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Les tartufes
Malgré le OUI « large et massif » qu'il voulait obtenir, et qu'il a obtenu, du corps électoral, tous les commentateurs sont d'accord : de Gaulle se trouve devant un problème intact. Concilier les aspirations du peuple algérien, les exigences du FLN et celle de l'extrême droite française appuyée Jules Moch sur toute la masse des Européens d'Algérie, est impossible. Il faut un choix. L'énergie des masses algériennes tenant tête depuis six ans à toute l'armée française, l'incapacité où se trouve de Gaulle de briser l'extrême droite autrement que contraint, tracent les limites de ce choix.
L'approbation qu'il a cherchée auprès du corps électoral était bien plus dirigée contre le FLN que contre les ultras.
Il a été aidé en France même par les partis qui se prétendent les plus opposés à sa politique. Le PCF s'est réfugié dans le NON car en restant sur le terrain choisi par de Gaulle, le terrain électoral sous son pire aspect, le plébiscite, il pouvait se payer le luxe d'une opposition verbale qui ne l'engage à rien.
Ses dirigeants savaient en effet aussi bien que quiconque qu'il y aurait une majorité considérable de OUI. Faire voter NON était seulement un moyen sûr de rejeter sur les masses la responsabilité de leurs propres carences.
C'est sur ce terrain seul que le PCF est capable de s'opposer au régime
La seule façon dont les organisations ouvrières auraient pu hâter la paix aurait été d'appeler les travailleurs à appuyer la lutte du peuple algérien. Cela pour faire basculer en faveur de ce dernier l'équilibre actuel des forces. De simples manifestations auraient été un acte bien plus positif dans cette voie que tous les NON de dimanche dernier parce que quelques centaines de milliers de travailleurs en lutte, et les grévistes belges en sont un exemple, représentent infiniment plus que le même nombre d'électeurs.
Le PCF avait largement la force d'intervenir de cette façon. Ce qui lui manquait c'était la volonté de le faire. S'opposer à de Gaulle dans le cadre permis et même souhaité par lui (quel « valeur » aurait eu le plébiscite s'il n'y avait pas eu de NON), le PCF en est capable. Organiser la moindre action en dehors de ce cadre, ses dirigeants n'y songent même pas.
Ceux qui ont cru, en votant aux côtés du PC, contribuer à le faire s'engager contre le régime, n'ont contribué, en fait, qu'à propager au sein de la classe ouvrière leurs propres illusions parlementaristes et, surtout, ce qui est encore plus grave, à démobiliser les travailleurs au lendemain d'une fausse défaite.