Côte d’Ivoire : un tract de l’UATCI à propos des élections25/10/20202020Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/2020/10/211.jpg.484x700_q85_box-0%2C0%2C1383%2C2000_crop_detail.jpg

Côte d’Ivoire : un tract de l’UATCI à propos des élections

Le 31 octobre, aura lieu l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. L’actuel président, Alassane Ouattara, s’y présente pour un troisième mandat. Son principal opposant, Henri Konan Bédié, entend fédérer autour de lui l’opposition, et en particulier Laurent Gbagbo et Guillaume Soro qui ont été interdits de candidature. Après la guerre civile qui a ensanglanté le pays il y a une dizaine d’années, leur lutte pour le pouvoir laisse craindre le pire aujourd’hui. Ce tract, à l’initiative de nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI), appelle les travailleurs à ne pas se laisser diviser.

Aux travailleuses et aux travailleurs de toutes les nationalités et de toutes les ethnies

Que vous soyez en activité, au chômage ou à la retraite, nous nous adressons particulièrement à vous en cette période de campagne électorale où les politiciens de tout bord veulent nous diviser pour parvenir au pouvoir ou pour le conserver.

L’élection présidentielle n’a pas encore eu lieu mais elle a déjà fait plusieurs victimes. Cela ne présage rien de bon pour les jours et les semaines à venir. Ceux d’entre nous qui ont vécu les événements dramatiques de 2010 savent, ô combien, que les choses peuvent aller en s’empirant, car les politiciens en compétition sont capables de nous entraîner dans la barbarie. Les propos nauséabonds à caractère ­ethnique, xénophobe ou nationaliste qu’ils propagent sont de véritables poisons qui finissent tôt ou tard par se traduire en actes. Cela se répète à chaque élection depuis les années 1990.

Ne cherchons pas les victimes ailleurs ! Ce sont nous, les pauvres, toutes ethnies et toutes origines confondues !

Voilà pourquoi nous avons toutes les raisons de nous opposer à la propagation de ce poison et de refuser de nous laisser entraîner dans le sillage des politiciens en lutte pour le pouvoir et pour les privilèges. Nous n’avons rien à gagner dans ce jeu de dupes. Ces gens-là se moquent de nos conditions d’existence qui ne cessent de se dégrader d’année en année, de nos petits salaires qui n’évoluent pas, de la cherté de la vie qui grignote le peu que nous gagnons, du chômage et de l’insécurité de l’emploi qui permettent à nos employeurs de nous exploiter davantage.

Leur lutte pour le pouvoir

C’est avec la mort d’Houphouët-Boigny, en 1993, qu’a commencé cette lutte pour le pouvoir entre les différents protagonistes, dont Bédié, Ouattara et Gbagbo.

Bédié, pour écarter son principal rival Ouattara, lança le poison de l’ivoirité. Plus tard, Gbagbo reprit ce même poison à son compte, pour les mêmes raisons que Bédié.

Mais les conséquences, ce ne sont pas les Ouattara, ni les Bédié, ni les Gbagbo, ni les capitalistes qui les subissent ! C’est avec le sang des autres qu’ils se battent. Les populations pauvres ont déjà payé chèrement cela lors des massacres interethniques perpétrés par des milices interposées. Il y a eu des milliers de morts et de blessés, des centaines de milliers de déplacés. Les cicatrices sont toujours là et il suffit de pas grand-chose pour les raviver et créer peut-être de nouveaux massacres.

Nous avons autre chose à faire que d’aller verser encore notre sang pour ces gens qui se disputent le pouvoir pour assouvir leurs ambitions personnelles et qui sont capables de toutes sortes de compromis, y compris de faire le contraire de ce qu’ils ont dit la veille.

Des alliances se font et se défont

Ainsi, à l’élection présidentielle de 1995, le RDR de Ouattara et le FPI de Gbagbo s’unissent contre le PDCI pour boycotter l’élection de 1995.

Ensuite, à l’élection présidentielle de 2000, ce sont Gbagbo et Robert Guéi qui s’entendent pour écarter les candidatures de Ouattara et de Bédié, avant que Gbagbo ne chasse Guéi lui-même du pouvoir.

En 2001, c’est l’apothéose ! Robert Guéi, Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo se congratulent et se font des accolades lors du Forum de réconciliation nationale.

Mais en 2005, les alliances changent de nouveau. Cette fois-ci, les ennemis d’hier, Ouattara et Bédié, s’allient au sein d’un nouveau parti, le RHDP, pour contrer Gbagbo alors au pouvoir. En 2010, Bédié appelle même à voter Ouattara contre Gbagbo.

Et nous voilà maintenant en 2020 : nouveau changement ! Ce sont maintenant Bédié et Gbagbo qui s’allient contre Ouattara.

Ils font partie du même monde des riches et des exploiteurs

Comme on le voit, ce qui guide la politique de ces gens-là c’est leurs intérêts du moment, y compris les Soro Guillaume et leurs semblables. Cependant, rien de fondamental ne les différencie. Ils sont tous au service de la bourgeoisie, classe dont ils font partie eux-mêmes. Ils vivent en sécurité dans les quartiers chics, se fréquentent et se côtoient dans les mêmes cliniques, restaurants et hôtels pour riches ; leurs enfants étudient dans les mêmes écoles ou bien sont envoyés à l’étranger.

Alors que, dans nos quartiers pauvres, c’est souvent le règne de la misère et de l’insécurité. Quand arrivent les élections, nous vivons sous la menace des exactions et de nouveaux massacres que peuvent commettre des milices armées agissant pour le compte des concurrents en lutte pour le pouvoir.

Alors, ne laissons pas une nouvelle fois la division et la haine s’installer. Il en va de l’intérêt de tous les travailleurs

L’union et l’entente entre les travailleurs, c’est un bien précieux qu’il faut absolument préserver. Autrement, la peur et la crainte finiront par pourrir encore plus notre existence déjà difficile.

Toute nouvelle division au sein des travailleurs renforce inévitablement le camp de la bourgeoisie capitaliste qui nous exploite.

Préparons la défense de nos intérêts en tant que travailleurs

Voilà pourquoi la voix des travailleurs doit se faire entendre dans les zones industrielles, les docks, les bureaux, les chantiers, les hôpitaux et dans nos quartiers. C’est tous ensemble que nous pourrons défendre nos intérêts face à nos exploiteurs. Personne ni aucun gouvernement ne le fera à notre place. Ces gens qui se disputent le pouvoir sont avant tout au service des exploiteurs ; ce sont les ennemis de la classe ouvrière.

6 octobre 2020

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