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Les socialistes et le Mouvement de Libération de la Femme
C'est un fait acquis : depuis deux ans déjà le MLF (Mouvement de Libération de la Femme) défile, en France, aux côtés des révolutionnaires lors du traditionnel cortège du 1er Mai. De la part du MLF, il s'agit là d'une option politique. Le MLF qui se veut l'expression de la révolte des femmes contre l'ordre établi et oppresseur se range donc délibérément dans le camp des contestataires, dans le camp de ceux qui veulent renverser cet ordre. Et si le MLF se joint au cortège des révolutionnaires et non à celui des partis de la «gauche» traditionnelle en France, Parti Communiste Français et Parti Socialiste, c'est à l'évidence parce qu'il ne trouve dans ces partis ni l'écho de la révolte des femmes ni surtout la volonté de renverser l'ordre établi.
Il y a beau temps que le Parti Communiste Français à l'instar du Parti soviétique a tourné le dos à la lutte pour la libération de la femme et s'est trouvé des raisons pour exalter le culte de la famille, de la maternité et du puritanisme. La réaction stalinienne dans le domaine des moeurs et de la morale a coïncidé en France avec le désir de respectabilité et les efforts manifestes du Parti Communiste pour se faire accepter par la bourgeoisie comme un parti national à part entière. Dans son désir de ne pas choquer le bourgeois et de cultiver les «vertus patriotiques qui font la grandeur d'une nation», le PCF s'est placé délibérément dans le camp du conservatisme moral. Il s'est même trouvé dépassé par les mouvements féministes bourgeois qui prônaient en France la liberté anticonceptionnelle, le planning familial et le droit à l'avortement. Pendant des années le PCF a eu une position plus qu'ambiguë sur la contraception, qu'il présentait par ses soins comme une arme des bourgeois pour se prémunir contre les enfants des prolétaires ! Il a fallu l'élection présidentielle de 1965 et la démagogie de Mitterrand visà-vis de l'électorat féminin pour amener le PCF à réviser peu à peu son optique et à défendre dans une certaine mesure le droit à l'avortement et à la contraception. Aujourd'hui, ces droits élémentaires qui sont effectifs dans bien des pays capitalistes, figurent dans le programme commun. Il était temps. Mais en fait la conception du PCF sur la femme n'a pas changé. Cela se voit, dans ses publications, et dans les revendications mises en avant par la CGT, la centrale syndicale liée au PCF. Quand le mouvement syndical parle de la femme, c'est pour la protéger dans son rôle de mère, tenter de lui obtenir des congés spéciaux pour soigner ses enfants, exiger la retraite pour les femmes cinq ans avant les hommes, afin de compenser l'usure de la double journée, ou encore revendiquer des horaires spéciaux ou à la carte afin de leur permettre d'accomplir plus facilement les tâches de cette deuxième journée familiale.
En aucun cas la révolte des femmes ne peut se satisfaire de ce conformisme puritain qui n'est au mieux qu'un aménagement de la situation actuelle et qui tourne le dos aux véritables problèmes de l'oppression des femmes et à leur libération.
Rien d'étonnant dans ces conditions que le courant féministe se soit détourné des partis et organisations traditionnels du mouvement ouvrier. Mais si le MLF se veut partie prenante du mouvement révolutionnaire, les militantes féministes, au lieu de rejoindre les organisations révolutionnaires ont, au contraire, décidé de s'organiser à part et d'ériger en principe la non-mixité de leur mouvement.
Pourquoi cette volonté d'indépendance ?
Ce n'est pas, semble-t-il, une question de programme. D'ailleurs, il n'y a pas de programme du MLF Les solutions, les revendications mises en avant, les analyses ou les essais «théoriques» de tel ou tel groupe du MLF, ne sont pas rassemblés dans un programme unique. Dans certains groupes on insiste sur l'action parmi les femmes travailleuses et le lien de la révolte des femmes avec la lutte de classe. Dans d'autres on souligne l'oppression dite «sexiste», l'exploitation de la femme en tant qu'objet sexuel, on revendique le droit au plaisir, à la liberté sexuelle, à l'homosexualité. Dans d'autres encore on passe à l'action directe en organisant des crèches sauvages. Il se dégage cependant un certain nombre de points d'accord ; ce sont, outre la non-mixité et l'autonomie du mouvement des femmes, la dénonciation du patriarcat, la dénonciation de l'exploitation de la femme en tant qu'objet sexuel et objet de consommation et la lutte résolue pour l'avortement libre et gratuit.
Il s'agit là de problèmes qui font sinon l'unanimité du MLF du moins sa relative unité. Le reste est localisé, diversifié, ce que fait ou ce que revendique tel ou tel groupe n'est pas toujours porté à la connaissance de tous. On trouve cependant dans les revendications des groupes MLF, pêle-mêle : - des crèches gratuites 24 heures sur 24 - un salaire égal pour un travail égal - le développement de tous les équipements socioculturels - accès des femmes à tous les cours y compris l'enseignement supérieur - l'enseignement mixte - l'ouverture des cours de puériculture et d'enseignement ménager aux hommes - congés de maternité après l'accouchement et pour soigner les enfants, à prendre indifféremment par les hommes comme par les femmes - recyclage salarié des femmes qui retournent à la production - reconnaissance de l'union libre - reconnaissance de la sexualité à tout âge par l'abolition du statut de mineur - éducation sexuelle généralisée - abrogation des lois sur l'adultère - abolition de toutes les institutions baptisées sexistes : noyau familial, mariage, etc...
Comme on le voit, l'immense majorité de ces revendications font partie du programme des révolutionnaires. La formulation est seule parfois modernisée ce qui ne les rend pas plus claires, mais le contenu est aussi vieux que la doctrine socialiste elle même. Sur l'oppression de la femme, Fourier, Engels, Bebel, Lénine, pour ne citer que les plus connus, ont écrit des pages violentes, plus violentes que bien des confidences et récits publiés par le MLF. La situation faite dans nos sociétés à la femme et à la jeunesse est un des scandales permanents de l'organisation sociale fondée sur la propriété privée. Elle est l'illustration la plus claire de la dégradation des sociétés primitives sous le poids de la nécessité économique. Les socialistes qui ont analysé l'évolution des formes d'organisations sociales prises par l'humanité au cours de son histoire, ont dénoncé avec force l'oppression dont souffrait la femme, l'inégalité des droits, l'inégalité des conditions, l'infériorité sociale, la répression sexuelle qui frappait en priorité: les femmes, le puritanisme odieux de ces sociétés où le plaisir sexuel était banni ou ne subsistait le plus souvent que pour l'homme sous cette forme dégradée de l'amour physique qu'est la prostitution. Ils ont dénoncé systématiquement le rôle de la famille et de l'institution du mariage. Ils ont démontré l'aspect aberrant d'une organisation sociale qui laissait aux cellules familiales la tâche d'élever et d'éduquer les nouvelles générations d'hommes et de femmes et qui a érigé l'égoïsme familial en principe sacré. Ils ont dénoncé l'esclavage domestique de la femme, le caractère usant et monotone, abrutissant de ces tâches ménagères qui devraient depuis si longtemps être socialisées. Ils ont mis en évidence l'énorme gaspillage de temps, de travail et de dévouement que constitue la répétition, dans des millions de foyers séparés, des mêmes tâches restées artisanales et contraignantes.
Ils ont dénoncé tout cela bien avant les féministes. Et ils l'ont fait plus complètement que ne peuvent le faire les organisations du MLF. Ce n'est donc pas sur ce terrain que peuvent se situer les divergences avec le MLF, du moins avec les militantes qui au MLF se veulent marxistes et révolutionnaires et qui pourtant militent dans une organisation féministe. Dans bien des pays et notamment aux États-Unis, de nombreuses tendances de Woman's Liberation, sont loin d'adhérer à la doctrine socialiste et leur refus de s'engager politiquement aux côtés des organisations d'extrême gauche éclaire la nature de leur mouvement. En France, on l'a vu, le MLF dans son ensemble, même si ce n'est pas le cas pour chaque militante en particulier, est allé plus loin. Il a fait un choix politique et il l'a fait spectaculairement. Rien ne permet jusqu'ici de penser qu'il s'agit d'une décision circonstancielle et qui pourrait par conséquent être remise en question.
En France, le MLF se veut une organisation révolutionnaire de femmes, une organisation qui refuse de s'affilier politiquement à aucune autre et qui défend farouchement son indépendance.
Les raisons qui poussent le MLF à refuser toute filiation politique sont diverses et varient selon les groupes. Il y a d'abord, et c'est le plus frappant, le refus de toute structure organisationnelle centralisée. En ce domaine le MLF propage les opinions du courant spontanéiste, c'est-à-dire anarcho-maoïsant. On y retrouve les idées des militants de Vive la Révolution (VLR) qui voyaient dans toute organisation structurée un principe d'autorité risquant de mener à la dégénérescence bureaucratique (et qui sont allés jusqu'au bout de leurs convictions en décrétant la dissolution de leur organisation, pour mieux se fondre dans le mouvement de masse). Cela se traduit dans le M. L. F. par un refus systématique de tout ce qui peut ressembler à une direction et par une volonté farouche d'autonomie des groupes les uns par rapport aux autres. Le journal national «Le Torchon Brûle» se veut l'exact reflet de ces principes anti-autoritaires. Le comité de rédaction du journal n'est pas permanent, il change à chaque fois, le journal lui-même n'est pas le produit d'une équipe même provisoire qui risquerait d'imposer ses idées à l'ensemble des militantes, il se borne à rassembler et à publier quand il le peut les textes qui parviennent des groupes de base, sans censure ni choix préalables. Les groupes de base, le terme est impropre puisqu'il n'y a selon le MLF que des groupes de base, mènent les activités libres, cela va du «groupe de prise de conscience», au «groupe de quartier», en passant par toutes les variétés de réunions, assemblées générales, travail d'analyse et de publication, etc... Bref, le MLF a une pratique et une idéologie anarchisantes ce qui déjà donne à son refus de rejoindre les groupes socialistes révolutionnaires un sens politique précis.
Il y a d'autres raisons encore. Certaines militantes qui ont fait leurs premières armes dans les organisations «gauchistes» expliquent leur départ ainsi : dans les organisations révolutionnaires, on ne parle pas assez des problèmes des femmes, les militantes se retrouvent cantonnées dans les tâches administratives ou l'activisme de base, et, surtout, les hommes véhiculent jusques et y compris dans l'organisation elle-même des modes de comporte ment et des préjugés qu'ils prétendent combattre ailleurs. C'est malheureusement possible et en tout cas vraisemblable.
D'autant plus vraisemblable si l'on en croit l'ahurissante déclaration de Krivine - ou du moins attribuée à Krivine - dans le journal Actuel. Il y est écrit textuellement : «Oui un mouvement autonome des femmes a un rôle à jouer, c'est une étape indispensable à la prise de conscience par les femmes de leurs propres problèmes. Au sein même de la Ligue, les militantes ont des difficultés spécifiques. Un mouvement de libération auquel elles appartiendraient à côté de la Ligue, serait à mon sens salutaire. Il leur permettrait d'y acquérir une formation qui les rendrait aptes à participer massivement dès maintenant aux instances de direction de la Ligue, ce qui n'est pas exactement le cas aujourd'hui.» Voilà une déclaration qui a dû faire crouler de rire les lectrices du MLF ! Ainsi donc, s'il y a des problèmes de cet ordre à la Ligue, cela ne saurait être le fait des garçons tous socialistes convaincus (la preuve) et aptes aux tâches de direction, mais bien celui des filles qui trimbalent dans l'organisation leur pauvre mentalité d'opprimées. On dirait une justification par l'absurde de l'existence du MLF.
Voilà en tout cas qui illustre parfaitement la nécessité dans laquelle se trouve toute organisation révolutionnaire d'exercer une contre-pression rigoureuse pour résister aux pressions du milieu extérieur.
En fait, l'organisation révolutionnaire constitue un groupe social qui n'échappe que partiellement et au prix d'un effort constant aux pressions de ce milieu. Que cet effort exercé par l'organisation tout entière se relâche ou cesse d'exister (ne serait-ce que par principe anti-autoritaire) et les attitudes, les habitudes, les préjugés du milieu extérieur pénètrent allégrement au sein de l'organisation révolutionnaire. C'est d'ailleurs à cette volonté de résister aux pressions du milieu que se juge aussi une organisation révolutionnaire et pas seulement sa direction mais encore chacun de ses membres. Le moins que l'on puisse dire est que les ex-militantes passées depuis au MLF n'ont pas eu au sein de l'organisation révolutionnaire la conscience et la volonté suffisantes pour exercer cet effort.
En tout cas elles ne se sont pas senties à l'aise dans les groupes révolutionnaires et elles ont pensé qu'il serait plus facile de militer et de se réaliser dans des groupes de femmes. Elles en sont venues bien entendu à théoriser leur pratique et à décréter qu'il était impossible aux femmes de lutter pour leur libération dans une organisation mixte. Pourquoi ? Voici un début de réponse fourni par le cercle Elisabeth Dmitriev : «Nul mieux quel l'opprimé n'est habilité à lutter contre son oppression. Tous les hommes, y compris les travailleurs, baignent dans l'idéologie du «sexe fort». Nous ne voulons pas qu'au sein de l'instrument d'émancipation des femmes, ceux-ci reproduisent les mêmes schémas de domination et profitent d'une situation de force que la société leur assigne alors même qu'ils sont exploités par elle. Les femmes doivent s'organiser SEULES.»
Il s'agit donc en quelque sorte pour ce groupe, qui se prétend marxiste, d'adapter la forme d'organisation des femmes à leur niveau de conscience, même et surtout si ce niveau est celui d'opprimées qui ont le sentiment aigu de la domination masculine et de leur prétendue infériorité. Ce langage s'inspire aussi de toute évidence des essais faits par les intellectuels des ex-colonies pour définir et expliquer la mentalité du colonisé ou du noir qui, selon eux, doit retrouver sa dignité et son identité pour pouvoir lutter. Dans Le Torchon Brûle, on peut lire un texte de la même veine :
«C'est le développement des luttes. anti-impérialistes, celles des peuples de couleur contre la mainmise de l'homme blanc occidental, qui nous permet de poser le problème de notre oppression au niveau idéologique (remise en cause de la famille de la fonction de la femme dans la famille, revendication de son propre corps pour qu'il ne soit plus objet d'exploitation et de consommation). A la différence des autres luttes de libération qui ont existé jusqu'à maintenant, notre lutte est à dominante idéologique. Nous devons la penser comme telle car personne ne l'a jamais fait et ne peut le faire pour nous.»
Le MLF est encore bien loin d'avoir «pensé cette lutte à dominante idéologique», mais il s'engage résolument dans la recherche de la «spécificité» féminine et c'est sur elle qu'il fonde la lutte des femmes.
Ce type d'affirmation est caractéristique des milieux petits-bourgeois constamment brassés et influencés par des idées prétendues neuves et qui ne sont que des résurgences des vieux courants anarchistes, populistes, féministes bourgeois, voire nationalistes.
Il est donc nécessaire pour une organisation socialiste de définir, quitte à répéter des analyses prétendument admises par tous les révolutionnaires, sa position par rapport à une organisation séparée des femmes.
Les socialistes affirment qu'il ne peut y avoir d'affranchissement total de la femme sans l'affranchissement de toute l'humanité par le socialisme. Ils affirment aussi qu'il ne peut y avoir ni révolution, ni socialisme sans la participation consciente des femmes. Ils affirment également qu'il n'y a pas de «questions spécialement féminines» mais une oppression des femmes liée à l'organisation sociale et à la propriété privée.
Cette oppression est bien antérieure à la société bourgeoise. Elle débute dans la préhistoire de l'humanité avec l'apparition de la propriété privée, et de ses conséquences sociales immédiates : l'esclavage, le renversement du droit maternel. C'est ce qu'Engels appelle la défaite historique du sexe féminin, et il précise :
«Le premier antagonisme de classe de l'histoire qui parut dans l'histoire coïncide avec le développement de l'antagonisme entre l'homme et la femme dans la monogamie et la première oppression de classe avec celle du sexe féminin par le sexe masculin. La monogamie fut un grand progrès historique, mais en même temps, elle ouvre à côté de l'esclavage et de la propriété privée, l'époque qui dure encore de nos jours, où chaque pas en avant est en même temps un pas en arrière relatif, le bien être et le progrès des uns se réalisant par le malheur et le refoulement des autres. Elle est la forme cellule de la société civilisée, sur laquelle nous pouvons étudier déjà la nature des contradictions et des antagonismes qui atteignent leur plein développement.»
C'est dire que, pour les socialistes, on ne peut séparer le problème de la femme de celui de la société humaine, de son évolution et de son devenir, libérer l'humanité de la contrainte économique et des institutions sociales qui, à chaque stade de son développement, en découlent. L'asservissement de la femme a correspondu à un certain stade du développement économique de la société. Il s'est perpétué sous toutes les formes d'organisations sociales car il est lié à la propriété privée des moyens de production. C'est cette propriété privée qui, après avoir joué son rôle historique dans le progrès de l'humanité pour s'affranchir de la contrainte économique, est aujourd'hui un frein à tout nouveau bond en avant de l'humanité. Avec l'abolition de la propriété privée, avec la socialisation des moyens de production, l'humanité est aujourd'hui matériellement capable de produire l'abondance et donc de se libérer définitivement de la contrainte économique. Toutes les formes d'exploitation et d'oppression liées à cette contrainte économique disparaîtront donc avec la construction de la société socialiste. Que cela ne se fera pas d'un seul coup, c'est vrai. Que le retard des moeurs, des habitudes et des mentalités puisse longtemps combattre le caractère radical des nouvelles institutions, c'est vrai. Comme était vrai que tous les anciens opprimés se devaient de veiller à l'application des lois et de combattre les préjugés, réactions et autres résistances. Mais le problème actuel n'est pas de savoir si le socialisme fera disparaître par miracle l'oppression des femmes et s'il ne faudra pas militer pour cela même après la dictature du prolétariat, le problème est justement de parvenir au socialisme.
Là encore, les marxistes ont donné une réponse. Une réponse scientifique fondée sur l'analyse de l'histoire de l'humanité et de la lutte des classes.
Seul le prolétariat est une classe révolutionnaire c'est-à-dire une classe qui peut ouvrir la voie d'un changement fondamental dans l'organisation humaine, et cette voie passe par la révolution sociale, par la prise du pouvoir politique.
Le problème des femmes qui se disent révolutionnaires et militantes est donc de savoir si elles doivent rejoindre le combat du prolétariat et ses organisations qui - faut-il le préciser - sont évidemment mixtes, ou rester à part et mener un combat individualiste qui ne peut mener à un affranchissement total.
Voilà les principes sur lesquels nous appuyons notre appréciation du MLF. Parce qu'il se veut une organisation, autonome et séparée, des femmes malgré son option «révolutionnaire», le MLF est une organisation féministe petite-bourgeoise. Nous soutenons les revendications du MLF qui d'ailleurs figurent presque toutes dans le programme des socialistes. Nous soutenons ses initiatives lorsqu'elles vont dans le sens de la libération de la femme, en particulier sa lutte pour l'avortement libre et gratuit (c'est-à-dire pris en charge par la Sécurité Sociale). Nous soutenons son combat contre l'hypocrisie sociale et la répression sexuelle - qui soit dit en passant s'exerce aussi sur les hommes et les jeunes des deux sexes - Mais nous combattons toute politique propagandiste ou organisationnelle qui vise à enfermer les femmes dans leur prétendue spécificité. Les révolutionnaires socialistes, qui sont conséquents avec leurs principes et leur programme, considèrent les femmes comme des individus à part entière et les traitent comme tels, y compris bien entendu dans leurs propres rangs et à tous les niveaux de l'organisation. La place des femmes qui sont parvenues à la conscience révolutionnaire est dans les rangs des révolutionnaires, et à leur tête.