Premier bilan de la campagne électorale : La campagne de Lutte Ouvrière aux législatives01/03/19731973Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

Premier bilan de la campagne électorale : La campagne de Lutte Ouvrière aux législatives

Au moment où nous écrivons - quelques jours avant le scrutin - il est évidemment trop tôt pour tirer un bilan définitif des élections législatives du 4 mars 1973. Pour cela il nous faut attendre les résultats du vote que nous ne possédons pas encore. Pourtant il est déjà possible de tirer un premier bilan de cette campagne que nous menons depuis des semaines déjà et qui s'achève d'ailleurs en ce moment.

Se présenter à des élections signifie habituellement qu'on appelle à voter pour les candidats qu'on présente. C'est évidemment le cas des organisations révolutionnaires tout comme des formations politiques bourgeoises. Si la petite histoire a retenu le cas de candidats anarchistes qui se présentèrent en faisant campagne pour l'abstention, ils n'apparurent jamais, semble-t-il, que comme d'aimables farfelus.

Une telle affirmation pourrait sembler un truisme. Il n'est pas rare pourtant - et cela est arrivé encore au cours de cette campagne - de rencontrer des militants révolutionnaires gênés de déployer tant d'efforts pour appeler les travailleurs à mettre un bulletin dans l'urne, réticents, sinon à faire ces efforts, du moins à appeler à voter, reprochant à Lutte Ouvrière de le faire avec tant d'insistance et de véhémence. Cette gêne vient de ce qu'ils voient une contradiction dans le fait d'appeler à voter tout en dénonçant le système électoral et parlementaire. Il s'agit en fait d'une mauvaise compréhension de notre position anti-parlementaire. Les révolutionnaires excluent certes la possibilité de changer la société en restant dans le cadre des institutions bourgeoises. Ils n'excluent pas la possibilité de mener des batailles politiques, limitées ou partielles bien sûr, dans le cadre de ces institutions. D'ailleurs tout leur combat ne se déroule-t-il pas, par définition, dans le cadre de la société bourgeoise ?

Il est vrai que si l'on appelle les travailleurs à voter pour les candidats révolutionnaires, il faut leur donner une raison de le faire.

Les militants révolutionnaires peuvent trouver une raison de se présenter aux élections pour le parlement bourgeois dans le simple fait que se présenter leur donne des moyens de propagande qu'ils n'ont pas en temps ordinaire : moyens techniques mis à la disposition des candidats par l'État (temps de parole à la télévision et à la radio, acheminement des professions de foi auprès de chaque électeur, emplacement réservé pour placarder les affiches, etc...) et aussi possibilités politiques du fait qu'en ces périodes électorales, l'ensemble de la population, y compris la classe ouvrière, est plus réceptive aux choses de la politique et à ce qu'en disent les candidats. Mais si c'est là une raison pour les militants révolutionnaires de se présenter, ce n'en est pas une, pour les travailleurs auxquels ils s'adressent, de voter pour eux.

D'autre part, dans la situation actuelle, aucun travailleur ne peut voter dans le but d'envoyer un député trotskyste au Parlement, car il est évident qu'il ne peut pas y avoir d'élu trotskyste à l'Assemblée Nationale française. Et cela pas seulement parce que les trotskystes ont une audience très faible, mais surtout parce que le mode de scrutin défavorise systématiquement les formations les plus petites et surtout celles situées aux extrêmes de la carte électorale. Le PSU avec près de 900 000 voix, soit 4 % du corps électoral qui correspondrait proportionnellement à 19 députés, n'en eut aucun aux élections de 1968. Avec plus de 200 000 voix, nombre de suffrages qu'avait recueilli la candidature d'Alain Krivine aux élections présidentielles de 1969, les trotskystes auraient au scrutin proportionnel 4 ou 5 députés. Avec le mode de scrutin actuel, uninominal à deux tours, ils pourraient en recueillir dix fois plus, deux millions, qu'ils n'auraient probablement aucun élu.

Pour quelle raison donc un travailleur du rang, qui n'est pas un militant révolutionnaire, qui n'est pas un socialiste convaincu de la nécessité de la révolution, peut-il, dans ce contexte, voter pour les candidats de Lutte Ouvrière ou de la Ligue Communiste ? Uniquement pour exprimer, en même temps que son refus de la droite actuellement au pouvoir, sa méfiance pour l'Union de la Gauche, formée des trois partis, Radical de gauche, Parti Socialiste, Parti Communiste Français, et ayant à sa tête le vieux politicien bourgeois qui dirige actuellement le PS, François Mitterrand. Cette méfiance existe. De nombreux travailleurs l'expriment même. Nous l'avons rencontrée partout dans cette campagne.

C'est donc sur cette base que nous avons fait campagne. Les deux textes que nous donnons en annexe - le premier extrait du discours télévisé de Arlette Laguiller, porteparole de Lutte Ouvrière à la radio et à la télévision, le second extrait d'un tract diffusé à un million d'exemplaires dans tout le pays, la dernière semaine de la campagne - résument parfaitement l'axe de notre campagne électorale.

Pour que cette campagne ait un sens, pour que nous puissions affirmer que nous offrions à la classe ouvrière française la possibilité d'exprimer sa méfiance de l'Union de la Gauche en même temps que son refus de la droite, il était nécessaire de présenter des candidats révolutionnaires à l'échelle du pays, c'est-à-dire, sinon dans les 473 circonscriptions, du moins dans les grands centres industriels du pays, dans toutes les circonscriptions à forte proportion ouvrière. Ce but, nous avons d'abord tenté de l'atteindre en passant accord avec les deux autres principales organisations qui se réclament du trotskysme : la Ligue Communiste et l'OCI Chacune des trois organisations présentant une centaine de candidats, nous couvrions plus de la moitié des circonscriptions.

Finalement l'OCI s'est dérobée, a refusé l'accord avec la Ligue et Lutte Ouvrière et n'a présenté qu'une vingtaine de candidats, n'ayant plus dès lors qu'une participation symbolique à ces élections. Cette dérobade obligeait la Ligue et nous à un effort supplémentaire, si nous voulions atteindre l'objectif prévu de présenter des candidats dans 300 circonscriptions. La Ligue au début envisagea de faire, au moins en partie, cet effort supplémentaire et de présenter 130 candidats environ. Elle n'en a finalement présenté que 93.

L'essentiel de l'effort a donc finalement reposé sur les seules forces de Lutte Ouvrière. Nous avons présenté 171 candidats de telle façon qu'en y ajoutant les 93 candidats de la Ligue Communiste, avec qui nous avions passé accord, le mouvement révolutionnaire couvre bien plus de la moitié des circonscriptions et pratiquement toutes les circonscriptions ouvrières. Et c'est là que nous pouvons arguer d'un premier succès. Cet effort supplémentaire, non prévu au départ, nous avons pu l'accomplir. Dans les 171 circonscriptions (un peu plus du tiers de toutes les circonscriptions) notre organisation a mené une campagne effective : collages d'affiches, distributions de tracts, réunions, prises de parole devant les usines ou dans la rue, etc... Ce n'était donc pas là un coup de bluff pour gonfler artificiellement notre importance, mais un objectif qui correspond à notre force organisationnelle actuelle.

Parallèlement - et bien entendu en résultat de cet effort - nous sommes apparus comme une force politique existant au plan national. Jusque-là Lutte Ouvrière, en dehors du milieu «gauchiste», était essentiellement connue des quelques centaines de milliers de travailleurs des deux cents grandes entreprises où existent un groupe et un bulletin régulier Lutte Ouvrière. Pour la première fois Lutte Ouvrière est apparue aux yeux de millions d'autres travailleurs, qui en ignoraient même l'existence jusque-là. Pour la première fois des dizaines de milliers d'autres travailleurs ont pu avoir le contact, à l'occasion des réunions, des diffusions de tracts, des prises de parole, des ventes du journal, avec les militants de Lutte Ouvrière. Pour la première fois, même pour les travailleurs des usines où nous avons depuis longtemps une activité politique régulière, nous sommes apparus comme un mouvement existant à l'échelle nationale et intervenant dans les problèmes politiques nationaux. Et par là nous avons franchi une nouvelle étape dans la voie de la construction du parti révolutionnaire.

Nous avons remporté un succès sur un deuxième plan. En présentant 171 candidats qui étaient tous des travailleurs et pour la plupart des militants politiques et syndicalistes connus dans leur entreprise, en faisant d'une travailleuse notre porte-parole national à la télévision et à la radio, nous sommes apparus comme une tendance du mouvement ouvrier et non plus simplement comme une tendance d'un mouvement «gauchiste» qui serait complètement extérieur à la classe ouvrière.

Cela s'est reflété dans l'attitude nouvelle vis-à-vis de nous des militants du PCF. Certes, ici ou là, cette campagne a encore été marquée par quelques agressions de nervis staliniens contre les colleurs d'affiches ou les vendeurs de Lutte Ouvrière. Certes, l'hostilité d'un certain nombre de militants du PCF ou de la CGT, qui voient rouge dès qu'on leur parle de trotskysme, n'a pas désarmé. Certes, là des municipalités staliniennes ont refusé des salles à nos candidats pour tenir leurs réunions, ici les journaux locaux du PCF continuèrent à nous insulter ou nous traiter de diviseurs, ailleurs nos affiches furent systématiquement lacérées par les membres du PCF.

Pourtant, un peu partout aussi, nous avons eu le contact avec un grand nombre de militants ou de sympathisants du PCF qui sont venus discuter auprès des militants Lutte Ouvrière ou même dans nos réunions. Et leur attitude montrait clairement que, s'ils n'étaient évidemment pas d'accord avec les révolutionnaires, et même s'ils critiquaient très violemment notre politique, ils considéraient tout de même qu'ils avaient affaire avec une tendance de gauche, avec des gens qui se trompaient lourdement peut-être, mais se situaient du même côté de la barrière qu'eux-mêmes.

Cette nouvelle attitude d'une grande partie des militants du PCF est due certainement à la politique de la direction stalinienne durant cette campagne. Tenant à éviter tout reproche et toute critique de la part de ses adversaires bourgeois sur le fait de ne pas respecter les règles démocratiques, elle a multiplié les consignes à ses militants d'éviter tout incident avec qui que ce soit et donc, bien entendu, les gauchistes. D'autre part, dans sa presse nationale elle a pris le parti d'ignorer quasiment notre présence et, par conséquent, a renoncé à ses attaques, calomnies ou injures habituelles. Dans son désir de paraître ultradémocrate, L'Humanité a même été jusqu'à protester contre le déni de justice que constitua le refus de la télévision d'accorder un temps de parole à la Ligue Communiste qui y avait pourtant droit comme toutes les formations qui présentaient plus de 75 candidats.

Mais qu'est-ce que cela prouve sinon que, dès que la barrière, que les dirigeants staliniens s'appliquent à dresser d'une manière permanente entre leurs troupes et les révolutionnaires, se lève pour une raison ou une autre, immédiatement le contact se fait entre elles et nous ?

Mais, si ce contact s'est fait là si facilement et si rapidement, c'est aussi parce que nous sommes apparus comme une tendance dont il était cette fois impossible de nier les attaches avec la classe ouvrière. Et c'est, de plus, parce que ce que nous disions dans cette campagne, l'axe que nous avions choisi, correspondait à l'inquiétude réelle, même si elle est le plus souvent inexprimée, de ces militants et sympathisants du PCF devant les perspectives et les hommes de l'Union de la Gauche.

En participant à cette campagne nous avions pour but d'apparaître comme un mouvement politique sérieux, capable d'offrir dans ces élections une autre alternative à la classe ouvrière que celle d'approuver sans réserve soit l'UDR et la majorité pompidolienne actuelle, soit l'Union de la Gauche rangée derrière Mitterrand. Ce but, nous pouvons dire sans forfanterie que nous l'avons atteint.

Cela ne signifie pas, bien entendu, que les travailleurs vont se saisir de cette alternative, c'est-à-dire que les candidats révolutionnaires auront davantage de voix que le faible pourcentage recueilli, il y a quatre ans, par Alain Krivine lors des élections présidentielles.

D'ailleurs, aujourd'hui, si une fraction tant soit peu notable des travailleurs se saisissait de l'occasion qu'offrent les candidatures révolutionnaires d'exprimer méfiance et mécontentement et votait pour les candidats de Lutte Ouvrière ou de la Ligue, cela prouverait beaucoup de choses sur l'état d'esprit de la classe ouvrière, mais pas forcément sur les organisations révolutionnaires, ni sur leur audience, ni sur leur force réelle.

Nous avons montré que nous sommes une organisation politique capable d'apparaître à l'échelle nationale et réellement liée à la classe ouvrière.

Il reste pourtant à gagner confiance et crédit auprès de cette classe ouvrière, ce que les révolutionnaires ne peuvent faire qu'en participant à ses luttes, politiques et économiques, et en en prenant la direction. C'est la tâche qu'il nous reste à remplir dans les mois et les années qui viennent.

Extrait du discours télévisé d'Arlette Laguiller porte-parole national de Lutte Ouvrière durant la campagne électorale

VOTEZ POUR LES CANDIDATS DE L'EXTRÊME-GAUCHE,

- ceux de Lutte ouvrière;

- ceux de la Ligue Communiste là où elle se présente;

- ceux de Combat Ouvrier à la Martinique et à la Guadeloupe;

deux formations auxquelles, soit dit en passant, on n'a pas donné la possibilité de s'exprimer à l'ORTF.

En votant au premier tour pour Lutte Ouvrière, en votant pour l'extrême-gauche, vous affirmerez à la fois que vous en avez assez du régime de Pompidou, que vous vous souvenez du passé des hommes politiques de la Gauche.

Parce qu'en votant pour Mitterrand, Guy Mollet ou Filippi, vous ne votez pas seulement pour l'avenir, vous approuvez le passé de ces hommes.

Mitterrand. vous le connaissez. Tous ceux qui ont eu vingt ans entre 1954 et 1958 ont des raisons particulières de s'en souvenir. C'est lui qui, ministre de l'Intérieur an 1954, c'est-à-dire chef de la police, porte la responsabilité d'avoir commencé la guerre d'Algérie. C'est lui qui disait «l'Algérie c'est la France» ou encore «la seule négociation c'est la guerre». Aujourd'hui, il déclare se mettre au service des travailleurs, mais renie-t-il ce passé ?

Non ! Pas du tout ! Au contraire !

Quant à Guy Mollet, c'est lui qui, président du Conseil en 1956, envoya le contingent en Algérie. C'est à cause de lui que des centaines de milliers de jeunes passèrent jusqu'à deux ans et demi en guerre en Algérie. Les travailleurs de France ont de bonnes raisons de se souvenir du «socialiste» Guy Mollet. Le peuple algérien aussi.

Filippi, radical de gauche, lui, les travailleurs le connaissent moins. Et pour cause : il est directeur de banque et PDG de quelques sociétés, et les travailleurs côtoient peu ces gens-là.

Alors, devons-nous voter pour les candidats du Parti Communiste afin que celui-ci ait un groupe parlementaire important à l'Assemblée? Cela non plus n'est pas une garantie. Quand, en 1956, Guy Mollet envoya le contingent en Algérie, les 150 députés communistes à l'Assemblée nationale ne firent rien d'autre que lui voter des pouvoirs spéciaux qui lui laissèrent les mains libres.

Certains diront : cela est le passé. Oublions-le et regardons vers l'avenir. Mais, quand nous, travailleurs, nous présentons pour chercher un emploi chez un patron, il nous demande des références. Il nous juge sur notre passé.

Alors, nous devons, nous aussi, juger sur leur passé les hommes politiques qui se réclament de nous. D'ailleurs, ce que nous disons ce soir, beaucoup de travailleurs le savent. Les réticences que nous exprimons, nombreux sont ceux qui les ressentent.

TRAVAILLEUSES, TRAVAILLEURS,

Aujourd'hui, nous avons la possibilité, en votant le plus à gauche possible, de faire entendre clairement à tous les aspirants ministres que nous ne serons pas dupes des élections, que les travailleurs ont des revendications indispensables dont ils exigeront la satisfaction.

Le 12 mars ne donnera peut-être pas la victoire à la Gauche et une combinaison parlementaire quelconque peut s'échafauder entre l'UDR et les réformateurs.

Mais la classe ouvrière n'attendra pas cinq ans les prochaines législatives, pour voir satisfaites les revendications élémentaires de la population.

En votant au premier tour pour Lutte Ouvrière, dites d'avance à Pompidou et à tous ses ministres à venir que la classe ouvrière, trompée par les urnes, défavorisée par une loi électorale taillée sur mesure par l'UDR, ne se résignera pas, et qu'elle a la force de réclamer son dû aux patrons, aux banquiers, et aux ministres qui les défendent si bien.

Et s'il y a, dans le pays, un mouvement d'opinion tel que l'Union de la Gauche puisse l'emporter au second tour, en votant Lutte Ouvrière au premier tour, dites d'avance aux dirigeants socialistes et communistes que vous êtes méfiants, que vous resterez sur vos gardes et que vous exigerez que toutes les promesses soient tenues.

VOILA QUEL EST LE SENS DES CANDIDATURES LUTTE OUVRIÈRE.

Voilà pourquoi les révolutionnaires se présentent.

C'est pour permettre aux travailleurs, en votant révolutionnaire au 1er tour, d'avertir clairement Mitterrand et consorts qu'ils ne toléreront de leur part ni abandon, ni trahison, ni recul, et qu'ils sont prêts, le cas échéant, à entrer en lutte.

Et cela, vous avez la possibilité de le faire publiquement, efficacement, sans nuire à l'élection des députés socialistes ou communistes que vous voudriez voir passer au second tour.

En effet, pour la première fois, les travailleurs auront le choix, au 1er tour, entre trois possibilités : voter pour le Parti Socialiste, voter pour le Parti Communiste Français ou voter révolutionnaire. Que leurs voix se portent sur les candidats du Parti Communiste ou du Parti Socialiste, cela a le même sens politique. Mais voter pour les révolutionnaires, c'est donner à son choix le sens d'un avertissement.

Pour ceux qui veulent voter pour l'Union de la Gauche, il sera toujours temps de le faire au second tour avec, cette fois, un sens différent et des garanties. Car les révolutionnaires ne feront en aucun cas obstacle à l'élection d'un communiste ou d'un socialiste.

Mais voter au 1er tour pour le Parti Socialiste, c'est l'absoudre pour ses trahisons passées, c'est consentir d'avance à ses éventuelles trahisons futures. Voter pour le Parti Communiste Français, cela revient presque au même car, quel que soit le nombre des voix qui se porteront sur les candidats du PCF au 1er tour, quel que soit le nombre de députés communistes élus, le vrai arbitre de l'Union de la Gauche, le seul que la bourgeoisie peut appeler au gouvernement à l'issue du scrutin, parce que c'est un des siens, c'est Mitterrand ; et le PCF n'a d'avenir gouvernemental, dans les circonstances actuelles, que si Mitterrand veut bien lui faire une place.

Alors votez révolutionnaire. Votez Lutte Ouvrière dans les 171 circonscriptions où elle présente des candidats, votez Ligue Communiste dans les 100 circonscriptions où elle se présente.

En votant pour les candidats révolutionnaires, vous avez le moyen de vous faire entendre comme aucun autre vote ne peut vous le permettre. Voter Lutte Ouvrière, c'est la seule façon de voter utile, de dire non à Pompidou, sans donner carte blanche à Mitterrand. C'est faire du bulletin de vote un avertissement solennel.

- Avertissement à Mitterrand d'abord, pour lui dire que, si les travailleurs le porteront peut-être au pouvoir, ils ne lui permettront pas de renier ses promesses et qu'ils sont prêts à lui imposer, s'il le faut, ne serait-ce que les revendications du Programme Commun ;

- Avertissement à Marchais, ensuite, pour lui dire qu'il ne pourra pas se contenter de venir expliquer après coup, comme en 1956 : «Nous avons été trahis ; maintenant, il faut attendre les prochaines élections».

- Avertissement à Pompidou, surtout, au cas où l'UDR l'emporterait ; pour lui dire qu'il y a dans le pays un nombre important de travailleurs qui ne sont pas résignés, qui ne sont pas disposés à renoncer à leurs revendications et qu'il faudra compter avec leur détermination et leur volonté de lutte.

Et plus le nombre des voix qui se porteront au 1er tour sur les candidats révolutionnaires sera important et plus l'avertissement sera entendu. Plus il comptera, aussi bien en cas de victoire de l'Union de la Gauche qu'en cas de victoire de l'actuelle majorité.

Camarades, vous avez pour la première fois l'occasion de voter vraiment utile

- pour dire non à Pompidou,

- pour dire «attention» à Mitterrand,

- pour dire oui aux revendications des travailleurs. Faites du 1er tour un avertissement aux possédants, aux politiciens à leur service et à ceux qui rêvent d'y être.

VOTEZ LUTTE OUVRIÈRE

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