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Le troisième gouvernement Mauroy : moins de ministres et plus d'austérité
Un mois après les élections municipales du mois de mars, cette péripétie électorale est déjà presque oubliée. Entre le premier et le second tour des élections, on avait vu certains dirigeants du PS et du PCF affirmer qu'ils avaient compris « l'avertissement » donné au gouvernement par les électeurs de gauche, et qu'ils en tiendraient compte. Cette promesse n'aura même pas vécu quelques jours.
En fait, au lendemain des élections comme avant celles-ci, tous les actes des dirigeants de la gauche au pouvoir montrent leur unique souci de se conduire en hommes politiques responsables devant la bourgeoisie, qui savent satisfaire et dans une certaine mesure précéder les désirs de celle-ci. Le même Pierre Mauroy qui avait juré la main sur le coeur au mois de février qu'aucun nouveau plan de rigueur n'était en préparation, a été mis à la tête d'un gouvernement remanié, chargé d'appliquer un plan d'austérité sans précédent depuis des années en France. Tous les gestes de Mitterrand, de Mauroy et de ses ministres sont dictés par le désir de se montrer aptes à servir les intérêts de la bourgeoisie dans le contexte économique de la crise, mais aussi dans une large mesure à la satisfaire sur le plan politique.
Un « nouveau » gouvernement
C'est d'abord ce que montre le remaniement gouvernemental auquel a procédé Mitterrand au lendemain des élections municipales.
Sans doute, le nouveau gouvernement Mauroy apparaît comme la continuation du précédent. II ne comporte, finalement, que des changements de personnes tout à fait mineurs. Mais ces changements tout formels, montrent justement le désir de se conformer davantage à ce que sont censés être les désirs des classes bourgeoises ou petites-bourgeoises tels que les exprime du moins la presse qui prétend parler en leur nom.
La composition du Conseil des Ministres a été réduite à quinze ministres dits « de plein exercice ». A ceux-ci ont été adjoints des « ministres délégués », ne participant au conseil que pour présenter et discuter les projets relevant de leur compétence, ainsi que des secrétaires d'État. La restriction du nombre des ministres se fait au nom de la recherche de l'efficacité et de l'homogénéité.
Le conseil des ministres nombreux créé au lendemain de la victoire électorale de mai-juin 1981 était le résultat de discussions et de concessions aux différents courants du Parti Socialiste, qui tous voulaient leur part de postes ministériels. Mais le résultat était que, malgré tout, un nombre de personnes relativement important avait accès à la discussion des décisions gouvernementales. Sans doute, aucun de ces ministres, ni PS ni PCF, ne s'en est servi pour contester la politique menée sur des points importants, les mesures d'austérité par exemple. La seule conséquence a été, à plusieurs reprises, des déclarations contradictoires de différents ministres, donnant l'apparence d'une hésitation gouvernementale, et naturellement exploitées par la droite politique dans sa campagne permanente contre « l'incohérence » et « l'incompétence » du gouvernement de gauche.
Mais il faut croire que ces discussions, somme toute bien limitées, des décisions gouvernementales, étaient encore de trop. Et le fait de réduire le nombre des ministres est aujourd'hui une façon de signifier nettement que les divers courants du Parti Socialiste et finalement le Parti Socialiste lui-même, auront encore moins que par le passé de moyens pour discuter les décisions et éventuellement peser sur elles.
La répartition des ministères, elle aussi, comporte des modifications significatives. Jacques Delors fait désormais figure de « numéro deux » du gouvernement, en se trouvant promu à la tête d'un ministère regroupant les anciens ministères du Budget et de l'Économie et des Finances. Cela marque la volonté de faire une place de choix à un homme qui s'est, à maintes reprises, montré partisan d'une austérité accrue, et qui a, au moins relativement, les faveurs du patronat. Le regroupement du ministère des Affaires Sociales et du ministère de la Solidarité Nationale dans un seul « grand ministère » confié à Pierre Bérégovoy marque une volonté du même ordre, l'homme qui s'est employé à faire payer le déficit de la Sécurité Sociale aux travailleurs et à réduire les prestations aux chômeurs se voyant ainsi mis à la troisième place du gouvernement. Enfin, le fait de retirer le ministère de la Santé au membre du PCF Jack Ralite apparaît comme un geste politique en direction des milieux médicaux, notoirement à droite et particulièrement mécontents d'être placés sous la tutelle d'un ministre communiste.
Le maintien des ministres PCF
Sur le plan de sa composition politique, le nouveau gouvernement Mauroy ne subit pratiquement pas de modification par rapport au précédent. En particulier, malgré tous ceux qui prévoyaient, voire préconisaient le départ des ministres du PCF, à partir de la constatation très discutable que les élections municipales auraient marqué un nouveau déclin de ce parti, celui-ci a finalement gardé la même place dans le gouvernement. C'est que de toute façon, si Mitterrand et Mauroy ont recours à lui, ce n'est pas essentiellement pour son appoint électoral. Preuve en est qu'ils l'ont fait après une éclatante victoire électorale du PS qui lui avait donné la majorité absolue au Parlement et donc la possibilité de se passer du PC, et une victoire électorale obtenue de plus, pratiquement contre le PCF qui menait depuis plusieurs années une propagande anti-PS systématique.
Si Mitterrand a pris des ministres PCF c'est à cause de l'influence de celui-ci sur la classe ouvrière. Le PCF verrouillé dans le carcan de la solidarité gouvernementale, c'est l'idée répandue dans la classe ouvrière que ce sont bien ses représentants qui sont au gouvernement. En même temps les militants du PCF et de la CGT - cette force potentielle évidente - sont tenus en laisse, invités même à se faire les propagandistes de la politique gouvernementale auprès de leurs camarades de travail.
On voit donc mal pourquoi Mitterrand et Mauroy se seraient privés d'un tel atout alors que leur gouvernement s'annonce avant tout sous le signe d'un nouveau plan de rigueur et d'austérité, c'est-à-dire au moment où ils en ont encore plus besoin. D'autant plus que les dirigeants du PCF se sont montrés largement disposés à fournir leur appui. Ils ont rappelé que leur choix d'aller au gouvernement n'était pas « conjoncturel » mais « stratégique », et qu'ils étaient prêts en conséquence à continuer à « travailler sérieusement » au gouvernement, autrement dit à faire tout ce que la situation exigera d'eux. Georges Marchais a rappelé également que « le Parti Communiste Français a su dans son histoire faire appel à l'effort quand ce fut nécessaire » et réaffirmé que « redresser la situation économique du pays passe avant tout par la mise en oeuvre d'une grande politique industrielle » , tandis que Philippe Herzog, spécialiste économique du PCF, déclarait seulement que le plan gouvernemental méritait d'être « amélioré et complété » .
Les mesures d'austérité
Or, c'est évidemment le plan de rigueur annoncé en même temps que le remaniement gouvernemental, qui marque le mieux les intentions politiques de Mitterrand et de son gouvernement au lendemain des élections municipales. D'autant plus qu'il a été accompagné d'une intervention personnelle du président de la République à la télévision, appelant la population à « l'effort » pour le « redressement national ».
L'objectif affirmé du plan gouvernemental est le redressement de la compétitivité de l'industrie française face à la concurrence internationale, son manque de compétitivité ayant été marqué, entre autres, par le creusement du déficit du commerce extérieur, qui a approché les 100 milliards de francs en 1982, et la faiblesse consécutive du franc sur le front monétaire entraînant ses dévaluations successives. Mitterrand a appelé, dans son allocution télévisée du 23 mars, à « préférer les productions françaises », à « épargner plutôt que de consommer », indiquant que le nouveau gouvernement aurait pour tâche de « soutenir les entreprises et les équipes de créateurs qui innovent pour exporter » et de « développer l'épargne en l'orientant par tous les moyens vers la rénovation de l'industrie et l'amélioration du logement ».
Mais le manque de compétitivité de l'industrie française, notamment face à ses concurrentes allemande et japonaise, n'est pas un fait nouveau. II découle d'un retard industriel ancien qui n'a aucune chance d'être comblé au moment précis où la crise économique mondiale se traduit par un rétrécissement général des marchés et une exacerbation de la concurrence. Le « grand dessein » proclamé par Mitterrand - le « redressement national » - se traduit en fait par des mesures qui ne sont que les expédients classiques des bourgeoisies en crise : pour réduire le déficit du commerce extérieur, le gouvernement Mauroy cherche à réduire la consommation des masses populaires. C'est le but de la ponction opérée sur leur revenu par le biais de l'emprunt forcé fixé à 10 % de l'impôt sur le revenu des personnes ayant acquitté plus de 5 000 F d'impôts en 1982, et par le biais du prélèvement obligatoire de 1 % du revenu imposable. Le relèvement des tarifs publics vise le même but, en même temps qu'à contenir le déficit du budget de l'État et son endettement croissant. Enfin, le contrôle des changes vise de la même manière à limiter le déficit extérieur en limitant les sorties de devises par les particuliers et donc leurs possibilités de consommation dans le cadre de voyages à l'étranger. Mitterrand et Mauroy savent très bien que le déficit extérieur chronique, l'endettement croissant de l'État, sont le résultat de la crise économique en France. Dans ce contexte, la bourgeoisie exige de l'État qu'il vienne au secours de ses profits. Les aides et subventions de l'État, faites sous le prétexte d'aider à l'investissement, ont en fait pour seul but de donner à la bourgeoisie cette garantie de son taux de profit qu'elle réclame, au prix d'une réduction du revenu des masses populaires. Et l'intervention de l'État subventionne surtout... les exportations de capitaux, la spéculation ou la consommation des couches privilégiées. Celle-ci a d'ailleurs, sans doute, une part bien plus grande dans le creusement du déficit extérieur que la consommation populaire qui ne s'est pas accrue après l'arrivée de la gauche au pouvoir, au contraire de ce que les dirigeants de celle-ci affirment aujourd'hui pour justifier leurs mesures d'austérité. Le Centre d'études des revenus et des coûts dans un « Constat de l'évolution récente des revenus en France », ne vient-il pas de publier qu'une baisse de 0,4 % aurait été enregistrée dans le pouvoir d'achat des ouvriers en 1982 ? Sans donner à ce chiffre une valeur absolue qu'il n'a certainement pas, c'est au moins le démenti, par un service officiel, des affirmations gouvernementales.
Les mesures annoncées par le nouveau gouvernement Mauroy se veulent particulièrement démonstratives. L'épargne forcée, le prélèvement obligatoire sur les revenus imposables, et même les restrictions mises au tourisme à l'étranger sont autant d'attaques, volontairement spectaculaires, contre le niveau de vie des masses populaires. II s'agit pour le gouvernement d'affirmer de façon éclatante, aux yeux de la bourgeoisie française, et aussi de la bourgeoisie internationale et notamment des financiers du monde entier auprès desquels il veut restaurer la confiance, que le gouvernement français, tout « socialiste » qu'il soit, est néanmoins prêt à faire ce que les intérêts du capital exigent. II veut montrer le plus clairement possible qu'il n'hésite pas et n'hésitera pas à s'attaquer de front aux travailleurs en prélevant carrément dans leur poche les moyens de financer l'État et, au-delà, les entreprises capitalistes.
Au même moment d'ailleurs, le gouvernement Mauroy montre sa souplesse dès qu'il se trouve face aux revendications de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie. C'est ainsi que les mesures d'austérité du gouvernement ont été rapidement assouplies pour les voyageurs d'affaires et aussi pour les agents de voyage. C'est, bien sûr, parce que ceux-ci ont protesté et manifesté contre des mesures de contrôle des changes qui risquaient d'entraîner une baisse de leur chiffre d'affaires sur les voyages à l'étranger. Ils ont rapidement obtenu que l'allocation des devises des personnes se rendant à l'étranger soit majorée de façon pratiquement illimitée si le voyage se fait par l'intermédiaire d'une agence de voyage. Autrement dit, on pourra obtenir des devises à condition d'enrichir au passage une de ces agences ! Mais il faut remarquer qu'ainsi la seule mesure sur laquelle le gouvernement est revenu en partie est celle qui a soulevé beaucoup plus de tollé dans les couches bourgeoises et petites-bourgeoises que dans la classe ouvrière.
En fait, c'est l'aspect de démonstration politique qui, dans les mesures gouvernementales, compte le plus. Elles ont plus pour but d'annoncer la couleur, d'indiquer d'ores et déjà quel sera le sens de l'action gouvernementale. Le gouvernement Mauroy sait très bien que, pour répondre aux souhaits de la bourgeoisie, ces mesures devront être suivies d'autres, plus insidieuses peut-être mais qui s'attaqueront de façon bien plus draconienne encore au revenu des masses populaires. Jacques Delors a d'ores et déjà tenu à proclamer que ce plan de rigueur se traduira au moins par 100 000 chômeurs supplémentaires. Mais le ministre de l'Économie a déjà précisé que les mesures du plan de rigueur seraient de toute façon renouvelées en 1984.
Une politique sans équivoque ...contre les travailleurs
Ainsi, tant dans sa composition que dans les mesures qu'il annonce, le nouveau gouvernement Mauroy présente une politique sans équivoque. II se veut un gouvernement efficace, entièrement et démonstrativement consacré à la défense des intérêts capitalistes. A côté de tous ces gestes et mesures bien concrètes à destination de la bourgeoisie française et internationale, les gestes qu'il fait à l'intention de son électorat et de l'opinion de gauche en général se réduisent à quelques décisions symboliques, comme l'offre d'un strapontin gouvernemental au leader du PSU, Huguette Bouchardeau, ou bien comme... la décision du ministre délégué au Temps libre, à la Jeunesse et aux Sports, Edwige Avice, de refuser la participation de l'équipe de France de rugby à un tournoi en Afrique du Sud (alors qu'aucune mesure n'est prise pour réduire les investissements français dans ce pays ou le commerce avec lui). On le voit, « l'avertissement » donné par les électeurs de gauche au gouvernement, s'il a été compris, n'aura eu que des conséquences bien légères !
En fait, le gouvernement Mauroy tient à montrer que dans la période qui vient, on peut compter sur lui pour obéir aux intérêts de la bourgeoisie et d'elle seule. II veut montrer que les forces politiques qui le soutiennent devront le faire également, de gré ou de force.
C'est ainsi que, une fois la participation gouvernementale du PCF reconduite, le Premier ministre et sans doute au-delà le président de la République ont tenu à faire cette démonstration vis-à-vis du PCF. Le chef du gouvernement a annoncé son intention de recourir à la procédure des ordonnances pour mettre en oeuvre son plan d'austérité. La procédure permet de réduire à sa plus simple expression le débat parlementaire et les votes à un simple vote pour ou contre le gouvernement. Plus qu'un geste à l'égard de l'opposition, cette décision apparaît comme un geste à l'égard de la majorité parlementaire de gauche, et en particulier du PCF. Celui-ci parlait « d'améliorer et compléter » le plan gouvernemental et se préparait à présenter des projets d'amendements. La procédure des ordonnances lui en ôte toute possibilité, de même qu'elle en ôte toute possibilité d'ailleurs aux députés du PS eux-mêmes. Mauroy et Mitterrand signifient ainsi clairement au PCF et aussi, dans une certaine mesure, au PS lui-même que l'on attend d'eux qu'ils soutiennent entièrement, complètement et sans nuance, la politique gouvernementale et non pas qu'ils la discutent, ou fassent semblant de le faire, même sur des points mineurs.
Et les députés du PCF se sont inclinés. Le PCF avait annoncé, par la bouche de Georges Marchais lui-même, qu'il était opposé par principe à la procédure des ordonnances. L'Humanité du lundi matin menaçait encore, si une série d'amendements proposés n'était pas prise en compte, de l'abstention du groupe communiste à l'Assemblée Nationale (ce qui n'empêchait même pas l'approbation de la politique gouvernementale d'ailleurs). Et le lundi après-midi, sous prétexte de quelques précisions de détail données par Jacques Delors, les députés du PCF décidaient de voter. Si le Secrétaire général du PCF parlait des « couleuvres », les jours précédents, c'était sans doute pour mieux souligner qu'il était bien prêt à les faire avaler à son parti.
Cette démonstration a d'ailleurs été faite aussi à une autre occasion lors de la décision d'expulsion de 47 diplomates russes en France, sous l'accusation d'espionnage. Là encore, la façon dont a procédé le gouvernement Mitterrand-Mauroy est volontairement spectaculaire et comporte une démonstration politique à l'égard de la bourgeoisie française et internationale. Il s'agit pour lui de démontrer que la présence du PCF n'aliène nullement la liberté d'action du gouvernement, qu'elle n'empêche pas celui-ci d'être l'un des plus « atlantistes » des gouvernements occidentaux, et que c'est le PCF qui est au gouvernement aux conditions de Mitterrand et Mauroy et doit s'y plier, non le contraire.
Les élections municipales ont montré que la gauche était loin d'avoir épuisé tout son crédit. Eh bien la bourgeoisie attend d'elle qu'elle le mette entièrement à son service pour faire accepter à la classe ouvrière des mesures d'austérité de plus en plus draconiennes. Mitterrand et Mauroy tiennent à montrer qu'ils le savent, et à affirmer qu'ils sauront faire jouer ce rôle sans murmure au PCF et au PS. II ne manque même pas à cette panoplie le PSU, Huguette Bouchardeau ayant accepté sans aucune gêne de se précipiter sur le strapontin ministériel offert par Mitterrand et d'apporter ainsi les quelques restes d'influence dont dispose encore le PSU au service de l'austérité gouvernementale.
Le gouvernement ne manquera pas non plus du soutien des organisations syndicales. Celles-ci l'ont d'ores et déjà montré. Bien sûr, un peu plus que les partis de gauche, elles peuvent habiller ce soutien de quelques apparences de critique. C'est ce qu'a fait Henri Krasucki au nom de la CGT en affirmant « son désaccord avec certaines mesures du plan gouvernemental » , et en appelant « les travailleurs à faire entendre leur voix » en utilisant pour cela... « les formes les plus appropriées » . Ces formes appropriées n'ont pas dépassé jusqu'à présent quelques pétitions et rassemblements, ou des débrayages limités. Krasucki estimant par ailleurs que « avec un gouvernement de gauche les travailleurs sont mieux placés qu'autrefois pour corriger les décisions qu'ils considèrent comme injustes et inefficaces » !
Le gouvernement n'a rien à craindre non plus de la CFDT dont le Secrétaire général Edmond Maire a déclaré que « la CFDT est consciente des efforts qui doivent être consentis » , mais qu'elle « conteste la méthode employée » et qui a annoncé en tout et pour tout une « semaine de débats, d'explications et d'initiatives » du 25 au 29 avril.
C'est en fait un soutien au plan de rigueur que les organisations syndicales ont ainsi annoncé, au moment où le gouvernement annonce clairement que la période sans consultation électorale majeure qui s'ouvre devant lui sera une période d'approfondissement de l'austérité, où la classe ouvrière peut s'attendre à des attaques de plus en plus graves.
Sans doute, les réactions de la classe ouvrière ont été, le plus souvent, dominées par la résignation. Si elle est mécontente et proteste çà et là, elle n'a nulle part réagi violemment au plan de rigueur du gouvernement Mauroy. La plupart des travailleurs sont conscients que toutes les organisations ouvrières traditionnelles ont aujourd'hui partie liée avec ce gouvernement qui les attaque. Cela compte évidemment beaucoup dans ce manque de confiance des travailleurs en la possibilité de lutter contre les attaques gouvernermentales.
C'est pourtant cette situation qui donne aujourd'hui aux révolutionnaires, en France, des responsabilités particulières.
Les révolutionnaires sont aujourd'hui les seuls à exprimer sur la gauche du gouvernement, ouvertement et clairement, une opposition au gouvernement qui se place sur le terrain de la classe ouvrière.
Si la crise et les mesures anti-ouvrières sont aujourd'hui le lot commun des travailleurs de tous les pays industriels, la France est le seul pays où ces attaques sont le fait d'un gouvernement ayant la participation et l'appui de toutes les organisations de gauche réformistes, y compris d'un Parti Communiste influent et traditionnellement lié à la fraction la plus combative et la plus consciente de la classe ouvrière.
C'est une situation qui contribue aujourd'hui à paralyser la classe ouvrière mais qui peut aussi demain, accélérer une prise de conscience parmi une fraction de la classe ouvrière, dès lors que celle-ci cherchera les voies et les moyens de réagir aux attaques gouvernementales.