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- Lutte de Classe n°183
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Faire entendre le camp des travailleurs, avec Nathalie Arthaud - Meeting central de la campagne, le 26 mars 2017
Discours d’Arlette Laguiller
Travailleuses, travailleurs, chers camarades et amis,
Je prends la parole d’abord pour apporter mon soutien à Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière dans cette élection, notre candidate à toutes et à tous, mais aussi pour souligner la continuité dans le combat commun que nous menons.
J’ai été la candidate de Lutte ouvrière dans six élections présidentielles successives, avant que Nathalie prenne le relais.
La première fois que je me suis présentée, c’était en 1974. Nous étions la première organisation à avoir le courage de présenter à l’élection présidentielle une femme, qui était aussi une travailleuse, une employée.
En 1974, nous étions seulement six ans après la grève générale de 1968 et on aurait pu penser qu’avec le bouillonnement des idées qui avait marqué cette période de mai-juin 68, les partis traditionnels auraient osé présenter une femme, mais aucun ne l’a fait.
Et je suis consciente que ce qui a le plus marqué les esprits à l’époque, et peut-être encore aujourd’hui, ce sont des phrases de mes allocutions télévisées. Lors de ma première intervention, je disais en effet : « Je suis une femme et j’ose me présenter à cette République d’hommes. » Et lors de ma dernière intervention, je m’adressais aux travailleuses et travailleurs en disant : « Femmes, mes sœurs, travailleurs, mes frères. »
Eh bien, ma candidature suscita le mépris amusé de toute la caste politique et de bien des médias ! Comment une femme, une travailleuse, pouvait-elle faire irruption au milieu des petits jeux et des grandes combines ?
En 1976, un certain général Bigeard, ex-chef militaire des guerres coloniales du Vietnam et d’Algérie, proposa même de me « marier avec un parachutiste pour [me] calmer » ! J’ai sans doute été la seule à dire à ce ministre de Giscard qu’il n’était qu’un « pithécanthrope galonné ».
Ce pays, qu’on nous présente comme une grande démocratie, a donné le droit de vote aux femmes plus d’une décennie après la Turquie. Et ce n’est pas un hasard si la bourgeoisie conservatrice de ce pays n’avait jamais voulu présenter une femme jusqu’alors.
Eh bien oui, nous l’avons fait, parce que pour nous l’égalité des femmes et des hommes, avant d’être un droit à imposer, est un fait, une évidence ! Alors, je suis très fière qu’aujourd’hui encore nous ayons choisi une candidate, en la personne de Nathalie Arthaud, pour défendre les intérêts du camp des travailleurs.
* * *
Au-delà de la diversité des situations lors des six élections présidentielles successives, ce qui était commun à toutes mes candidatures, c’est que nous avons toujours voulu représenter les intérêts de classe du monde du travail, le camp des travailleurs.
Nous avons toujours cherché à ce que cette fraction des travailleurs qui ont gardé leur conscience de classe, la conscience que les exploités ont des intérêts opposés à ceux de leurs exploiteurs, puisse s’exprimer et qu’ils ne soient pas obligés de voter pour un homme politique de la bourgeoisie, que son étiquette soit de droite ou de gauche.
Certes, nous avons connu des scores et des résultats variables. De moins de 1 % à 2 % jusqu’à plus de 5 % en 1995 et 2002. Cela a représenté entre 200 000 et 1,6 million de femmes et d’hommes qui ont choisi, au moins une fois, de voter pour des communistes révolutionnaires.
Cela nous a permis de montrer, à travers ces six élections, que le courant dont nous exprimons les idées, certes minoritaires, est toujours là. Cela a permis que ne disparaisse pas la petite étincelle qui, si elle s’enflamme un jour, mettra le feu à la plaine.
Les coteries politiques de droite et de gauche qui se relayaient au pouvoir et les médias qui véhiculaient le conformisme de ces gens se gaussaient souvent, déjà à l’époque, de nos résultats ! À leur aune, ceux qui n’étaient pas en situation de conquérir le palais présidentiel de cette République bourgeoise ne méritaient que du dédain. Cette tradition persiste aujourd’hui, et Nathalie Arthaud a droit bien souvent à des réflexions ou à des questions qui me rappellent de vieux souvenirs.
Oui, les idées communistes révolutionnaires sont minoritaires dans ce pays, et nous en sommes parfaitement conscients. Il en a toujours été ainsi, sauf pendant ces périodes, si rares dans l’histoire, où les opprimés et les exploités de la veille relèvent la tête et font trembler la société sur ses bases.
C’est de ce creuset révolutionnaire qu’est né à l’époque le parti qui portait et qui porte toujours le mot « communiste » dans son nom, le Parti communiste français. Mais ce parti, à certaines époques ô combien puissant, a abandonné depuis des décennies toute perspective communiste, pour s’aligner, dans un premier temps, derrière la bureaucratie stalinienne de feu l’Union soviétique, avant de s’intégrer complètement dans le jeu politique de la bourgeoisie ici, en France.
Dans les années 1960-1970, le Parti communiste était un grand parti, implanté dans les entreprises, avec de nombreuses cellules. Et avant 1968, à chaque fois que nous venions à la porte des usines distribuer nos tracts, nous avions droit aux insultes, voire aux coups, de la part de militants du Parti communiste qui nous traitaient d’hitléro-trotskystes. Aujourd’hui, à part Lutte ouvrière, il n’y a plus grand monde qui distribue régulièrement une presse communiste devant la porte des usines.
À l’élection présidentielle de 1969, le PCF représentait 21 % de l’électorat, et encore 15 % avec Marchais en 1981. Cela a été ensuite une lente dégringolade, jusqu’à la dernière fois où ce parti a présenté un candidat, en l’occurrence une candidate, Marie-George Buffet, à l’élection présidentielle, où elle a obtenu moins de 2 % des voix, en 2007.
En 2017, le Parti communiste n’est plus présent dans cette campagne électorale, après son ralliement à Mélenchon, cet ancien sénateur et ministre du Parti socialiste, qui essaie de faire croire qu’il suffit de changer le numéro de la République pour que tout aille mieux pour le monde du travail.
Au grand désarroi d’une partie de ses militants, la direction du PCF n’a eu ni la volonté ni le courage de présenter un candidat.
L’affaiblissement du Parti communiste est uniquement dû à la politique de sa direction qui, déjà en 1974, n’avait pas présenté de candidat face à Mitterrand. Elle avait mis toute l’influence, tout le dévouement de ses militants dans les entreprises, dans les quartiers populaires, à présenter cet homme politique bourgeois comme l’espoir des travailleurs. Par la suite, elle avait soutenu le gouvernement Jospin, puis Hollande, et elle recommence aujourd’hui avec un Mélenchon qui pourtant la méprise.
Voilà comment le PCF a trompé, trahi les travailleurs. Voilà pourquoi le PCF a perdu son influence dans la classe ouvrière.
Alors, je dis aux militants du PC qui ont adhéré sincèrement à ce parti, pour les idées généreuses d’une société communiste et pas pour participer à des gouvernements qui mènent la politique voulue par la bourgeoisie, que s’ils ne veulent pas voter pour un Mitterrand au petit pied, s’ils veulent voter selon leurs idéaux, il faut qu’ils votent pour la seule candidate qui lève bien haut le drapeau du communisme, Nathalie Arthaud.
Et je suis sûre que dans cette salle sont venus des militantes et des militants, des ex-militants ou des sympathisants du PC. Alors, je les appelle à être plus fidèles à leurs convictions profondes qu’à une direction erratique et à voter pour notre camarade. Mais, bien sûr, c’est à eux qu’appartient ce choix.
Alors, pour ce qui nous concerne à Lutte ouvrière, nous continuerons à militer sur la base des idées communistes révolutionnaires, sur la base de ces idées qui nous relient au courant du mouvement ouvrier représenté successivement par Marx, Engels, Rosa Luxemburg, Lénine, Trotsky. Qui nous relient à cette révolution russe de 1917, ses perspectives, ses idées politiques, dont nous nous réclamons. Ces idées nous ont été transmises par d’autres générations de militants trotskystes qui, même broyés par le stalinisme, ont tenu bon dans de nombreux pays, et d’abord en Union soviétique, malgré les calomnies, la répression, les arrestations, les assassinats.
Eh bien, ces idées, nous continuerons à les défendre, en nous efforçant de reconstruire le parti communiste révolutionnaire qui manque à la classe ouvrière ! Nous continuerons à le faire, parce que la société capitaliste basée sur l’exploitation et la concurrence, qui conduisent l’humanité vers la catastrophe, ne peut pas être notre avenir.
Discours de Nathalie Arthaud
Travailleuses, travailleurs, chers amis, chers camarades,
La bourgeoisie mène la lutte de classe
La minorité capitaliste et le grand patronat nous mènent une guerre de plus en plus féroce. Les milliards qu’ils amassent sont réalisés à coups de licenciements, de suppressions d’emplois, de blocages de salaires, d’augmentations du temps de travail et d’aggravations de l’exploitation. Ils sont réalisés à grand renfort de travail intérimaire et de sous-traitance, où les salariés sont plus flexibles et plus mal payés. Ils sont arrachés aux salariés des plus petites entreprises, priés de ne pas compter leurs heures parce que leur patron est étranglé par ce grand capital.
Les régions ravagées par le chômage, les centres-villes désertés parce que le petit commerce est moribond, les millions de femmes et d’hommes, de jeunes qui jonglent avec des petits boulots, les retraités dont la pension est inférieure au seuil de pauvreté : voilà le résultat de l’avidité insatiable de la classe capitaliste.
On nous dit que la lutte de classe est dépassée. Mais les camarades qui m’ont précédée l’ont décrite très concrètement : ce sont les minutes de pause volées, les primes diminuées, les heures non payées, les RTT supprimées, les gestes et les postures répétés qui usent la santé. Et c’est tous les jours pour des millions de salariés, dans le privé comme dans le public. Prenez les négociations salariales qui se déroulent en ce moment dans les grands groupes. Michelin prévoit 14 % de plus pour les dividendes mais, pour les salaires, c’est 1 % à 3 %. Chez Renault, le PDG grassement payé Carlos Ghosn a promis aux actionnaires 31 % de dividendes supplémentaires, pour les ouvriers ce sera 0,6 % d’augmentation générale. La voilà, la lutte de classe !
Parce que je dénonce la grande bourgeoisie, parce que je décris l’opposition entre le monde du travail et la classe capitaliste, on m’accuse d’être schématique, caricaturale voire violente. Mais c’est la réalité qui est caricaturale et violente !
Comment ne pas être révolté par l’étalage des richesses, par ces jets privés, ces palaces, toutes les extravagances de la grande bourgeoisie, quand il y a des femmes et des hommes qui dorment dans la rue, ou renoncent à se faire soigner faute d’argent !
21 milliardaires possèdent l’équivalent de ce que détiennent 20 millions de femmes et d’hommes dans ce pays ! Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, patron de LVMH, a augmenté sa fortune de 8,5 milliards en 2016, pour atteindre 38,5 milliards. Drahi, le magnat de la télécommunication, a doublé sa fortune, passant de 5,4 milliards à 12 milliards. La fortune de Besnier, la famille à la tête de Lactalis, est passée de 7 à 10,5 milliards. Et tout ça en pleine période de crise, alors que l’économie est stagnante et que la concurrence fait rage.
Eh bien cela n’a été possible que parce que l’exploitation a été renforcée à tous les étages de leur empire. On nous présente toujours ces fortunes comme le fruit du travail mérité de valeureux entrepreneurs. Mais elles se sont construites sur le vol du travail de générations d’exploités et aussi sur la mise en coupe réglée de l’argent public !
Car la grande bourgeoisie pille aussi les caisses publiques, aux dépens des hôpitaux, de l’éducation, des transports. Et l’État vide volontiers ses poches. C’est l’argent sonnant et trébuchant des subventions ou des exonérations, mais ce sont aussi tous les services rendus quand les ministres se transforment par exemple en représentants commerciaux pour les Dassault ou les Bouygues.
Alors oui, cette grande bourgeoisie commande l’État, elle domine l’économie et pèse sur toute la marche de la société. Et elle nous conduit dans le mur, en poussant les classes populaires vers la déchéance matérielle et la société à la déshumanisation, car le chômage et la misère font le lit de la concurrence, de l’individualisme, du rejet, voire de la haine de l’autre.
Alors, dans cette campagne, il faut que nous disions aux travailleurs qui nous entourent : ne vous laissez pas abuser par les pantins qui s’excitent sur la scène politique. Regardez ceux qui tirent les ficelles, regardez la classe capitaliste qui tient nos vies entre ses mains : c’est une classe parasitaire, anachronique et irresponsable.
Et la guerre sociale qu’elle nous mène ne s’arrêtera pas au lendemain de la présidentielle. Elle se poursuivra et même elle s’aggravera, du simple fait que nous nous enfonçons dans la crise, et ce que la bourgeoisie ne peut pas gagner par l’élargissement de ses marchés, elle l’obtient en aggravant l’exploitation.
Si nous la laissons faire, ce ne sont pas 9 millions de pauvres que l’on comptabilisera, mais 10 ou 12 millions. Alors, saisissons-nous de cette élection pour dénoncer la dictature de la bourgeoisie, pour mettre en avant nos intérêts de classe et affirmer notre conscience d’avoir à nous battre pour les imposer.
L’élection présidentielle, une duperie
Beaucoup l’ont fait remarquer : cette campagne offre un spectacle inédit. Plusieurs candidats, sans être nouveaux en politique, se sont invités de façon inattendue. Et, en plus de ce casting renouvelé, on a droit à des rebondissements, avec désistements, ralliements, tractations d’appareil, divisions et démêlés judiciaires… Pour la première fois, on a un candidat à la présidentielle mis en examen et une autre menacée de l’être sous peu.
Cela donne un peu plus de piquant que d’habitude. Là, on les voit, tels que nature, avec leur arrogance propre aux privilégiés. On les voit, pris au piège de leur propre démagogie sur la justice, la tolérance zéro, et ils sont pris en flagrant délit de mensonge. Eh bien, il faut le garder en tête.
Parce que vous l’avez vu, avec le premier débat organisé : la comédie électorale a repris et elle suit son cours comme si de rien n’était. Et regardez comment tous les commentateurs prennent la moindre déclaration de ces gens-là pour argent comptant.
Bien sûr, tous ces politiciens savent y faire pour faire oublier leurs incartades et leurs bassesses. À les entendre, on pourrait presque les prendre pour des enfants de chœur ! Ils ont tous un petit mot pour les smicards, pour les femmes, pour les retraités, les handicapés, les agriculteurs, les commerçants, les jeunes. Ce sont de beaux parleurs.
Mais, au lendemain de l’élection, nous nous retrouverons toujours et encore confrontés au grand patronat qui décidera s’il ferme ou pas telle ou telle usine, qui décidera de reléguer les femmes dans les boulots les plus précaires et les plus mal payés. Les jeunes continueront d’être baladés de stage en contrat de qualification… Le grand patronat continuera de faire de nous des invalides et des handicapés, du fait de cadences et de charges de travail toujours plus lourdes ! Notre banquier décidera d’accepter ou pas le découvert ou le crédit dont on a un besoin vital. Et cela, quel que soit le président élu. Tous ces politiciens ne changeront rien de ce qui est fondamental pour nous. Parce qu’ils ne veulent rien changer à l’ordre social et à notre condition d’exploités. Beaucoup ont gouverné et on les a vus à l’œuvre. Aujourd’hui ils nous disent qu’ils ont compris, et qu’ils feront différemment. Mais il suffit de les entendre, y compris celle qui n’a pas encore gouverné, Le Pen, pour voir que toute leur politique transpire la servilité vis-à-vis de la bourgeoisie.
Un exemple. Ils parlent de la nécessité de lutter contre le chômage, de réindustrialiser le pays et d’investir. Il y aurait une chose très simple à faire, quelque chose qui ne dépend pas des capitalistes, qui ne dépend que d’eux s’ils sont élus : ce serait d’utiliser l’argent de l’État pour construire le million de logements qui manquent aujourd’hui.
Cela fait des décennies que l’on parle d’urgence en matière de logement. Eh bien l’État pourrait prendre le problème à bras-le-corps, il pourrait lui-même embaucher en direct, les maçons, les peintres, les électriciens, les ingénieurs et architectes ! Ce n’est pas la main-d’œuvre qui manque et ce n’est même pas l’argent, car ils ont tous prévu de donner des dizaines de milliards au patronat.
Mais aucun n’a la volonté de faire cela. Ils veulent réserver l’argent public à la bourgeoisie. Alors, vous pensez bien qu’ils ne prendront pas une seule mesure contraire à ses intérêts, ils la seconderont en menant une politique antiouvrière. Et les quelques mesures de leur programme un tant soit peu favorables aux classes populaires termineront, s’ils sont élus, à la poubelle ! Comme toujours !
On nous appelle à voter, mais il s’agit de choisir le président de la République qui servira le grand patronat, qui l’aidera à attaquer nos conditions de travail, nos emplois, nos retraites. Il ne faut pas marcher là-dedans. Quand on est ouvrier, employé, chômeur, voter pour l’un ou l’autre de ces prétendants à l’Élysée, c’est voter contre son camp, c’est se vouer à être trompé et sacrifié.
Vous connaissez sûrement l’expression très populaire en mai 68 : « La dictature c’est ferme ta gueule, la démocratie, c’est cause toujours ! » Eh bien c’est une expression à remettre à l’ordre du jour ! Ne vous laissez pas bercer de belles paroles ! Ne marchez pas dans le jeu truqué des élections. Utilisons notre bulletin de vote pour lever le drapeau de la conscience de classe et des luttes collectives !
Je l’ai dit maintes fois. Je ne suis pas candidate pour devenir présidente de la République. Ni Arlette Laguiller ni moi n’avons jamais rêvé de l’Élysée ou de Matignon. Nous ne voulons pas participer à la gestion de ce système capitaliste. Nous voulons le renverser. Nous sommes convaincus que les travailleurs, les exploités peuvent le faire et imposer une gestion collective de la société, à condition qu’ils en aient conscience, à condition qu’ils se battent tout simplement pour leurs intérêts.
Et la conscience se forge dans le combat politique. Avec Macron, Fillon, Le Pen, Hamon et Mélenchon, on a droit à toute une palette de partis, du plus libéral au plus étatiste, de la plus xénophobe au plus tolérant. Aucun d’eux ne représente les intérêts des travailleurs, et il faut le dire.
Saint Fillon qui aime l’oseille
Pour Fillon, c’est clair. Lui-même revendique être le serviteur dévoué de la bourgeoisie. Et il lui ressemble comme deux gouttes d’eau ! L’arrogance de Fillon, ses leçons de morale du genre « faites ce que je vous dis, pas ce que je fais », c’est exactement le mépris du grand capital pour le monde ouvrier !
Fillon s’est lancé dans la campagne comme l’homme de la probité et de la rectitude, un catholique pratiquant prêt à faire don de sa personne à la France. Et patatras ! Il a suffi que le Canard enchaîné fasse une enquête, tire sur un fil, et la pelote est venue. Et quelle pelote, je devrais dire le ballot de laine, puisque Fillon est maintenant poursuivi pour détournements de fonds publics, complicité et recel d’abus sociaux, manquements aux obligations de déclaration à la Haute autorité sur la transparence de la vie publique, et faux et usages de faux… Et je passe sur les costumes, la montre et les commissions à 50 000 euros. Mais au-delà de ses turpitudes, regardons bien son programme, la fin des 35 heures, la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, la retraite à 65 ans, plus d’impôts pour les pauvres, moins pour les riches. Car c’est le programme du grand patronat et, quel que soit l’élu, celui-ci cherchera à l’imposer. Alors nous sommes prévenus : le grand patronat va attaquer fort ! Eh bien il faut se tenir prêts à nous défendre.
Dans le Macron, tout est bon pour les patrons
Macron, lui, joue la carte de la jeunesse et la fraîcheur. Mais il se veut aussi l’homme de la synthèse. Macron, c’est l’enfant de Hollande et de Sarkozy, fiancé à Bayrou ! Bref, Macron, c’est comment faire du neuf… mais avec du vieux !
Et puis on peut être jeune et être un défenseur zélé des bourgeois. C’est même obligé quand, comme Macron, on a été banquier chez Rothschild. Macron a gagné trois millions, un million par an, pour jouer l’intermédiaire entre des requins de la finance dans cette banque. Et il se dit fier d’avoir, à la différence d’autres, une vraie expérience professionnelle. Comme si cela lui donnait une idée concrète de la vie de l’écrasante majorité de la population !
Macron regarde la société de sa fenêtre de bourgeois. Et que dit-il à la jeunesse ? « Créez votre activité, devenez auto-entrepreneurs. » Résultat, vous livrerez des pizzas comme les jeunes d’il y a trente ans. Mais au lieu d’être en scooter, vous serez à vélo ; et si vous avez un accident, vous n’aurez même pas de couverture sociale, car vous n’êtes pas salarié !
Macron vante aussi l’économie numérique… Mais l’économie numérique, c’est qu’au lieu d’être chauffeur de taxi, vous êtes chauffeur Uber. Au lieu d’être manutentionnaire chez Carrefour, vous l’êtes chez Amazon, mais vous alignez autant d’heures voire plus, et vous êtes aussi mal payé !
Le peu de temps qu’il a été au pouvoir, deux ans, il est parvenu à attacher son nom à deux lois antiouvrières : la loi Macron, qui a étendu le travail le dimanche, et la loi El Khomri, qu’il aurait voulue plus dure encore. Eh bien deux ans ça nous suffit !
Le Pen, fan de Trump, ennemie des travailleurs
Le Pen se prétend la « candidate du peuple » mais elle appartient au même monde que Fillon ou Macron, celui des riches qui usent de tous les moyens pour accroître leur fortune. Elle a même transformé son activité politique en petite entreprise familiale prospère. La seule chose qui la distingue, c’est qu’elle a toujours été écartée de la mangeoire gouvernementale.
À l’image de sa nouvelle idole, le milliardaire-président Donald Trump, et de Poutine, le grand chef de l’oligarchie russe, elle veut servir les capitalistes et les banquiers. D’ailleurs, plus elle s’approche du pouvoir, plus elle leur fait des œillades. Et elle aussi prévoit des suppressions d’emplois dans la fonction publique, la baisse de l’impôt sur les sociétés et des cotisations patronales.
Mais en même temps, cette démagogue laisse entendre aux classes populaires qu’elle reviendra à la retraite à 60 ans et versera une prime pour augmenter les plus bas revenus. Dans son programme, cette prime est passée de 200 euros à 80 euros. Mais surtout, elle prévoit de nous la faire payer, en taxant les importations et en réduisant ce qu’elle appelle « le coût de l’immigration ».
Nous paierons donc tous, parce qu’avec cette nouvelle taxe aux frontières tous les prix augmenteront. Et nous paierons une seconde fois, parce qu’avec son mot d’ordre de préférence nationale Le Pen affaiblit le monde ouvrier en le divisant !
Comme si le problème venait des étrangers ! Mais qui supprime des emplois ? Qui comprime les salaires ? Ce ne sont sûrement pas les immigrés qui travaillent sur les chantiers, sur les chaînes de montage, dans la restauration ou le nettoyage !
Si Le Pen parvenait au pouvoir, elle mènerait sur le fond la même politique que les autres, en étant encore plus dure avec les étrangers, comme on le voit aujourd’hui avec Trump aux États-Unis, et plus autoritaire avec tout le monde.
Dans les municipalités où le FN est aux affaires, il a rendu la vie infernale aux associations comme le Secours populaire. Et, vu son hostilité aux associations féministes et sa haine des syndicats, hormis quelques syndicats patronaux ou… policiers, oui, l’arrivée du FN ferait reculer les droits de tout le monde.
Alors, au copain de boulot, au voisin, à celui qui regarde vers Le Pen, il faut dire : laisse ce vote aux bourgeois du 16e qui ne supportent pas la vue d’un centre pour SDF ; laisse ce vote aux nostalgiques de l’Algérie française, à la Manif pour tous, aux nazillons mal vieillis, aux policiers racistes qui cognent ceux qui sont noirs en plus d’être pauvres ! Ne vote pas contre les immigrés, qui sont nos frères de classe ! Vote pour tes intérêts, vote pour ton camp, le camp des travailleurs !
Hamon, énième illusionniste du PS
À gauche, Hamon a repris la ritournelle de tous les candidats socialistes à la présidentielle. Faire rêver, réenchanter l’avenir. Dimanche dernier, lors de son meeting à Bercy, il a remixé le discours du Bourget de Hollande, vous savez, « Mon ennemi c’est la finance » et, de l’avis des commentateurs, c’était plutôt réussi ! Le seul problème c’est que l’on sait que c’est du pipeau.
Regardez son histoire de revenu universel. Au départ, ce revenu était présenté sous la forme d’un revenu de 750 euros versé sans condition à chaque individu dès sa naissance. Ce revenu universel a fait couler beaucoup d’encre. Eh bien cela a été de l’encre gaspillée, parce que Hamon ne prévoit plus qu’un RSA amélioré. Habituellement, les socialistes renient leurs promesses une fois arrivés au pouvoir, eh bien là, la promesse n’a même pas tenu le temps de la campagne.
Et sur le fond, il faut un sacré mépris pour les classes populaires pour croire qu’on peut leur faire accepter le chômage permanent avec une aumône de 750 euros par mois. Un travail, c’est non seulement du salaire mais aussi de la dignité.
Et ce qui est révélateur, c’est que Hamon a reculé parce qu’il ne trouvait pas comment le financer. Parce qu’il ne veut rien imposer au grand patronat, il ne veut surtout pas le faire payer. Alors oui, Hamon est bien le digne héritier du PS ! Et s’il arrivait au pouvoir, il ferait comme ses ancêtres, Mitterrand, Jospin et Hollande : trahir et démoraliser ceux qui l’ont élu !
Mélenchon, faux sauveur suprême
En concurrence avec Hamon pour incarner la « vraie gauche », le langage de Mélenchon et ses coups de colère font mouche chez les déçus du PS. Et le fait que le PC ait fini par le choisir lui donne une base militante dans les classes populaires.
Mélenchon promet de revenir à la retraite à 60 ans, de réduire le chômage, de porter le smic à 1 300 euros et d’augmenter les petites retraites. Mais attention, il se veut responsable et il assure que ces mesures ne coûteront rien au patronat. Pour compenser, Mélenchon a d’ailleurs prévu la baisse de l’impôt sur les bénéfices, qui passerait de 33 % à 25 %. Et il promet surtout de relancer l’économie.
Pour Mélenchon, s’il y a 6 millions de chômeurs, si le niveau de vie des classes populaires s’effondre, c’est parce depuis quinze ans il n’y a que des mauvais pilotes au sommet de l’État. Mais avec lui, tout va changer. Grâce à sa politique, le capitalisme sortira de la crise dans laquelle il s’enfonce et les capitalistes cesseront d’orienter tous les capitaux vers la finance ! C’est semer de graves illusions sur ce qu’est le capitalisme.
Quelles que soient les politiques publiques, que l’on sorte ou pas de l’Union européenne comme l’envisage Mélenchon, l’avidité et la dictature de la grande bourgeoisie sur les travailleurs et sur l’économie ne disparaîtront pas d’un coup de baguette magique !
Mélenchon pose en antisystème parce qu’il parle de VIe République. Mais prétendre redonner le pouvoir au peuple sans l’enlever des mains des vrais maîtres de la société que sont les capitalistes relève d’un tour de passe-passe.
Les régimes se sont succédé, mais l’appareil d’État, lui, s’est maintenu, avec souvent les mêmes hommes aux postes clés, intimement liés aux plus riches. Et les grandes familles bourgeoises ont traversé tous les régimes en s’adaptant et en ne cessant jamais de s’enrichir.
Prenez le groupe Lafarge : il a fait des affaires sous tous les régimes depuis plus d’un siècle, il a prospéré sous la IIIe République, la IVe et la Ve République. Il a participé à la construction du mur de l’Atlantique sous Pétain et Hitler. On a appris récemment qu’il a poursuivi ses affaires en Syrie sous Daesh et hier encore il était candidat pour construire le mur de Trump entre le Mexique et les États-Unis ! Autant dire que ce n’est pas une VIe République qui l’arrêtera !
Tout dans la politique de Mélenchon indique qu’il veut être le gérant loyal de cet ordre social, et c’est particulièrement frappant sur le plan international. Mélenchon aime discourir sur le rayonnement de la France, sur son universalisme et sa présence sur les cinq continents ! Mais comment la France rayonne-t-elle aujourd’hui ? En aidant à bombarder en Syrie et en Irak ! En intervenant au Mali ! En étant une puissance impérialiste, certes de seconde zone, mais impérialiste quand même ! Et cela, aucun travailleur n’y a intérêt !
Parce qu’il ne veut pas être accusé de laxisme, Mélenchon tient sur l’immigration des propos plus qu’ambigus. D’un côté, pour ne pas heurter une partie de ses électeurs, il promet de « donner des papiers à ceux qui ont un contrat de travail ». Mais juste après, il n’hésite pas à affirmer qu’« il n’y a pas moyen d’occuper tout le monde » et il justifie l’expulsion de « ceux qui n’ont ni papiers ni contrat de travail » car, dit-il : « c’est la loi » et « je ne sais pas quoi en faire » !
L’emballage se veut plus présentable, mais c’est ce que l’on entend du côté de Le Pen ! Eh bien ce n’est pas ainsi que l’on pourra contrer son influence dans les classes populaires. Il faut le dire clairement : non il n’y a pas de problème d’immigration. Il y a le problème d’une minorité qui accapare les fruits des richesses que nous produisons collectivement.
Alors, restons fidèles aux mots d’ordre qui ont fait honneur au mouvement ouvrier : liberté de circulation et d’installation pour tous les opprimés de la terre. Émancipation des travailleurs à l’échelle de la planète, émancipation qui sera celle des travailleurs eux-mêmes, car il n’y a pas de sauveur suprême !
Faire entendre le camp des travailleurs
Dans le cadre de cette compétition électorale, les principaux candidats s’opposent mais ils partagent le même parti pris fondamental : ils sont convaincus que sans les capitalistes il n’y a pas de croissance, pas de prospérité, pas d’emplois, pas de vie économique. Leur politique consiste à faire la politique qui leur convient.
J’appelle les travailleurs à affirmer l’inverse. La bourgeoisie n’est rien sans nous, les travailleurs. Les Arnault, les Drahi, les Bettencourt ne seraient rien sans les centaines de milliers de salariés qui travaillent dans leurs usines et leurs bureaux. Ils ne seraient rien sans leurs comptables, leurs chauffeurs, leurs femmes de ménage et leurs majordomes ! Même pour se faire à manger ils ont besoin de nous !
Ensemble, nous faisons tourner toute la société. Nous produisons toutes les richesses. Y compris les superprofits qui sont encaissés par une minorité. Y compris les produits de luxe réservés aux plus riches. Les progrès des transports, de la médecine, toutes les prouesses techniques, c’est nous ! Nous sommes indispensables à la bonne marche de l’économie et de la société.
Eh bien il faut que nous l’affirmions et que cela soit notre boussole politique. Nous sommes mille fois plus légitimes à mettre en avant nos revendications que cette classe minoritaire et parasite. Nos intérêts, nos emplois, nos salaires, nos retraites, nos conditions de travail et de vie doivent passer avant les parachutes dorés des PDG, avant les dividendes des actionnaires, avant les fortunes d’une minorité capitaliste.
Un programme de lutte pour le monde du travail
Si l’on veut que le camp des travailleurs se renforce, qu’il soit visible y compris par tous ceux qui sont écœurés de la politique comme par ceux qui veulent voter pour le FN, il faut qu’il se manifeste dans cette élection. Il faut que les travailleurs mettent en avant leurs intérêts, leur politique, leur programme.
Le premier point de ce programme, c’est d’éradiquer le chômage. Le patronat, et à sa suite tous les politiciens, prétendent qu’on ne peut pas garantir les emplois, qu’il leur faut de la flexibilité. Nous, travailleurs, nous devons affirmer qu’on ne peut pas vivre sans travail et que notre vie ne peut pas dépendre des aléas de leurs carnets de commandes. Nous ne sommes pas des machines que l’on peut brancher et débrancher. Nous avons une vie, une famille. Les loyers, les factures tombent tous les mois, même quand on a perdu son boulot. Il faut remplir l’estomac des enfants. Il faut que tout le monde ait un travail et un salaire. La première mesure, de bon sens, est d’interdire les licenciements et les plans de suppressions d’emplois, à commencer par les entreprises qui font des bénéfices.
On me répond souvent que c’est une contrainte intenable. Rendez-vous compte de la contrainte ! La BNP a réalisé 7,7 milliards de bénéfices et elle procède actuellement à 675 suppressions d’emplois. Maintenir ces emplois, répartir le travail lui coûterait 27 millions par an, soit un petit 0,3 % de ses profits annuels ! Et on peut faire le calcul pour Orange, SFR, PSA, pour les multinationales de la pharmacie ou des assurances, c’est la même chose. Ils sont tout à la fois les groupes les plus prospères et de grands fabricants de chômeurs.
On m’oppose en permanence les PME, mais il ne faut pas être dupe. La grande majorité sont des extensions des grands groupes, créées artificiellement par le biais de l’externalisation et de la sous-traitance, pour diviser les travailleurs et pour que les grands groupes se déchargent de leurs responsabilités sur des patrons plus petits.
Eh bien il n’y a aucune raison d’accepter d’être licencié parce qu’on travaille dans une petite entreprise de nettoyage, de maintenance ou d’ingénierie. Quant aux petites entreprises et aux artisans, ce qui les étrangle ce ne sont pas les salaires qu’elles versent, ce sont les banques et les donneurs d’ordres. Alors oui, interdiction des licenciements, et que les groupes capitalistes payent pour préserver les emplois, y compris dans les petites entreprises qu’ils étranglent !
Parallèlement, il faut aussi créer des millions d’emplois pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, pour tous ceux qui n’ont droit, depuis des années, qu’à quelques heures de boulot ici et là, pour tous ceux qui sont rejetés de la production parce qu’ils sont invalides ou handicapés. C’est possible, en imposant que le travail soit réparti entre tous. Et ce serait une mesure salutaire pour l’ensemble du monde du travail.
Dans presque toutes les entreprises, dans le privé et le public, la charge de travail a été alourdie, les horaires de travail, auxquels il faut ajouter le temps de transport, sont devenus insoutenables. Il faut soulager ceux qui ont un emploi en diminuant leur temps de travail et en créant des emplois, de vrais emplois, avec un salaire complet.
Et regardez les services publics. Prenez les hôpitaux : est-ce qu’il y a trop de personnels ? Est-ce qu’il y a trop d’enseignants dans les écoles ? Trop de bras dans les maisons de retraite ? On le voit dans la région parisienne au nombre de trains annulés, il manque des milliers de cheminots à la SNCF. Il manque des milliers de postiers dans les bureaux des quartiers populaires, des centaines de crèches ! Alors, que l’on ne nous fasse pas croire qu’il n’y a plus de travail.
Oui, il faut créer des emplois et se répartir le travail, cela nécessite d’imposer nos intérêts contre ceux du grand patronat et de l’État. Nous ne pourrons le faire qu’au travers d’une mobilisation déterminée, et en étant prêts à mener le combat jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à l’expropriation et la réquisition de tous ces grands groupes qui dominent aujourd’hui l’économie.
Pas un salaire à moins de 1 800 euros net– 300 euros d’augmentation pour tous
À côté de cela, il faut augmenter les salaires et les pensions de retraite. Les candidats susceptibles d’accéder à l’Élysée nous expliquent qu’il est impossible pour les entreprises d’augmenter le smic parce que cela leur poserait des difficultés.
Ils raisonnent tous du point du patronat. Pas un ne se demande comment on arrive à boucler les fins de mois quand on gagne 1 150 euros par mois, et moins quand on est à temps partiel ou au RSA ! Pour tous ces gens-là, la priorité, ce sont les affaires et la prospérité du patronat, le Cac 40. Il faut d’abord que cela aille bien de ce côté-là, que le grand patronat soit comblé, et ensuite, peut-être qu’un jour ces messieurs-dames se pencheront sur le sort des travailleurs. Eh bien on peut toujours attendre !
Dans cette élection, j’appelle les travailleurs à reprendre la revendication de 1 800 euros par mois mise en avant par certaines fédérations de la CGT. Mais nous, nous parlons de 1 800 euros net, parce que ce qui compte c’est l’argent qui rentre dans nos poches.
Cette mesure choque nombre de journalistes. À l’un d’eux, j’ai demandé combien il lui fallait pour vivre. Il l’a mal pris et ne m’a pas répondu. Mais je voulais juste l’inviter à faire ses comptes, parce que nous, nos comptes, nous les faisons tous les jours, et on mesure ce qu’il nous manque pour vivre sans l’angoisse du lendemain.
Pour ceux qui galèrent avec 900 euros ou 1 000 euros par mois, je sais que 1 800 euros apparaissent comme le bout du monde. Mais c’est bien parce qu’ils nous forcent à vivre avec tout juste le nécessaire. Parce que 1 800 euros net par mois c’est ce qu’il faut pour se chauffer correctement, pour se payer une bonne mutuelle, pour pouvoir réparer la voiture quand elle tombe en panne ou pour payer des études à ses enfants.
Et 1 800 euros net, c’est le minimum nécessaire pour tous : pour les salariés comme pour ceux qui, aujourd’hui, vivent d’une pension. Et puis, dans une société normalement constituée, tout le monde devrait avoir le droit d’être intégré à une activité utile, y compris ceux qui souffrent d’un handicap ou d’une invalidité. Alors le minimum est de revendiquer que tous les minima sociaux tels que le RSA ou l’allocation adulte handicapé soient alignés sur ces 1 800 euros net par mois.
Et, bien sûr, il faut que ces augmentations suivent le coût de la vie. On nous dit qu’il n’y a plus d’inflation, mais il suffit de comparer sa taxe d’habitation, sa facture d’électricité ou d’assurance pour voir que les prix augmentent. Alors, ce qui compte, c’est que nos salaires et nos pensions soient indexés sur le coût de la vie, sur le coût de la vraie vie et pas sur les indices officiels manipulés par le gouvernement !
On me dit que tout cela est de l’utopie. Mais, dans notre société, toucher 45 000 euros par jour comme Carlos Ghosn, le PDG de Renault-Nissan, ce n’est pas de l’utopie. Ça, c’est normal. Toucher plus d’un million d’euros par semaine quand on s’appelle Bettencourt, c’est aussi normal. Alors, quand tous ces gens-là parlent d’utopie, ils défendent les privilèges et le parasitisme de leur classe sociale.
S’il y a une utopie dans l’affaire, c’est de croire que ces augmentations de salaire seront données par un président de la République. La réalité, c’est qu’il faudra l’arracher par nos luttes et que cela dépendra de notre détermination. Alors oui, affirmons, qu’il nous faut des augmentations de salaire et que 1 800 euros c’est le minimum qu’il nous faut.
Contrôle des travailleurs sur les entreprises
Aujourd’hui, la bourgeoisie nous dit qu’elle n’a plus d’argent, qu’augmenter les salaires ce n’est pas possible, que le pays a un problème de compétitivité. Et évidemment la compétitivité doit toujours se faire sur le dos des travailleurs. Mais comment ces profits fantastiques sont-ils réalisés, si la concurrence est aussi rude et les contraintes aussi grandes ? Quelle est la marge bénéficiaire ? Pourquoi ne pas baisser les prix en prenant sur les bénéfices et surtout sur la part empochée par les actionnaires, du moins les plus gros ? Voilà ce que l’on est en droit de savoir.
La bourgeoisie a érigé le mensonge et l’opacité en art de gouverner. Elle en fait une arme pour imposer sa politique, nous devons revendiquer la levée du secret des affaires.
On verrait alors ce que l’entreprise verse réellement en salaires, ce qu’elle économise du fait des multiples exonérations de cotisations sociales, des niches fiscales, ce qu’elle verse en dividendes à ses actionnaires, ce qu’elle met en provisions. Il faut que l’on puisse connaître les conditions faites aux sous-traitants, les marges que les uns imposent aux autres, y compris les dessous-de-table.
Le patronat parle sans cesse du coût du travail. C’est de la propagande, car le travail ne coûte rien aux capitalistes, il leur rapporte ! Si embaucher des travailleurs coûtait plus cher aux patrons que cela leur rapporte, cela ferait belle lurette qu’ils auraient fermé la dernière usine, le dernier bureau, la dernière ligne de bus, le dernier hypermarché dans ce pays. Les patrons ne sont pas des dames patronnesses qui utilisent leur capital pour faire des bonnes œuvres et offrir de l’emploi. Alors oui, il faut connaître ce qui nous est volé au travers de l’exploitation !
Et puis on nous explique que la raison d’être de cette classe capitaliste est d’investir. Eh bien, que l’on regarde aussi combien va à la recherche, à la formation, à l’investissement. Les chercheurs dénoncent régulièrement les six milliards d’euros accordés chaque année en crédit d’impôt recherche à des entreprises qui, comme Sanofi, suppriment des postes de recherche et grugent l’État. Parce qu’en réalité même cette fonction d’investir, la bourgeoisie ne la remplit plus, parce qu’elle a trouvé plus profitable pour s’enrichir : la spéculation.
Plus qu’un droit au contrôle, il faudrait même parler de devoir civique, car c’est la seule façon de dénoncer et d’empêcher les crimes patronaux. Du scandale de l’amiante au Dieselgate, en passant par le Mediator des laboratoires Servier et la Dépakine de Sanofi, on a la preuve que le grand patronat n’a aucun scrupule à nous empoisonner. Alors il faut savoir ce qui se passe dans les entreprises, et les salariés sont aux premières loges pour cela.
Pas un courrier, même secret, n’échappe à l’assistante du PDG, parce qu’elle le prépare et l’envoie. Collectivement, en rassemblant toutes ces informations parcellaires, les salariés peuvent avoir le contrôle sur toutes les décisions et sur l’argent qui circule dans l’entreprise.
Les patrons le savent et le craignent, c’est pour cela qu’ils imposent le secret professionnel aux salariés. Il faut donner la possibilité à tous les salariés de se transformer en lanceurs d’alerte, sans craindre d’être placardisé ou licencié. Il faut supprimer le secret des affaires.
Cette mesure modifierait le rapport de force entre le patronat et les travailleurs, en donnant de nouvelles armes aux travailleurs. C’en serait fini du chantage patronal, des rumeurs et des fausses informations. Les travailleurs sauraient à quoi s’en tenir, ils pourraient anticiper, s’organiser face aux attaques patronales et prendre l’initiative pour les empêcher de nuire.
Alors voilà notre programme ! Ce n’est pas, comme tous les autres candidats, un catalogue de promesses numérotées qui seront aussi vite bafouées qu’elles ont été inventées. C’est un programme qui découle de nos besoins.
Et les objectifs que nous mettons en avant n’ont rien à voir avec des promesses électorales : ce sont des objectifs de lutte qui ne pourront être imposés qu’au travers d’une levée en masse du monde ouvrier, un bras de fer qui amènera forcément les travailleurs à contester la propriété privée de la bourgeoisie sur les moyens de production.
Nos adversaires ne s’y trompent pas. Ils hurlent aux mots d’expropriation et de réquisition. Eh bien oui, il faut remettre en cause la propriété privée sur les moyens de production. Il faut contester la propriété privée de la bourgeoisie qui s’est édifiée sur la sueur de générations de travailleurs, et qui continue de s’accroître au travers de notre exploitation.
Oui, je suis communiste et je suis candidate aussi pour dire qu’il faut retirer à cette infime minorité immensément riche le pouvoir de maintenir dans l’esclavage salarial l’écrasante majorité de la population.
La jeunesse peut changer la société
Je voudrais que les jeunes réfléchissent à cela. Le propre de la jeunesse est d’avoir un avenir, et de l’énergie à la hauteur de son enthousiasme. La jeunesse bâtira le monde de demain, et elle le fera à partir de ce qui lui aura été légué. Or l’héritage est à la fois exceptionnel et menaçant.
D’un côté, l’humanité a accompli des choses époustouflantes, transformant la planète en fonction de ses besoins. L’esprit humain a fait des pas de géant dans la compréhension du monde. Mais, parce que la société est dominée par l’argent, cette organisation sociale est devenue une menace pour l’humanité elle-même. Dans le monde d’aujourd’hui, il ne fait pas bon être pauvre ou pourchassé par les guerres ou les catastrophes écologiques.
Quand je me suis engagée, à 18 ans, je ne supportais pas de voir l’Afrique ravagée par la famine dans une société d’abondance. Aujourd’hui, plus d’un quart de siècle plus tard, dans l’est de l’Afrique 20 millions de personnes sont entre la vie et la mort faute d’eau et de nourriture ! Et à côté de cela le secteur du luxe et des ventes d’armes prospère. Cette société est aveugle.
Malgré le savoir accumulé, l’humanité ne maîtrise pas son propre destin, parce qu’elle est dominée par de grands groupes capitalistes qui ravagent la planète autant par leur rapacité que par leur rivalité.
Leurs guerres économiques et leurs guerres tout court dévastent des régions entières. Regardez les peuples du Proche-Orient. Leur malheur est de vivre dans une région riche en pétrole, convoité par les grands groupes capitalistes depuis au moins cent ans. Regardez ces régions d’Afrique transformées en champ de bataille perpétuel parce que leur sous-sol contient des richesses minières exceptionnelles. Et tous dépendent, comme nous ici, du grand casino de la Bourse et de la spéculation.
Vous, les plus jeunes, qui m’écoutez, vous voulez œuvrer dans le domaine scientifique, culturel, artistique, humain… vous ne pouvez pas ignorer cette réalité. Quels que soient vos espoirs et vos objectifs, ils rencontreront inévitablement ce « mur de l’argent ».
Le progrès de l’humanité ne peut passer que par le renversement du capitalisme. Alors il faut que des jeunes fassent le choix de devenir des artisans conscients de la société future, c’est-à-dire des communistes révolutionnaires. Il faut que des jeunes, femmes et hommes, se fixent l’objectif d’aider l’humanité à résoudre les contradictions dans lesquelles le capitalisme l’enferme.
Les moyens sont là. La force sociale capable de combattre la classe capitaliste dominante est là, ce sont les exploités du monde entier. Ils n’ont jamais été aussi numériquement importants, car la classe ouvrière internationale n’a jamais été aussi présente partout sur la planète. Aujourd’hui, il lui manque l’ambition consciente d’avoir à transformer la société en expropriant la bourgeoisie.
Et il lui manque la conscience d’appartenir à une seule et même classe internationale. Car le capitalisme pousse à la concurrence et cherche à dresser les travailleurs les uns contre les autres. Et, quand aucune frontière nationale ne nous sépare, il utilise les différences de sexe, d’origine, de couleur de peau pour implanter des frontières dans nos têtes et exacerber le racisme, la xénophobie ou le communautarisme.
Alors il faut des jeunes, des femmes et des hommes qui aient la volonté d’abattre toutes ces frontières et qui soient fiers d’affirmer : « Ma patrie, c’est l’humanité » !
Le fait est que l’humanité n’a jamais été autant mélangée et proche car, en même temps qu’il nous oppose, le capitalisme nous relie comme jamais. Aujourd’hui, les crises économiques du capitalisme se répandent à la vitesse de la lumière, et au sens propre du terme !
Un nouvel effondrement boursier à Wall Street, et c’est l’humanité entière qui plongera dans le marasme économique. Ce destin commun à tous les exploités est un fait irréversible. Comme les révolutions naissent des crises, les prochains ébranlements révolutionnaires auront inévitablement une dimension planétaire.
Le capitalisme est au bout du rouleau. Mais il ne quittera pas la scène de lui-même. Et on ne peut pas attendre les bras croisés qu’une société nouvelle émerge. Le remplacement du capitalisme par une économie rationnelle, collective et démocratiquement planifiée ne pourra être qu’un acte conscient et délibéré de centaines de millions d’opprimés.
Marx a vu dans la classe ouvrière la classe sociale qui changera le monde car, pour le paraphraser, elle n’a rien d’autre à perdre que ses chaînes. La jeunesse devra trouver le chemin de la conscience et du cœur de la classe ouvrière, si elle veut contribuer à changer le monde.
On dit que l’avenir appartient à la jeunesse, et c’est une évidence. Mais cet avenir dépendra du fait qu’il se trouve des jeunes qui s’emparent de ces perspectives révolutionnaires.
Alors, aux jeunes, je dis : emparez-vous des idées communistes révolutionnaires et du passé de lutte du mouvement ouvrier. Ce sont ses seules richesses mais elles sont inestimables. Imprégnez-vous de ces idées et de ce passé, de ces périodes où les soulèvements des exploités et leur organisation ont fait trembler la société capitaliste, de ces époques où les révolutions ouvrières ont failli détruire l’édifice de la bourgeoisie. C’est cela qui préparera les combats que nous aurons à mener, que vous aurez à mener.
De l’élection au parti des travailleurs
Pour changer la société, la classe ouvrière aura bien des combats à mener, des petits et des grands. C’est dans le combat pour ses intérêts vitaux qu’elle forgera la conscience de son rôle historique. Et, pour cela, les luttes sociales, les grèves, les mouvements sociaux sont les combats qui comptent le plus.
Mais le moindre débrayage, la moindre grève se prépare d’abord dans les têtes. La moindre lutte se prépare bien avant dans les esprits. On pèse le pour et le contre, on réunit son courage. Mais on ne peut pas gagner sans être sûr de nos intérêts, sans comprendre où sont nos ennemis, nos faux amis. Tout cela se forge dans le combat des idées et le combat politique.
Il faut s’adresser à tous ceux qui regrettent le recul de la conscience ouvrière. Il faut les convaincre d’affirmer leur propre conscience de classe dans cette élection. Oui, le monde ouvrier a besoin de repères politiques et d’une boussole, eh bien il faut que cette élection soit l’occasion de les mettre en avant.
J’appelle les travailleurs qui sont d’accord avec ce programme à voter pour ma candidature. Je les appelle à faire un vote de classe et de combativité. Oh, voter, ce n’est pas encore agir et se battre réellement. Mais quand on a cette révolte, quand on a cette conscience, il faut les exprimer de façon à ce qu’elles deviennent une expression collective, de façon à ce qu’elles permettent de construire une force politique.
Nous n’avons pas encore de parti à opposer à la bourgeoisie. En tout cas pas de parti capable de mener le combat politique à armes égales avec les partis bourgeois. Et c’est tout le problème. Si les conditions d’existence des travailleurs reculent, s’ils sont désorientés, si la confusion règne dans beaucoup de têtes, c’est qu’il n’y a plus de parti ouvrier digne de ce nom depuis longtemps.
Le vote pour ma candidature permettra, le temps d’une élection, de faire apparaître les travailleurs comme une force, comme un camp politique. Et il faut qu’il se maintienne après les élections. Car nous n’avons pas seulement besoin d’exprimer nos intérêts à un moment donné, nous avons besoin de mener le combat tous les jours, au quotidien dans les entreprises, en permanence contre la politique antiouvrière relayée par les gouvernements. Cela, c’est le rôle d’un parti.
Il faut un parti qui affirme que la société est divisée en deux classes aux intérêts inconciliables et que nous devons nous battre, en ne comptant que sur nos propres forces, pour défendre notre droit à l’existence ; un parti qui affirme que les travailleurs peuvent se passer du grand capital parce que ce sont eux qui font tout fonctionner dans la société.
Voter, ce n’est pas encore construire un parti. Mais c’est déjà se rassembler de façon ponctuelle derrière un drapeau. Et d’élection en élection, de mouvement de grève en manifestation, cela participe de la construction du parti. Alors votez et entraînez les gens autour de vous pour faire entendre le camp des travailleurs, et aidez-nous à construire ce parti qui manque aujourd’hui à la classe ouvrière.
Une minorité qui peut peser
J’appelle tous ceux qui partagent ces idées à voter pour ma candidature, sans craindre d’être minoritaires ou à contre-courant.
Oui, nous sommes à contre-courant. Non seulement parce que la crise pousse dans un sens toujours plus réactionnaire et barbare, mais aussi pour une raison plus profonde, liée à notre condition d’exploités : les travailleurs n’ont pas confiance dans leur force collective et, plus fondamentalement, ils n’imaginent pas s’ériger en classe dirigeante.
L’idée que les travailleurs peuvent peser par en bas en s’organisant et en prenant eux-mêmes des décisions est une idée bien en avance sur la conscience de la majorité des travailleurs. S’ils savent bien que le véritable pouvoir n’est pas à l’Élysée, mais dans les conseils d’administration des grandes sociétés, toute la hiérarchie sociale cherche à les convaincre que cet ordre est immuable et inchangeable.
Le seul pouvoir qu’ils croient détenir est celui de leur bulletin de vote, qui leur permet de choisir celui qui accommodera cet ordre social. Et comment pourrait-il en être autrement, quand toute la vie sociale est organisée pour que les travailleurs se plient à des décisions venues d’en haut ?
Dans leur vie quotidienne, ils subissent des décisions prises par d’autres, des réglementations et le diktat patronal. Dans leur entreprise, on leur cache les décisions, y compris celles qui les concernent. On leur demande de bosser et de se taire !
Alors oui, aujourd’hui, la majorité des travailleurs ne voient pas d’autre façon de diriger le pays que de s’en remettre à une classe politicienne dont on voit pourtant tous les jours qu’elle est pourrie. Ils sont piégés par ce jeu électoraliste. C’est de cela que Le Pen profite. « On les a tous essayés, sauf elle », entend-on. C’est l’expression de la désorientation, et plus fondamentalement cela pousse à la résignation et à la passivité politique.
Alors, le sens de notre combat, c’est de conforter la conscience de classe et de dire aux travailleurs qu’ils doivent avoir confiance dans la force collective qu’ils représentent, qu’ils doivent avoir confiance dans leurs capacités. C’est dans le feu de l’action, dans l’expérience de leur force que les travailleurs découvriront leur force.
Aujourd’hui en Guyane, comme en Guadeloupe en 2009, des milliers de femmes et d’hommes ont décidé de dire que le chômage et la vie chère ça suffit ! Ils redécouvrent leur force collective, en agissant ensemble, de façon organisée. Ils redécouvrent qu’ils peuvent faire pression sur les autorités de Paris par en bas.
Avec l’appel à la grève générale des différents syndicats, le mouvement peut encore s’amplifier et je souhaite qu’au travers de leur mobilisation les travailleurs prennent conscience de leurs intérêts de classe face à l’État, face aux possédants, y compris face aux notables locaux qui chercheront à prendre la direction de leur lutte. Et j’en profite, comme l’a fait Jean-Marie Nomertin, pour les saluer et leur souhaiter d’aller le plus loin possible dans leur combat !
C’est dans ces situations d’explosion sociale que la présence de femmes et d’hommes qui ont pris conscience de leurs intérêts dans les combats électoraux est déterminante. En 2012 j’ai réalisé 0,56 %, il faut bien sûr essayer de gagner de nouvelles voix. Mais il faut avoir à l’esprit que si, dans les urnes, 200 000 ou 300 000 voix pèsent peu face aux millions d’électeurs, dans les mouvements sociaux il en est tout autrement. 200 000 ou 300 000 femmes et hommes conscients de leurs intérêts et agissants, quand la combativité des travailleurs se réveille, cela peut changer bien des choses ! Alors, une par une, gagnons de nouvelles voix pour renforcer notre camp !
Menons une campagne militante
Je suis la candidate. Les institutions sont ainsi faites qu’il fallait un nom, et mes camarades m’ont choisie pour porter cette campagne. Mais ce n’est sûrement pas une campagne personnelle.
Bien sûr, je suis en première ligne dans les médias et je me bats comme je peux sur les plateaux de télé. Une campagne comme celle-ci, relayée au niveau national, permet justement de s’adresser à des millions de travailleurs. Et parmi eux il y en a quelques centaines de milliers qui partagent à un degré ou un autre ces idées. Il y a tous ceux qui croient vain d’exprimer leur révolte vis-à-vis de cette société. Tous ceux qui n’osent plus avoir d’idéal.
Ma candidature leur permettra de rompre leur isolement et de se rallier à un camp. Elle leur permettra de se conforter dans leurs convictions. C’est déjà quelque chose d’important. Mais cela touchera surtout ceux à moitié convaincus.
Il y a tous les autres. Plus largement, il y a aussi tous ceux qui se posent des questions, qui sont perdus. Il y a encore tous ceux qui retombent dans le panneau des illusions électoralistes. Tous ceux qui sont tellement écœurés qu’ils ne veulent même plus entendre parler de politique et de vote. Ils sont dans notre famille, ce sont des amis, des voisins, des collègues de boulot. C’est vous qui pouvez les toucher, en prenant le temps de la discussion. Il faut essayer de les convaincre et de leur donner envie de s’exprimer, en tant que travailleur, salarié, chômeur. Au-delà du résultat, ce qui comptera ce sont toutes les discussions que nous aurons eues. Le simple fait d’avoir affirmé des convictions, d’avoir fait réfléchir, d’avoir apporté des réponses, d’avoir fait avancer des idées parmi les nôtres, est important.
Nous sommes une petite organisation, mais les idées que nous portons nous dépassent car elles reflètent la lutte de classe à laquelle des millions d’exploités sont confrontés. Et, tôt ou tard, ils chercheront ces idées, ils en auront besoin.
Rien n’est à négliger, toutes les discussions seront utiles. Et nous n’avons plus que quatre semaines. C’est très court et il faut que ce soit une période intense pour tous. Car, même s’il y a deux campagnes parallèles, comme dans les festivals où il y a le in et le off, et que je ne participe qu’au off, cette campagne nous donne pour une fois le moyen de nous faire entendre plus largement. C’est l’occasion de faire des rencontres, de resserrer les liens, de regrouper tous ceux qui veulent faire avancer ces idées et nous aider dans la construction d’un parti. Alors, je vous fais confiance pour en profiter le plus possible !
Votez pour vos intérêts
J’appelle tous ceux d’accord avec ma candidature à voter pour faire entendre le camp des travailleurs. Encore une fois, à quoi sert-il de voter avec la majorité quand cela conduit à élire un adversaire ? Aujourd’hui, combien de travailleurs se mordent les doigts d’avoir voté Hollande en 2012 ? Et il faudrait recommencer avec un autre ?
Croire qu’il faut voter « utile », ou « voter pour le moins pire » de façon à se protéger est un leurre. Il n’y aura pas de moins pire pour le monde ouvrier s’il ne renoue pas avec la tradition du mouvement ouvrier et avec ce qui lui a toujours permis d’avancer : les luttes collectives puissantes.
Et je le dis à ceux qui sont écœurés par le spectacle politicien et qui envisagent de s’abstenir : certes, voter ne changera pas votre sort. Mais quand on a la possibilité de protester, de dire ce que l’on pense, il faut le faire. Et on le fait dans la vie de tous les jours, on le fait au travail, on le fait quand une injustice se déroule sous nos yeux, même si l’on n’est pas en mesure de l’empêcher, parce que c’est aussi une question de dignité.
S’abstenir, ce n’est pas une preuve de conscience ou de radicalisme. C’est se soumettre et c’est déserter, car si nous ne défendons pas nos idées, qui le fera ? Personne ne mènera le combat à notre place.
Parfois on ne trouve pas le moyen de se battre, de faire grève, de manifester, ou simplement de protester. Parce qu’on est seul ou parce que le rapport de force est trop défavorable. Mais voter, s’exprimer dans l’urne, est un geste à la portée de tous.
Il n’y a pas de petits combats, pas de petits gestes. Quand on est minoritaire, la moindre voix compte et peut porter. Alors, il faut entraîner le maximum de ceux qui nous entourent à joindre leur voix à la nôtre.
Voter pour ma candidature,
C’est affirmer que les travailleurs constituent une seule classe sociale, quelle que soit leur nationalité, leur origine ou la couleur de leur peau, et que leurs intérêts s’opposent à ceux de la bourgeoisie.
C’est rejeter le racisme, le chauvinisme, toutes les idéologies qui opposent les exploités les uns aux autres plutôt qu’à leurs véritables ennemis, et défendre la liberté de circulation et d’installation pour les migrants !
C’est refuser les guerres menées sous prétexte de lutte contre le terrorisme, alors qu’elles ne servent qu’à assurer le pillage par la bourgeoisie française des pays déjà pauvres de son ancien empire colonial.
C’est dénoncer les dépenses exorbitantes d’armement. Les firmes capitalistes de ce secteur sont parmi les plus parasitaires. Elles devraient être expropriées.
C’est réclamer l’expropriation des banques privées, dont les spéculations conduisent périodiquement l’économie au bord du gouffre.
C’est être conscient que l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes et que tous ceux qui se posent en sauveurs les trahiront.
C’est se préparer à riposter aux attaques du futur président, quel qu’il soit, et de son gouvernement.
Dès aujourd’hui, dans cette campagne, levons notre drapeau, celui des travailleurs et des luttes collectives. Faites un vote de classe, un vote de conscience et de fierté ouvrière. Votez et faites votez pour faire entendre le camp des travailleurs.
Fac-similés de la profession de foi et de l'affiche officielle
La circulaire de Nathalie Arthaud qui sera envoyée aux électeurs :
http://www.nathalie-arthaud.info/sites/default/files/documents/201703-circulaire.pdf
L'affiche pour les panneaux électoraux des bureaux de vote :
http://www.nathalie-arthaud.info/sites/default/files/documents/201703-affiche-panneau.pdf