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- Lutte de Classe n°28
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Faux-fuyants et moyens véritables
Le Parti Communiste a proposé à différentes organisations, à toutes celles qui le voulaient bien, de faire du 6 décembre prochain une « journée nationale d'action contre le terrorisme de l'OAS et le fascisme ». Quelques organisations ont accepté, d'autres pas et d'autres encore n'ont pas répondu.
Qu'une telle journée soit souhaitable, nul n'en disconvient. Seulement, fidèle à ce qui semble désormais être une habitude, le PCF laisse les travailleurs juges de l'action qu'il convient de mener, « arrêts de travail, manifestations diverses, etc. ». Ce n'est pas par souci de démocratie que le PCF ne se prononce pas résolument pour une forme d'action déterminée à laquelle il appelle tous les travailleurs. C'est simplement parce qu'il ne peut plus, strictement ne rien faire face aux agissements de l'OAS Ses propres permanences sont maintenant frappées et ses militants sont troublés.
Mais il ne peut pas non plus mener une lutte résolue et efficace contre l'OAS A l'heure actuelle, toutes les questions politiques sont liées. Réduire l'OAS, empêcher ses groupes de choc d'agir ou les détruire, nécessiterait une mobilisation des militants communistes et de l'ensemble de la classe ouvrière qui, à coup sûr, dépasserait le but fixé. D'autant plus que l'OAS se confond avec les États-Majors de l'armée et de la police. La lutte contre l'OAS donnerait les moyens à la classe ouvrière de lutter contre le pouvoir. Et lutter contre le pouvoir, le PCF ne le veut pas.
La bureaucratie russe a changé de maître, mais elle est restée ce qu'elle était : la principale force contre-révolutionnaire existant au monde. Et Thorez continue de la représenter en France. Il est évident, cependant, que quels soient les aspects négatifs de la journée prévue le 6 décembre, il est nécessaire d'y participer. D'y participer en tentant d'éclairer les travailleurs sur l'efficacité des moyens employés. En tentant de leur offrir d'autres voies.
Lorsque des comités anti-fascistes existent dans entreprise, il est vital de tenter de les transformer, et de s'en servir comme d'une tribune. C'est le meilleur moyen de pouvoir en montrer l'insuffisance aux travailleurs. Lorsqu'il est possible de créer des comités anti-fascistes sur d'autres bases, c'est-à-dire sans les pleutres, les bavards, les attentistes et les hypocrites, il faut le faire. Car l'exemple d'une activité juste même dans un petit secteur, même dans un seul atelier, vaut mieux que toutes les critiques.
Le PCF fait semblant d'agir, soit. Mais pas les travailleurs. Tout laisse penser que c'est cela que l'avenir nous montrera.
Extrait de « Où va la France ? » (octobre 1934) de L. Trotsky
La milice ouvrière et ses adversaires
« Pour lutter, il faut conserver et renforcer les instruments et les moyens de lutte, les organisations, la presse, les réunions etc. Tout cela, le fascisme le menace directement et immédiatement. Il est encore trop faible pour se mettre à la lutte directe pour le pouvoir ; mais il est assez fort pour tenter d'abattre les organisations ouvrières morceau par morceau, pour tremper dans ces attaques ses bandes, semer dans les rangs ouvriers l'accablement et le manque de confiance dans leur force. En outre, le fascisme trouve des auxiliaires inconscients dans la personne de tous ceux qui disent que la « lutte physique » est inadmissible et sans espoir et réclament de Doumergue le désarmement de ses gardes fascistes. Rien n'est si dangereux pour le prolétariat, surtout dans les conditions actuelles que le poison sucré des faux espoirs. Rien n'accroît autant l'insolence des fascistes que le « pacifisme » mollasse des organisations ouvrières. Rien ne détruit autant la confiance des classes moyennes dans le prolétariat que la passivité expectante, que l'absence de volonté de lutte...
La milice, en tant que forte organisation de l'avant-garde, est en fait le moyen le plus sûr contre les aventures, contre le terrorisme individuel, contre les sanglantes explosions spontanées. La milice est en même temps le seul moyen sérieux de réduire au minimum la guerre civile que le fascisme impose au prolétariat. Que seulement les ouvriers, malgré l'absence de « situation révolutionnaire », corrigent à leur gré les « fils à papa » patriotes, et le recrutement de nouvelles bandes fascistes deviendra du coup incomparablement plus difficile.