'est même pas que le SU ait découvert trop tard la nature et l'étendue des critiques ; c'est tout simplement que pour avoir un prétexte de revenir en arrière, il a inventé un changement de notre part en travestissant, lui, la vérité.

Comme il travestit la vérité lorsqu'il affirme : « Aujourd'hui, vous semblez opter pour une nouvelle définition de vos relations internationales, celle du « développement du mouvement trotskyste » sauf erreur de notre part, cette ligne de conduite de Lutte Ouvrière est assez récente. » A quel point c'est « récent » ? Nous renvoyons le lecteur à l'article de la Lutte de Classe déjà cité de mai 1979, comme nous pourrions l'envoyer à cette « Adresse au mouvement trotskyste » datant de 1976 dont nous faisons état ci-dessus, ou encore plus loin dans le temps, à cet article par exemple de la Lutte de Classe de janvier 1968, consacré aux « Voies et moyens de la reconstruction de la Quatrième Internationale » où nous écrivions : « A l'heure actuelle, seule aurait un sens, parce qu'elle permettrait effectivement de travailler plus efficacement à la reconstruction de la Quatrième Internationale, une organistion internationale reconnaissant le droit de fraction, admettant en son sein, toutes les organisations se réclamant du trotskysme, même s'il y en a plusieurs dans un seul pays, une organisation qui ne se prétendrait pas une « direction internationale », mais qui serait un lieu de confrontation pour tous les militants qui se battent sous le drapeau de la Quatrième Internationale. »

Nous pourrions aussi renvoyer le lecteur à tous ces textes de discussion, publiés en 1968-69 non seulement dans Lutte Ouvrière, mais aussi dans Rouge, où nous discutions de l'Internationale, et la façon dont nous pourrions nous associer à sa construction, et cela, sans vouloir remonter plus loin encore dans le temps.

Nous n'avons pas changé de politique dans un premier temps pour plaire au Secrétariat Unifié, et ensuite, brusquement, pour lui déplaire. Nous n'avons jamais présenté notre souhait d'avoir des relations organisés et systématiques avec le Secrétariat Unifié, comme résultant d'un changement à l'égard de sa politique. Nous n'avons jamais cessé de critiquer publiquement la politique du Secrétariat Unifié, là où nous estimons qu'elle est critiquable. Et nous ne renoncerons jamais à le faire, pour favoriser des rapprochements qui, s'ils devaient se faire en faisant semblant d'être d'accord alors qu'on ne l'est pas, ne serait de toute façon que superficiel et provisoire.

Nous n'avons pas changé de politique... mais de toute évidence, le Secrétariat Unifié n'a pas, non plus, changé d'attitude. Il ne doit même pas croire qu'il peut nous faire changer de politique, mais il travestit la réalité pour des raisons internes de relations avec ses propres sections.

C'est aux sections du SU de savoir si ce genre de comportement, ce manque de sérieux et de responsabilité ; cette façon de travestir la réalité, leur apparaît digne d'une « direction internationale ». Mais au-delà des divergences politiques, ce n'est pas en se comportant de façon aussi peu sérieuse, aussi irresponsable avec d'autres composantes du mouvement trotskyste que le Secrétariat Unifié pourra obtenir un minimum de confiance de la part de militants trotskystes un peu sérieux ; en tout cas, pas la nôtre. Et le Secrétariat Unifié a profondément tort de prendre ces choses-là à la légère, car si le mouvement trotskyste est aujourd'hui émietté, s'il n'existe pas une « direction internationale » dans le mouvement trotskyste -malgré les prétentions du SU de l'être- c'est parce qu'aucun prétendant n'a assez de crédit. Or ce crédit, avant de se mériter politiquement, et c'est autrement plus difficile, doit déjà se mériter dans le sérieux du comportement. Et cela nous amène au fond du problème du mouvement trotskyste international.

 

La situation dans le mouvement trotskyste

 

Le mouvement trotskyste international est, de longue date, dans une situation paradoxale.

D'un côté, il a fait preuve d'une certaine vitalité, ne serait-ce que parce que près de cinquante ans après sa fondation, il y a toujours un mouvement trotskyste international, alors que tant d'autres parmi les courants, opposés sur la gauche à la social-démocratie et au stalinisme, sont disparus depuis.

Mais d'un autre côté, non seulement il n'existe pas en tant que « Parti Mondial de la Révolution Socialiste », de la Quatrième Internationale, telle que se proposaient de la construire Trotsky et les fondateurs, mais aucune section, dans aucun pays, n'est parvenue jusqu'à présent à construire une véritable organisation ouvrière révolutionnaire dans le pays où elle agit, qui soit reconnue comme direction par une fraction significative de la classe ouvrière. Et quant à « l'organisation mondiale », même au niveau où en est le mouvement trotskyste, « sous une direction centralisée et sous une discipline unique », elle n'est plus qu'un souvenir historique - pour autant qu'il puisse en être un. Deux générations de militants trotskystes au moins ont accompli leur vie de militants dans le cadre d'un mouvement trotskyste divisé à l'échelle internationale, avec plusieurs « directions » plus ou moins « centralisées » mais en tout cas rivales ; et, reflétant cela, avec plusieurs organisations parfois même un grand nombre d'organisations, petites pour la plupart - à l'intérieur même de bon nombre de pays.

Il existe des groupes trotskystes dans un grand nombre de pays. Mais il n'existe, dans l'état actuel des choses, qu'une demi-douzaine d'organisations trotskystes dont les effectifs atteignent ou dépassent le millier de militants et qui ont une existence et une présence politique un tant soit peu significatives dans leurs pays respectifs.

Il s'agit, en dehors des trois principales organisations trotskystes en France, c'est-à-dire la LCR, le PCI et Lutte Ouvrière ; du MAS en Argentine, du SWP aux États-Unis, de la Revolutionary Socialist League (le groupe Militant) en Grande-Bretagne, encore que ce dernier milite en tant que courant du Labour Party.

Bien avant sa scission récente, le WRP anglais est tombé en dessous du millier de militants, et il ne semble pas que la section mexicaine du SU, ou la section brésilienne de la LIT, qui avoisinent ce chiffre, l'atteignent.

Sur ces six organisations, deux seules, le LCR et le SWP adhèrent au Secrétariat Unifié ; et encore, la deuxième conteste publiquement l'autorité du SU.

Dans les faits, cinq sur six de ces organisations ne reconnaissent pas l'autorité du Secrétariat Unifié. Pour ne pas avoir à reconnaître une direction internationale différente de la sienne propre, la plupart se sont proclamées elles-mêmes, au fil du temps et des scissions, direction internationale. Et pour justifier cette prétention, elles se livrent, comme quelques autres regroupements internationaux dont les sections sont encore plus petites, voire insignifiantes, à une « activité internationale », qui consiste parfois à créer des groupes trotskystes dans des pays où il n'y en avait pas ; plus souvent, à tenter de gagner à leur autorité, au moins formelle, des groupes d'autres pays qui ne se disaient pas trotskystes auparavant ; et, bien plus souvent encore, à détacher des organisations trotskystes déjà existantes dans d'autres pays, des militants, ou des groupes de militants, acceptant de s'organiser à part pour adhérer à leur regroupement international.

 

Le Secrétariat Unifié et les problèmes de direction internationale

 

Parmi toutes les « directions internationales », le Secrétariat Unifié occupe, dans une certaine mesure, une position particulière.

C'est le Secrétariat Unifié - au travers de ses dénominations successives - qui a conservé ce qui reste, après les multiples scissions du passé, de l'organisation internationale qui avait été créée par l'activité et grâce à l'autorité politique de Trotsky. Il en a gardé une représentativité politique internationale, une organisation, un appareil, dans une certaine mesure indépendants des sections nationales.

Malgré cette antériorité, et sa prétention d'incarner seul la Quatrième Internationale de Trotsky, le Secrétariat Unifié n'a pas un crédit politique suffisant, non seulement pour que la majorité, à défaut de la totalité, des militants et des organisations trotskystes le reconnaissent pour direction au point d'accepter sous son autorité une « discipline unique », mais il n'a ce type de crédit pas même vis-à-vis de ses propres sections,

Le Secrétariat Unifié a été contraint par ses propres sections nationales à reconnaître indirectement cette réalité. Il a dû modifier ses statuts dans le sens d'exclure la possibilité, pour des congrès ou des directions internationales, de modifier la composition des directions nationales ou de déterminer la tactique des sections nationales. Malgré cet assouplissement - qui en lui-même rend dérisoire la prétention du Secrétariat Unifié de fonctionner suivant les méthodes du centralisme démocratique - n'a pas réussi à conserver, ne fut-ce qu'une autorité formelle, sur la plupart de ses sections qui ont acquis un, certain poids et une certaine existence politique autonome.

Ne discutons pas ici le comment et le pourquoi, ni de cette perte de crédit, ni de l'incapacité de la direction qui, après la mort de Trotsky, a pris l'héritage d'une organisation internationale alors unique, de développer la Quatrième Internationale.

Ce n'est pas que cette discussion ne puisse être utile. Il faudrait l'avoir dans le mouvement trotskyste, sur les politiques, sur les orientations et sur les pratiques organisationnelles. L'intérêt n'en serait certainement pas de ressasser le passé, ni de chercher des responsables ou des boucs-émissaires - cela ne se fait que trop souvent, précisément pour éviter de discuter du fond - mais d'examiner sérieusement, maintenant que l'on peut faire des bilans, quelles ont été les orientations politiques fausses ou inefficaces, ne serait-ce que pour éviter de recommencer systématiquement les mêmes dans l'avenir et, pour corriger les défauts que certaines orientations révèlent.

Mais quelle que soit l'opinion que l'on ait de la politique passée et présente du Secrétariat Unifié, c'est un fait que, malgré sa prétention d'être la Quatrième Internationale, il n'est plus admis comme direction internationale valable par la majorité des militants trotskystes. Et c'est encore un fait qu'aucune des autres directions qui se posent en directions internationales, n'est davantage admise. C'est aussi un fait que cette situation est durable ; qu'il existe plusieurs courants internationaux de taille comparable sans parler, ici, des autres, plus petits- dont les identités politiques sont cristallisées et différentes, même si leurs contours et leurs politiques concrètes ne le sont pas toujours.

 

La stratégie du SU ou comment résoudre un problème en niant qu'il se pose

 

L'un de ces courants parviendra-t-il dans l'avenir à résoudre à lui seul, ce problème de direction ; c'est-à-dire de sélectionner, de former, de rendre compétent des cadres nationaux et internationaux valables, et une direction reconnue par tous ?

Peut-être. Mais aucune ne l'a résolu dans le passé. Il est probable qu'une direction internationale vraiment reconnue par tout le mouvement n'obtiendrait un crédit suffisant pour pouvoir réellement diriger, en direction centralisée, un mouvement international, qu'en ayant démontré sa compétence et la validité de sa politique, c'est-à-dire en ayant remporté des succès significatifs, en ayant dirigé des luttes ouvrières importantes au moins dans un pays.

Mais par auto-proclamation, sûrement pas. Ce n'est pas seulement inefficace, l'histoire du mouvement trotskyste avec son trop plein de « directions internationales » de « Quatrième Internationale », dont le verbe haut et les prétentions dérisoires ne cachent leur absence d'autorité et leur incompétence qu'aux yeux d'elles-mêmes, l'a amplement démontré.

Mais c'est aussi, et surtout, nuisible.

Parce que la stratégie de développement international que cela implique, privilégie la compétition entre les différents regroupements internationaux à la formation et l'éducation d'organisations valables, capables de s'implanter et de jouer un rôle dans la lutte de classe de leur pays. Chaque « direction internationale » cherche à démontrer sa validité, en essayant surtout de s'étendre plus vite que le regroupement rival, à compter plus de sections ; quitte à créer de façon volontariste des groupes non viables, n'existant politiquement et parfois matériellement, que dans la mesure où le regroupement international est derrière ; quitte aussi à rechercher les adhésions formelles, les signatures, sans trop s'occuper de l'accord programmatique réel. Seulement, évidemment, lorsque l'on donne facilement sa signature pour adhérer à un regroupement international, on la retire aussi facilement - et si on ne la retire pas, ce n'est pas nécessairement mieux. Et évidemment aussi, la « direction internationale » qui cherche à impressionner au lieu de convaincre ; à gagner des signatures au lieu d'éduquer, à se contenter d'adhésions formelles, donc nécessairement fragiles et hasardeuses, ne crée pas de nouvelles organisations susceptibles d'être armées pour jouer un rôle dans la lutte de classe de leurs pays respectifs.

Ce type d' « activité internationale » et de « développement international », demande beaucoup d'énergie militante qui est soustraite au travail d'implantation dans la classe ouvrière.

Si au moins cet inconvénient, grave, était compensé par une véritable extension en surface du mouvement trotskyste, dans un plus grand nombre de situation où intervenir, un plus grand nombre de pays, offrant par la même occasion au mouvement trotskyste un plus grand nombre d'occasions à saisir ; et à défaut d'occasions, une plus grande variété d'expériences au travers desquelles former des cadres et une direction, justement !

Mais les différents regroupements internationaux ne se soucient nullement, lorsqu'ils peuvent créer une nouvelle section dans un pays donné, de savoir si dans le pays en question existe déjà une - ou plusieurs - autres organisations trotskystes, et parfois réellement existantes, et par conséquent, le mouvement trotskyste n'y gagne rien en extension. Et surtout ils ne se posent pas la question de savoir si les militants qu'ils appuient sont capables ou pas, de créer et de développer une section, d'élaborer eux-mêmes une politique.

Les « cadres internationaux » que l'on forme de cette façon-là, à cette école-là, n'acquièrent pas une véritable compétence ; en tout cas, pas celle d'aider réellement les sections nationales à se développer ; pas celle de se familiariser réellement avec ce qu'est la classe ouvrière dans le pays concerné, ses traditions politiques, ses habitudes ; pas celle même de se préoccuper de situations, de politiques concrètes plutôt que d'analyses abstraites.

L'autre aspect de cette « stratégie de construction de l'Internationale » , développée par le Secrétariat Unifié mais largement copié, et parfois au-delà, par les autres « directions internationales » auto-proclamées, c'est que, en se considérant comme rivaux sinon comme adversaires politiques, les différents regroupements internationaux dépensent infiniment plus d'énergie à se combattre qu'à profiter des expériences d'organisations trotskystes qui appartiennent à d'autres regroupements. Et à se combattre, de surcroît, sur des analyses abstraites plutôt que sur des politiques concrètes.

Or, comme les regroupements internationaux se recoupent sensiblement avec les organisations les plus importantes ; c'est-à-dire celles dont les expériences sont en principe les plus variés, les plus riches ; celles encore qui ont su se donner sur des périodes longues, un capital politique, se couper de la possibilité d'échanger des expériences précisément entre ces organisations-là ; s'interdire de confronter des politiques, même si on sait par avance qu'elles concrétisent des démarches différentes ; s'interdire de familiariser ses propres militants et cadres avec l'expérience des autres, c'est s'interdire une des possibilités les plus importantes que le mouvement trotskyste, même dans l'état actuel de développement et de divisions, peut offrir pour former des cadres et une direction compétents au plus vite.

Il n'y aura ne serait-ce seulement que l'ébauche d'un « Parti Mondial de la Révolution Socialiste » - une ébauche au moins au sens où la Quatrième Internationale de Trotsky l'était, et plus que les organisations actuelles, malgré sa plus grande faiblesse numérique, en raison de la compétence de Trotsky et du crédit dont il bénéficiait au-delà même des groupes trotskystes de l'époque - que lorsque la majorité sinon l'ensemble des organisations et des militants trotskystes seront « dans une seule organisation mondiale, sous une direction centralisée et sous une discipline unique ». C'est incontestable.

Et c'est tout aussi incontestable que telle organisation internationale ne pourra fonctionner suivant le centralisme démocratique, que sur la base d'un accord programmatique, et qui ne se limite pas à la reconnaissance du « Programme de Transition », avec des lectures différentes.

Cet accord politique n'est pas une condition suffisante. Il faut, aussi, des relations de confiance, et le second ne dérive pas automatiquement du premier ; elle se mérite, elle se gagne, elle s'éprouve dans les événements, du moins entre ceux qui affrontent ces événements côte à côte.

Mais l'accord politique est certainement une condition nécessaire. Il n'existe pas, à l'heure actuelle, entre les différentes composantes constituées du mouvement trotskyste international, dont chacune propose des démarches dans la construction des partis, des orientations, des comportements politiques différents. Ces divergences sont plus ou moins importantes entre les différentes tendances. Mais elles existent, et la prolongation de l'existence séparée des unes des autres les accentue plutôt qu'elle ne les résout. Alors, on peut dissimuler cette réalité de différente façon. D'abord, en proclamant que sa propre boutique est la seule Internationale, voire la seule trotskyste. Ce n'est pas seulement ridicule, c'est surtout inefficace.

On peut aussi camper sur sa position et dire que c'est aux autres d'entrer chez soi. Le Secrétariat Unifié, qui se prévaut de son antériorité, campe sur cette position depuis vingt ans, trente ans ou plus, suivant le groupe auquel il adresse ses injonctions. Mais des groupes qui sont de la taille des plus importantes sections du SU, qui ne sont pas d'accord politiquement, et qui ne lui font pas confiance, et à plus forte raison pas au point d'accepter de se soumettre à son autorité malgré les désaccords politiques en question, n'ont aucune raison d'accepter. Et ils n'acceptent pas.

On peut, aussi, dissimuler les désaccords politiques, les minimiser ; le temps de favoriser une réunification ou une fusion dans un cadre qui formellement, se prétend « centraliste démocratique ». Mais là encore, le mouvement trotskyste a une riche expérience d'échec en la matière-, les divergences politiques soigneusement enveloppées dans des textes de compromis finissent par ressurgir inévitablement, Et quand elles ne ressurgissent pas, c'est lorsque les courants divergents choisissent de fermer les yeux, d'ignorer publiquement les désaccords pour laisser faire chacun comme il entend ; c'est-à-dire que derrière la direction prétendument centralisée et démocratique, il n'y a plus de direction du tout.

 

Partir de l'état réel du mouvement trotskyste

 

Alors pour que le mouvement trotskyste puisse bénéficier de toute sa base militante existante de par le monde, de toute son expérience pour former des cadres politiques et des dirigeants de taille internationale - et cette base militante, et les expériences du mouvement dans son ensemble sont déjà bien faibles - il serait nécessaire de constituer un cadre, où les politiques puissent se confronter librement, indépendamment les unes des autres, être poussées jusqu'au bout ; mais où, en même temps, les relations soient fraternelles, ouvertes, c'est-à-dire susceptibles de permettre aux uns et aux autres, la vérification.

Ce que nous proposons ce n'est certainement pas d'abandonner l'idée d'une organisation internationale démocratiquement mais rigoureusement centralisée. Ce que nous proposons, c'est que le mouvement trotskyste se donne les moyens d'atteindre ce but ; qu'il établisse en son sein des liens qui permettent que se dégage dans l'avenir une base politique et une connaissance, puis une confiance mutuelle suffisante pour permettre une discipline commune.

Ce que nous proposons, ce n'est pas non plus un cadre simplement non-contraignant ; mais un cadre où la discipline commune évolue en fonction de la volonté réelle des groupes à l'accepter.

Nous ne pensons pas non plus que quiconque puisse poser comme préalable aux regroupements internationaux existants en particulier à ceux qui sont liés par des liens qui permettent un fonctionnement centraliste démocratique, ou qui croient avoir de tels liens, de fonctionner autrement qu'ils l'entendent. Comme il n'est pas question de poser comme préalable que quiconque cesse de se présenter en public comme il l'entend, fut-ce en se proclamant la Quatrième Internationale, même si nous pensons que c'est dérisoire.

Voilà quelle est notre attitude vis-à-vis de l'ensemble du mouvement trotskyste.

Il faut que le mouvement trotskyste international finisse par faire surgir, en son sein, une direction respectée par tous, sur la base d'un programme politique partagé ; et qu'il finisse, en effet, par fonctionner comme un seul et même Parti Mondial de la Révolution Socialiste, « fonctionnant suivant les principes et la pratique du centralisme démocratique ». L'avenir dira quelles sont les tendances du mouvement trotskyste international qui sont capables, par delà leurs divergences politiques, de collaborer pour se donner les moyens d'y parvenir. Mais ceux qui se cramponnent à des caricatures de « centralisme démocratique » à l'intérieur de leur propre regroupement international ; et à une attitude de véritable sectarisme par rapport aux autres tendances, ne renforcent certainement pas les chances du mouvement trotskyste d'y parvenir.

 

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