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Le problème syndical dans l'Espagne de Juan Carlos
Le 5 novembre 1976, était publié au Bulletin Officiel des Cortes, l'actuel Parlement Espagnol, le texte du projet de loi sur la réglementation du droit d'association syndicale, projet qui, dans les mois à venir, devrait être soumis à ce même Parlement.
Ce projet de réforme syndicale définit les conditions de légalisation des organisations syndicales autres que le seul syndicat actuellement reconnu officiellement, l'OSE (Organisation Syndicale Espagnole) - fréquemment désignée par le terme de CNS - mis en place par Franco.
Ce projet, dénoncé comme insuffisant par les partis et syndicats de l'opposition est certes limité. En effet, non seulement il exclut les militaires et tous les fonctionnaires du droit syndical mais de plus il laisse à l'État la possibilité d'intervenir arbitrairement et de décréter l'illégalité d'une organisation syndicale.
En effet, l'obligation pour toute organisation syndicale de se faire enregistrer auprès du ministre des Affaires Syndicales est bien une limite au droit syndical puisque cet enregistrement peut être refusé pour « non conformité à la loi » - terme qui dans un pays où les droits démocratiques ne sont pas officiellement reconnus ouvre la porte à tous les arbitraires. Quant à la possibilité que se réserve le gouvernement de suspendre provisoirement pour une durée d'un mois toute organisation syndicale, pour activité jugée « illégale », en attendant qu'une « autorité judiciaire compétente » - laquelle ? rien n'est précisé - se prononce, constitue une autre entrave majeure au droit syndical.
En retrait par rapport à la législation et à la pratique syndicales des autres pays européens, ce projet, en légalisant les organisations syndicales encore clandestines, favorisent néanmoins leur développement.
Car s'il est vrai que la classe ouvrière n'a pas attendu les « réformes » de Juan Carlos pour exercer le droit de grève, de réunion, pour constituer des organisations syndicales et politiques, il est non moins vrai que leur interdiction a écarté de toute forme d'organisation la grande masse des travailleurs espagnols.
Après quarante années de dictature, il est indispensable pour l'avenir des luttes ouvrières que les traditions d'organisation, de démocratie ouvrière renaissent non seulement au sein d'une avant-garde, mais dans les couches les moins conscientes de la classe ouvrière. Et le développement des formes d'organisations syndicales peut permettre de lier dans un même cadre la grande masse des travailleurs, de leur permettre de prendre conscience de leurs intérêts et de leur force.
Mais cette perspective qui est celle des militants révolutionnaires quand ils abordent les problèmes syndicaux n'est pas, bien sûr, celle du gouvernement espagnol. Mais elle n'est pas non plus celle des organisations ouvrières, politiques ou syndicales, liées à la social-démocratie ou au mouvement stalinien.
La fin du syndicalisme vertical
La réforme syndicale, avec la légalisation de syndicats issus de la classe ouvrière, apparaît dans l'Espagne d'aujourd'hui comme le complément indispensable des réformes politiques mises en place par Juan Carlos et qui visent à doter l'Espagne d'un régime de démocratie parlementaire semblable à celui des autres pays d'Europe.
L'intégration de partis ouvriers à un système parlementaire ne permet à la bourgeoisie de maîtriser mieux et d'assouplir ses relations avec la classe ouvrière que dans la mesure où de puissantes bureaucraties syndicales, bénéficiant de la confiance des travailleurs permettent de canaliser la combativité ouvrière vers des voies de garage et de limiter les risques d'affrontements violents.
C'est si vrai que les puissances capitalistes du Marché Commun, pourtant peu soucieuses des intérêts de la classe ouvrière, font de la mise en place d'institutions parlementaires et syndicales plus proches des leurs, une des conditions de l'admission de l'Espagne au sein du Marché Commun.
Or l'appareil syndical mis en place par Franco, l'organisation syndicale ouvrière, la CNS, est bien incapable de jouer ce rôle de tampon entre d'une part l'État et la bourgeoisie et, d'autre part, la classe ouvrière. Il n'a pas été créé pour cela et ses structures aussi bien que son mode de fonctionnement le rendent bien incapable de se reconvertir.
La partie permanente de cet énorme appareil est constituée de cadres syndicaux, désignés hiérarchiquement qui a à sa tête le ministre des Affaires Syndicales. Instrument direct de l'État, totalement dépendant du gouvernement, ce véritable corps de fonctionnaires qui a valu à cette organisation syndicale son qualificatif de « verticale », chapeaute totalement les structures électives constituées par l'ensemble des délégués syndicaux, des membres de comités d'entreprise et ceux des sortes de Conseils de Prudhommes dont la fonction est d'arbitrer certains conflits du travail.
En effet, si des travailleurs, des militants non opposés à la direction de la CNS peuvent être élus à ces postes, ils ne peuvent monter plus haut dans l'appareil et restent paralysés par celui-ci. A ce titre d'ailleurs, les dernières élections syndicales de juillet 1975 avaient été significatives de l'incapacité de cette organisation à se transformer en un syndicat traditionnel. Alors que des listes de candidats non reconnues par le syndicat officiel et constituées à l'initiative des Commissions Ouvrières avaient remporté l'immense majorité des suffrages et, qu'en conséquence, la plupart des délégués directement élus par les travailleurs s'en réclamaient, ceux-ci étaient éliminés dans les élections au deuxième degré.
Mais si aux yeux mêmes de la bourgeoisie l'époque du syndicalisme dit vertical est révolue, si pour elle la CNS doit céder politiquement la place à des organisations qui se sont forgées au sein même du mouvement ouvrier, tous les problèmes ne sont pas réglés pour autant.
Que va devenir ce monstrueux appareil, constitué aujourd'hui, d'après les évaluations officieuses de quelque 34 000 fonctionnaires, et riche d'une immense fortune, en particulier immobilière, accumulée grâce aux cotisations obligatoires des travailleurs
Les syndicats ouvriers demandent à juste titre sa dissolution, le partage de ses biens entre les organisations syndicales issues de la classe ouvrière. Mais ce n'est pas, et de loin, la solution vers laquelle le gouvernement espagnol s'oriente. Celui-ci, hostile à la dissolution de la CNS et au partage de ses biens, tente au contraire de reconvertir cet appareil. La création d'une vaste Administration Institutionnelle des Services Professionnels aux fonctions encore mal définies, de même que le projet de création d'un Conseil de l'Économie Nationale qui, en marge des institutions parlementaires, conserverait des liens directs avec le ministre des Relations Syndicales, s'inscrivent dans cette perspective.
Mais cette politique du gouvernement espagnol qui tente de concilier la CNS et les nouveaux syndicats, n'est pas simplement un arrangement pratique destiné à résoudre le problème de la reconversion du syndicat officiel, et à offrir des emplois à ses fonctionnaires syndicaux et des sinécures à ses anciens cadres. Elle n'est pas non plus simplement destinée à tranquilliser et neutraliser l'opposition de ce corps foncièrement réactionnaire et hostile aux réformes qu'est la bureaucratie de la CNS.
Non. L'attitude de Juan Carlos vis-à-vis de ce problème est en fait significative de toute sa politique de libéralisation. Elle est caractéristique de l'attitude de la bourgeoisie espagnole devant la mise en place de toutes les institutions qui doivent servir de base au futur système parlementaire dont elle a décidé de se doter. Le pouvoir actuel entend en effet agir avec prudence, rester maître du jeu. Et tout en laissant se développer les syndicats issus de la classe ouvrière, il ne fait rien pour leur faciliter la tâche et conserve ses arrières.
Tout le poids social de l'énorme appareil syndical issu du franquisme est un atout entre les mains du gouvernement qu'il pourra utiliser pour contre-balancer le poids que risquent d'acquérir les bureaucraties syndicales liées à la social-démocratie et au mouvement stalinien qui aujourd'hui se constituent.
Car le choix globalement fait par la bourgeoisie espagnole de s'engager sur la voie dite de la « libéralisation » ne l'empêche nullement de considérer les organisations ouvrières, même réformistes, comme des corps étrangers qu'il faut accepter tout en s'en protégeant d'autant plus que leur poids, leur audience réelle, sont inconnus.
Une division qui reflète les rivalités politiques des partis d'opposition
Ce projet de réforme syndicale ouvre des perspectives aux organisations syndicales ouvrières jusqu'alors clandestines. La légalisation des Commissions Ouvrières, de l'UGT, de l'USO, de la CNT entraînera sans doute le développement considérable de chacune d'elles. Néanmoins, ce projet ne permet nullement de définir quel sera dans l'avenir le râle et le poids réel de chacune de ces organisations.
Celles-ci sont d'ailleurs bien conscientes qu'il leur faut conquérir leur propre place et qu'il leur faut pour cela non seulement multiplier leurs liens avec la classe ouvrière, mais encore entrer en concurrence.
Et le refus de l'UGT, l'USO, la CNT de mettre en place une centrale syndicale unitaire, le renoncement récent à cette perspective par les Commissions Ouvrières s'expliquent à la fois par les antagonismes politiques profonds qui existent au sein du mouvement ouvrier espagnol, et par la situation dominante acquise durant la dictature par les Commissions Ouvrières liées au Parti Communiste.
L'écrasement du mouvement ouvrier espagnol lors de la victoire de Franco et la mise en place de la dictature, la répression, ont pratiquement détruit toutes les formes d'organisation politique et syndicale de la classe ouvrière. Seuls des noyaux militants isolés, coupés de la classe ouvrière, ont survécu dans les pires années du franquisme. Et il a fallu attendre plus d'une décennie, en fait le début des années 60, pour assister à un réveil du mouvement ouvrier, Les débuts du développement économique allant de pair avec une augmentation numérique de la classe ouvrière entraîna une montée des luttes revendicatives. Et l'adoption d'une politique de révision contractuelle des salaires, dite des « Conventions Collectives », servit de base à un début de restructuration du mouvement ouvrier.,
Dans ces luttes revendicatives dont certaines furent très dures, les premières formes d'organisation ne se sont pas reconstituées sur les bases des anciennes centrales syndicales. Et jusqu'à ces dernières années, l'UGT (Union Générale des Travailleurs), de tendance social-démocrate, et la CNT (Confédération Nationale du Travail), de tendance anarcho-syndicaliste, sont restées très embryonnaires.
Le cadre de ce renouveau du mouvement ouvrier a été constitué par les Commissions Ouvrières.
Créées à l'initiative de militants ouvriers venus d'horizons politiques différents puisque ce sont à la fois des militants catholiques, des militants du Parti Communiste qui les ont impulsées, les Commissions Ouvrières se sont développées au fil des luttes. Cadres organisationnels souvent plus ou moins informels des luttes ouvrières, celles-ci furent souvent éphémères. Une fois la lutte passée, elles se réduisaient bien souvent à un noyau militant extrêmement réduit.
Tolérées dans les mouvements, parfois même reconnues par le patronat comme interlocuteurs, elles pouvaient après coup faire l'objet de violentes répressions.
C'est le Parti Communiste Espagnol qui s'attela à la tâche de mettre en place une structure permanente des Commissions Ouvrières, et qui par là s'assura une position hégémonique dans ce mouvement qui ne prit ni l'aspect d'un mouvement syndical, ni celui d'un parti politique.
Mais la coexistence au sein des Commissions Ouvrières de militants d'obédience politique différente, ne doit pas faire illusion sur le caractère démocratique de celles-ci. Les structures de coordination devinrent rapidement le champ clos des luttes d'organisations politiques rivales.
Clair dès les années 66-67, le rôle dominant du PCE va s'affirmer au cours des années suivantes. Des groupes de militants se détachent, tels ceux qui constitueront l'USO. Mais la plus grave conséquence de cette mainmise du PCE, c'est qu'elle se traduisit par la constitution d'un appareil déjà bureaucratisé, hostile à toute réelle pratique de démocratie ouvrière.
La disparition de Franco, la montée des luttes ouvrières au printemps 76, ont fait encore apparaître plus clairement ce râle dominant du PCE. De même qu'il a aiguisé le désir du PCE de faire des Commissions Ouvrières sa propre courroie de transmission dans la classe ouvrière. La réélection de Camacho par 600 voix contre 50 à la direction du secrétariat national des Commissions Ouvrières en juillet fut un succès pour le PCE. Quant au départ de la minorité maoïste lors de l'Assemblée de Barcelone, le mois de septembre dernier, il lui laissa la place libre.
Le prochain Congrès qui doit se tenir dans les semaines qui viennent verra la constitution d'une organisation syndicale de type classique, appendice syndical du Parti Communiste.
C'est sans doute cette position hégémonique au sein des Commissions Ouvrières elles-mêmes, organisation la plus influente dans la classe ouvrière, qui permit longtemps au PCE de se dire favorable à la constitution d'une centrale syndicale unitaire. Et c'est bien pourquoi il est si peu surprenant que ces propositions unitaires soient restées vaines. Car la division syndicale est le reflet d'un problème politique beaucoup plus profond qui divise la gauche espagnole.
En effet, de même que les partis tels que les diverses formations socialistes n'ont nullement intérêt à lier leurs perspectives politiques à celles d'un Parti Communiste que la bourgeoisie se refuse encore à reconnaître, les diverses organisations syndicales liées au mouvement social-démocrate ont tout intérêt à apparaître à la bourgeoisie espagnole comme des alternatives différentes, indépendantes du mouvement stalinien, voire même hostiles à celui-ci. Et cela d'autant plus que leur faible poids militant, leur faiblesse numérique les rendraient infiniment minoritaires dans une organisation unitaire.
Ces organisations ont encore un poids faible. L'USO (Union Syndicale Ouvrière) s'est constituée vers 1966-67 autour de militants chrétiens des Commissions Ouvrières hostiles au PCE. Liée à la CFDT française, l'USO s'affirme depuis plusieurs années comme partisan d'une société autogestionnaire et d'un syndicalisme rajeuni. Mais elle s'avoue elle-même une organisation de militants et se propose de devenir une organisation de masse. Et son premier Congrès à Barcelone fait apparaître une organisation en fait peu implantée et peu structurée.
Quant aux deux organisations syndicales qui existaient avant la venue au pouvoir de Franco, l'UGT et la CNT, qui à partir de 1960 ont reconstitué de petits noyaux qui adoptaient en général des positions hostiles aux Commissions Ouvrières, elles ont aujourd'hui un poids très différent.
Depuis la montée au sein du PSOE, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, de l'équipe de l'intérieur dont le leader est Felipe Gonzalez, l'UGT très liée à ce parti a connu un renouveau. Elle annonce aujourd'hui 8 000 membres, mais il est difficile de savoir son implantation réelle. Et même si son anti-communisme apparaît moins virulent ces dernières années, il est clair que tout son jeu vise à préparer à la bourgeoisie une force qui fasse contrepoids au PCE et aux Commissions Ouvrières.
Quant à la CNT, qui n'a refait son apparition que depuis la mort de Franco, elle ne regroupe actuellement semble-t-il que quelques noyaux en Catalogne, tandis que l'anti-communisme est une constante de sa politique.
La pluralité syndicale apparaît donc comme un choix irréversible des organisations syndicales espagnoles. Et la coordination des organisations syndicales - la COS - née en juin dernier, n'apparaît donc pas comme un pas en avant vers la constitution d'un cadre organisationnel unitaire où se confrontent démocratiquement les diverses tendances du mouvement ouvrier. Elle n'a même pas pour but de coordonner les luttes ouvrières afin de leur donner plus de force et plus d'ampleur. Et la grève générale organisée en commun le 12 novembre est à ce titre significative car elle avait plus à voir avec une de ces journées d'action auxquelles nous ont habitués les organisations politiques françaises, qu'avec une tentative d'unification des luttes ouvrières.
La Coordination des Organisations Syndicales n'est en fait qu'une sorte de pacte commun destiné à renforcer le poids de chacune d'elles face au gouvernement, sans qu'aucune pour autant ne se lie les mains.
Toute cette situation exprime en fait les ambitions profondément bureaucratiques des organisations tant syndicales que politiques de la classe ouvrière espagnole. Elle est la conséquence directe de leur projet politique qui est de se tailler dans la société espagnole une place semblable à celle de leurs homologues français, italiens ou allemands.
Et le nouveau mouvement syndical qui est en train de se structurer en Espagne sort de l'illégalité avec toutes les caractéristiques bureaucratiques et réactionnaires des grandes centrales en place dans les pays capitalistes dits démocratiques.
Quelles perspectives pour les révolutionnaires socialistes ?
Mais tout cela n'est pas pour autant une raison pour que les révolutionnaires en Espagne négligent l'activité syndicale. Dans les mois et les années à venir, c'est peut-être vers les syndicats que se tourneront des centaines de milliers de travailleurs espagnols.
Pour que ce regain de participation des travailleurs aux formes d'organisation syndicale serve à autre chose qu'à renforcer telle ou telle bureaucratie syndicale naissante, il faudra que la classe ouvrière compte dans ses rangs des militants qui lui ouvrent d'autres perspectives que celles des organisations réformistes ou stalinienne de la gauche espagnole.
Les militants révolutionnaires socialistes ont aujourd'hui, en Espagne, un rôle important à jouer dans le développement du mouvement syndical. Dans cette période où le problème n'est pas de précipiter un affrontement avec la bourgeoisie mais bien plutôt d'augmenter le niveau de conscience de la grande majorité des travailleurs, les militants révolutionnaires doivent profiter de toutes les possibilités légales pour donner aux travailleurs confiance dans leur force, pour leur redonner le goût et l'habitude de s'organiser, de prendre en main leurs propres affaires. C'est ainsi qu'ils aideront la classe ouvrière à renforcer ses positions.
Trop minoritaires, les mouvements révolutionnaires n'ont sans doute pas la force de contraindre les appareils syndicaux à renoncer à leur politique de division de la classe ouvrière. Mais en réalisant partout où c'est possible l'unité d'organisation de la classe ouvrière, en aidant les travailleurs à surmonter dans les quartiers, les usines, les barrières que, par des pratiques bureaucratiques, les bureaucrates syndicaux dressent pour séparer les travailleurs, ils peuvent néanmoins susciter chez des milliers de travailleurs un courant favorable à l'unité organisationnelle de la classe ouvrière. Ils peuvent contribuer à faire que demain des milliers de travailleurs imposent' dans les luttes petites et grandes le respect de la démocratie ouvrière.
Ils rencontreront dans cette voie la résistance et l'hostilité des bureaucrates syndicaux. Mais ils gardent d'autant plus de possibilités d'intervenir que les appareils syndicaux qui se constituent sont infiniment moins structurés que les appareils des grandes centrales syndicales existant en France, en Angleterre, en Allemagne ou en Italie.