Des listes communes Lutte Ouvrière Ligue Communiste Révolutionnaire aux élections municipales01/02/19831983Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1983/02/100.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

Des listes communes Lutte Ouvrière Ligue Communiste Révolutionnaire aux élections municipales

Aux prochaines élections municipales, Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste présenteront des listes communes intitulées «La voix des travailleurs contre l'austérité».

Malgré les divergences dans nos analyses de la situation et dans les prises de position qui en découlent nous avons pu conclure un accord sur les bases politiques qui nous étaient communes. Et grâce à cet accord, nos organisations, dans cette campagne, vont apparaître unies pour donner aux travailleurs et aux électeurs de gauche la possibilité de montrer clairement qu'ils ne veulent pas plus cautionner la politique d'austérité lorsqu'elle est le fait du gouvernement de gauche que lorsqu'elle a été le fait d'un gouvernement de droite.

En mettant ainsi leurs forces en commun, nos deux organisations ont pu constituer des listes dans environ quatre-vingt grandes villes ou communes de banlieue des grandes villes. La loi électorale nous impose de présenter de trente à soixante candidats, et parfois plus, selon l'importance des villes, et elle nous impose aussi de faire l'avance de tout le matériel électoral en ne prévoyant le remboursement de cette somme qu'aux listes qui obtiendront plus de 5 % des voix.

C'est pour la LCR comme pour Lutte Ouvrière un effort militant et financier important, et nous n'avons pas pu constituer des listes dans toutes les grandes villes du pays, loin de là. C'était une raison de plus pour mettre nos forces en commun.

Nous sommes d'autant plus satisfaits de cette convergence qui nous permet de nous présenter en commun malgré des divergences importantes, que cette campagne commune s'inscrit dans le cadre de relations fraternelles entre nos deux organisations, des relations que, pour notre part, nous avons toujours cherché à créer et à maintenir.

Car la LCR, comme Lutte Ouvrière, se réclament des mêmes idées fondamentales, celles du trotskysme. Et nous sommes engagés dans le même combat, pour le même but : la constitution d'un parti ouvrier révolutionnaire.

Évidemment, chaque fois que nous faisons ainsi en commun ce que la situation nous permet, nos divergences n'en sont pas pour autant effacées. Mais, parce que nous sommes deux tendances d'un même mouvement, le mouvement trotskyste, la plupart du temps ce que nous avons de fondamental en commun nous permet d'avoir une politique commune et d'apparaître et d'agir unis par rapport à tous les autres courants politiques.

Ce que nous avons de fondamental en commun dans la situation présente, c'est d'être les seuls à dénoncer clairement la politique anti-ouvrière du gouvernement, une politique qui est menée avec l'appui des représentants socialistes et communistes et avec la complicité des directions syndicales. Nous sommes les seuls à dénoncer la politique du gouvernement du point de vue révolutionnaire, en affirmant une fois de plus que ce n'est pas par le bulletin de vote que les travailleurs peuvent changer leur sort mais par leur capacité à agir, dans les usines, dans la rue, par leurs luttes.

Nous avons largement développé ce que nous avons en commun, dans cette campagne municipale, dans notre hebdomadaire. C'est pourquoi dans Lutte de Classe, nous reviendrons seulement sur nos divergences.

Voter contre la droite... ou battre la droite, barrer la route à la droite...

Pour ces élections, la LCR et Lutte Ouvrière ne donnent pas les mêmes consignes de vote là où les listes «La voix des travailleurs contre l'austérité» ne sont pas présentes. Lutte Ouvrière n'appellera en aucun cas à voter pour la gauche gouvernementale, la LCR si. Charles Michaloux résumait ainsi la position de la LCR dans un article critiquant nos positions, le 7 janvier : «Notre position est simple : partout où il y aura des listes soutenues par la LCR et LO, votez pour elles, pour dire clairement non au retour de la droite et non à la politique d'austérité de la gauche. Là où il n'y en aura pas, votez contre la droite en donnant votre voix aux listes conduites par le PS et le PCF, sans soutenir la politique anti-ouvrière du gouvernement et pour assurer les meilleures conditions au combat des travailleurs contre les mesures du gouvernement pour la défense jusqu'au bout de leurs intérêts».

Que la LCR appelle à voter pour la gauche et Lutte Ouvrière pas, est la manifestation la plus spectaculaire de nos divergences, mais c'est aussi la conséquence de nos analyses divergentes sur bien d'autres points.

Pour la LCR, elle le rappelle dans toutes ses interventions, le premier problème dans ces élections est de «battre la droite» ou de «barrer la route à la droite».

Tout d'abord, il faut observer que ce ne sont pas les voix des travailleurs qui vont manquer à la gauche, dans ces prochaines élections, mais celles des électeurs du centre, voire de droite, des quelques centaines de milliers de petits bourgeois et de bourgeois qui avaient voté à gauche aux dernières élections parce qu'ils étaient déçus par la droite... Chacun sait que c'est ce faible pourcentage d'électeurs centristes qui, en France, allant de droite à gauche et de gauche à droite, fait la différence à chaque élection. Le premier piège électoraliste tendu à la classe ouvrière, c'est justement de lui faire croire qu'elle décide quelque chose en mettant un bulletin dans l'urne.

Le Parti Socialiste et le Parti Communiste utilisent le genre de slogan de «il faut battre la droite» pour exercer une sorte de chantage sur les électeurs de gauche qui n'ont pas envie de revoir les hommes de droite au pouvoir. Ils essaient de rassembler les voix de ceux qui seraient tentés de s'abstenir pour sanctionner la gauche en brandissant un épouvantail, le retour de la droite.

Mais à notre avis, le rôle des révolutionnaires n'est pas de jouer les ramasse-miettes pour la gauche. II est d'expliquer dans quel piège la gauche gouvernementale, au nom de la lutte contre la droite, essaie d'entraîner les travailleurs. Dans ces élections, les travailleurs ne peuvent pas être gagnants car la politique d'austérité sera poursuivie en tout état de cause. Ils ne peuvent qu'être perdants s'ils s'accrochent à leurs illusions électorales.

Quel enjeu dans ces élections ?

En fait, derrière l'importance attachée à l'idée «il faut barrer la route à la droite», il n'y a pas de la part de la LCR le seul souci tactique de montrer aux travailleurs et aux électeurs de gauche que la LCR se situe résolument dans le camp de la gauche, il y a aussi une analyse que nous ne partageons pas : d'après la LCR, le résultat des élections n'est pas indifférent pour les travailleurs. Ils seraient en plus mauvaise posture si c'est la droite qui remporte des succès.

Si la droite remporte des succès à ces élections, en sera-t-elle plus arrogante, plus revendicative ? C'est possible, certain même. Mais ce n'est pas la droite qui est au gouvernement, c'est le gouvernement de gauche lui-même qui mène la politique de la droite. Est-ce que le gouvernement de la gauche risquerait d'infléchir sa politique dans un sens moins défavorable aux travailleurs si les listes PS-PC s'en tiraient bien dans ces élections ? Le croire, ce serait évidemment faire preuve d'un singulier aveuglement électoraliste, d'autant que, par sens des responsabilités à l'égard de la bourgeoisie, le président de la République comme le gouvernement se sont débrouillés pour rendre publique leur volonté de s'engager dans de nouvelles mesures d'austérité, façon de dire que ce n'est nullement la poursuite ou pas de l'austérité qui est l'enjeu de ces élections.

Quant au patronat et à la bourgeoisie -ce qui n'est pas la même chose que la droite deviendront-ils, eux, plus arrogants en cas de succès de la droite ? En profiteront-ils pour augmenter l'exploitation des travailleurs dans les usines, pour réclamer au gouvernement de prendre encore plus de mesures anti-ouvrières ?

Non. La bourgeoisie a moins de préjugés électoraux que la classe ouvrière. Elle sait se montrer arrogante sous un gouvernement de gauche, se servir de lui pour renforcer l'exploitation des travailleurs, pour prendre des mesures anti-ouvrières, tout comme elle sait se montrer souple en d'autres circonstances, sous un gouvernement de droite, ou avec une droite qui se renforce électoralement. Le patronat a reculé en mai 68, sous le régime de de Gaulle. En fait, ce qui rend la bourgeoisie arrogante, c'est l'absence de réactions des travailleurs, c'est l'absence de grèves. Et ce qui la rendrait moins arrogante, ce seraient les grèves, les luttes des travailleurs dans les usines et dans la rue.

Aujourd'hui, c'est sous un gouvernement de gauche, dans un pays où une majorité d'électeurs a voté à gauche, que la bourgeoisie renforce ses positions et s'attaque aux acquis ouvriers : niveau de vie, droits des chômeurs, des retraités, des malades, droits des travailleurs dans des entreprises comme Citroën. C'est sous un gouvernement de gauche que se préparent des licenciements de militants ouvriers dans des entreprises dont certaines sont nationalisées : à Citroën, à Renault, à l'Alsthom-Atlantique... Et si le résultat influera sur les décisions qui seront prises, il est bien difficile de dire de quelle manière. Un gouvernement de gauche fort de succès électoraux peut très bien laisser licencier sans coup férir des militants qui gênent les patrons, pour montrer par un geste supplémentaire, son sens des responsabilités, sa soumission aux intérêts capitalistes... tout comme un gouvernement de gauche rendu inquiet par des reculs électoraux peut décider de s'opposer à ces licenciements...

Pour éviter la démoralisation ?

La LCR nous dit que les travailleurs seraient démoralisés par un recul de la gauche. Oui, peut-être. Mais encore une fois, le résultat des élections ne dépend pas du vote des révolutionnaires, ni même de celui des travailleurs.

Et puis, qu'est-ce qui aura le plus démoralisé les travailleurs, d'ici quelques mois ? Les éventuels succès de la droite aux élections municipales, ou le renforcement absolument certain des mesures anti-ouvrières prises par un gouvernement de gauche pour lequel pourtant ils auront voté ? Qu'est-ce qui les démoralise depuis deux ans ?

En 1981, les travailleurs, et ceux qui avaient le coeur à gauche, ont espéré qu'il suffirait de mettre un bulletin dans l'urne pour mettre en place un gouvernement plus favorable aux petites gens. Ils n'en espéraient peut-être pas grand chose, mais un petit miracle quand même, puisqu'ils espéraient obtenir ce petit quelque chose avec un bulletin de vote, c'est-à-dire trois fois rien !

Eh bien ce petit miracle n'a pas eu lieu. Et les travailleurs et les petites gens ont vu que c'étaient les hommes politiques qu'ils considéraient comme étant dans leur camp, qui leur portaient les coups, au nom du patronat.

Voilà ce qui démoralise les travailleurs, et c'est peut-être le fait qu'ils continuent à se sentir solidaires du gouvernement «de gauche» qui est un des principaux facteurs de la démoralisation et du manque de réactions ouvrières. Et les grèves qui ont eu lieu ces dernières semaines à Renault, Citroën, Chausson, ne viennent pas contredire ce fait : les travailleurs en grève ont été en majorité des OS immigrés. C'est-à-dire des travailleurs qui ne se sentent pas concernés par les élections, qui n'ont jamais eu beaucoup d'illusions en celles-ci puisqu'ils n'étaient pas admis à y participer, et qui probablement n'ont jamais eu l'occasion de se sentir vraiment solidaires de ce gouvernement de gauche.

Alors, si les travailleurs risquent encore une fois d'être démoralisés par un résultat électoral qui, sur le fond, n'a aucune importance, notre rôle à nous révolutionnaires n'est-il pas, justement, dans la mesure de nos moyens, de montrer qu'il n'a aucune importance ? Au contraire en essayant d'influer, vainement, sur le résultat nous ne ferions que contribuer à maintenir les illusions électoralistes et contribuer à faire croire que le résultat du scrutin peut avoir une conséquence pour les travailleurs.

Les camarades de la LCR appelleront les travailleurs à donner leur voix aux listes conduites par les partis ouvriers, le PS et le PCF. D'après eux, ce sera «un vote de classe élémentaire, grâce auquel les travailleurs peuvent au moins faire connaître leur opposition résolue aux porte-parole attitrés des capitalistes et les empêcher d'utiliser démagogiquement le mécontentement qui, heureusement, se répand dans les rangs de la classe ouvrière vis-à-vis de l'orientation anti-ouvrière des dirigeants socialistes et communistes qui gouvernent». (Rouge du 7 janvier).

Et, toujours d'après eux, c'est un vote de solidarité avec les travailleurs qui ne sont pas encore prêts à considérer, comme Lutte Ouvrière, que gauche et droite, c'est «bonnet blanc et blanc bonnet».

Quant à nous, Lutte Ouvrière, nous n'appellerons en aucun cas les travailleurs à voter pour des partis ou des hommes se réclamant de la politique gouvernementale.

Quand la gauche était dans l'opposition, si nous avons nous aussi appelé, en certaines occasions et au second tour, à voter pour la gauche, c'est par solidarité avec ces millions de travailleurs qui voulaient qu'elle vienne au pouvoir et qui voulaient en faire l'expérience.

Mais nous ne l'avons fait qu'après avoir prédit clairement qu'à notre avis le gouvernement de gauche mènerait la même politique que les gouvernements de droite. Et nous n'avons jamais dit ni laissé entendre que les travailleurs auraient à gagner à un gouvernement de gauche.

Mais aujourd'hui, nous ne sommes même plus dans cette situation.

Ce sont les dirigeants des grands partis de la gauche qui constituent le gouvernement, et c'est ce gouvernement qui porte les coups aux classes laborieuses, au service de la bourgeoisie.

Comment, aujourd'hui, dire de voter pour les listes conduites par le PS et le PCF sans cautionner leur politique anti-ouvrière ?

Ceux qui appliquent aujourd'hui les mesures anti-ouvrières, ceux qui servent avant tout les intérêts des capitalistes, ceux qui sont aux ordres de la bourgeoisie, ce sont les Mauroy, Mitterrand, les Rocard et Delors, aidés par les Maire et Krasucki. Ils sont aussi les adversaires des travailleurs, comme les patrons, des adversaires qu'ils trouveront demain en travers de leurs luttes.

Et nous estimons, à Lutte Ouvrière, que notre tâche est de prévenir les travailleurs de ce qui les attend. Notre rôle n'est pas d'entretenir les illusions des travailleurs - et le sentiment que «la gauche c'est quand même mieux que la droite» en est une - et de contribuer ainsi à la démoralisation qui résulterait d'un recul électoral de la gauche et à la paralysie de la classe ouvrière. Notre tâche est d'expliquer aux travailleurs que, même avec leur étiquette de gauche, les ministres «de gauche» sont des ministres bourgeois, au service des capitalistes, et qu'être solidaires des partis de gauche qui soutiennent le gouvernement, c'est être solidaires d'un gouvernement au service de la bourgeoisie.

Alors ce langage démoralisera les travailleurs ? Non, ce qui démoralise les travailleurs, c'est de se sentir dupés, trompés, ce sont leurs illusions déçues. Notre rôle est de contribuer à combattre ces illusions car les travailleurs ont besoin qu'on leur indique quels sont leurs ennemis, ils ont besoin qu'on leur dise la vérité et rien que la vérité.

C'est pourquoi nous disons, partout où les listes «La voix des travailleurs contre l'austérité» ne seront pas présentes, c'est-à-dire partout où il n'y aura pas pour les travailleurs et les électeurs de gauche la possibilité de marquer par un vote clair, à l'extrême-gauche, leur refus de cautionner la politique d'austérité gouvernementale, ce n'est pas à nous, révolutionnaires, d'aller chercher les travailleurs par la manche pour qu'ils aillent voter pour le gouvernement dont la politique les dégoûte à juste titre. Comme de façon plus générale, nous ne nous présenterons pas au premier tour dans l'intention de ramener au second tour à la gauche réformiste les votes de ceux qui ont envie de voter nul ou de s'abstenir et non de cautionner sa politique.

Ce ne sera pas «un choix qui fasse avancer en quoi que ce soit la cause des travailleurs» nous dit la LCR ? Sans doute. Mais au moins, il ne contribuera pas à coincer encore un peu plus la minorité de travailleurs qui nous regardent, dans le dilemme «droite-gauche» dans lequel ils se sentent enfermés. «Vous ne voulez pas que la droite revienne, n'est-ce pas ? Alors, oubliez tout et votez pour la gauche», leur dit la gauche. Eh bien, nous, contrairement à la LCR nous refusons de marcher et nous disons aux travailleurs qu'ils n'ont pas intérêt à marcher. Car notre rôle, à nous révolutionnaires, est justement de dénoncer la fausseté de ce chantage. C'est de montrer que les travailleurs ont une autre issue que ce cadre électoral, qui est un piège pour eux. C'est de rappeler que la seule chose qui compte vraiment, c'est la capacité des travailleurs à prendre leur sort en mains.

Derrière cette discussion, des analyses différentes du gouvernement de gauche

En fait, derrière cette discussion sur nos divergences, il n'y a pas que des questions tactiques. Il n'y a pas que nos analyses divergentes sur l'importance des élections municipales. II y a nos analyses différentes sur la nature du gouvernement de gauche.

C'est une vieille discussion entre nos deux organisations. Pour la LCR, parce que les Partis Communiste et Socialiste sont des partis d'un type particulier, des partis «ouvriers» réformistes, le gouvernement de gauche formé par ces partis était un «gouvernement de type particulier».

Nous avons maintes et maintes fois déjà exprimé, quant à nous, que ce gouvernement avant d'être «d'un type particulier» était un gouvernement bourgeois, qu'un ministre de l'Intérieur de gauche était un ministre bourgeois exactement de même nature qu'un ministre de l'Intérieur de droite, que rien ne différenciait un président de la République de gauche d'un président de la République de droite quant à leurs liens avec la bourgeoisie (ceux de gauche, dans certaines circonstances, peuvent faire admettre par les travailleurs des mesures qu'ils ne supporteraient pas sans réaction de la part des hommes politiques de la droite).

Mais alors que les travailleurs commencent à perdre leurs illusions sur le gouvernement, la LCR continue de réclamer «il faut une autre politique» comme si le gouvernement était susceptible de la mener. En tout cas, elle n'indique pas clairement si elle pense que les Mitterrand, Mauroy, Jospin, sont aptes à mener cette politique au service des travailleurs, s'ils sont suffisamment «poussés» par les travailleurs ou si, au contraire, ils sont les ennemis des travailleurs, des ennemis qui pourront aller de l'avant peut-être, sous la pression, mais qui resteront fondamentalement au service de la bourgeoisie.

Des divergences mais la mise en commun de nos forces pour un objectif commun

Nos divergences apparaîtront ouvertement dans cette campagne partout où nous ne présenterons pas de liste commune.

Là évidemment où nous serons ensemble, nous offrirons aux électeurs un autre choix, un choix commun justement, ni celui de voter nul, ni celui de voter pour les partis gouvernementaux, mais celui de voter pour nos listes afin d'exprimer un choix politique clair et qui ne puisse être pris ni comme un désintérêt politique ni comme une approbation de la politique gouvernementale.

Mais partout ailleurs, et éventuellement au deuxième tour, si nous sommes éliminés au premier, nos deux organisations défendront leur politique respective.

Cela n'étonnera, ne surprendra ou ne choquera que ceux qui confondent le stalinisme et le mouvement révolutionnaire, tous ceux qui ignorent que le mouvement révolutionnaire, cela doit être l'affrontement des idées, la pluralité des opinions, le débat politique le plus large, mais la mise en commun de toutes les forces à chaque fois que nécessaire.

Ceci dit, nos divergences sur cette question apparaîtront bien secondaires dans ces élections municipales par rapport à ce qui nous distingue de tous les autres : notre opposition résolue tant à la droite et au patronat qu'à la gauche gouvernementale. C'est cela qui, dans ce que nous disons, la LCR et nous-mêmes, apparaît aujourd'hui comme déterminant. Et c'est pourquoi toutes les voix qui se porteront sur les listes conduites par la LCR ou Lutte Ouvrière, prendront la signification d'un vote résolument à gauche, et d'un vote de contestation de la politique gouvernementale.

Et tous ceux qui voteront pour nos listes exprimeront qu'ils sont bien évidemment contre la droite et contre les possédants dont elle défend ouvertement les privilèges, mais qu'ils n'en sont pas pour autant solidaires de la politique du gouvernement, une politique anti-ouvrière, une politique au service elle aussi des possédants.

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