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Une démocratie rénovée
Le XVIe Congrès du Parti Communiste Français, qui se tint à St-Denis les 12, 13, 14 mai, s'est terminé en laissant le Parti « mieux armé pour poursuivre sa lutte pour le progrès, la liberté et la paix » et ses membres mieux préparés pour lutter « pour le châtiment des généraux factieux et de tous leurs complices, pour que la négociation d'Evian soit conduite sans condition préalable, sans menace et sans manoeuvre, dans le cadre du droit du peuple algérien à l'autodétermination réelle ». (Editorial de l'Humanité du 16 mai, dont l'enthousiaste auteur René Andrieu, rédacteur en chef, est l'un des nouveaux venus au Comité Central).
Il est bien évident que malgré l'optimisme de l'éditorial cité, si les militants du PC, se trouvent mieux armés après ce Congrès, c'est vraiment qu'ils ne l'étaient guère avant. Les congrès du PCF ne sont généralement qu'une formalité administrative vide de vie réelle autant que d'intérêt ainsi que - c'est d'ailleurs lié - d'influence sur la marche du parti ; mais celui-ci, de ce point de vue, est bien l'un des plus creux de ces dernières années.
Le seul fait marquant de ces assises s'est déroulé, non pas durant ces trois jours, mais il y a plusieurs mois déjà. C'est l'affaire « Servin-Casanova ». Cette affaire y a trouvé en principe son épilogue. En réalité, il est vraisemblable qu'elle n'avait été montée à l'époque que pour empêcher de s'exprimer, au travers de la préparation du Congrès, le trouble que les militants du PCF n'ont pas manqué de ressentir devant la politique de renoncement de leur parti (trouble manifesté entre autres par l'écho qu'a trouvé chez les jeunes communistes l'appel à l'insoumission et par les réactions de la base lors du sabotage de la Manifestation de la Mutualité du 27 octobre).
La condamnation préalable des déviationnistes Servin et Casanova, l'approbation par toutes les sections et fédérations de la ligne politique du Parti obtenue à cette occasion, ne laissaient pas place à la moindre discussion qui eut pu, pour une fois, se faire - et pas place à ce congrès au moindre délégué tant soit peu opposant.
A moins que l'on considère comme marquant le fait que, sans craindre les rapprochements aussi actuels qu'élevés, Thorez s'est choisi un dauphin et a créé pour la circonstance, à toutes fins utiles, un poste de « secrétaire général adjoint » à l'usage de Waldeck Rochet. Il est certain que les mêmes causes produisant les mêmes effets, l'appareil bureaucratisé du Parti ne peut, pas plus que la bureaucratie d'État gaulliste, risquer de « vacance du pouvoir ».