(extrait d'un article paru le 21/01/1944 dans La lutte de classes clandestine)

La commémoration annuelle de la mort de Karl Liebknecht, de Rosa Luxembourg et de Lénine (survenue au mois de janvier 1919 pour les premiers et en janvier 1924 pour le dernier) n'est pas pour nous l'accomplissement d'un rite consacré par une espèce de culte « prolétarien ». La marche de l'humanité vers le communisme exige qu'on ne réveille point sous des formes nouvelles, d'anciennes superstitions. Nous en avons besoin pour opposer aux tendances réactionnaires qui dans le camp ouvrier représentent l'influence de la bourgeoisie, l'exemple toujours éclatant des véritables fondateurs de la IIIe internationale.

Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg ont milité en Allemagne avant et pendant la Première Guerre mondiale, Lénine en Russie. De ce fait les méthodes organisationnelles et tactiques de Karl et de Rosa n'avait pas encore atteint, au moment où leur assassinat les arracha à leur vie de militant, la justesse des méthodes par lesquelles Lénine fit la première brèche dans le système capitaliste mondial. Mais « il n'ont pas dit leur dernier mot » et il n'est pas douteux que s'ils avaient pu continuer leur carrière ils seraient arrivés à appliquer en Allemagne les méthodes fondamentales qui avait permis à Lénine et à Trotsky de vaincre dans l'ancien empire des tsars.

Cependant leurs divergences tactiques n'entament en rien leur profonde unité politique, leur fusion sous un seul symbole : les trois L. Lénine avait appelé Rosa et Karl « les meilleurs militants de la IIIe internationale ». Si Lénine représente en particulier des méthodes organisationnelles et une tactique ayant subi avec succès les épreuves des événements les trois ensembles sont le symbole même de l'internationalisme prolétarien.