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- Lutte de Classe n°221
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Nathalie Arthaud, candidate à l’élection présidentielle
Pourquoi je suis communiste révolutionnaire ?
Je suis communiste parce que je pense que la course aux profits et la propriété capitaliste nous condamnent. Elles nous condamnent à l’exploitation, aux inégalités, aux crises. Elles nous condamnent au dénuement d’une grande partie de la planète, aux tensions et aux rivalités internationales et aux guerres. Et puis elles détruisent la planète, parce que les richesses sont exploitées sans limite, parce que l’économie de marché n’est pas conçue pour répondre aux besoins des hommes mais pour l’accumulation des richesses par une minorité. Et, comme tout est soumis aux lois de la concurrence et du marché, rien n’est organisé, coordonné, planifié à l’échelle de la société, et c’est un gâchis inouï.
La société capitaliste a développé d’immenses possibilités scientifiques et techniques. La bourgeoisie, qui détient un pouvoir absolu sur ces moyens de production, est incapable de les mettre au service de l’humanité. Eh bien, les travailleurs, eux, en sont capables, parce qu’ils sont au cœur même du système et qu’ils ont intérêt à le faire fonctionner collectivement.
L’objectif du communisme, c’est que les travailleurs prennent le pouvoir politique et exproprient les grands groupes capitalistes, pour gérer l’ensemble de l’économie collectivement et démocratiquement.
Cela ne se fera pas par les élections, parce que les élections ne changent rien à l’exploitation et à la domination capitalistes. Même pour s’opposer à telle ou telle mesure antiouvrière, il faut des manifestations, des grèves, des occupations d’usines, voire des insurrections. C’est dans de telles luttes que les travailleurs peuvent prendre conscience qu’ils doivent s’emparer du pouvoir. Ce sont les révolutions qui ont toujours transformé la société en profondeur. Cela a été vrai dans le passé, ça le sera aussi demain.
Révolutionnaire, pourquoi je suis candidate à la présidentielle ?
Je ne suis pas candidate pour m’asseoir dans le fauteuil de présidente de la République, je veux plus que cela : je veux le changement de toute la société, parce qu’il faut renverser le capitalisme ! Cela ne se fera pas du haut de l’Élysée, mais par en bas, quand le monde du travail et la jeunesse révoltée combattront la loi du profit et la propriété capitaliste au travers des luttes collectives.
Parce qu’ils sont au cœur du système productif, les travailleurs sont le fer de lance de ce combat, non seulement pour faire reculer l’exploitation, mais pour stopper cette course aux profits et son cortège d’inégalités, d’injustices, d’arriérations et de barbarie.
Mais il y a un préalable : c’est que les travailleurs reprennent confiance dans la force de leur camp, qu’ils se donnent un parti et une politique de classe. Et, si les élections ne peuvent pas changer notre sort, elles permettent à ce parti et à cette politique de s’exprimer. Il faut que les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, tous ceux qui sont révoltés par cette société occupent le terrain politique. Il ne faut pas le laisser aux politiciens bourgeois, qui n’imaginent pas d’autre horizon que le capitalisme.
En votant pour moi, les travailleurs affirmeront leurs besoins, leurs intérêts, qui sont à l’opposé de ceux de la classe capitaliste qui nous exploite et aspire toutes les richesses. Ils se rendront visibles en affirmant leur fierté de faire fonctionner toute la société. Ils affirmeront la nécessité de s’affronter au grand patronat et aux financiers. Ce faisant, ils prépareront l’essentiel : les luttes à venir dans la perspective de détruire le capitalisme.
Mon programme de lutte
Il y a plus de 3,5 millions de personnes sans aucun emploi, et Macron est satisfait des chiffres du chômage ! Et, en fait, tous les politiciens qui se sont succédé ont accepté le chômage et la précarité de masse, parce qu’ils se moquent bien des femmes et des hommes des classes populaires. Alors, à l’opposé de cela, notre but doit être zéro chômeur. Pouvoir gagner sa vie est une nécessité, pour tous. Zéro chômeur, c’est possible en se répartissant le travail existant, sans diminution de salaire et en créant de nouveaux emplois utiles ; et quand on voit le manque de bras dans les hôpitaux, dans les Ehpad ou l’éducation, il y en a à créer.
Et, bien sûr, il faut l’augmentation générale et massive des salaires, des allocations et des pensions. Et ce ne sont pas des miettes qu’il faut, mais des augmentations de 300, 400, 500 euros par mois. Et, pour ne pas en perdre le bénéfice à cause de l’inflation, il faut que les revenus des travailleurs suivent l’augmentation réelle des prix.
En fixant à 2 000 euros le niveau en dessous duquel il comptait attribuer sa prime, Castex a avoué lui-même que c’était un minimum pour vivre correctement. Eh bien, 2 000 euros net, ce doit être un minimum pour les salaires, pensions et allocations.
Revendiquons ce qui nous est nécessaire pour vivre : nous faisons tourner toute la société, nous sommes essentiels, il n’y a aucune raison de se faire petits ! Si nous raisonnons en fonction de ce que le patronat est prêt à nous laisser pour vivre, nous resterons les éternels sacrifiés. Il faut raisonner à l’inverse. La société doit d’abord répondre aux besoins du monde du travail, et ce, « quoi qu’il en coûte » au patronat ! Et si le système capitaliste n’en est pas capable, eh bien, il faut le renverser !
Mon programme n’a rien à voir avec ces programmes électoraux qui sont censés appâter l’électeur et qui finissent à la poubelle parce que le Medef s’y oppose. C’est une série d’objectifs vitaux pour le monde du travail, qui devront être arrachés au grand patronat et au gouvernement au travers d’un rapport de force.
Dans ce rapport de force, la revendication du contrôle ouvrier jouera un rôle décisif : il faut savoir combien d’argent il y a dans les comptes des entreprises, connaître les marges, les profits et l’utilisation qui en est faite. La véritable démocratie, ce serait cela : que ceux qui font tourner les entreprises puissent décider de leurs choix et de leurs priorités.
Pourquoi je me réclame du camp des travailleurs ?
Je me réclame du camp des travailleurs parce que la société est divisée en deux camps. Il y a d’un côté une minorité capitaliste, un grand patronat, une grande bourgeoisie qui s’enrichit sur l’exploitation en faisant fructifier ses capitaux. De l’autre, des femmes et des hommes qui ne sont pas nés avec une cuillère en argent dans la bouche, et qui ont une vie de labeur.
Certains sont salariés, d’autres au chômage ou galèrent avec quelques heures de travail, d’autres encore ont été démolis par le travail et sont en invalidité. Il y a aussi les travailleurs à leur compte, qui n’exploitent personne et triment du matin au soir, ou les femmes au foyer, qui peuvent, elles aussi, être considérées comme les premières de corvée dans cette société.
La minorité capitaliste prospère sur l’exploitation, les malheurs, l’appauvrissement de ce camp. Plus les entreprises sont rentables et profitables, plus les grands actionnaires sont rapaces et s’attaquent aux travailleurs. Plus la société est riche, moins elle se donne les moyens pour éduquer, soigner ou s’occuper des anciens !
Il faut que les travailleurs défendent leurs intérêts, il faut qu’ils inversent le rapport de force avec la classe capitaliste. Ce combat les poussera, tôt ou tard, à remettre en cause toute la société et son fondement, le capitalisme.
Les travailleurs ne sont pas seulement les plus exploités, ils sont les combattants de demain. Ils constituent la seule force révolutionnaire susceptible de renverser le capitalisme et de faire naître une nouvelle société. C’est en liant leur sort au camp des travailleurs que tous les révoltés qui rêvent d’un monde plus juste et plus humain seront en capacité de le réaliser.
Pourquoi je suis internationaliste ?
Les candidats de tous les grands partis, du PCF au Rassemblement national, font une consommation extraordinaire du mot France. Mais parler des intérêts ou de la grandeur de la France revient toujours à défendre les intérêts et la grandeur des Arnault, des Peugeot, des Michelin ou des Drahi, jamais des travailleurs et des plus pauvres.
La « patrie » que les classes dominantes voudraient nous voir vénérer ne promet qu’une vie de labeur de plus en plus dure pour les classes populaires et elle résulte, dans bien des cas, de marchandages sanglants, de spoliations éhontées, réalisés sur le dos des peuples. C’est ce qui avait amené Marx et Engels à écrire, dans le Manifeste du parti communiste : « Les prolétaires n’ont pas de patrie. »
Je me revendique de l’internationalisme, parce que le capitalisme s’est développé à l’échelle internationale, étendant au niveau mondial le marché et la division internationale du travail. De ce fait, la classe ouvrière sur laquelle repose l’exploitation capitaliste est une classe internationale, qui ne peut s’émanciper, renverser définitivement le pouvoir de la bourgeoisie et réorganiser l’économie qu’à l’échelle mondiale.
La pandémie, ainsi que la crise climatique et l’entrelacement économique, montrent qu’il n’y a plus de solution à l’échelle nationale. Il faut aller vers une coopération fraternelle de tous les peuples. Cela ne sera possible qu’en renversant la domination impérialiste des grandes puissances et de leurs capitaux sur les pays pauvres, qui conduit au sous-développement et à des régimes aussi corrompus que dictatoriaux. Y parvenir va de pair avec le renversement de la domination de la classe capitaliste sur le monde du travail.
On pourra alors construire des rapports égalitaires et fraternels d’un bout à l’autre de la planète, et là, on pourra vraiment parler de l’humanité.
Comment lutter contre l’extrême droite ?
Le camp des travailleurs réunit des femmes et des hommes de toutes les origines, de toutes les couleurs de peau, avec ou sans religion. Nous souffrons ensemble, nous travaillons ensemble, et nous sommes amenés à nous battre ensemble. Eh bien, cela doit devenir la conscience politique de constituer un seul et même camp, avec des intérêts et un combat communs : s’organiser et se défendre contre le grand patronat.
Le meilleur rempart au racisme et au poison de la division distillé par l’extrême droite, et repris par nombre de politiciens bourgeois de droite comme de gauche, c’est de lutter ensemble contre ceux qui nous exploitent. C’est d’avoir une politique et des perspectives d’émancipation communes.
Liberté de circulation !
À l’opposé de l’orientation réactionnaire, anti-migrants pour ne pas dire raciste, qu’a prise le début de la campagne présidentielle, je suis fière de dire « bienvenue » aux femmes et aux hommes forcés d’émigrer. Je suis l’une des rares candidates à considérer que les femmes et les hommes qui se massent à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, ceux qui sont à Calais, qui essaient de traverser la Manche à leurs risques et périls, font partie intégrante de mon camp, le camp des travailleurs. Qu’ils soient présentés comme des menaces m’est insupportable.
Comme nous, ces femmes et ces hommes avaient un toit, une famille, un métier. Ils étaient cuisiniers, maçons, ingénieurs, médecins… Ils ont vu leur monde s’effondrer dans la misère sous un déluge de bombes et beaucoup d’entre eux se retrouveront, demain, à travailler à nos côtés…
Alors, je me place du point de vue de ces travailleuses et travailleurs. Quels sont leurs besoins ? Pouvoir circuler, pouvoir passer les frontières, et s’installer là où ils ont choisi d’aller, soit parce qu’ils parlent la langue du pays, soit parce qu’ils y trouveront du soutien et qu’ils pensent pouvoir y trouver un travail. La liberté de circulation et d’installation fait partie des droits que l’on doit arracher pour tous les travailleurs.
Les frontières ne sont là que pour les plus pauvres, pour les travailleurs en réalité, car lorsqu’on a un portefeuille bien garni, quand on est millionnaire, passer une frontière est une simple formalité administrative. Eux sont accueillis à bras ouverts ! Jamais personne n’a traité un émir du Qatar de migrant, pour lui les grands hôtels parisiens sont toujours ouverts.
Alors, il faut revendiquer la liberté de circulation et d’installation et se préparer à accueillir ces femmes et ces hommes chassés de chez eux comme des frères et des sœurs, parce que la plupart travailleront demain sur les lignes de découpe dans les abattoirs ou sur les chantiers. Ils seront nos frères, nos sœurs de souffrance et, si nous savons nous adresser à eux, ils seront nos frères et nos sœurs de combat, et nul doute qu’avec leur expérience et leur courage ils seront des forces précieuses.
Gauche et droite au service des mêmes capitalistes
De Jadot à Roussel, d’Hidalgo à Mélenchon en passant par Taubira et Montebourg, chacun rêve de s’imposer en sauveur de la gauche, forçant les autres à s’aligner derrière lui. Mais une nouvelle mouture de l’Union de la gauche ne pourrait qu’accoucher une fois encore de gouvernements à plat ventre devant le patronat, avec les mêmes résultats désastreux que les gouvernements Mitterrand, Jospin ou Hollande. Car la gauche gouvernementale n’a pas seulement contribué à faire reculer la condition ouvrière, elle a aussi une immense responsabilité dans le recul de la conscience politique des travailleurs et dans le discrédit jeté sur l’idéal socialiste.
L’effondrement du PS et du PCF est pour moi la preuve qu’il n’y a pas de juste milieu : le capitalisme, ou bien on le combat jusqu’à sa destruction, ou bien l’on finit par s’y intégrer et devenir un de ses rouages. Cela me conforte dans mes convictions communistes révolutionnaires.
La question de l’écologie et du climat
Tout le monde le sait, tout le monde le dit, nous courons à la catastrophe écologique. Feux de forêts immenses ; inondations ; recul de la biodiversité ; fonte accélérée des glaciers ; montée des mers et des océans ; pics de chaleur tels qu’une nouvelle expression a été inventée : les dômes de chaleur… Eh bien, tous ceux qui sont convaincus que l’heure de la mobilisation climatique a sonné doivent remettre en cause l’organisation capitaliste de la société, sous peine de demeurer impuissants.
Il arrive à certains écologistes d’expliquer qu’il faut revoir tout le système. Mais ce système, il a un nom : le capitalisme. Il a une logique : l’exploitation des hommes et des ressources naturelles jusqu’à les détruire. Il est fondé sur la propriété privée des moyens de production, la concurrence, le marché. Et il est dirigé par une classe sociale qui décide seule et qui ne voit pas plus loin que le bout de son portefeuille.
Rien dans ce système n’est fait pour penser et organiser collectivement et rationnellement les moyens de production. Rien n’est anticipé, coordonné, pour économiser les ressources à l’échelle collective, pour réduire le gâchis dans le transport ou la distribution.
Et, de toute façon, le système capitaliste ne fonctionne pas pour satisfaire les besoins vitaux de la population, mais pour accumuler des profits. Et il y en a plus à faire en vendant des yachts, des nuitées dans un hôtel de luxe ou des sorties dans l’espace, qu’en nourrissant les plus pauvres !
Alors, parler de transition écologique ou de planification, c’est très bien. Mais, s’il n’y a pas la volonté de supprimer la propriété privée des moyens de production, et donc d’en finir avec la chasse gardée de la classe capitaliste sur le système productif, c’est une escroquerie.
Quel type de parti faut-il ?
Le sentiment que tous les politiciens sont pourris, parce qu’une fois au pouvoir « ils retournent leur veste », a conduit les classes populaires à rejeter la politique, le militantisme et tous les partis, que ce soient des partis de politiciens ou des partis de militants comme Lutte ouvrière.
Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Que les partis bourgeois soient, à l’image du système qu’ils défendent, des ramassis d’arrivistes, cela n’a rien d’étonnant. La seule conclusion à en tirer, c’est que les travailleurs qui ont pour perspective de changer la société doivent s’organiser dans leur propre parti.
Pas un parti comme les autres partis. Pas un parti de politiciens professionnels, mais un parti de salariés, de chômeurs, de retraités. Un parti composé et dirigé par des travailleuses et des travailleurs, capable de peser au jour le jour sur la politique de la bourgeoisie. Un parti ne vivant pas d’élections et de places dans les institutions, mais construit pour encourager les exploités à se défendre, à mener tous les combats contre l’exploitation jusqu’au combat pour la prise du pouvoir. Un parti qui place sa confiance dans la capacité du monde du travail, parce qu’en réalité c’est déjà grâce à lui que toute la société tient debout. Un parti convaincu donc que le monde du travail doit diriger la société à la place de la bourgeoisie, parce qu’il le fera bien mieux qu’elle.
S’il est certain qu’un parti révolutionnaire ne peut prendre de l’ampleur que pendant les périodes révolutionnaires, un tel parti ne peut surgir de rien. Il faut qu’il y ait déjà un noyau de militants révolutionnaires s’étant fixé comme objectif de le construire. C’est ce que nous essayons de faire.
13 janvier 2022