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La situation en Côte d’Ivoire, depuis les mutineries et la grève des fonctionnaires
Depuis l’accession au pouvoir de Ouattara, la Côte d’Ivoire a connu une période de reprise économique. Les chiffres de la croissance économique ont même frôlé les deux chiffres. Les tenants du pouvoir ont fait miroiter « l’émergence à l’horizon 2020 », mais les travailleurs et les populations pauvres n’ont pas bénéficié des retombées de cette relative prospérité économique.
Sur le plan politique, le pouvoir en place a joui globalement d’une stabilité relative, après des années de guerre civile. L’administration s’est déployée partout.
Tout semblait donc aller pour le mieux pour le régime en place. Jusqu’à ce que, patatras, la révolte éclate chez les militaires, ponctuée par une grande grève des fonctionnaires. Sans compter les bagarres au sein de la coalition au pouvoir, le RHDP, en vue des échéances électorales de 2020. Tout cela vient mettre à nu la fragilité de l’édifice.
La prospérité économique ne profite qu’aux riches
Le secteur du bâtiment et des travaux publics, même s’il commence à s’essouffler, a été l’un des moteurs de cette reprise. D’abord il s’agissait de remettre sur pied les infrastructures en état de dégradation, car le pays venait de sortir d’une crise militaro-politique. Il en fallait aussi de nouvelles, pour rattraper le retard pris. Ainsi des ponts, des échangeurs, des autoroutes ont été construits. Devant la pénurie de logements estimée par le gouvernement à 60 000 logements par an, des chantiers de construction de maisons d’habitation et d’immeubles se sont multipliés.
Le gouvernement a annoncé récemment la construction d’un train urbain dénommé métro d’Abidjan. Et, selon les dires des autorités, le démarrage des travaux est imminent.
La demande de terrains industriels est telle qu’à Yopougon une superficie de près de 1 000 hectares a été mise en valeur pour accueillir une nouvelle zone industrielle moderne. Dans la ville de Grand-Bassam, à une cinquantaine de kilomètres au sud d’Abidjan, un espace de 180 hectares est en cours de travaux pour être transformé en zone franche et accueillir des entreprises liées aux nouvelles technologies.
La pression immobilière est telle que le gouvernement a « déguerpi » [fait déguerpir] des populations pauvres installées sur des sites dits à risque, afin de mettre ces terrains à la disposition des promoteurs immobiliers.
La multiplication d’appartements luxueux dans les quartiers huppés, la prolifération des voitures de grosse cylindrée dans les rues de la capitale, l’augmentation du nombre de centres commerciaux et la construction d’hôtels de luxe pour satisfaire les besoins d’une clientèle aisée attestent d’une embellie des affaires pour les classes riches.
Pour les travailleurs et l’ensemble des populations pauvres, la situation ne cesse de se dégrader. De fait, les attaques des riches contre les pauvres ne se sont jamais arrêtées. La population pauvre a subi des augmentations énormes des loyers, du prix du transport, des prix des denrées et des produits de première nécessité tels que le riz, l’huile, etc.
En 2013, après vingt-cinq années de blocage des salaires, le gouvernement a procédé au passage du smig [salaire minimum] de 36 000 à 60 000 francs CFA (55 à 95 euros). Il a eu le culot de présenter cela comme un cadeau représentant la part de croissance en faveur des travailleurs, alors que c’est totalement dérisoire comparé au coût de la vie qui n’a cessé de s’accroître. Néanmoins, même pour que ce nouveau smig entre réellement en application dans certaines entreprises, il a fallu que les travailleurs se mobilisent et se mettent en grève.
Les travailleurs souffrent des bas salaires, mais aussi de la dégradation continuelle des conditions de travail du fait de la généralisation du travail précaire. La grande majorité d’entre eux sont devenus des journaliers à vie.
Le renchérissement du coût de la vie a fait naître une grogne palpable au sein de la population pauvre. Pour calmer cette grogne, le gouvernement a tenté de faire porter le chapeau aux petits commerçants. Il a fait tout un battage médiatique sur sa prétendue volonté de lutter contre la vie chère en rendant par exemple obligatoire l’affichage des prix, comme s’il suffisait que les commerçants affichent les prix pour qu’ils soient tout à coup accessibles aux populations. Il y a eu également quelques opérations médiatisées de contrôle des prix ainsi que des instruments de mesure chez le petit détaillant. Des émissions télé ont été mises sur pied pour expliquer aux populations l’évolution des prix. Toutes ces mesures ont en commun de ne pas toucher aux intérêts des grands capitalistes, qui sont pourtant les vrais responsables du renchérissement du coût de la vie.
Le coup de colère des soldats du rang ainsi que la grève importante dans la fonction publique sont une des conséquences directes de la dégradation des conditions de vie des couches pauvres.
Les mutineries à répétition ont fait trembler le pouvoir
Le 6 janvier dernier, environ 8 400 soldats de l’armée régulière se sont mutinés dans plusieurs villes. Ce sont des soldats des Forces nouvelles, ex-rébellion du Nord, qui ont été enrôlés dans l’armée régulière après l’arrivée de Ouattara au pouvoir.
Ils revendiquaient une prime de 12 millions de francs CFA [18 300 euros] qui leur aurait été promise par le couple Soro-Ouattara, s’ils parvenaient à faire partir Gbagbo du pouvoir. Ils exigeaient aussi la revalorisation de leurs salaires, la réduction du temps de passage au grade supérieur, un logement pour chacun d’eux.
Face à l’ampleur de la mutinerie, le gouvernement a cédé à leurs revendications. Il leur a été versé 5 millions de francs CFA [7 633 euros] séance tenante (soit quatre ans de salaire moyen d’ouvrier) et le reliquat devrait leur être versé en tranches d’un million de francs CFA [1 500 euros] par mensualités à partir du mois de mai.
En cédant rapidement aux revendications des soldats en colère, le pouvoir venait d’ouvrir la boîte de Pandore. D’autres soldats, d’autres corps (gendarmes, ex-FDS [ex-Forces de défense et de sécurité pro-Gbagbo, intégrées à l’armée de Ouattara], pompiers, personnel pénitentiaire, douaniers, etc.) se sont mis eux aussi dans la danse. Là, le gouvernement n’a rien voulu céder et a usé du bâton. Il y a eu des affrontements à Yamoussoukro et à Abidjan ; ces manifestations ont officiellement fait quatre morts.
La situation semblait maîtrisée lorsqu’en février éclata une nouvelle mutinerie, celle des soldats des Forces spéciales estimés à 2 600 éléments, censés être l’élite de l’armée. Ils ont fait monter les enchères en réclamant 17 millions de francs CFA [25 950 euros] pour tous.
Le gouvernement a essayé d’éteindre le feu rapidement en leur promettant le versement de cette somme. Mais, pour faire mine de montrer qu’il ne tremble pas devant la rébellion, il a prétendu n’avoir rien cédé. Les journalistes qui ont ébruité cette affaire ont été jetés en prison et n’ont été libérés que grâce à la mobilisation de leurs collègues de la presse.
Au mois de mai, le pays a de nouveau été secoué par une autre mutinerie. L’accord conclu avec les soldats mutins suite à leur mouvement de janvier arrivait à échéance et le gouvernement avait affiché son refus de respecter ses engagements. Aussi, le 11 mai, la plupart des camps militaires (Bouaké, Abidjan, Korhogo, Odienné) sont entrés en ébullition. Dans un premier temps, le pouvoir a voulu utiliser la fermeté en menaçant les mutins de représailles des plus sévères, mais c’est l’effet contraire qui s’est produit.
Le 14 mai, le gouvernement annonça l’envoi de troupes sur Bouaké, dans le but de mater les mutins, mais cette fameuse troupe de répression n’y arriva jamais.
Devant l’échec de la tentative de répression, le pouvoir s’est vu obligé de revenir à de meilleurs sentiments. Ouattara a aussitôt débloqué les sous par virement bancaire, à raison de 5 millions de francs CFA par tête aux 8 400 mutins, et a promis de payer deux autres millions dès le mois de juin.
Il faut noter aussi le cas des ex-rebelles dits démobilisés. Ils sont des dizaines de milliers, aujourd’hui dans la nature, dont beaucoup se sont recyclés en coupeurs de route et en bandits de grand chemin. Certains d’entre eux se sont mis en mouvement dans différentes villes du pays du 22 au 23 mai, réclamant leur part de butin par le versement de 12 millions de francs CFA. Contre ces derniers, le pouvoir d’Abidjan a usé de la force. À Bouaké les affrontements avec la police et la gendarmerie ont fait quatre morts et plus d’une dizaine de blessés parmi les démobilisés.
C’est par crainte d’autres mutineries que Ouattara s’est empressé de signer de nombreux décrets en faveur des hommes en armes, même ceux qui n’ont encore pas bougé. Parmi ces décrets, on peut citer notamment le relèvement des baux de tous les « corps habillés » de 20 000 francs CFA par mois, y compris pour les paramilitaires ; un décret aussi au bénéfice des surveillants des prisons, qui toucheront dorénavant une « indemnité de risque » comprise entre 80 000 et 125 000 francs CFA par mois, ainsi qu’une « indemnité de sujétion » entre 40 000 et 75 000 francs CFA par mois.
Un nouveau ministre de la Défense a été nommé en la personne d’Hamed Bakayoko, un fidèle parmi les fidèles de Ouattara. Toujours est-il que, quelques jours seulement après le changement de ministre, l’école de police a subi une attaque par des individus non identifiés. Des armes ont été emportées. Et depuis, la série d’attaques éclair de brigades de gendarmerie et de commissariats de police s’allonge. Il y a eu le cas de la brigade de gendarmerie d’Azaguié le 22 juillet, ensuite le 28 c’était au tour de la brigade de Fresco. Le 4 août, le commissariat d’Adzopé a été à son tour attaqué et le 3 septembre c’était la gendarmerie de Songon. Et à chaque fois des armes ont été emportées.
Pour ne rien arranger, s’ajoutent à cela les évasions en cascade des prisons. En l’espace d’un mois, il y en a eu quatre. Le 6 août, cinq prisonniers ont réussi à s’échapper de la prison de Gagnoa. Deux jours plus tard, c’est au palais de justice d’Abidjan qu’une vingtaine de prisonniers ont pu prendre la clé des champs, non sans avoir maîtrisé les agents de sécurité. Le 20 août à Aboisso, cinq prisonniers se sont enfuis. Le 3 septembre à Katiola, ce sont 96 autres qui ont pu disparaître dans la nature.
Qui sont ces évadés ? Sont-ce des soldats ou ex-rebelles ou leurs amis, incarcérés après les mutineries ? Vraisemblablement ils ont bénéficié d’une certaine complicité parmi le personnel pénitentiaire pour s’échapper avec une telle facilité. Jusqu’ici, les autorités n’ont révélé aucun détail sur cette question.
Tout dernièrement, lors du congrès du RDR [Rassemblement des républicains, parti d’Alassane Ouattara] qui s’est tenu le 10 septembre, Ouattara a déclaré détenir des preuves que des pro-Gbagbo en exil seraient à la base des récentes attaques contre les commissariats. Il cherche sans doute des boucs émissaires ailleurs.
Visiblement, Ouattara n’est pas au bout de ses peines pour venir à bout des mécontentements de sa propre force de l’ordre et de répression.
La grève dans la fonction publique a fait reculer le pouvoir
Cette année a été marquée par une grande grève des fonctionnaires. Cet important mouvement de colère a été plus ou moins masqué par la rébellion des soldats et est resté au second plan de l’actualité sociale.
Le gouvernement, se sentant tout permis face aux travailleurs, a cru qu’il était de son bon droit de s’en prendre aux retraites des fonctionnaires. En effet leur pension de retraite devrait subir une baisse drastique, alors que parallèlement la cotisation qu’ils payent tous les mois devrait subir une augmentation. L’objectif du gouvernement est de ramener la retraite dans le service public au niveau du secteur privé, au lieu de faire l’inverse. C’était la goutte d’eau de trop.
Dès le mois de janvier, face au refus du gouvernement de céder sur la question des retraites, les fonctionnaires sont entrés en grève. Celle-ci a été largement suivie et a touché tous les secteurs de la fonction publique. Pour une fois depuis de nombreuses années, les employés de l’État ont été capables de surmonter leurs divisions corporatistes pour se dresser comme un seul homme. Ils ont profité de l’occasion que leur offrait ce mouvement pour avancer d’autres revendications restées sans suite depuis plusieurs années. Parmi elles, il y a l’intégration dans la fonction publique des journaliers employés par l’État. En effet de nombreux travailleurs ont un statut de journalier, aussi bien dans les hôpitaux que dans l’administration ou dans les écoles, alors que certains ont plusieurs années de service. Parmi les revendications, il y a les avancements catégoriels bloqués depuis plusieurs années, le paiement des arriérés de salaire.
Les grévistes ont tenu trois semaines. Dans un premier temps, les principaux secteurs touchés étaient ceux de l’éducation et de la santé. L’administration a été certes touchée, mais sans que cela paralyse l’appareil d’État ; le transport, les banques et les usines ont été épargnés.
Tant que les intérêts vitaux de la classe des riches n’étaient pas touchés, le gouvernement misait sur le pourrissement du mouvement. Mais lorsque les employés des régies financières, c’est-à-dire des impôts et de la douane, se sont mis dans la danse, alors le gouvernement et derrière lui les capitalistes ont changé d’attitude. Le blocage administratif avait commencé à perturber l’économie et les affaires des capitalistes.
Sur les six points de revendication des grévistes, cinq ont été satisfaits. Les fonctionnaires ont repris le travail, mais ils ont maintenu la pression sur la revendication non satisfaite, c’est-à-dire les 249 milliards de francs CFA d’arriérés de salaires, soit plus de 38 millions d’euros.
Finalement, au mois d’août dernier, un accord a été trouvé entre le gouvernement et les syndicats. Le premier s’engage à payer les fonctionnaires sur une échéance de huit ans en échange d’une trêve sociale de cinq ans.
La chute du cours du cacao et l’arnaque de l’État contre les petits paysans
La chute actuelle du cours du cacao de plus de 30 % affecte l’économie du pays, car il en est le premier producteur mondial, avec une production estimée à 2 millions de tonnes. Le cacao représente 50 % des recettes d’exportation et 15 % du PIB ivoirien ; environ six millions de personnes vivent autour de ce produit. On imagine bien les effets d’une telle baisse en termes de manque à gagner pour les caisses de l’État et en termes de revenu pour les paysans.
Ce qui fait chuter brutalement les cours mondiaux des matières premières, c’est la spéculation. Le cacao n’est pas en reste. Pendant ces quatre dernières années, son cours s’est maintenu à un niveau relativement élevé. Et tout d’un coup, depuis juillet 2016, la tendance est à la baisse.
En mars dernier, son prix à la Bourse de Londres est tombé à 1 192 francs CFA le kilo, alors que le prix de vente fixé par le Conseil café cacao de Côte d’Ivoire était de 1 850 francs CFA. Plus de 300 000 tonnes de cacao se sont alors retrouvées bloquées dans les ports faute d’acheteur.
La solution trouvée par le gouvernement pour débloquer la situation était de baisser le prix d’achat bord-champ (c’est-à-dire directement sur le lieu de production) de 1 100 à 700 francs CFA, pour faire supporter aux petits paysans la baisse du prix sur le marché mondial. Or c’est prétendument pour les protéger contre les fluctuations des cours mondiaux que l’État avait mis en place une caisse dite de stabilisation. Pendant la période où le prix sur le marché mondial était élevé, un prix garanti (plus bas que le cours mondial) était versé aux paysans. Le surplus était thésaurisé dans la caisse de stabilisation. En cas de chute des cours mondiaux, cet argent devrait servir à compenser le manque à gagner aux paysans.
Lorsque le cacao marchait bien, la caisse a engrangé beaucoup d’argent. Mais lorsqu’il fallait, avec la chute du cours, compenser le manque à gagner, l’argent s’était volatilisé. Ce fut aux paysans de supporter la baisse des cours. Toute l’affaire de stabilisation n’était rien d’autre qu’une escroquerie.
Luttes politiques en vue des élections de 2020
En octobre 2020 auront lieu les élections présidentielles. Trois ans avant cette échéance, la lutte de positionnement fait déjà rage. À l’intérieur du RHDP, la coalition au pouvoir actuellement, des dissensions se font jour entre les deux principaux partis qui le composent, le RDR d’Alassane Ouattara et le PDCI de l’ex-président Konan Bédié. En effet, depuis l’élection de 2010, le PDCI a joué le rôle de faiseur de roi en appelant ses militants à voter pour Ouattara au second tour face à Gbagbo. Ensuite, en 2015, il n’avait pas présenté de candidat du tout et s’était contenté de soutenir Ouattara. Le deal était qu’en échange de ce soutien, en 2020 le RDR s’efface et soutienne la candidature d’un membre du PDCI. Maintenant que l’échéance électorale approche, des voix s’élèvent au sein de la direction du RDR pour annoncer une prochaine candidature. Ce n’est pas du goût du PDCI, qui a d’ores et déjà annoncé qu’il aura son candidat en 2020.
Au sein même du RDR, la guerre de succession a déjà commencé. Guillaume Soro, l’ex-patron des Forces nouvelles, allié de Ouattara pour le renversement de Gbagbo, se voit en successeur direct de Ouattara. Sans attendre que ce dernier soit investi par son parti, les proches de Soro annoncent sa probable candidature à la présidentielle de 2020. Il est en passe de rompre avec le RDR, car il a créé un mouvement à lui, l’UDS (Union des soroïstes) qui pourrait se transformer en parti politique en cas de rupture définitive. En représailles, ses hommes ont été chassés des ministères dont ils avaient la charge ainsi que des institutions étatiques. Soro tente d’ailleurs de se rapprocher du PDCI de Konan Bédié.
Dans ce même RDR, d’autres crocodiles tels qu’Amadou Gon, actuel Premier ministre, et Hamed Bakayoko, ministre de la Défense, n’entretiennent pas moins la même ambition que Guillaume Soro, celle de succéder à Ouattara au pouvoir. Mais Ouattara lui-même pourrait souhaiter briguer un troisième mandat, même s’il ne s’est pas encore définitivement prononcé. Toujours est-il que de plus en plus de voix s’élèvent au sein de son parti pour le souhaiter.
Et puis la mouvance pro-Gbagbo a encore une forte assise dans la population, mais elle est affaiblie car nombre de ses dirigeants se trouvent derrière les barreaux, quand ils ne sont pas en exil. Parviendra-t-elle à se reconstituer en force politique pour aller à l’assaut du pouvoir ? Ce qui est sûr, c’est que les uns et les autres ne manqueront pas de faire de la démagogie et des promesses de toutes sortes pour attirer des votes dans les classes populaires.
Dans leur soif de pouvoir, les clans en compétition sont capables de tout, y compris d’entraîner les populations dans un nouveau bain de sang. L’expérience du passé l’a déjà montré. Cela avait commencé par l’« ivoirité » de l’ex-président Bédié, pour écarter Ouattara qui était alors son concurrent. Ensuite, les partisans de Gbagbo ont utilisé et exacerbé à leur profit les sentiments antiburkinabé et antinordistes pour combattre Ouattara. Cela a eu comme conséquence la montée de la haine et des violences entre des ethnies qui cohabitaient paisiblement depuis des générations. La partition du pays entre le Nord et le Sud est aussi une des conséquences de la lutte pour le pouvoir entre ces deux clans rivaux.
Ce passé n’est pas si lointain et les cicatrices sont à peine fermées. Les crocodiles en compétition sont les mêmes ou presque. Eux ou leurs successeurs sont en train de fourbir leurs armes pour l’échéance électorale de 2020 et on peut compter sur leur inventivité en matière de démagogie pour assouvir leurs ambitions personnelles.
Pour tous ceux qui n’ont que leur travail pour vivre, ouvriers, employés, chômeurs, petits paysans, petits marchands, il est vital de rejeter toute démagogie ethniste. Dresser les uns contre les autres, en fonction de leurs origines ethniques, est abject sur le plan humain, avec des conséquences sanglantes que nous avons trop souvent eu l’occasion de subir.
Et, pour tous ceux de ce pays qui sont exploités et opprimés par la minorité capitaliste, laisser les divisions ethnistes s’introduire dans nos rangs, c’est nous affaiblir, c’est nous rendre incapables de combattre efficacement nos véritables ennemis, toutes ethnies confondues, ceux qui nous exploitent et nous oppriment. Il ne faut pas laisser les empoisonneurs des classes dirigeantes nous empoisonner !