Nous publions dans ce numéro de Lutte de Classe plusieurs textes adoptés lors du récent congrès de Lutte Ouvrière.

Ces textes présentent l'analyse faite aujourd'hui par Lutte Ouvrière de la situation internationale d'une part, intérieure de l'autre.

Ils ont été écrits au début novembre 1980. Ils sont donc forcément un peu datés, et ne pouvaient prendre en compte les événements, grands ou petits, intervenus depuis.

Ainsi, sur le plan intérieur, il n'est pas fait référence aux toutes récentes élections législatives partielles alors que la position prise par le Parti Communiste lors des élections sénatoriales du mois d'octobre est commentée. Le PC avait appelé ses électeurs à s'abstenir lors du deuxième tour de ces sénatoriales, plutôt que de voter pour les candidats socialistes. Il concrétisait ainsi ses menaces à l'encontre du Parti Socialiste et rendait tout à fait vraisemblable la possibilité de s'abstenir aussi lors du deuxième tour des prochaines élections présidentielles plutôt que de faire voter pour le candidat du Parti Socialiste.

Lors des législatives partielles, quelques semaines plus tard, le PCF a au contraire appelé au deuxième tour à voter pour les candidats du PS. Est-ce là un changement d'attitude du PC et donc un changement dans la situation politique en France ?

Certainement pas. De l'attitude du PCF lors de ces partielles, nous ne pouvons pas davantage déduire à coup sûr quelle sera son attitude lors des présidentielles. La campagne qu'il mène contre le Parti Socialiste - et dont nous analysons les raisons dans les textes publiés ici - et particulièrement contre Mitterrand, n'a faibli ni avant ni après les partielles.

L'attitude contradictoire, à première vue, que le PCF a prise en ces deux élections à quelques semaines d'intervalle est le symbole et de sa situation et de sa politique. Pour obtenir des garanties du Parti Socialiste, il doit montrer qu'il est prêt à aller jusqu'au bout et à empêcher une éventuelle victoire électorale de celui-ci. Mais d'un autre côté comme il n'a pas d'autre perspective que l'alliance avec ce parti, il doit sans cesse - ce qu'il fait dans ses écrits et ses discours - rappeler qu'il est prêt à cette alliance.

Que fera-t-il lors des présidentielles ? Cela en revient à poser la question : laquelle des deux faces de cette même politique estimera-t-il nécessaire de mettre en évidence en avril prochain ? Le PCF lui-même ne le sait sans doute pas encore, tant cela dépendra de la situation du moment.

Nous publions également dans ce numéro plusieurs textes qui ne furent pas formellement adoptés par le congrès mais qui résument les prises de position de celui-ci. Ils forment en quelque sorte les compléments des textes adoptés, qu'il s'agisse de la réactualisation de l'appréciation sur la crise économique - texte intitulé « Quelle crise ? » - , ou encore de la mise au point à propos de la candidature de Coluche ou du problème de l'attitude des municipalités du PCF vis-à-vis des immigrés, problème qui a agité une partie de l'extrême-gauche ces derniers temps.