L'URSS et l'Europe de l'Est01/12/19831983Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1983/12/107.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

L'URSS et l'Europe de l'Est

L'urss

A la mort de Brejnev, les dirigeants de l'URSS ont procédé à une succession sans heurt, en apparence au moins sans conflit entre hauts bureaucrates. Aucun bouleversement spectaculaire dans les sphères dirigeantes ni dans les chaînes de clientèle qui dépendent des uns et des autres ; et c'est apparemment par décision collégiale que ces sphères dirigeantes ont voulu qu'Andropov cumule d'emblée tous les postes que ses prédécesseurs mettaient un temps plus ou moins long à cumuler.

Ce cumul n'implique donc pas nécessairement un pouvoir plus grand pour Andropov. II implique par contre bien plus probablement le désir du cercle restreint des hauts bureaucrates qui décident d'éviter toute rivalité visible, tout bicéphalisme, dans l'expression publique du pouvoir.

Sous Staline, la dictature de la bureaucratie se confondait avec celle, personnelle, d'un seul homme. Les rangs du cercle restreint de dirigeants qui l'entouraient étaient périodiquement élagués, et de façon sanglante, interdisant la consolidation de toute équipe.

Si la mort de Staline avait ouvert, suivant l'expression de ses successeurs eux-mêmes, l'ère de la « direction collégiale », les rivalités pour la succession, réglées tantôt de façon sanglante (liquidation de Béria), plus généralement sous la forme de disgrâces définitives (mises à l'écart successives de Malenkov, Molotov, Joukov, Boulganine, par Khrouchtchev ; puis, mise à l'écart de Khrouchtchev lui-même par l'équipe Brejnev-Kossiguine-Souslov), interdisaient de fait l'émergence d'une direction collégiale stable.

Le long règne de Brejnev, pendant lequel l'âge a plus fait pour éclaircir les rangs de la haute direction que les purges politiques, et où les conflits restaient feutrés, a représenté une stabilité de fait. II n'y a pas de solution de continuité entre l'équipe qui avait porté Brejnev au pouvoir et celle qui l'a porté dans la tombe.

Mais il est significatif que même cette direction collégiale de fait éprouve le besoin de personnaliser à l'extrême son pouvoir, et affiche son besoin d'un « arbitre suprême ».

La bureaucratie, cette couche parasitaire née sur le corps de l'État ouvrier d'Union Soviétique s'est, dans une certaine mesure, consolidée pendant cette longue période de l'après-guerre, pendant laquelle son existence et son règne n'ont jamais été véritablement menacés, ni par une montée révolutionnaire du prolétariat, ni par l'impérialisme qui compose avec la bureaucratie au lieu de chercher à régler définitivement ses comptes avec elle. Mais, cette consolidation n'a pas qualitativement changé la nature de la bureaucratie.

Elle reste, par rapport à la bourgeoisie, une couche privilégiée originale. Elle n'a pas tenté de consolider ses privilèges en réintroduisant la propriété privée des moyens de production qu'elle dirige, ni l'héritage. En tant que couche sociale, les privilèges de la bureaucratie continuent à dépendre de la possession de l'appareil d'État. En tant qu'individus, les privilèges des bureaucrates sont liés à la position qu'ils occupent dans l'appareil d'État ou dans l'économie étatique.

A défaut de transmettre, d'une génération à l'autre, des moyens de production ou même des fonctions précises, la haute bureaucratie a cependant la possibilité de transmettre une position sociale. La bureaucratie se renouvelle en recrutant, pour l'essentiel, dans sa progéniture. C'est un aspect de sa consolidation sociale.

Mais la bureaucratie n'est pas consolidée au point de se permettre un régime plus démocratique. Pour être moins sanglant que sous Staline, le régime demeure une dictature brutale. La bureaucratie demeure une couche sociale profondément conservatrice, redoutant tout changement, même ceux qui pourraient aller dans le sens des aspirations des bureaucrates individuels. Le règne de la gérontocratie au Kremlin, et la longue agonie de Brejnev à son poste de secrétaire général sont, plus que le reflet d'ambitions individuelles, de véritables symboles sociaux.

Un des problèmes les plus visibles en URSS est celui des difficultés économiques. Tournant le dos à la politique révolutionnaire et internationaliste de la Révolution d'Octobre, Staline avait proclamé la possibilité de la construction du socialisme dans un seul pays. L'URSS a certes connu un développement impressionnant qui en fait aujourd'hui la deuxième puissance économique du monde. Mais elle demeure, par bien des aspects de son économie, un pays sous-développé. Bien loin de « réaliser le socialisme », l'URSS en est encore et toujours à ambitionner de combler son retard par rapport aux pays capitalistes développés.

Encore aujourd'hui notamment, le régime soviétique se montre incapable de satisfaire les besoins des masses pour un certain nombre de biens de consommation.

L'agriculture soviétique, en particulier, garde de nombreux traits d'une agriculture de pays sous-développé. Sa sous-productivité est marquée par le manque d'engrais, la mécanisation insuffisante, le mauvais entretien et la mauvaise qualité des machines, le manque de routes et de moyens de transport, le repli des paysans vers le lopin individuel qui s'avère plus productif que la grande exploitation collective des kolkhozes. Immense pays agricole, l'URSS devient ainsi dépendante, pour sa nutrition, des livraisons de blé américain et du bon vouloir des dirigeants des USA dans ce domaine.

Les dépenses militaires de l'URSS, qui représentent 11 à 14 % du produit national brut, sont un fardeau considérable pour les masses soviétiques. Les meilleures usines, les meilleurs techniciens, les techniques de pointe et les administrateurs les plus efficaces sont consacrés, en premier lieu, à l'appareil militaire, donnant à celui-ci un poids considérable dans le pays. Les masses populaires en paient le prix sur le plan économique par les difficultés de leur ,vie quotidienne.

Les révolutionnaires socialistes reconnaissent à l'URSS le droit de s'armer. La prochaine guerre mondiale, quelles que soient les péripéties qui y mènent, opposera inévitablement le camp des impérialistes à l'URSS.

Dans un tel conflit, les révolutionnaires ne seraient pas neutres. La victoire de l'impérialisme serait une défaite grave pour le prolétariat. Malgré tous les crimes de la bureaucratie, les révolutionnaires devront soutenir l'Union Soviétique. Cette défense n'implique cependant aucun esprit de conciliation à l'égard de la bureaucratie qui reste, dans ce pays, l'ennemi à abattre par la révolution prolétarienne.

Depuis la fin de la guerre, l'armée russe n'a cependant mené que des guerres de répression contre les peuples du glacis de la bureaucratie soviétique (Berlin-Est, Budapest, Prague), ou des aventures militaires pour élargir ce glacis (Afghanistan).

Les révolutionnaires ne soutiennent ni ces aventures militaires, ni les interventions de l'armée russe comme gendarme dans les pays sous domination de la bureaucratie. Ni le prolétariat mondial, ni la classe ouvrière soviétique, n'ont à gagner aux guerres d'oppression de la bureaucratie soviétique. Ces guerres ne renforcent pas, mais affaiblissent, l'Union Soviétique face à l'impérialisme.

Le développement de la crise de l'économie capitaliste peut cependant remettre complètement en cause l'équilibre sur lequel s'est consolidée la bureaucratie. D'une part, les frontières plus ou moins hermétiquement fermées de l'URSS ne la protègent pas complètement de cette crise économique, avec ce que cela peut entraîner comme conséquences sur le niveau de vie et, partant, sur l'état d'esprit des masses soviétiques. Mais surtout, d'autre part, la bureaucratie ne pourrait pas être à l'abri d'une aggravation des luttes de classe que la crise du monde capitaliste est susceptible d'entraîner, que ces luttes se traduisent par un regain d'activité révolutionnaire du prolétariat ou, au contraire, par sa défaite et le choix d'une politique fasciste et guerrière par une ou plusieurs des bourgeoisies occidentales.

Différentes tendances dites « dissidentes », critiques à l'égard de la bureaucratie régnante, sont apparues en URSS ces dernières années, avant d'être en partie étouffées par la répression du régime. Leur programme politique comporte, au mieux, l'aspiration à une réforme du régime gommant ses aspects les plus absurdes et les plus anti-démocratiques, au pire, le voe d'une restauration pure et simple du capitalisme en URSS. Elles expriment seulement les aspirations de fractions de la bureaucratie ou de la petite bourgeoisie à un régime moins oppressant, aspirations qui se retrouvent tout naturellement sur le terrain d'une idéologie démocratique bourgeoise, parfois ouvertement pro-occidentale, qui n'est qu'une expression politique de la pression qu'exerce sur l'URSS le système capitaliste mondial.

Abattre le régime bureaucratique implique, de la part de la classe ouvrière soviétique, une révolution politique qui ne pourra être que consciente. Caste dominante qui s'est donnée les moyens politiques de préserver sa dictature, la bureaucratie ne peut se dissoudre d'elle-même dans la société soviétique. Seul un parti et une direction révolutionnaires, appuyés sur l'expérience de la Révolution d'Octobre, sur une analyse conséquente du stalinisme, peuvent poser clairement devant les travailleurs soviétiques la tâche du renversement de la bureaucratie, du rétablissement de la démocratie soviétique, montrer la nécessité de renouer avec les traditions révolutionnaires internationalistes, faire passer ces nécessités dans les faits en s'appuyant sur l'initiative des masses, mettre au point une stratégie et une tactique permettant à la classe ouvrière de se hisser au pouvoir et d'abattre la dictature bureaucratique.

Les pays de l'est européen

Les pays de l'Est européen, dits « de démocratie populaire » subissent bien plus que l'URSS le contrecoup de la crise économique mondiale. Durant une bonne partie des années soixante-dix, l'abondance de capitaux occidentaux en quête de points d'investissements a coïncidé avec le désir des dirigeants des États de l'Est européen d'ouvrir leur économie sur le marché mondial. L'endettement à l'égard des banquiers de l'Ouest - notamment d'Allemagne Fédérale - s'est très rapidement accru. Les crédits ouverts permettaient notamment aux États est-européens d'acquérir des biens d'équipement, de renforcer leur capacité de production puis, de tirer parti de leurs faibles coûts en main d'oeuvre pour exporter et vendre sur les marchés occidentaux. Ce processus, sur le fond analogue à celui qu'ont connu nombre de pays sous-développés, entraîne aujourd'hui le même type de conséquences l'endettement, la dépendance et la crise. Les marchés occidentaux se sont rétrécis. Les perspectives d'exportation des pays de l'Est en sont réduites d'autant. Le poids de la dette extérieure qu'ils peuvent de moins en moins rembourser, s'accroît.

Les conséquences de la crise sont aujourd'hui d'autant plus graves que les pays de l'Est sont, en général, avec des nuances suivant les pays, des pays semi-développés.

Leur économie, assez développée pour avoir un besoin vital de l'accès au marché, ne l'est cependant pas assez pour soutenir la concurrence des économies occidentales à l'heure où la crise la rend plus âpre.

La crise économique a atteint, selon les pays, des dimensions très variables. Mais elle suscite partout le même type de réaction des classes dirigeantes. Celles-ci cherchent à faire retomber les conséquences de la crise sur les classes populaires, réduisant leur consommation et leur niveau de vie.

Même en cas de stabilité des prix officiels, la pénurie fréquente de biens de consommation encourage le marché noir où les prix, bien entendu, sont libres, ou bien les approvisionnements - parallèles ou officiels - où l'on paie en devises fortes des biens effectivement disponibles. Dans les deux cas, les prix pratiqués sont bien plus élevés que les prix officiels. L'inflation est ainsi bien réelle, même si elle est masquée par des prix officiels stables. Dans des situations de pénurie généralisée qui atteignent parfois, comme en Roumanie ou en Pologne, des proportions catastrophiques, la baisse du niveau de vie réel des masses est considérable même si leur revenu nominal n'est pas atteint.

En outre, les dirigeants des États prennent de plus en plus fréquemment des mesures d'augmentation des prix officiels eux-mêmes. En Pologne, ce sont de telles hausses qui ont été à l'origine des réactions ouvrières de ces dernières années. La Roumanie, la Hongrie, ont aussi connu de telles mesures qui reviennent à officialiser une inflation que, jusqu'à présent, les pays de l'Est étaient sensés ignorer.

Enfin, au rationnement de fait imposé par la pénurie, vient maintenant s'ajouter le rationnement officiel. C'est le cas en Roumanie et, depuis cette année, en Yougoslavie.

Tous les pays de l'Est sont ainsi aujourd'hui à l'heure de l'austérité. Celle-ci tend, en outre, à rendre les contradictions sociales plus voyantes. Entre le luxe de la couche des privilégiés du régime qui s'approvisionnent dans les magasins spéciaux, ou bien des enrichis du marché noir et des corruptions en tout genre, et la pénurie que connaît la majorité de la population, le contraste devient plus insupportable. C'est une situation qui, jointe aux conditions de la dictature et d'oppression politique et nationale, peut être grosse d'explosions analogues à celles qu'a connues la Pologne.

Sur le plan politique, les « démocraties populaires » sont un noed de contradictions entre l'influence de l'URSS, la pression de l'impérialisme, les réactions des classes dirigeantes nationales et celles des classes populaires. Ces États sont placés sous le contrôle militaire et politique de l'URSS, à la suite du partage des zones d'influence décidé à Yalta entre l'URSS et l'impérialisme et que celui-ci n'a pas, jusqu'à présent, remis en cause.

Cela a entraîné, sur les plans politique et économique, d'importantes conséquences. Cependant, ces pays ont conservé leur structure étatique, remise en place au lendemain de la guerre avec l'aide de la bureaucratie russe. II s'agit d'États bourgeois, qui ont des déformations et des caractères spécifiques qui ne s'expliquent que par la présence de l'URSS mais dont un des rôles est, en dépit du cadre contraignant que constitue la dépendance à l'égard de l'URSS, de sauvegarder le plus possible les prérogatives nationales des couches dirigeantes.

La situation des pays de l'Est européen, aujourd'hui, souligne le bilan particulièrement désastreux de la bureaucratie russe à leur égard. Soumettant ces pays à sa tutelle politique et militaire, elle a développé dans leur population un sentiment d'oppression nationale qui peut être un élément de soudure entre les couches opprimées et les classes dirigeantes, sur la base de l'hostilité à la mainmise de l'URSS. Cette tutelle de l'URSS n'a nullement empêché ces États de subir la crise économique mondiale, lui ajoutant au contraire des éléments propres aux régimes bureaucratiques. Elle a ainsi réuni les conditions pour que, non seulement la bourgeoisie et les couches privilégiées, mais aussi les travailleurs, attendent leur libération de l'impérialisme auquel la classe ouvrière doit pourtant, pour une bonne part, l'aggravation de ses conditions de vie.

Deux ans de dictature du général Jaruzelski n'ont pas réglé les problèmes des couches dirigeantes polonaises. La classe ouvrière a été vaincue, mais elle n'a pas été brisée. La dictature a réussi à lui imposer la dégradation officielle de son niveau de vie - hausses importantes des prix, pénurie grave - mais pas à lui faire accepter de travailler plus et de se faire exploiter davantage.

L'opposition de la classe ouvrière à l'égard du régime se manifeste sur le plan politique, par le soutien qu'elle continue à apporter à l'organisation clandestine de Solidarité, soutien qui s'exprime à la fois par le relatif succès des manifestations que cette dernière avait organisées durant la période écoulée, mais aussi par la protection dont bénéficient ses militants et ses responsables parmi les travailleurs.

La classe ouvrière polonaise continue cependant à payer le prix de la défaite sans combat à laquelle l'avait conduit la direction qu'elle s'était donnée lors de ses puissantes grèves d'août 1980.

La direction de Solidarité qui, par réformisme autant que par nationalisme, a cherché à s'entendre avec ceux qui, au sein des couches privilégiées et de l'État polonais, étaient prêts à s'entendre avec elle sur la base de la reconnaissance officielle de Solidarité, n'a pas su, ni voulu, préparer les travailleurs contre le danger d'un coup de force perpétré par l'armée de leur propre pays.

La puissante mobilisation de la classe ouvrière avait pourtant ouvert la possibilité de couper les troupes des officiers, de disloquer l'armée, de la rendre inapte à se tourner contre les travailleurs et leurs organisations. II aurait fallu le choix politique de s'engager sur cette voie. Mais, par nationalisme, la direction de Solidarité ne voulait pas apparaître comme adversaire du principal pilier de l'État national. Par réformisme, elle entendait peser sur la politique de l'État pour l'infléchir dans un sens plus favorable aux travailleurs et, surtout, dans le sens d'une plus grande indépendance à l'égard de l'emprise soviétique.

La principale raison du coup d'État résidait dans l'impossibilité de tolérer la mise en place de puissantes organisations syndicales, susceptibles d'exprimer les revendications économiques de la classe ouvrière alors que les couches privilégiées et l'État de ce pays déjà pauvre et, de surcroît, frappé parla crise, n'avaient ni la volonté, ni la possibilité de satisfaire ces revendications.

Les raisons qui ont conduit, en décembre 1981, à l'affrontement entre une classe ouvrière mobilisée et l'appareil d'État, ne sont pas disparues depuis. Incapable d'offrir une perspective à la classe ouvrière alors qu'elle était mobilisée et bénéficiait de la sympathie de la quasi-totalité de la population, Solidarité est, à plus forte raison, incapable d'en offrir aujourd'hui.

Dans ces conditions, même les succès sporadiques de Solidarité clandestine, ou la notoriété d'un Walesa, sont en fin de compte canalisés au profit de la seule force d'opposition légale, l'Église catholique.

En même temps qu'il poursuivait la répression contre l'organisation syndicale, le régime a su utiliser l'influence conciliatrice de l'Église, à laquelle font allégeance les dirigeants de Solidarité. Le retour en force de celle-ci sur la scène politique a ainsi été le complément de l'effacement de l'organisation syndicale. L'Église s'est faite ouvertement l'avocat de « l'Entente nationale » et du respect de la paix sociale, au nom de l'intérêt national de la Pologne. En contrepartie, elle a obtenu pour elle-même des concessions du pouvoir politique. Celui-ci lui laisse toute liberté d'organisation et d'expression. La dictature de Jaruzelski a notamment autorisé le voyage du Pape dans le pays en juin 1983, et les manifestations spectaculaires auxquelles il a donné lieu.

Ainsi, le pouvoir polonais ne laisse finalement subsister que l'Église comme force organisée pouvant exprimer sur le plan politique les sentiments d'opposition de larges fractions de la population. Le jeu réciproque, de Jaruzelski et de l'État d'une part, de l'Église et des dirigeants de Solidarité d'autre part, conduit l'opposition au régime dans le canal de l'appareil clérical.

Le fait que l'opposition s'exprime par l'Église et non pas par une opposition syndicale, fût cette dernière dirigée par des hommes proches de l'Église, offre évidemment l'avantage pour le pouvoir de n'impliquer aucune organisation ou mobilisation propre à la classe ouvrière.

Les traditions de lutte de la classe ouvrière polonaise, la gravité de la situation économique, le fait qu'aujourd'hui encore les travailleurs polonais se montrent loin d'être brisés, font penser que le répit dont bénéficie le régime peut être de courte durée. Mais le problème de la direction politique de la classe ouvrière reste posé.

Les principales tendances existant dans la classe ouvrière ont capitulé devant le nationalisme et le cléricalisme. Celui-ci a mené la classe ouvrière à l'impasse et à la défaite.

L'existence dans les pays de l'Est d'organisations révolutionnaires qui combattent les dictatures et l'emprise de la bureaucratie russe, au nom des intérêts communs du prolétariat de tous les pays de l'Est et de l'URSS et, au-delà, du prolétariat mondial, est une nécessité vitale.

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