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- Lutte de Classe n°107
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Les euromissiles, l'assurance que l'Europe ne restera pas en dehors du coup d'une guerre USA-URSS
En cette fin 1983, l'installation des euromissiles américains est commencée. Elle a eu pour conséquences diplomatiques la rupture des négociations de Genève par les Russes. Dans un premier temps, au lendemain de l'arrivée des premiers éléments sur le sol européen, c'est la discussion sur les armes dites « tactiques », celle concernant les Pershing et les SS20, quia été rompue. Puis, au début de décembre, la discussion sur les armes dites « stratégiques », celle concernant en gros les fusées intercontinentales, a été renvoyée « sine die ».
Les Pershing II et les missiles de croisière Cruise ont suscité dans les différents pays européens, et en particulier là où ils doivent être installés - en Allemagne, en Angleterre, en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas - les discussions et les manifestations les plus vives. Ce ne sont pourtant pas les premières fusées nucléaires américaines positionnées sur le territoire européen. Et parmi tout l'arsenal américain, ce ne sont pas et de loin, les plus puissantes, tant en capacité de transport de mégatonnes de charges nucléaires qu'en performance techniques en tout genre.
Pourquoi alors ces nouveaux missiles ? Leurs partisans prétendent que l'équilibre des armements nucléaires entre l'Est et l'Ouest était rompu en faveur de l'URSS depuis l'installation des SS20 soviétiques, et qu'ainsi il pourra être rétabli. Ils prétendent de plus que les fusées russes pouvant atteindre les pays d'Europe de l'Ouest, il était nécessaire de protéger ces derniers avec des Pershing II et des Cruise pouvant atteindre le territoire de l'URSS.
Mais les États-Unis ont d'autres raisons que celle d'aider l'Europe à se protéger. On peut même dire que ce dont ils veulent s'assurer, c'est qu'en cas de guerre entre eux et l'URSS, les pays européens ne soient pas hors du coup mais au contraire pleinement impliqués, et même mieux, que l'Europe soit le théâtre privilégié des combats si un troisième conflit mondial devait éclater.
Pour l'équilibre des forces ?
Qu'en est-il de l'équilibre des forces nucléaires entre l'Est et l'Ouest ? Et tout d'abord que représentent les euromissiles dans l'arsenal mondial par rapport aux autres armements ?
Sans les Pershing II et les Cruise, les États-Unis possédaient déjà largement de quoi atteindre le territoire de l'URSS et y opérer soit des destructions massives de concentrations de population, soit atteindre des cibles plus circonscrites à des objectifs militaires, que ce soit à l'aide de fusées intercontinentales pouvant atteindre l'URSS en partant de bases sur le territoire des États-Unis ou que ce soit de missiles lancés à partir de bombardiers ou encore de sous-marins nucléaires.
Les négociations de Genève avaient séparé en deux grands chapitres les discussions sur les armements, mettant d'un côté la négociation sur les armes dites « tactiques » dans lesquelles entrent les SS 20 et les Pershing, dite négociation sur les INF (Intermediate range Nuclear Forces, « forces nucléaires intermédiaires » ), et d'un autre côté celle sur les missiles intercontinentaux dite négociation START (Strategic Arms Reduction Talks, entretiens sur la réduction des armes stratégiques).
Les INF concernent particulièrement le territoire européen. En fait, il existait déjà avant les Pershing II et les Cruise, de nombreuses armes nucléaires américaines sur le sol européen, des « armes de théâtre » selon une expression consacrée pour parler de cet arsenal avec lequel se prépare la tragédie d'un futur conflit nucléaire. Cela va de mines radioactives à l'artillerie, jusqu'aux fusées de portée de dizaines, de centaines ou de milliers de kilomètres, dont les charges s'étalent de quelques kilotonnes à quelques mégatonnes. Les armées de l'OTAN sont donc abondamment pourvues en engins en tout genre et il y avait déjà avant les Pershing II et les Cruise six mille ogives nucléaires en Europe.
L'implantation des SS20 par l'URSS sur son territoire et en Europe de l'Est, (fusées de 5 000 km de portée pouvant en quinze minutes atteindre une cible avec une précision de 400 mètres), renversait-elle en faveur de l'URSS ce que l'on nomme l'équilibre de la terreur entre les deux Grands, comme le prétendent les partisans des Pershing ?
Avec addition de mégatonnes à l'appui, alignement de quantité de fusées, de puissance, de portée, on veut en effet nous démontrer que l'Occident est distancé par l'URSS et en conséquence, est de plus en plus menacé.
Savoir de quel côté se trouve le déséquilibre réel des forces est un mystère d'autant moins aisé à percer qu'il s'agit de secrets militaires, que les différents camps n'informent à ce sujet que selon leur bon vouloir. Toujours est-il que même si en mégatonnes et en quantité de fusées, l'URSS venait en tête comme le prétendent la presse et la plupart des ouvrages occidentaux sur la question, les engins russes sont, selon les mêmes sources, globalement moins performants sur le plan technique. Par exemple, les Pershing II sont plus précis, plus rapides et plus mobiles que les SS 20, même si leur portée est moindre et les charges prévues plus faibles. Ils peuvent, paraît-il, atteindre en six minutes le territoire russe avec une précision de 40 mètres et sont mobiles et aérotransportables. Mais les comparaisons sont d'autant plus difficiles qu'il y a différentes générations de missiles et que certains sont « démodés », et de ce fait sont plus vulnérables. On peut additionner des kilotonnes d'explosifs ou des kilomètres de portée. On peut additionner des sous-marins et des bombardiers. Mais rien ne prouve qu'en totalisant les engins de mort des uns comme des autres, on n'additionne pas des choux-fleurs avec des carottes.
C'est ce qui fait d'ailleurs de la négociation un dialogue de sourds, d'autant plus sourds d'ailleurs qu'ils sont de mauvaise foi. Par exemple, dans le calcul de l'équilibre des armements, lors du marchandage de la conférence de Genève, les Russes proposaient d'inclure à l'armement occidental les fusées françaises et anglaises des forces de frappe nationales de ces pays. Du point de vue de la logique ce n'est guère contestable car ces pays font partie de la même alliance, celle du Pacte Atlantique, et sont dans le camp américain. Pourtant ni les Américains, ni les Français, ni les Anglais ne veulent en entendre parler.
Ce qui est sûr, c'est qu'il y a de quoi transformer le continent européen et le reste de la planète en un tas de ruines impropres à la vie humaine pour longtemps. Mais ce ne sont ni ces arguments, ni aucun autre qui pouvaient dissuader les Américains d'implanter sur le sol européen des armes nucléaires visant directement le territoire soviétique... car le problème de l'équilibre n'est pas la vraie raison en tout cas pas la seule ni la première, qui les motive.
L'europe premier champ de bataille
Les partisans des Pershing expliquent qu'il n'y a qu'en, renforçant les capacités nucléaires de l'Occident qu'on évitera la guerre.
Mitterrand ou Cheysson par exemple, se présentent en humanistes lorsqu'ils se transforment en agents publicitaires des Pershing et vantent les mérites de leur installation... ailleurs qu'en France. Comme si la terreur des destructions massives, la capacité toujours plus grande des armements avaient jamais garanti la paix.
En fait plutôt que protéger l'Europe comme ces gens-là le prétendent, c'est de l'inverse dont il est question. De ce point de vue là, les pacifistes ont raison lorsqu'ils expliquent que les Pershing, s'ils ont un effet, auront d'abord celui d'attirer le feu des Russes sur les pays qui les accueillent sur leur territoire. Comment les Russes, en cas de conflit avec les États-Unis quel que soit celui des deux partis qui le déclenche, ne seraient-ils pas amenés à frapper là où les Américains ont disposé les moyens de les attaquer ?
Sur le plan militaire, l'Europe de l'Ouest est par l'intermédiaire de l'OTAN et du Pacte Atlantique, une dépendance de la puissance militaire américaine. La France y a peut-être un rôle un peu à part étant donné que ses armées, depuis de Gaulle, ne sont plus formellement intégrées à l'OTAN, et parce qu'elle possède sa propre « force de frappe ». Mais faisant toujours partie du Pacte Atlantique, son indépendance, lors d'un éventuel déclenchement d'une guerre Est-Ouest, est surtout une fiction politique à usage intérieur. L'Angleterre a également un statut particulier avec son propre armement nucléaire pour partie, mais figure comme alliée privilégiée des États-Unis au sein de l'OTAN et du Pacte Atlantique. Pour ce qui est des autres pays ouest-européens, leurs armées sont sous le commandement américain et les armes nucléaires, qui étaient entreposées jusqu'ici sur leur territoire, sont sous le régime de la « double clé » : une en leur possession, l'autre aux mains du commandement américain. C'est-à-dire que ces armes ne peuvent être utilisées qu'en accord des deux pays.
Ce n'est pas le cas avec les nouveaux euromissiles américains. Les États-Unis seront désormais les seuls à décider de leur utilisation.
Mis à part les Cruise basés en Angleterre, ils ne sont pas soumis au régime de la « double clé ». II est certes prévu dans les contrats avec les États qui reçoivent les Pershing qu'avant d'autoriser ou d'ordonner leur utilisation, le président des États-Unis est tenu de consulter les alliés si le temps et les circonstances le permettent, mais leur voix n'est de toute façon que consultative. C'est le président des USA, de son avion spécial, à bord duquel il doit embarquer en cas de crise, en liaison avec le quartier général enterré sous les montagnes Cheyennes, et relié aux bases européennes par satellites artificiels, qui donnera les ordres permettant d'introduire les codes séquentiels libérant les missiles.
En imposant à leurs alliés de telles conditions, les USA indiquent la raison profonde pour laquelle ils tiennent tant aux euromissiles. Ils veulent être en mesure d'impliquer l'Europe dans les opérations militaires et être seuls à pouvoir en décider. On est bien loin là de la défense des Européens à laquelle on voudrait nous faire croire.
La stratégie des États-Unis n'est pas nouvelle. Elle date pratiquement de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, lorsqu'est apparue la menace d'un nouveau conflit qui opposerait cette fois les États-Unis à l'URSS. C'est sans fard, ouvertement et officiellement, ,que l'Europe est depuis considérée par les États-Unis comme un théâtre virtuel des opérations de la guerre, classique ou nucléaire, qui se prépare. Et même comme le principal des théâtres étant donnée la concentration de troupes et d'armements auxquels les USA n'ont jamais cessé de contribuer depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Si donc l'Europe de l'Ouest se trouve sous le « parapluie » nucléaire américain, c'est avant tout parce qu'elle est destinée à servir de « bouclier » à son « protecteur » dans l'éventualité d'un conflit États-Unis-URSS. L'implantation des fusées Pershing et des missiles Cruise n'a pas innové en la matière.
Les États-Unis se donnent simplement, compte tenu de l'évolution des techniques militaires, et aussi compte tenu de l'évolution de la situation internationale, de nouveaux moyens pour enlever à leurs alliés européens toute possibilité de se défiler.
Les États-Unis ont besoin de la puissance des États européens pour peser dans la balance. Et en cas d'affrontement avec l'URSS, ils comptent sur les armées de ces États comme premières troupes de choc.
En effet, si les armes nucléaires comptent dans le rapport de forces, cela ne signifie pas que, si guerre il y a, elle sera limitée à l'échange de bombes thermonucléaires. Ce n'est pas parce que les armes nucléaires peuvent détruire et tuer beaucoup plus et beaucoup plus vite que les armes dites « classiques », que la guerre ne se fera qu'en appuyant sur des boutons. L'infanterie restera « la reine des batailles » et, même détruits, il y aura des territoires « occupés » ou « libérés », des avancées et des retraites de centaines de milliers, voire de millions de soldats. Tout « modernes » et techniques que soient les engins de mort dernier cri, on risque de s'éventrer encore à l'arme blanche dans les ruines radio-actives. Les armes nucléaires ne sont finalement qu'une super-artillerie derrière laquelle avanceront les troupes équipées d'armes dites « classiques ».
Et de ce point de vue, l'Europe est toute désignée pour jouer un rôle de premier plan -au propre comme au figuré- dans un conflit Est-Ouest. C'est là que sont concentrées des armées sinon numériquement les plus fortes, du moins capables militairement de « fatiguer » l'URSS. Lors des deux précédents conflits mondiaux, les États-Unis ne sont entrés en guerre qu'une fois que les belligérants s'étaient déjà en partie épuisés. Ce qui leur a permis, tout en remportant la victoire, de doser sinon de limiter l'effort de guerre à imposer à leur population. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis ont eu 300 000 morts, ce qui est considérable, mais infiniment moindre que les pertes subies par leurs alliés. Les Russes auraient eu selon les différents comptes de 12 à 20 millions de morts. De plus, les USA n'ont jusque-là jamais connu la guerre sur leur territoire, ni invasions, ni bombardements. La flotte américaine, quand elle a été bombardée, était à Pearl Harbor dans les îles Hawaï.
La situation se présenterait sans doute différemment dans le cas d'une éventuelle Troisième Guerre mondiale, ne serait-ce que du fait de l'existence de fusées intercontinentales qui permettraient aux Russes d'atteindre de leur territoire le territoire des États-Unis.
Les troupes américaines se trouveraient sans doute dès le début sur un front européen, du fait qu'il en stationne en permanence en Europe depuis la dernière guerre mondiale, dans le cadre des troupes de l'OTAN et du Pacte Atlantique. Ces troupes sont actuellement au nombre de 270 000. En cas de guerre localisée en Europe, elles seraient sous le feu des troupes russes et de leurs alliés et, de ce fait, les USA auraient dès le début à payer le prix du sang et à engager leurs « boys » dans. la guerre.
II n'empêche que les USA ont tout intérêt à avoir à leurs côtés les troupes européennes... et à ce que les premières batailles aient pour champ l'Europe. Ne serait-ce que parce que l'effort de guerre à supporter par la population américaine pendant cette première période de l'affrontement, même s'il est atroce, serait tout de même moindre que celui supporté par les Européens, mobilisés immédiatement par millions et dont les territoires subiraient non seulement le feu thermonucléaire mais aussi les invasions et la guerre « classique ».
Pas question pour les usa de laisser une puissance hors du coup
Les USA ont une autre raison de vouloir impliquer dès le début les États Ouest-européens. C'est qu'il leur serait de toute façon impensable de laisser les puissances impérialistes, même de second ou de troisième ordre, hors du coup d'une guerre planétaire et de leur permettre de faire ce qu'ils ont fait eux-mêmes lors des deux précédents conflits mondiaux, faire des affaires pendant qu'eux-mêmes s'épuiseraient militairement et économiquement.
Les raisons qui poussent les États-Unis à impliquer les pays européens ou le Japon sont analogues dans une certaine mesure à celles qui pourraient les pousser à entrer en guerre avec l'URSS. Si les États-Unis étaient contraints à des opérations militaires contre plusieurs pays du Tiers-Monde essayant d'échapper à leur emprise, ils ne pourraient pas tolérer de voir s'affaiblir leur potentiel économique et militaire dans des guerres localisées alors que le rapport de force avec l'URSS évoluerait au profit de cette dernière. On peut penser qu'ils préféreraient alors généraliser la guerre et attaquer l'URSS.
Mais ils ne pourraient pas tolérer davantage que le rapport de force évolue en faveur d'une Europe de l'Ouest ou d'un Japon qui resteraient en dehors du conflit. Simplement la façon de mettre ces derniers dans le coup ne serait pas de les attaquer mais d'en faire des alliés. Ce qui ajouterait l'avantage d'accroître les forces du camp américain à celui de leur faire supporter tout autant sinon plus qu'aux USA le poids de cette guerre.
La guerre ou la révolution
Sans utilisation du matériel nucléaire, la guerre n'a d'ailleurs jamais cessé depuis la Seconde Guerre mondiale. Les morts dans les conflits localisés se comptent par millions. Le colonel Manel, spécialiste des questions logistiques, a rappelé dans un ouvrage intitulé L'Europe face aux SS20 que, depuis 1945, il y a eu plus de quatre-vingt conflits et qu'il y a eu « plus de dix millions de morts au cours de la vingtaine de guerres locales qui ont éclaté entre 1965 et 1979, contre neuf millions pendant la Grande Guerre de 1914-18, et deux millions après les guerres de la Révolution et de l'Empire » .
II est vrai que cette barbarie, l'Europe et les pays riches en sont tenus à l'écart depuis bientôt quarante ans, et qu'on peut toujours rêver que cela va continuer. Mais la conscience du danger commence à grandir, et les préparatifs de guerre inquiètent maintenant toute une fraction de l'opinion, en particulier dans les pays qui ont eu les destructions les plus grandes lors de la dernière guerre. Les pacifistes par centaines de milliers ont manifesté en Allemagne, en Angleterre, en Italie, dans les pays scandinaves et, à des degrés différents, un peu partout en Europe durant l'année 1983.
Qu'ils réclament un désarmement généralisé ou qu'ils soient seulement contre les armes nucléaires, ils se sont tous retrouvés pour demander l'abandon par l'OTAN des fusées Cruise et des Pershing II.
En France, c'est le PCF qui a orchestré les manifestations principales, pas gêné d'être en même temps le chantre de la force de frappe nationale, ni de se prétendre le premier à revendiquer un nouveau sous-marin atomique français. Mais, même lorsqu'ils sont d'une autre obédience, curés ou pasteurs, ou nouveaux convertis du SPD (Parti socialiste allemand) écartés du gouvernement, ou tout simplement anarchistes, humanistes sincèrement convaincus que le désarmement est une question de bonne volonté, ils sont incapables d'enrayer le processus qui mène à une troisième guerre mondiale. La preuve est d'ailleurs en train d'être faite qu'ils sont même incapables d'empêcher l'implantation des euromissiles.
Cela fait près de quarante ans que les États-Unis préparent l'Europe à être le théâtre de la prochaine guerre mondiale, c'est pour cela qu'ils n'ont jamais cessé d'y entretenir des troupes et d'y grossir leur arsenal. Avec les Pershing aujourd'hui, ils ne font qu'adapter leur dispositif en fonction de la même stratégie. Et les manifestations pacifistes sont bien incapables de les empêcher de mettre en œuvre leurs décisions.
Si les USA ont la possibilité d'implanter leurs fusées, c'est parce que les États des pays dans lesquels ils le font appartiennent au même camp qu'eux. Et, même lorsqu'ils se donnent des airs d'indépendance, ils ne sortent pas de ce camp. Ni de Gaulle, ni Mitterrand, malgré leurs rodomontades ne se sont jamais conduits autrement que comme des alliés à la botte des États-Unis. Tant que ce sera comme cela, il ne suffira pas de pressions ou de manifestations, aussi numériquement importantes soient-elles. II se pourrait que certains de ces États fassent, sous la pression de leur opinion publique, quelques gestes momentanés. Mais dès que les choses arriveront à un point crucial, ils feront fi de leurs opinions publiques et ils se rangeront aux ordres de l'État américain et feront appliquer ses décisions.
Alors, ou bien ces États seront renversés ou bien, inéluctablement l'Europe, dans le cas d'une guerre entre l'URSS et les États-Unis, sera le principal théâtre des opérations et des destructions.
Ce que disait Lénine, il y a bientôt soixante-dix ans, lors de la Première Guerre mondiale, reste toujours vrai : « Si tu veux la paix, prépare la révolution » .
Le seul désarmement possible, c'est celui que les classes pauvres, les victimes d'aujourd'hui et de demain, peuvent imposer en s'armant, elles, pour abattre les classes dominantes. Car ce sont ces classes dominantes qui, pour maintenir leurs privilèges et leur direction sur la société en crise, préparent sciemment les holocaustes et menacent l'humanité tout entière.