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Allemagne : les effets de la guerre en Ukraine
Peu après le début de la guerre en Ukraine, début 2022, le chancelier social-démocratie Olaf Scholz, à la réputation de taciturne, avait annoncé avec pas mal d’emphase rien moins qu’un « changement d’époque ». Mais, de fait, cette guerre a considérablement modifié la situation à la fois économique, politique et sociale en Allemagne, et cela à une vitesse impressionnante.
La guerre comme étape majeure pour faire accepter réarmement et livraisons d’armes
Au début de la guerre en Ukraine, la question de savoir si l’Allemagne devait imposer des sanctions à la Russie et plus encore celle de la livraison d’armes à un pays en guerre faisaient l’objet d’un large débat public. Ce dernier point était jusqu’alors un tabou, et le gouvernement allemand a commencé par livrer seulement des casques. Un an plus tard, lorsque le gouvernement autorise une nouvelle livraison de chars de combat ou de drones, cela ne vaut souvent qu’une simple mention dans la presse.
Jusqu’à la guerre en Ukraine, des expressions comme « se battre pour la patrie » ou « héros sur le champ de bataille » étaient utilisées uniquement par l’extrême droite, tant elles restaient liées à l’idéologie nazie, tant l’ambiance politique dominante était marquée depuis 1945 par le mot d’ordre « plus jamais de guerre ». Aujourd’hui, tout cela fait partie du vocabulaire courant des journalistes et des hommes politiques dans le cadre d’une couverture de la guerre ouvertement partisane, la population étant censée vibrer aux côtés de l’Ukraine.
Au début de la guerre, une partie de la population était indignée par le fait que cent milliards d’euros devaient tout à coup être dépensés pour le réarmement de l’armée allemande. La majeure partie de la population n’avait jusque-là guère de rapport positif à la Bundeswehr (l’armée), plutôt connue pour ses gaspillages, ses déboires et scandales, par exemple lorsqu’une cellule d’extrême droite était à nouveau découverte en son sein (ce qui fit du bruit notamment en 2017, 2020 et fin 2022). Un an plus tard, la Bundeswehr est perçue comme une protection contre le dictateur Poutine, qui, après l’Ukraine, menacerait aussi l’Allemagne. En fait, nombreux sont ceux qui s’inquiètent de la livraison d’armes de plus en plus meurtrières, qui se sentent mal à l’aise de voir que tous les États s’équipent à l’extrême, que les bruits de bottes se multiplient en Europe de l’Est et en Asie, que tout se dirige vers des guerres majeures que personne ne souhaite. Mais comme, à l’inverse, personne n’a le sentiment de pouvoir arrêter cette évolution, cela renforce plutôt le sentiment que, si tout va vers la guerre, « nous » devons également nous armer.
Le gouvernement et la bourgeoisie ont su se servir d’une situation nouvelle, une guerre à bien des égards très proche de l’Allemagne (du point de vue géographique, stratégique, économique, et humainement aussi, étant donné le nombre d’habitants issus de l’ancienne Union soviétique, notamment de Russie et d’Ukraine), pour enfin briser avec nombre d’interdits transmis depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et faire accepter l’augmentation du budget de l’armée et l’envoi d’armes en Ukraine à une opinion publique majoritairement opposée aux interventions militaires et aux ventes d’armes.
Les conséquences économiques de la guerre
Sur le plan économique, le gouvernement allemand a d’abord fait des tentatives pour ne pas devoir participer aux sanctions plus sérieuses contre la Russie. Mais le gouvernement américain ne lui a pas laissé le choix. L’alternative pour les dirigeants allemands se résumait à rompre avec la Russie sur le plan économique ou voir leur économie sanctionnée par les États-Unis.
Dans ces conditions, la décision ne faisait pas de doute. Mais cela signifiait que l’industrie (et accessoirement la population) serait coupée en quelques mois de son principal approvisionnement énergétique, le gaz bon marché de Russie. Le gouvernement a alors frénétiquement acheté du gaz à prix d’or à divers pays (à la Norvège, aux États-Unis, au Qatar entre autres), au point que la presse parla de « tournées de shopping ». Et il dépense désormais des dizaines de milliards d’euros supplémentaires pour subventionner les prix du gaz et de l’électricité pour l’industrie, afin qu’elle puisse continuer à vendre ses marchandises à l’étranger à des prix compétitifs.
C’est d’autant plus important pour les groupes industriels allemands que leurs exportations sont déjà en baisse dans le monde entier en raison de l’inflation et de la crise. Mais combien de temps l’État fédéral allemand aura-t-il la possibilité d’accorder des subventions aussi massives, après avoir déjà contracté plus de 500 milliards d’euros de nouvelles dettes au cours des trois dernières années ?
Le gouvernement semble en outre avoir réalisé que, compte tenu de l’augmentation massive des tensions entre les États-Unis et la Chine, il pourrait être contraint dans un avenir proche de participer également à des sanctions contre la Chine, ce qui aurait des conséquences encore plus importantes que s’agissant de la Russie.
Au cours des dernières décennies, l’économie allemande s’est plus étroitement imbriquée avec l’économie chinoise que n’importe quelle autre en Europe. La Chine est depuis des années son premier partenaire commercial. L’Allemagne y exporte pour plus de 100 milliards d’euros de marchandises, et désormais elle importe de l’ordre de 200 milliards d’euros de marchandises de Chine. La moindre réduction de ces échanges aurait des conséquences néfastes pour les deux économies, chinoise et allemande.
Et pourtant, la situation internationale fait que les dirigeants politiques tentent aujourd’hui de préparer la population, par le biais de la propagande, à des conflits avec la Chine et aux sacrifices qu’ils impliqueraient. Les Verts se distinguent particulièrement dans ce domaine. La ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, se livre à des joutes verbales avec le gouvernement chinois, à destination de la population allemande, sous tous les prétextes possibles. Le ministre fédéral de l’Économie et du Climat, Robert Habeck, Vert également, interdit par démagogie la vente de parts totalement insignifiantes d’entreprises allemandes à des entreprises chinoises. Et il appelle régulièrement les entreprises allemandes à devenir plus indépendantes de la Chine.
De manière moins outrancière, tous les autres partis, depuis l’AfD (extrême droite) et la CDU (droite) jusqu’au SPD (sociaux-démocrates) et à Die Linke (gauche dite radicale), ainsi que les syndicats, répètent qu’il faut à nouveau « produire en Europe » et devenir « moins dépendants » : de la Chine… et des États-Unis. Comme s’il pouvait y avoir une quelconque indépendance dans une économie où tous les capitaux s’interpénètrent et qui dépend obligatoirement des matières premières, des produits intermédiaires et des exportations partout dans le monde !
« L’indépendance économique », première phase de la préparation à une économie de guerre ?
Pour l’Allemagne, ce type de propagande est effectivement nouveau. Jusqu’à présent, les idées protectionnistes n’étaient pas à l’ordre du jour, pas même au sein de l’AfD, et pas non plus dans les syndicats. Ce n’est pas vraiment étonnant, étant donné que l’économie allemande repose massivement sur les exportations. La dégradation massive de l’économie que ce genre de pratiques entraîneraient était trop évidente. Mais, depuis la fin de l’été 2022, le besoin d’indépendance économique a été répété si souvent et de toutes parts qu’il est devenu comme un leitmotiv que presque plus personne ne remet en question.
Tout ce bruit n’a aucunement pour conséquence que les capitalistes allemands investiraient moins en Chine. Au contraire, pour l’instant les entreprises allemandes y ont investi en 2022 comme jamais auparavant.
Les mesures du gouvernement destinées prétendument à assurer une plus grande autonomie économique sont en fin de compte surtout de nouvelles subventions massives aux multinationales, recouvertes d’une propagande belliqueuse. Les groupes pharmaceutiques qui produisent des substances actives « non seulement en Asie », mais aussi en Europe, sont par exemple privilégiés et peuvent exiger des prix plus élevés. Le producteur américain de semi-conducteurs Intel reçoit 7 à 10 milliards d’euros uniquement pour construire une usine de microprocesseurs à Magdebourg (Saxe-Anhalt), en préparation d’un éventuel conflit militaire autour de Taiwan.
Avec leur exigence unanime d’indépendance économique, tous les partis du Bundestag (le Parlement) et les syndicats participent ainsi en fin de compte à la préparation idéologique de la population travailleuse à de futures guerres. Et donc aussi à l’idée d’un avenir obligatoirement fait de sacrifices et de plus de difficultés encore.
L’inflation grève le budget des classes populaires
Pour l’instant, en dehors de cette perspective nouvelle de guerres d’ampleur, l’aggravation sociale majeure de l’année pour la classe ouvrière est la hausse massive des prix. Certes, le gouvernement a temporairement plafonné le prix de l’énergie. Mais elle peut coûter jusqu’au double du prix d’avant la crise. Cette mesure gouvernementale a sans doute permis aux classes moyennes et à de nombreuses familles d’ouvriers qualifiés de ne plus craindre directement pour leur existence. Mais il manque à presque tous des centaines d’euros par mois, ce qui signifie une catastrophe pour la partie la plus pauvre de la classe ouvrière.
La colère et l’amertume à ce sujet sont d’abord dirigées contre le gouvernement fédéral dit rouge-jaune-vert (SPD, FDP, Verts) et, à l’intérieur de cette coalition, tout particulièrement contre les Verts. Les Verts, parti autrefois contestataire, issu du mouvement étudiant de 1968, avaient participé pour la première fois au gouvernement fédéral il y a une vingtaine d’années. La participation de la Bundeswehr aux guerres du Kosovo (1999), puis d’Afghanistan (2001), des premières depuis 1945, avaient eu lieu justement alors que les Verts appartenaient au gouvernement, provoquant d’importants remous dans ce parti de tradition pacifiste. À l’époque, l’abandon de son pacifisme avait profondément déçu nombre d’adhérents et de sympathisants, poussant le parti à quitter la coalition gouvernementale avant la fin de la législature. Aujourd’hui, après vingt ans de cure d’opposition, il ne leur a fallu que quelques mois au gouvernement pour s’attirer la haine d’une grande partie des classes populaires.
Il y a les discours particulièrement belliqueux des Verts vis-à-vis de la Russie et de la Chine, et surtout un profond mépris social de la part d’un parti se voulant le représentant typique de la petite bourgeoisie plutôt favorisée. Ainsi, les Verts présentent le fait que de nombreux travailleurs doivent réduire encore leurs achats, se priver à cause de l’inflation, comme une contribution nécessaire à la préservation de la démocratie et à la lutte contre le réchauffement climatique. Comme si tout cela ne suffisait pas, ils décident d’imposer des efforts financiers supplémentaires aux travailleurs sous le prétexte de la protection du climat.
L’extrême droite profite de la colère contre l’inflation
Les Verts fournissent ainsi un terrain idéal à la droite. La CDU et l’AfD s’attaquent aux mesures de protection du climat les plus insignifiantes et purement symboliques du gouvernement et s’insurgent par exemple contre la fermeture des trois dernières centrales nucléaires, qui ferait grimper les prix et ruinerait ainsi l’économie allemande. Bien pratique pour les multinationales ! Au lieu de s’en prendre aux gagnants de la crise, les grands groupes énergétiques, alimentaires et autres, la CDU et l’AfD dirigent la colère vers la politique climatique et énergétique du gouvernement. Ils présentent les choses comme si capitalistes et ouvriers étaient conjointement victimes de la hausse des prix et donc tous deux victimes de la politique prétendument destructrice de la gauche et des Verts. Après avoir plutôt perdu du terrain, notamment en raison de sa proximité avec les covido-sceptiques, l’AfD a vu sa cote de popularité remonter à 18 % ces derniers mois, au même niveau que les Verts ou le SPD.
Les syndicats de l’industrie les ont également aidés en cela. Ainsi, ces derniers mois, IG Metall et IG BCE (syndicats de branche respectivement de la métallurgie, et des mines et de la chimie) ont notamment fait campagne pour un prix de l’électricité avantageux et subventionné par l’État. Pas pour les salariés, mais pour les groupes industriels ! Au motif que le prix élevé de l’électricité ruinerait l’économie.
Ce faisant, ils ne se contentent pas d’affirmer que la production en Allemagne est trop chère pour les grands groupes, justifiant ainsi les prochaines attaques du patronat contre les emplois et les salaires. En fin de compte, ils aident aussi la droite, dont toute la propagande repose sur les prétendus intérêts communs des entrepreneurs et des travailleurs face au gouvernement.
Le deuxième axe de l’AfD qui rencontre du succès est l’affirmation : « Nous devrions d’abord nous occuper de notre propre pays plutôt que de l’Ukraine », mettant habilement dans le même sac l’argent destiné aux exportations d’armes et le soutien aux plus de un million d’Ukrainiens qui ont fui vers l’Allemagne.
En Allemagne de l’Est, les gens sont en outre plus nombreux à ressentir un rejet des États-Unis. L’AfD exploite ce sentiment pour se faire de la publicité, non sans succès, avec le slogan selon lequel il faut s’unir avec la Russie contre la domination des États-Unis.
Le courant de Die Linke (Parti de gauche) autour de son ancienne icône Sahra Wagenknecht tout comme le petit Parti communiste allemand (DKP) argumentent également que la politique antirusse du gouvernement détruit l’économie. Que la politique actuelle des États-Unis nuise à l’économie européenne, c’est sans doute vrai. Mais, dans la manière dont ils critiquent les États-Unis, derrière le vocabulaire anti-impérialiste, ils soutiennent également la propagande selon laquelle les entreprises et les travailleurs seraient ensemble victimes de la mauvaise politique économique gouvernementale.
Ce n’est pas la première fois que Wagenknecht épouse des vues de la droite extrême. Elle évoque actuellement l’idée de fonder son propre parti, dans lequel les électeurs du parti Die Linke et de l’AfD se retrouveraient. Un tel parti pourrait embrumer encore les consciences, car il véhicule l’idée qu’il n’y aurait pas de fossé entre une politique ouvrière de gauche, telle que Wagenknecht s’en veut la représentante, et les idées nationalistes des partisans de l’extrême droite, les pires ennemis de la classe ouvrière.
Les grèves ouvrières de ce printemps
Tout cela n’a pas empêché un certain nombre de travailleurs de se défendre ces derniers mois de la seule manière efficace et contre les vrais responsables : en faisant grève pour obtenir des salaires plus élevés.
Que l’on ne se méprenne pas : il n’y a pas eu de mouvements spontanés pour des salaires plus élevés. Les grèves d’avertissement qui ont eu lieu jusqu’à présent se sont déroulées dans le cadre des négociations collectives, ce sont celles auxquelles les dirigeants syndicaux ont appelé, et auxquelles ils ont mis fin quand ils le souhaitaient.
Mais une partie des grévistes sont issus de secteurs où il est inhabituel et surtout difficile de faire grève : 2 000 intérimaires chez Volkswagen par exemple ont fait grève pour la toute première fois. Des vendeuses des chaînes de magasins Galeria Kaufhof (présentes dans la plupart des centres-villes depuis la fin du 19° siècle), dont l’entreprise est officiellement en faillite, ont quand même fait grève pour obtenir une augmentation de salaire de 450 euros par mois.
De manière générale, il y a eu une plus grande pression de la part de la base syndicale et en particulier des travailleurs à bas salaires. Cela s’est déjà traduit par des revendications assez offensives, allant d’au moins 300 à 650 euros par mois.
La pression de la base s’est également manifestée par des grèves d’avertissement nettement plus massives et de plusieurs jours. Ou encore, dans le cas de la Deutsche Bahn (chemins de fer), par le fait que des grèves d’avertissement de journées entières ont été organisées. En dehors des conducteurs de train et de leur syndicat professionnel, c’était, pour toutes les autres professions des chemins de fer, la première fois depuis plus de quarante ans.
Et, le 27 mars, les syndicats de trois branches différentes (services publics communaux, Deutsche Bahn et sécurité aérienne des aéroports) ont fait grève ensemble, avec un taux de participation très élevé, ce qui a entraîné l’arrêt de tout le système de transport pendant une journée.
Une telle journée de grève commune à plusieurs branches n’existe habituellement jamais en Allemagne. En effet, il existe des conventions collectives séparées par branche, qui n’autorisent que rarement des grèves, et seulement à des moments différents selon les branches. Et les directions syndicales, qui tirent l’essentiel de leur influence de ces conventions collectives sectorielles, défendent généralement ce système.
Les résultats obtenus jusqu’à présent dans le cadre de ces négociations collectives sont généralement des primes uniques relativement élevées, pouvant atteindre 3 000 euros et, pour 2024, des augmentations de salaire de 200 à 400 euros par mois.
Bien entendu, cela reste nettement inférieur à l’inflation (qui était officiellement de 8,7 % en février – pour la nourriture et l’énergie, elle était même de 21 %). Et, provoquant l’amertume d’une partie des grévistes, les dirigeants syndicaux ont presque partout accepté de conclure des accords au moment même où les grévistes étaient prêts à entrer en grève illimitée. De leur côté, les patrons ont clairement fait savoir qu’ils ne payaient ce prix que parce qu’ils avaient en échange deux ans de tranquillité : en effet, légalement, dans tous ces secteurs les grèves sont désormais interdites pendant deux ans. Mais, à une époque où la classe ouvrière pourrait être confrontée à des attaques d’une tout autre envergure, il n’est pas écrit qu’elle se pliera toujours à cet interdit.
Cela étant, les mouvements sur les salaires de ces derniers mois ont globalement dépassé ce que l’Allemagne a connu au cours des dernières décennies. L’ampleur des accords conclus reflète également cette mobilisation. Et la fameuse méga-grève de fin mars a permis à certains de réfléchir pour la première fois à l’idée d’une grève générale (la dernière a eu lieu en 1948). Dans l’ensemble, ces mouvements ont renforcé la conscience que, contrairement à ce que répètent les directions syndicales par branche, si l’on veut obtenir quelque chose, mieux vaut se battre en étant le plus nombreux possible.
Préparer l’avenir
Des militants communistes peuvent s’appuyer sur ces expériences et discuter du pouvoir que peuvent avoir les grèves lorsque les travailleurs s’unissent par-delà les secteurs, dans des grèves interprofessionnelles. Discuter aussi du fait qu’à moyen terme la classe ouvrière ne pourra pas se permettre de se conformer aux règles et aux interdictions de faire grève imposées par les classes dirigeantes et les directions syndicales, non seulement pour défendre ses conditions d’existence face à l’inflation, mais aussi face à l’incertitude générale de la crise actuelle, et parce que des dangers d’une tout autre dimension la menacent.
Depuis six mois déjà, l’économie allemande frôle en permanence la récession, et cette fois-ci (fin mai) elle y est entrée officiellement. La hausse des taux d’intérêt n’a pas seulement pour conséquence que les paiements d’intérêts dans le seul budget fédéral sont passés de zéro à trente milliards d’euros. Avec la hausse des taux d’intérêt, le spectre d’une crise dans le secteur de la construction et dans le secteur bancaire apparaît également à l’horizon. À cela s’ajoute la baisse de la demande mondiale, notamment en provenance des débouchés décisifs pour l’industrie allemande que sont la Chine et les États-Unis, avec par-dessus le marché les mesures protectionnistes de ces derniers.
Tout cela pourrait entraîner, dans un avenir prévisible, des attaques d’une tout autre ampleur, auxquelles la classe ouvrière doit se préparer si elle ne veut pas être seulement une victime sans défense. Sans parler de la lutte nécessaire contre la menace grave que représente le réarmement mondial dans le contexte d’une concurrence internationale croissante. Militer dans un tel contexte, c’est, même à un petit nombre, œuvrer pour que les travailleuses et travailleurs qui nous rencontrent puissent prendre conscience de ces dangers et réaliser que seule la classe ouvrière a la force et les moyens pour sortir l’humanité de cette course vers l’abîme.
16 juin 2023