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Analyse et illusions: de la « renaissance du bolchevisme en URSS » à la reconstruction de la Quatrième Internationale
L'existence en URSS, depuis une dizaine d'années, de courants oppositionnels ayant réussi, au moins partiellement, à faire connaître leur existence et leurs revendications, est un phénomène indiscutable, dont les révolutionnaires doivent suivre le développement avec la plus grande attention. Ce serait évidemment un événement capital si, dans le pays qui vit la première révolution prolétarienne victorieuse de l'histoire, on entendait s'élever de nouveau aujourd'hui, aussi faiblement que ce fût, la voix du bolchevisme. Mais ce serait aussi une tragique erreur, pour des révolutionnaires, de prendre leurs désirs pour des réalités, et de considérer comme des courants communistes, au sens vrai, c'est-à-dire prolétarien, du terme, des courants qui ne le seraient pas.
La question de l'appréciation politique des différents courants d'opposition qui existent en URSS est donc aujourd'hui un problème de première importance.
Quant à cette appréciation, les deux principales tendances françaises issues de l'éclatement, en 1952-53, du Secrétariat International de la IVe Internationale, partagent fondamentalement la même vision des choses. C'est ainsi que le volume de textes édité par l'OCI sous le titre « Samizdat I » porte en sous-titre « La voix de l'opposition communiste en URSS », et s'ouvre sur ces lignes, sans équivoque possible, dues aux rédacteurs de l'OCI : « Il importait, dès les premières lignes de cette présentation de situer le combat de la nouvelle opposition communiste en URSS (et en Europe orientale) dans son cadre véritable : celui de la lutte des exploités et des opprimés du monde entier contre la bourgeoisie mondiale et son alliée, la bureaucratie thermidorienne du Kremlin ». De même, les « Mémoires d'un bolchevik-léniniste », texte anonyme publié par l'ex-Ligue Communiste, sont intitulées « Renaissance du bolchevisme en URSS », et sont précédées d'une déclaration non moins claire du Secrétariat Unifié de la IVe Internationale commençant ainsi : « La naissance d'une nouvelle opposition communiste en URSS constitue un des événements les plus importants des dernières années. Toute proportion gardée, elle représente un véritable tournant de la situation mondiale... ».
Mais voyons comment l'OCI et l'ex-Ligue Communiste en arrivent à cette conclusion, quels arguments, quelle analyse, leur permettent des déclarations aussi péremptoires.
Dans la présentation, déjà citée, des textes réunis sous le titre de « Samizdat I », les rédacteurs de l'OCI écrivent par exemple : « cette opposition est à la fois anti-capitaliste et anti-stalinienne. Elle se réclame de la tradition et des conquêtes socialistes d'Octobre. Elle veut renouer le fil du bolchevisme ».
L'OCI reconnaît certes que cette opposition a des « contours encore diffus » . Mais c'est pour se féliciter aussitôt que « l'idéaliste Siniavsky se réclame du socialisme, le chrétien Lévitine-Krasnov aussi; les chrétiens-sociaux de Léningrad voient une Russie de demain où régnerait l'esprit de l'Évangile dans le cadre dune économie collectivisée; tous dénoncent l'image que l'appareil et la bureaucratie donnent du socialisme dont ils se prétendent l'incarnation et qu'ils discréditent » .
Ainsi, pour l'OCI, la meilleure preuve que les opposants soviétiques actuels se placent sur le terrain de la lutte pour le socialisme, serait qu'eux mêmes se disent socialistes, fussent-ils par ailleurs idéalistes ou chrétiens. Que voilà une curieuse manière de raisonner pour des camarades qui se réclament du marxisme.
Et le fait qu'il s'agisse des opposants soviétiques ne change rien à l'affaire, bien au contraire. Si dans les pays capitalistes il ne suffit pas d'une simple référence au socialisme, ni même au marxisme-léninisme, pour caractériser un homme ou une tendance, c'est encore plus vrai en URSS, pays qui se proclame lui-même socialiste, et où le marxisme-léninisme a été élevé (ou plutôt abaissé) à la hauteur d'une religion d'État. Après tout, Brejnev et Kossyguine eux aussi se disent « socialistes » et « marxistes-léninistes », et de telles références prouvent d'autant moins de choses en Union soviétique qu'elles vont dans le sens du conformisme social.
Les propos anti-staliniens de certains opposants dont les rédacteurs de l'OCI font grand cas, comme le « Stalinisme, non ! Léninisme, oui ! » de lakhimovitch, la déclaration de Kosterine suivant laquelle « la seule alternative au capitalisme et au socialisme stalinien, c'est le marxisme-léninisme, épuré, débarrassé de la boue » , ne prouvent pas non plus qu'ils se placent sur le terrain de la lutte pour la révolution socialiste.
Ni l'OCI, ni l'ex-Ligue Communiste n'osent d'ailleurs prétendre que les opposants soviétiques se battent sur un programme ou même une orientation politique explicitement communiste. C'est ainsi que les rédacteurs de l'OCI reconnaissent que « si les intellectuels, les étudiants, les travailleurs qui s'opposent à l'appareil et à la bureaucratie se réclament du communisme, s'ils s'affirment communistes, cela ne signifie cependant pas qu'ils aient un « programme » communiste clair et précis » ; et les mêmes notent plus foin que les opposants soviétiques « n'ont pas, ou pas tous, clairement conscience de ce que cette lutte n'a de signification que comme élément constitutif de la lutte mondiale des classes, que comme élément du combat pour abattre l'impérialisme, et son rempart: le stalinisme » . Mais c'est pour ajouter aussitôt : « Mais leur lutte ... les a conduits aujourd'hui au point où ils sont inéluctablement amenés à se poser ces problèmes, et où ils commencent effectivement à le faire ».
Autrement dit, pour l'OCI, l'opposition soviétique actuelle, malgré le sous-titre de son livre, n'est pas encore une opposition communiste, mais comme elle ne peut que le devenir, cette anticipation n'a aucune importance.
Une telle manière de poser le problème caractérise le manque de sérieux des rédacteurs de l'OCI. Car s'il est bien évident qu'après quarante ans et plus de stalinisme, personne ne peut s'attendre à voir une nouvelle opposition communiste surgir de rien d'un seul coup, s'il est évident aussi que le bouillonnement qui agite actuellement l'intelligentsia soviétique est gros de bien des possibilités, y compris celle du développement d'une authentique opposition communiste, mais la moindre honnêteté politique oblige à tenir l'opposition soviétique actuelle pour ce qu'elle est réellement aujourd'hui, et non pour l'un des multiples courants auxquels elle peut peut-être donner naissance demain.
Les différents courants d'opposition au régime qui se manifestent actuellement en URSS divergent d'ailleurs très sensiblement les uns des autres, et l'on ne peut, sans abus, les considérer comme des tendances d'une même opposition que si l'on pense que ces différentes tendances expriment toutes les intérêts et les aspirations d'une même couche sociale. C'est manifestement ce que fait le Secrétariat Unifié quand il écrit : « on peut distinguer une droite (l'académicien Sakharov) partisan de la théorie de la « convergence » entre un capitalisme qui se « socialise » et la société soviétique qui se « démocratise », dépourvue de souffle révolutionnaire et de compréhension pour les problèmes révolutionnaires mondiaux et ne cherchant nullement une action des masses. La gauche est représentée par d'authentiques bolcheviks ... dont les représentants les plus éminents sont le major-général Grigorenko et le vieux bolchevik Kosterine, aujourd'hui décédé » .
Même si Grigorenko n'est pas « l'authentique bolchevik » que le SU affirme, ce n'est pas l'avantager qu'en faire le représentant de l'aile gauche d'une opposition unique dont Sakharov serait le porte-parole de l'aile droite !
Mais une telle présentation des faits découle automatiquement du postulat, commun à l'OCI et à l'ex-Ligue Communiste, comme quoi tous ceux qui, en URSS, s'opposent à la politique de Brejnev et de Kossyguine, en ne rejetant pas le socialisme, représenteraient peu ou prou les intérêts de la classe ouvrière et du socialisme. Or, c'est outrageusement simplifier et déformer les choses (en se condamnant par la même occasion à ne rien comprendre à ce qui se passe en URSS) que de croire que, par rapport à la politique de l'équipe en place, il ne peut y avoir que deux sortes d'opposants : les partisans du retour au capitalisme (dont on nous parle. le moins possible), et les « nouveaux bolcheviks » (qui engloberaient tous les autres). Et c'est à une telle absurde simplification que se livrent implicitement l'ex-Ligue Communiste comme l'OCI en se refusant d'envisager la possibilité que les différents courants d'opposition qui existent en URSS puissent incarner d'autres intérêts sociaux que ceux du prolétariat, et éventuellement des intérêts sociaux différents les uns des autres.
A la droite de l'éventail politique que constituent les différents courants d'opposition, se situent des gens qui aspirent sans l'ombre d'un doute à la restauration du capitalisme en URSS, et qui se font ouvertement les porte-parole des démocraties bourgeoises, de la bourgeoisie mondiale. C'est le cas en particulier du « Mouvement démocratique » dont le programme a été édité dans le recueil de textes intitulé « La Russie contestataire - documents de l'opposition soviétique » (éditions Fayard). Les rédacteurs de ce programme ne dissimulent pas leur pensée. « Nous considérons - écrivent-ils - que le capitalisme comporte des valeurs sociales positives et qu'il les développe sans cesse; que le capitalisme assure à ce jour dans le monde: a) le plus haut niveau de vie (l'URSS est à la dix-septième place), b) les plus grandes libertés individuelles (I'URSS est à l'une des dernières places); que la lutte contre le capitalisme sous toutes ses formes est criminelle et inutile.. Nous considérons que tout appel aux révolutions sanglantes et violentes lancé dans n'importe quelle partie du monde avec l'aide d'un groupe social arbitrairement choisi, et quelle que soit son origine, est irresponsable, criminel et injustifié sur le plan historique... ». Et le « Mouvement démocratique » revendique la « création d'une économie triple avec trois types de propriétés des moyens de production :propriété d'État (de tout le peuple), propriété de groupe (collective), et propriété privée (personnelle), réglées par la consommation et le marché ».
Si Sakharov défend en ce domaine des positions infiniment plus nuancées (du moins publiquement) il n'est pas non plus insensible au « charme discret de la bourgeoisie », ainsi que l'atteste sa théorie de la « convergence » entre les deux blocs, et la revendication d'une « transition partielle vers une économie mixte » formulée dans l'interview téléphonique accordée à l'Express en septembre dernier. Son intervention en faveur de Pablo Neruda auprès de Pinochet, à la même époque, dans laquelle il parlait de « l'époque de renaissance et de consolidation annoncée par votre gouvernement (celui de Pinochet) » est tout aussi significative. Mais cela ne signifie pas pour autant que Sakharov soit un partisan du retour du capitalisme en URSS, car il n'y a pas que Sakharov, c'est toute la bureaucratie qui est sensible par nature à la pression de la bourgeoisie mondiale.
Sakharov met surtout l'accent sur la défense des « droits démocratiques », et apparaît, comme tel, comme le porte-parole de ceux des bureaucrates qui aspirent à vivre dans un régime politique mains oppressant, pour pouvoir profiter plus librement de leurs privilèges et qui, loin de s'opposer à la politique de coexistence pacifique des Brejnev et des Kossyguine, aspirent au contraire à pousser celle-ci encore plus loin, à rechercher plus profondément encore la collaboration avec l'impérialisme.
Ce sont manifestement les aspirations de couches semblables de la bureaucratie qu'exprime aussi l'historien Roy Medvedev. Il est significatif par exemple que dans son ouvrage sur « Le stalinisme ». Medvedev, lorsqu'il parle de la lutte entre la fraction stalinienne et l'opposition de gauche, s'il condamne les méthodes staliniennes, se range résolument du côté de Staline en ce qui concerne le socialisme dans un seul pays, et lui reproche même de s'être encore déclaré, au début de 1924, partisan de la révolution socialiste mondiale. Significatif, parce que la théorie du socialisme dans un seul pays fut précisément la traduction dans le domaine de l'idéologie, des aspirations de la bureaucratie à jouir en paix de ses privilèges.
Écrire, comme le font les rédacteurs de l'OCI, que « Medvedev s'adresse aux membres de l'appareil qui ne veulent pas accepter les risques monstrueux d'une nouvelle vague terroriste » n'est pas suffisant, car cela sous-entend que Medvedev s'adresse tactiquement à ces gens-là, alors qu'en fait tous ses écrits montrent que c'est en leur nom qu'il parle.
En fait, l'erreur de l'OCI et del'ex-ligue communiste, en ce qui concerne la nature des courants d'opposition regroupés autour des gens comme sakharov et comme medvedev, c'est de croire que tous les membres de la bureaucratie sont derrière brejnev et kossyguine, ou du moins que ceux qui s'opposent à l'équipe gouvernementale en place ne peuvent que se ranger dans 1a « fraction reiss » comme dit l'OCI, c'est-à-dire dans la fraction de la bureaucratie potentiellement prête à rejoindre le prolétariat en cas d'affrontement entre la classe ouvrière russe et la caste parasitaire qui l'exploite. mais il n'en est rien. la bureaucratie soviétique est une couche hétérogène sociale aux contours flous, mal définis, et il est normal qu'un certain nombre de ses membres aspire à desserrer l'étau de la dictature politique dont ils souffrent, en dépit de leur situation privilégiée.
C'est d'autant plus normal que l'histoire de ces dernières années ne leur a pas démontré, comme les gigantesques affrontements sociaux des années 1920 et 1930 l'avaient fait pour la génération précédente, la nécessité de cette dictature pour le maintien de leurs privilèges. Voir dans ces gens-là, sous prétexte qu'ils mettent en avant un certain nombre de revendications démocratiques, l'expression d'une opposition communiste au régime de Brejnev, c'est se tromper lourdement . Le « Mouvement démocratique » pro-capitaliste défend d'ailleurs lui aussi les mêmes revendications démocratiques, et il est clair que dans le cadre de l'URSS actuelle, toute opposition, quelle que soit sa base sociale, ne peut que mettre en avant dans un premier temps un certain nombre de revendications démocratiques, sans qu'on en puisse rien déduire.
L'ensemble de la bureaucratie, y compris ses sommets dirigeants, aspire d'ailleurs à vivre plus librement qu'à l'époque stalinienne. La dénonciation du « culte de la personnalité » par Khrouchtchev lors des XXe et XXIle Congrès du PCUS traduisait d'ailleurs, dans une certaine mesure, cette aspiration, comme la traduit également le fait qu'un homme comme Sakharov puisse s'exprimer presque librement. Car ce n'est pas la montée de la révolution politique, la montée du prolétariat, qui obligent Brejnev à un comportement différent de celui de Staline en ce domaine. Si montée de la révolution politique il y avait, on verrait au contraire le régime durcir la répression et vraisemblablement la plus grande partie de la bureaucratie, en tout cas ses sommets, faire bloc autour de ce régime. Ce n'est pas non plus la réputation internationale de Sakharov qui le met à l'abri de la répression. Cette réputation joue bien sûr un certain rôle, mais Staline a liquidé des quantités de gens aussi connus que Sakharov.
En fait, si un homme comme Sakharov peut s'exprimer avec une relative liberté, c'est soit que Brejnev et ses acolytes pensent que l'expression d'un certain nombre de divergences au sein des couches dirigeantes peut être tolérée, parce qu'elle ne met pas le régime en danger, soit que le rapport des forces, non pas entre le prolétariat et la bureaucratie, mais entre la fraction politique dirigeante et les couches de la bureaucratie qui aspirent à une libéralisation du régime, leur impose une telle'tolérance.
Restent enfin les courants d'opposition représentés par des hommes comme lakir et Grigorenko, et qu'on ne laisse pas, eux, s'exprimer aussi librement. Eux aussi luttent avant tout pour l'obtention d'un certain nombre de libertés démocratiques, et rien, dans leurs déclarations connues (nous ne parlons évidemment que des déclarations faites librement, et non des aveux arrachés à lakir au cours de son procès) ne permet de dire que ces revendications démocratiques ne sont que la manière dont se manifestent les aspirations de telle ou telle couche sociale privilégiée. On trouve même dans les textes de ces opposants un certain nombre de propos allant bien plus loin que les simples revendications démocratiques, comme par exemple la référence à l'« Octobre mondial » contenue dans la lettre de 1967 des fils et filles de vieux bolcheviks assassinés à la direction du PCUS. Mais cela non plus ne suffit pas pour affirmer qu'il s'agit-là d'une opposition prolétarienne et communiste.
Socialement ces courants-là, comme les autres, sont essentiellement représentés par quelques poignées d'intellectuels. Ils ne sont pas liés à la classe ouvrière, ce qui ne dépend pas seulement d'eux, et surtout, et cela dépend uniquement d'eux, ils ne se sont encore jamais expliqués sur la manière dont ils conçoivent leurs rapports avec cette classe ouvrière, sur le rôle que celle-ci doit jouer dans la révolution politique pour le renversement de la bureaucratie en Union soviétique.
Or c'est là que réside le problème-clé. Car le critère fondamental n'est pas, comme le laissent entendre les rédacteurs de l'OCI, la question du « second parti » qu'il faudrait construire face au PCUS, ce n'est pas non plus, comme semble le croire Rouge (l'organe de l'ex-Ligue Communiste) dans son numéro du 19 octobre, les préoccupations que Grigorenko nourrirait pour le mouvement communiste international. Le critère fondamental est celui de l'attitude de ces courants d'opposition par rapport à la classe ouvrière, du moins pour des marxistes.
Il ne fait pas de doute que si des « nouveaux bolcheviks » doivent sortir de l'ensemble des courants d'opposition existant aujourd'hui en URSS, ils sortiront vraisemblablement du courant démocratique radical représenté entre autres par Grigorenko. Mais pour le moment, il ne s'agit que d'un courant démocratique radical, qui ne revendique d'ailleurs pas le retour à la démocratie soviétique des lendemains d'Octobre 1917, c'est-à-dire le retour au pouvoir exercé effectivement par la classe ouvrière, mais la simple application de la constitution de 1936. Et rien ne permet d'affirmer quelle sera l'attitude des hommes appartenant à ce courant devant une montée ouvrière.
Cette discussion sur ce que représentent les différents courants d'opposition existant aujourd'hui en URSS est une discussion fondamentale, car tous ceux qui se battent sur le terrain de la révolution mondiale et de la reconstruction de la IVe Internationale sont partie prenante dans les luttes politiques qui se déroulent aujourd'hui en URSS Les révolutionnaires sont évidemment solidaires de tous ceux qui luttent pour l'élargissement de la démocratie soviétique, et ils pensent que la lutte pour les revendications démocratiques ne peut qu'être au centre de la lutte révolutionnaire en URSS, même si un certain nombre de courants bureaucratiques ou même franchement réactionnaires formulent en partie ces mêmes revendications, car les révolutionnaires sont convaincus que l'avenir de l'URSS, ce n'est ni une bureaucratie « éclairée », ni le retour au capitalisme, mais au contraire le retour aux conseils ouvriers. Et ils sont de ce fait convaincus que c'est d'abord et avant tout à la classe ouvrière que l'approfondissement de la démocratie profiterait.
Mais cette solidarité avec ceux qui luttent pour desserrer l'étau bureaucratique ne doit pas nous cacher notre tâche fondamentale qui est à terme, même si nous n'avons guère de moyens de la mener à bien aujourd'hui, la construction en URSS d'un parti révolutionnaire, de la section soviétique de la IVe Internationale.
Et les appréciations portées sur les différents courants d'opposition soviétiques montrent que ni le SU, ni les organisations de l'ancien Comité International, ne sauraient mener cette tâche à bien sur la base de leur politique actuelle. Les uns et les autres sont en effet prêts, là aussi, à se mettre à la remorque de courants démocratiques non-prolétariens, et c'est une attitude qui peut un jour être lourde de conséquences.