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Vers la constitution d'un État palestinien en Cisjordanie ?
Depuis deux mois l'Organisation de Libération de la Palestine, et son leader Yasser Arafat, volent de succès en succès. Du moins sur le plan diplomatique. Cela a commencé par la reconnaissance au sommet arabe de Rabat de l'OLP comme seul représentant du peuple palestinien. S'inclinant devant cette décision de l'ensemble des gouvernements arabes, le roi Hussein de Jordanie, avec quelque mauvaise grâce et sans aucun doute beaucoup d'arrière-pensées a fait savoir quelques jours plus tard qu'il était prêt à reconnaître un gouvernement palestinien en exil, et, en tout cas, qu'il entendait lui-même ne plus parler au nom des Palestiniens.
Cela s'est continué par l'invitation de l'OLP à l'ONU, l'accueil triomphal qu'y a reçu Arafat, le vote à une écrasante majorité de la résolution présentée en faveur des Palestiniens par les États arabes (89 voix pour, 8 contre et 37 abstentions), et l'attribution à l'organisation palestinienne d'un siège officiel d'observateur.
Cela s'est poursuivi par la réception d'Arafat à Moscou, à l'invitation du gouvernement soviétique lui-même, ce qui indiquerait, selon les commentateurs au fait des usages diplomatiques, l'intention de l'URSS de reconnaître un éventuel gouvernement palestinien en exil.
De l'autre côté et dans le même temps, l'isolement diplomatique d'Israël est allé croissant. Après le vote de la résolution onusienne ne mentionnant même pas le droit d'Israël à l'existence, celui-ci s'est vu presque exclu de l'U.N.E.S.C.O., qui lui a coupé tout crédit jusqu'à ce qu'il arrête les fouilles et travaux entrepris à Jérusalem.
Si l'on s'en tient au monde diplomatique, la situation a donc radicalement changé en quelques mois au Proche Orient. Mais chacun sait qu'entre le monde diplomatique et le monde réel il y a plus qu'une marge. Il est plus facile, comme on l'a dit, de donner un strapontin à l'OLP à New-York qu'un bout de terre en Palestine aux Palestiniens. Arafat reçoit un accueil de chef de gouvernement aux quatre coins du globe, mais ses hommes sont toujours interdits de séjour en Palestine, et l'armée israélienne campe toujours en Cisjordanie, dans le Sinaï ou sur le Golan.
Et s'il fallait une preuve que la situation reste bien toujours la même dans cette région du monde, c'est le fait que tout le monde discute de la possibilité et même de la probabilité d'une cinquième guerre israélo-arabe, la cinquième en à peine plus de vingt-cinq ans ! Au milieu de novembre on a même cru qu'elle était sur le point d'éclater à la frontière syrienne. Le gouvernement de Damas ayant finalement accepté la prorogation pour six mois de la présence des casques bleus de l'ONU entre ses troupes et celles d'Israël, le spectre de la guerre s'est un peu éloigné. Il s'est un peu éloigné, mais il n'a nullement disparu, loin s'en faut !
Une solution qui fait la quasi-unanimité des diplomates
Pourtant le monde entier semble tomber d'accord aujourd'hui pour une solution du problème du Moyen-Orient. Une solution qui recueille les faveurs de toutes ou presque toutes les chancelleries. Une solution que voulaient préparer les décisions du sommet arabe de Rabat, l'accueil de l'OLP et d'Arafat à l'ONU, la visite du ministre français des Affaires Étrangères, Sauvagnargues, à Arafat et la réception de ce même Arafat à Moscou.
Cette solution, ou prétendu telle, ce serait la constitution d'un État palestinien en Cisjordanie, territoire qui fait officiellement partie depuis la guerre de 1948 de la Jordanie, mais qui est situé à l'ouest du Jourdain en Palestine. Cette solution, ce serait donc le partage de la Palestine en deux États, l'un juif, l'autre arabe.
L'OLP, elle-même, l'admet même si elle ne l'avoue pas officiellement. Certes, Arafat à l'ONU a répété que le but de la Résistance palestinienne était de mettre sur pied « un seul État démocratique de Palestine où chrétiens, juifs et musulmans puissent vivre ». Mais dans le même temps, lui-même ou d'autres dirigeants de l'OLP laissaient entendre qu'ils accepteraient, du moins dans un premier temps, le partage qu'on leur propose. Ainsi dans une interview réalisée par la télévision française et reproduite par l'hebdomadaire Le Point dans son numéro du 2 décembre, le leader de l'OLP répétait que son projet était « un État démocratique où coexisteraient toutes les communautés ». Mais à la question : « // y a une solution intermédiaire : l'installation d'un pouvoir national palestinien sur les territoires qui seraient évacués par Israël », il répond : « J'ai réclamé à l'Assemblée générale, à tous les pays, tous les amis et tous les hommes de bonne volonté dans le monde entier, leur aide pour établir un pouvoir national sur toute parcelle de territoire palestinien libéré ».
Les États-Unis eux-mêmes, qui continuent à soutenir ouvertement Israël, qui ont voté contre l'OLP à l'ONU, sont sans doute moins hostiles à cette solution qu'il pourrait paraître au premier abord. Tout en enjoignant à ses diplomates de voter contre les résolutions arabes à l'ONU, le président Ford lui-même déclarait au début du mois de novembre qu'Israël devait « négocier l'avenir de la Cisjordanie avec la Jordanie et avec l'Organisation de Libération de la Palestine.
Vers une cinquième guerre israélo-arabe ?
Cette solution qui recueille les faveurs du monde entier, semble-t-il, présente pourtant deux inconvénients.
D'abord elle reste à appliquer sur le terrain. Et pour le moment on ne voit même pas comment cela pourrait se faire sans une nouvelle guerre. Ensuite, en admettant que ce partage de la Palestine, imaginé aujourd'hui par les diplomates, se fasse, il a toutes chances de ne rien régler du tout.
Tout le monde est en effet en faveur de ce partage, tout le monde, sauf celui qui tient sous sa coupe les territoires qui devraient être en théorie la base géographique du futur État palestinien, sauf Israël lui-même.
Les succès diplomatiques d'Arafat et de l'OLP, pas plus que ses propres revers, n'ont fait bouger d'un pouce le gouvernement de Tel-Aviv. Pour Rabin, ses ministres et ses généraux, l'OLP demeure « une bande d'assassins » avec qui il n'est pas question de négocier. Pour eux, il n'est pas question non plus, du moins officiellement, d'abandonner une partie des territoires occupés.
Et sans doute, même si certains des dirigeants d'Israël étaient prêts eux-mêmes à négocier, il est probable que la pression de l'opinion publique, chauffée à blanc par le nationalisme et la crainte de l'encerclement arabe, est telle qu'ils ne pourraient ni l'avouer publiquement, ni le faire admettre au pays.
Dans ces conditions, plus l'ONU et les diplomates bavarderont autour de cette solution, et plus les risques d'une nouvelle guerre sont grands.
Car cette guerre peut être la porte de sortie pour toutes les parties en présence. Pour les dirigeants arabes d'abord, et en particulier palestiniens, qui verraient en elle la seule manière de contraindre Israël à reculer et à rétrocéder en totalité ou en partie des territoires conquis. L'exemple de la guerre du Kippour l'année passée a montré qu'ils n'auraient peut-être même pas besoin pour cela d'être franchement victorieux. Une guerre ayant toutes les chances d'amener une intervention des grandes puissances peut amener aussi celles-ci à imposer un règlement du conflit indépendamment de la situation militaire. Ainsi la guerre du Kippour a finalement obligé Israël, pourtant victorieux, même si ce ne fut pas sans peine, à abandonner la rive est du canal de Suez sur laquelle ses troupes campaient depuis 1967. Pourquoi une nouvelle guerre, même si elle ne tournait pas à l'avantage décisif des Arabes, ne permettrait-elle pas d'imposer à Israël l'abandon de la Cisjordanie ? C'est en tout cas le calcul qui peut être fait, surtout s'il est vrai que, dès maintenant, Russes et Américains seraient déjà tombés plus ou moins d'accord pour accepter une telle solution.
Mais cette guerre peut être voulue aussi par les dirigeants israéliens. Pour certains, dans l'espoir qu'en infligeant une nouvelle défaite aux troupes arabes, ils démontreront qu'ils sont les maîtres du jeu et anéantiront les espoirs arabes de les voir reculer et céder la Cisjordanie. Pour d'autres, menant la politique du pire, dans l'espoir, en cas de défaite israélienne, de voir les Américains intervenir et rétablir le statu-quo, car les USA ne peuvent accepter de laisser écraser un protégé qui leur sert depuis des années de gendarme dans cette partie du monde. A la limite on peut même penser que pour des dirigeants israéliens, en admettant qu'ils existent, qui seraient convaincus d'ores et déjà que la négociation avec l'OLP et la rétrocession des territoires occupés sont finalement inéluctables, une nouvelle guerre serait aussi nécessaire. Pour bien prouver à leur opinion publique, qui ne veut pas en entendre parler pour le moment, que c'est là la seule solution.
Au fond, dans cette poudrière qu'est le Moyen-Orient, les raisons ou les calculs politiques qui peuvent conduire à l'éclatement d'une nouvelle guerre sont nombreux.
La seule raison qu'on cherche en vain, c'est celle qui permettrait d'aboutir à un règlement pacifique sans une nouvelle guerre, celle qui amènerait Israël à céder les territoires occupés sans y être contraint et forcé.
Seuls les États-Unis sans doute pourraient le contraindre. Rien ne dit qu'ils soient prêts aujourd'hui à faire cette pression. Il n'est pas de leur intérêt de toute manière d'affaiblir Israël sans contrepartie. Et puis, il n'est pas dit que les États-Unis eux-mêmes ne puissent pas envisager une nouvelle guerre comme moyen d'amener Israël à composition. N'a-t-on pas dit qu'ils étaient au courant des projets d'offensives égyptienne et syrienne du Kippour et qu'ils ont laissé faire, de façon à bien convaincre les Israéliens qu'ils devaient faire des concessions sur le canal de Suez ?
Un état-croupion qui ne réglerait rien
Et puis, surtout, en admettant que d'une manière ou d'une autre, ce partage de la Palestine se fasse et que le projet d'un État palestinien en Cisjordanie voit le jour, il ne réglerait nullement le problème palestinien ni n'assurerait une paix plus solide dans cette région du monde.
Aujourd'hui en Cisjordanie vivent environ 600 000 Arabes. Mais il y a entre un et deux millions de réfugiés palestiniens au Liban, en Syrie, en Jordanie et ailleurs. Un éventuel État palestinien de Cisjordanie serait bien incapable de les accueillir tous. Peut-être le pourrait-il - et encore ce n'est pas du tout sûr - si l'impérialisme américain consacrait les sommes énormes qu'il consacre actuellement à armer et équiper Israël (vingt-cinq milliards de francs par an, nous dit-on), à transformer économiquement cette région de Cisjordanie, à l'industrialiser, à moderniser et équiper son agriculture. Ou encore si les États arabes y investissaient une partie importante des dollars qu'ils tirent du pétrole, et qu'ils cherchent, paraît-il, à placer. Mais il est hors de question pour l'impérialisme américain de se livrer à la philanthropie. Il ne consent d'ailleurs cet effort exceptionnel envers Israël que parce que celui-ci lui est utile sur le plan militaire, et qu'il lui sert en quelque sorte de base avancée en pays arabe. Quant aux États arabes pétroliers, Arabie Saoudite ou autres, ils n'utilisent même pas les revenus tirés du pétrole pour transformer la vie de leur propre population, ce n'est certainement pas pour faire cet effort en faveur des Palestiniens. Ils feraient d'ailleurs dès maintenant un autre effort en faveur des réfugiés palestiniens, si telle était leur intention.
Le partage de la Palestine et la création d'un petit État palestinien coincé entre la Jordanie et Israël peuvent donc tout au plus faire de l'OLP un véritable appareil d'État et d'Arafat un vrai chef de gouvernement. Ils ne peuvent pas résoudre le problème des Palestiniens, redonner à tous ceux qui ont été chassés un toit et une patrie qui les satisfassent. C'est-à-dire qu'ils ne régleraient rien.
Pour le peuple palestinien il resterait à recouvrer une véritable patrie, et l'État sioniste resterait à abattre (dans les proclamations officielles du moins). Arafat et les dirigeants de l'OLP le savent si bien d'ailleurs que, s'il est évident qu'ils seraient prêts à accepter dans les faits un partage de la Palestine, ils se refusent absolument à renoncer en parole à la destruction de l'État d'Israël.
Cela est peut-être dû à la surenchère que font, face à l'OLP, un certain nombre de groupes palestiniens extrémistes, ceux qui viennent de constituer le « Front du Refus », dont le FPLP de Habbache. Mais cette surenchère n'en continuerait pas moins si un État palestinien voyait le jour, puisque la réalité qui permet cette surenchère, la situation d'une grande partie du peuple palestinien, ne changerait pas.
Un gouvernement palestinien installé à Naplouse ou Ramallah continuerait à se donner officiellement pour but la reconquête de toute la Palestine. Des centaines de milliers de Palestiniens, en admettant qu'ils rentrent de Syrie, du Liban ou de Transjordanie, continueraient, même sur un bout de sol palestinien, à être des réfugiés misérables, et les gouvernements arabes pourraient continuer à utiliser cette situation du peuple palestinien pour faire d'Israël le bouc émissaire et détourner l'attention de leur peuple des problèmes intérieurs comme ils le font depuis qu'Israël existe, Israël qui, de ce point de vue, a été une véritable bénédiction pour les Abdallah, Ibn Séoud et autres Nasser ou Khadafi, Israël qu'ils auraient inventé si l'impérialisme ne s'était pas chargé tout seul de le créer.
D'un autre côté, toutes les manœuvres des dirigeants sionistes et de l'impérialisme américain pourraient continuer comme par le passé. La population d'Israël se sentant toujours assiégée, comme elle se sent actuellement, ne verrait de salut que dans l'alliance avec les USA, et accepterait, comme elle l'accepte dans les faits depuis 25 ans, de servir de gendarme au service des Américains au Moyen-Orient.
En définitive, avec un État palestinien en Cisjordanie, il y aurait toujours un peuple palestinien à la recherche d'une patrie, un peuple israélien sur pied de guerre prêt à toutes les aventures en croyant que c'est la seule manière d'assurer sa survie, les États arabes d'un côté et surtout l'impérialisme de l'autre profitant à plein de cette situation pour manœuvrer au mieux de leurs intérêts.
Tout ce que l'on peut attendre - et ce serait sans doute la raison qui pourrait décider l'impérialisme américain à faire pression sur Israël pour aboutir à cette solution - c'est que le nouvel État palestinien, tout en restant hostile à Israël, en se donnant même pour but de récupérer toute la Palestine, mette au pas ceux des Palestiniens et celles de leurs organisations qui voudraient effectivement continuer la lutte, et ramène le calme. Cela diminuerait la tension actuelle. Le Moyen-Orient continuerait néanmoins d'être une poudrière, à laquelle le feu pourrait être remis à tout moment.
Prise de conscience et renouveau de la lutte des travailleurs israéliens
Un partage de la Palestine, tel que le prônent aujourd'hui les diplomates du monde entier, n'est pas une véritable solution au problème du Moyen-Orient. De toute façon il reste d'abord à l'imposer aux Israéliens. Mais il ne changerait au fond pas grand-chose à l'état de fait actuel.
La véritable solution, ce n'est pas que Palestiniens et Israéliens se partagent la Palestine en deux États fondamentalement ennemis. La paix ne pourra s'instaurer réellement dans cette région du monde que lorsque les Palestiniens pourront revenir dans leur pays s'installer et y vivre, de plein droit, c'est-à-dire à égalité complète avec les Israéliens. Les formes juridiques d'une telle coexistence peuvent être diverses et même variables dans le temps, aussi diverses qu'il y a de formules possibles pour une fédération des peuples de Palestine, le fond en tout cas est clair : l'égalité complète des uns et des autres sur tous les plans, non seulement juridique mais social, culturel, économique, etc...
Bien sûr c'est ce que prétend réclamer aujourd'hui l'OLP Nous ne sommes plus en effet au temps d'Ahmed Choukeiry qui prônait tout simplement de jeter les Juifs à la mer.
Mais le nationalisme arabe dont se réclament Arafat et ses compagnons ne permet pas de croire que c'est véritablement leur but. Il ne leur permet pas non plus de mener la politique qui gagnerait à leur cause la population israélienne, condition indispensable pour le réaliser. Bien pire, elle permet aux dirigeants sionistes, alors qu'Israël est depuis sa création l'oppresseur des Palestiniens, de maintenir dans la population israélienne le sentiment d'être les victimes des Arabes.
Et la politique des organisations palestiniennes qui se veulent plus radicales, plus à gauche que l'OLP, marxistes même, n'offre aucune autre perspective. Ce n'est rien d'autre d'ailleurs que de la surenchère sur la base nationaliste par rapport à la politique de l'OLP Si les dirigeants sionistes ne s'en chargeaient pas eux-mêmes, la politique des Habbache ou Hawatmeh ne ferait qu'approfondir encore le fossé entre les Palestiniens et la population israélienne. Ainsi, par exemple, les prises d'otages civils par les commandos suicides du F.D.P.L.P. ne peuvent aboutir à autre chose qu'à ancrer dans la population israélienne, y compris la population pauvre, y compris la classe ouvrière, l'idée que les Palestiniens sont ses ennemis, qu'elle n'a d'autre solution que de se ranger derrière les dirigeants sionistes qui ne lui proposent que la guerre à outrance.
Pourtant il est évident aussi que c'est sans doute en Israël que se trouve l'amorce d'une solution possible. Parce que c'est Israël qui est l'oppresseur, parce que c'est lui qui est du côté de l'impérialisme, et parce qu'il est plus difficile finalement à un peuple opprimé, comme l'est le peuple palestinien, de ne pas mener une politique nationaliste, qui a tout de même plus de justification que chez un peuple oppresseur.
Ouvrir une perspective révolutionnaire au Proche Orient, amorcer une politique qui permette la construction d'une Palestine où pourraient vivre fraternellement Juifs et Arabes, cela dépend essentiellement de la classe ouvrière israélienne.
C'est elle qui a intérêt aussi bien à rejeter le sionisme et l'alliance avec l'impérialisme, qu'à la fin de l'oppression du peuple palestinien et l'égalité entre les deux communautés.
Jusqu'ici cette classe ouvrière a suivi ses leaders sionistes. Mais malgré le nationalisme qui l'empoisonne et l'aveugle, elle ne peut pas non plus, comme toute la population pauvre d'Israël, ne pas ressentir l'impasse politique dans laquelle le sionisme a engagé les Israéliens, elle ne peut pas ne pas sentir que les frais de la politique sioniste ne sont pas payés seulement par les Palestiniens, même si ceux-là en sont les premières victimes, mais aussi par la population laborieuse d'Israël, et de plus en plus durement.
De cela, et d'une certaine prise de conscience des travailleurs israéliens, même si cette prise de conscience est loin d'être claire, les récentes mesures de dévaluation de la monnaie et de renchérissement du coût de la vie (certains produits de première nécessité ont doublé d'un seul coup), puis les manifestations et les émeutes qui les ont suivies sont des petites preuves.
Ces manifestations, ces émeutes, sont aussi la preuve que la classe ouvrière israélienne n'est pas forcément à tout jamais attachée à la bourgeoisie et aux dirigeants sionistes, qu'elle peut être gagnée à une autre politique.
Ceci est la tâche de l'extrême-gauche et des révolutionnaires israéliens. Ils sont sans doute peu nombreux, quasi-inexistants même. Ils militent dans des conditions extrêmement difficiles. Mais il n'est pas vrai que toutes perspectives leur soient fermées. Et, en tout cas, c'est sur eux que repose pourtant, aussi ténu qu'il puisse aujourd'hui paraître, l'espoir qu'un jour survienne une solution véritable, qui soit une solution pour les peuples juif et arabe de Palestine.