L'Europe unie sera socialiste ou ne sera pas01/11/19721972Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

L'Europe unie sera socialiste ou ne sera pas

Les multiples tentatives faites par un certain nombre d'États européens pour unifier leurs marchés concrétisent l'impuissant désir des capitalistes à surmonter la contradiction, croissante avec la croissance de l'économie mondiale, entre le caractère international de la division du travail et de la production, et le cloisonnement entre États.

Les tentatives économiques et politiques pour parvenir à certaines formes d'union des pays capitalistes européens entreprises dès le lendemain de la guerre (OECE, UEO, CED, CECA, etc.) conçues à l'injonction de l'impérialisme américain, désireux à la fois de faciliter l'écoulement de ses propres marchandises dans une Europe capitaliste stabilisée et de forger un bloc militaire et politique face au bloc soviétique, avaient généralement avorté malgré leurs objectifs limités. Elles avaient cependant conduit à la signature du traité de Rome, portant sur la création d'un Marché Commun. Celui-ci est aujourd'hui censé fonctionner pleinement entre les six pays signataires du traité. Il est en voie d'accueillir en son sein trois autres pays ; élargissement qui, aux dires des apologistes de l'Europe Unie capitaliste, constitue une étape vers une intégration politique et économique complète des pays européens dans un vaste ensemble.

Ces mêmes apologistes essaient de présenter le projet d'une Europe du capital comme la perspective exaltante de la disparition des frontières nationales anachroniques, comme la concrétisation du grand espoir d'une Europe fraternelle débarrassée des rivalités nationales. Sans aucun succès &ailleurs, tant il est patent que le bien-être des peuples ne rentre pas le moins du monde en ligne de compte dans les froids calculs de ces marchands à la recherche de débouchés plus vastes et de profits plus importants.

Mais la perspective d'une Europe totalement unifiée sous l'égide du capital est une perspective qui n'a non seulement rien d'exaltant pour les travailleurs, mais qui surtout est une pure utopie. L'histoire ne connaît pas d'exemple d'unification économique et politique complète et irréversible entre puissances capitalistes, accomplie par une entente à l'amiable entre gouvernements. Le capitalisme décadent est moins que tout autre capable d'innover en, la matière :aucune puissance capitaliste n'abandonnera de plein gré son appareil d'État.

Le Marché Commun n'est pas une Europe unifiée, il n'y conduit pas, il n'en contient même pas le germe.

 

Marché Commun : Union douanière limitée réversible

 

Débarrassé des atours dont on voudrait bien le parer pour le futur, quand ce n'est déjà pour le présent, le Marché Commun se présente comme une forme contractuelle et étriquée d'union douanière.

Le désir de chaque État capitaliste d'avoir accès dans les meilleures conditions possibles au marché de ses voisins, tout en marchandant la moindre contrepartie, a abouti à la mise en place laborieuse d'une construction qui, si elle a permis la suppression actuelle des droits de douane entre les Six, n'en a pas pour autant unifié leurs marchés. La suppression des contingentements et des droits de douane entre les Six, les tentatives d'homogénéisation des politiques fiscales et réglementaires des différents États, se sont accompagnées de la mise sur pied d'une réglementation complexe destinée à sauvegarder de la concurrence accrue les intérêts que les États négociateurs entendaient sauvegarder (gros agriculteurs pour la France, etc...). Réglementations diverses et multiples qui constituent, au sein même du Marché dit Commun, et entre États qui le composent, la poursuite d'une politique protectionniste.

Le Marché Commun est loin de représenter un recul notable du protectionnisme à l'échelle de l'ensemble de l'économie mondiale, pour cette autre raison encore que sa constitution s'est accompagnée de la mise en place d'un tarif extérieur commun, d'un protectionnisme commun (contingentements, etc...), qui a freiné, voire stoppé, des relations commerciales que certains États adhérents entretenaient avec des pays tiers.

La simple ouverture surveillée des frontières internes des Six à la circulation des produits a cependant conduit à un développement considérable des échanges entre les Six. De 1958 à 1970, les échanges extérieurs des pays du Marché Commun se sont accrus en prix de 650 %, alors que les échanges mondiaux ont simplement doublé durant la même période. Cette croissance fut marquée par un développement considérable des échanges intra-communautaires au détriment de la croissance du commerce avec les pays tiers. Cependant, cette progression, consécutive à un affaiblissement pourtant limité et partiel du cloisonnement entre États, illustre a contrario le caractère étouffant et néfaste de ce cloisonnement.

L'union douanière qui existe entre les Six n'est cependant pas seulement étriquée et enserrée dans un filet de réglementations qui en limitent les effets : sa consolidation et sa durée, même telle qu'elle est, est parfaitement aléatoire. Les sacrifices consentis par chaque puissance capitaliste à la concurrence étrangère sur son propre marché, en contrepartie des avantages acquis sur le marché du concurrent, que traduisent et codifient les accords contractuels entre États souverains, correspondant à une situation précise, à des rapports de forces précis. Que l'un ou l'autre élément se trouve modifié au point qu'un État ne trouve plus son intérêt dans le respect des accords conclus, il ne les respectera pas, et il a intégralement sauvegardé toutes ses possibilités et ses moyens de ne pas les respecter.

La brève histoire du Marché Commun est déjà jalonnée de multiples exemples de refus de respecter les «règles du jeu» communautaire. Il a suffi en général d'une récession partielle et limitée à une seule branche pour que le pays touché retourne au protectionnisme d'avant. En cas de crise, le retour général au protectionnisme total serait inévitable.

Dans le domaine de l'unification pacifique, par simple entente d'en haut, les pays capitalistes ne sont capables que de compromis partiels momentanément avantageux pour chacun d'entre eux. Mais dans ce domaine, il n'y a pas de demi-mesure qui tienne. L'unification économique signifierait une monnaie, un budget, un État, uniques, l'intégration politique complète, l'abandon complet de la souveraineté de chaque État adhérent. En l'absence d'une telle intégration politique complète et nonobstant tous les traités du monde -quand bien même ils proclameraient l'irréversibilité du processus d'intégration communautaire personne ne pourrait contraindre un État souverain à respecter l'union, dès lors qu'il la considère préjudiciable à ses intérêts.

Or, dans le domaine de l'intégration politique, aucun pas en avant n'a été fait depuis le début du Marché Commun, ni même été sérieusement tenté. Et il ne peut pas en être autrement.

Certes, l'idée que le Marché Commun conduira d'une interpénétration économique indissoluble à une intégration économique totale et que ce processus rendra inévitable l'émergence d'un État européen unifié, même sous le capitalisme, trouve des défenseurs, non seulement parmi les rêveurs des courants petits-bourgeois pacifistes, fédéralistes, etc..., mais même parmi les courants qui se réclament du socialisme révolutionnaire. Comme si, malgré l'interpénétration croissante des économies, les groupes capitalistes, et précisément les plus puissants d'entre eux, n'avaient pas un besoin croissant des béquilles économiques de leurs États nationaux ! Comme si, en cas de crise et par suite d'acharnement accru de la concurrence, les groupes capitalistes allaient accepter de se passer de leur arme suprême, l'intervention politique de leur État, pour protéger au moins leurs marchés nationaux respectifs ! Ou encore, comme si, du fait de la pénétration des trusts capitalistes de chaque nation européenne sur le marché des autres, ces trusts avaient cessé d'être concurrents ! Comme s'ils pouvaient de leur plein gré renoncer aux États nationaux, leur arme indispensable dans la lutte qu'ils livrent à leurs concurrents, y compris européens.

Le raisonnement qui conduit à des affirmations de ce type, est du même genre que celui qui déduit de l'interpénétration économique croissante de l'époque impérialiste, l'inévitabilité d'un superimpérialisme, partageant pacifiquement et définitivement les marchés des groupes et des nations impérialistes qui le composent.

Des puissances impérialistes peuvent contracter entre elles des alliances économiques ou politiques diverses, plus ou moins solides et durables, plus ou moins dirigées contre d'autres, mais elles ne renoncent jamais volontairement à la possibilité de contracter l'alliance qui leur semble la plus avantageuse. Et cette possibilité est garantie par l'État, par chaque État -et qui dit État dit frontières

 

Changement du rapport des forces Europe-Amérique ?

 

Le mythe du processus d'intégration européenne en alimente un autre, et s'en alimente à son tour : celui d'un bouleversement rapide du rapport des forces Europe-Amérique, et la substitution à l'hégémonie américaine sur le monde impérialiste d'une sorte de triumvirat USA-Europe-Japon.

L'affirmation selon laquelle l'impérialisme européen est à même de se poser en rival par rapport à l'impérialisme américain, manque de base du fait même qu'il n'existe pas un impérialisme européen, mais des impérialismes européens, aussi concurrents les uns par rapport aux autres qu'ils le sont par rapport aux États-Unis. L'économie européenne ne forme pas une entité qualitativement comparable à l'économie des États-Unis. Dès lors, les comparaisons quantitatives obtenues en additionnant les possibilités des pays européens -alors qu'en réalité elles ne s'additionnent pas mais se neutralisent souvent du fait de la concurrence- n'ont qu'une valeur indicative. Mais une valeur indicative intéressante, qui montre l'inanité de toute affirmation sur la fin de l'hégémonie américaine.

Du seul point de vue de sa capacité productive, l'économie américaine dépasse de loin les économies additionnées des Six, et même généralement des Neuf, malgré une population nettement supérieure de ces derniers. Le produit national brut des États-Unis est près du double de celui des Six, et dépasse d'environ 50 % celui des Neuf. Certes, la notion de produit national brut est une notion fourre-tout, à manier avec réserve, la comparaison donne cependant un ordre d'idées. La consommation totale d'énergie des États-Unis, indice significatif de l'activité industrielle, atteint près du triple de celle des Six, et près du double de celle des Neuf.

La production des États-Unis représentait, au milieu des années 60, environ 45 % du total de la production industrielle de tous les pays capitalistes du monde, soit plus du double de la part des Six. En considérant non pas le rapport statique, mais son évolution, on aboutit à une conclusion identique. L'affirmation répandue selon laquelle la croissance de la production des pays européens est nettement supérieure à celle des États-Unis est tout à fait dépourvue de signification lorsque le point de départ est le lendemain de la guerre, car cette «croissance» recouvrait simplement le pénible rattrapage du retard brutalement accumulé pendant la guerre. (Cette «croissance» ne fut d'ailleurs possible que grâce au soutien des USA). Cette affirmation est par contre franchement fausse, lorsque l'on compare les parts respectives des USA et des pays européens dans la production mondiale sur une période plus longue. La part des États-Unis dans la production industrielle mondiale a été de 41,2 % en 1937, elle était de 44,8 % en 1963. La part des Six, en 1963, dans la production industrielle mondiale était sensiblement la même que ce qu'elle était en 1937. Celle des Neuf a par contre très nettement régressé, essentiellement du fait de l'écroulement de la puissance britannique.

La supériorité économique des USA ne s'exprime pas seulement par sa production globale, mais par la productivité du travail humain. On estime que la production par travailleur, dans les pays européens, par rapport aux USA, est en moyenne quatre à cinq fois inférieure dans l'agriculture, et deux à trois fois dans l'industrie.

Certes, la croissance de la productivité par travailleur est supérieure depuis quelques années dans certains pays européens à celle des États-Unis. Mais même ce taux de croissance supérieur de la productivité est signe d'un niveau de développement économique inférieur, car il provient pour l'essentiel d'un transfert de travailleurs de l'agriculture, à faible productivité, à l'industrie, à la productivité supérieure. Comme tel, ce taux supérieur est destiné à s'abaisser au fur et à mesure que diminuera le flux des agriculteurs chassés des campagnes.

Enfin, la croissance économique européenne, en tout état de cause loin de pouvoir combler le retard des pays européens par rapport aux USA ne renforce pas nécessairement les bourgeoisies européennes face à la bourgeoisie américaine. Au contraire, elle se fait dans une large mesure au détriment des premières. Les investissements directs connus des capitalistes américains dans l'Europe des Six représentaient, en 1969, le triple des investissements directs des capitalistes européens aux États-Unis, tandis qu'ils représentaient moins du double en 1960 !

Il y a là réellement une modification des rapports de forces entre l'impérialisme américain et les impérialismes européens : mais elle se fait au profit du premier, et à une allure vertigineuse. En 1969, 10 % de tous les investissements réalisés en Europe étaient d'origine américaine. Le capital américain soumet à son contrôle des secteurs entiers de l'économie européenne, et généralement les secteurs les plus importants, les plus dynamiques et les plus rentables (95 % du marché des circuits intégrés, 80 % du marché de l'équipement électronique, 30 % du marché automobile et autant du marché pétrolier, etc...). Et cela, malgré les prétentions don-quichottesques de de Gaulle à les en empêcher.

 

Les États-Unis et le Marché Commun

 

Précisément parce qu'il ne constitue pas une entité économique, mais une simple Union douanière, le Marché Commun, non seulement ne se pose pas en rival des États-Unis, ni tout de suite ni à terme, mais il les favorise. L'affaiblissement des entraves à la circulation des marchandises et des capitaux entre pays européens profite à la puissance économique dominante, celle qui peut utiliser au maximum les possibilités d'un marché étendu, c'est-à-dire à la puissance américaine.

Le Marché Commun est né sous la bienveillante protection, si ce n'est à l'injonction, de l'impérialisme américain. Ce dernier n'a jamais eu à regretter sa contribution à la «cause européenne».

Les prévisions de ceux, notamment d'économistes se réclamant du marxisme révolutionnaire, qui annonçaient que la constitution d'un marché européen unifié entraînerait la création et le renforcement de grandes sociétés européennes, destinées à devenir des rivales de plus en plus dangereuses des sociétés américaines, sont sans cesse démenties par les faits. Le renforcement de la concurrence s'est traduit effectivement par une tendance à la fusion de grandes sociétés, par la création de filiales communes, etc... Encore que ces concentrations soient, pour l'essentiel, des concentrations financières (création de holdings chapeautant une kyrielle d'entreprises dispersées à la productivité dépassée) et, comme telles, elles visent à un malthusianisme économique accru de la part des trusts et non point à la modernisation de la production, à la croissance des forces productives.

Mais, de toute façon, ces concentrations sont rarement intra-communautaires ; ou bien elles concernent des trusts d'un même pays, ou alors, lorsqu'elles sont «multinationales», elles concernent plutôt des sociétés contrôlées par les capitaux américains. Pour une seule création de filiale commune d'entreprises communautaires, il y en a environ deux créées par des entreprises de pays non-membres (pour l'essentiel américaines). Durant une période comme celle de 1963 à 1965, les investissements américains dans la Communauté ont été près de trois fois supérieurs aux investissements «transeuropéens».

Depuis le début du Marché Commun -et même si celui-ci n'en est pas la seule raison le poids du capital américain en Europe s'est encore accentué. Les obstacles opposés à l'investissement es capitaux américains dans les pays du Marché Commun, comme les facilités accordées aux capitaux européens, n'ont pas suffi à enrayer le mouvement.

D'autant moins que les sociétés américaines déjà installées en Europe n'ont même plus besoin de faire appel à des capitaux en provenance des États-Unis, il suffit qu'elles réinvestissent leurs propres bénéfices, et quand ces derniers ne suffisent pas, elles peuvent faire appel au marché européen des capitaux, avec plus d'efficacité encore que les sociétés européennes elles-mêmes. Il ne reste aux apologistes européens du Marché Commun qu'à vanter le fait que, grâce à ce dernier, la part des pays de l'Europe des Six a dépassé celle des États-Unis dans le domaine des échanges internationaux. C'est exact. Mais même sur le strict plan du commerce, et malgré le fait que les courants d'échanges entre les USA et les pays de l'Europe des Six se présentent depuis plusieurs années de manière nettement plus favorable pour ces derniers, en raison de la surévaluation du dollar, l'Europe reste encore perdante. Si, de 1958 à 1970 les exportations de la C.E.E. vers les USA sont passées de 1,6 milliards de dollars à 6,6, ses importations en provenance des mêmes USA sont passées de 2,8 milliards à 9 milliards !

La balance commerciale globale des pays du Marché Commun avec les États-Unis demeure donc nettement déficitaire. Et cela malgré la surévaluation du dollar, malgré le fait que les grandes industries américaines ont moins de raisons d'exporter vers l'Europe, puisqu'elles ont des usines sur place.

Le mythe du caractère inévitable d'une supranationalité européenne recrute ses adeptes y compris dans les rangs révolutionnaires. L'originalité de ces derniers, si l'on peut dire, est d'énoncer dans un langage marxisant, et avec chiffres récents à l'appui, de très vieilles fadaises.

Car le mythe n'est pas nouveau. L'idée de l'unité de l'Europe capitaliste a alimenté au lendemain de la Première Guerre mondiale bien des rencontres plus ou moins au sommet ; elle a été l'objet de bien des démarches diplomatiques. Et elle était à cette époque déjà une vieillerie.

Et plus généralement l'idée de la supranationalité, de la fusion d'États et de nations capitalistes en de plus vastes ensembles, est aussi vieille que le développement capitaliste du monde. Dès le début le monde capitaliste fut miné par la contradiction entre le caractère international de la production et le caractère national de la domination de la bourgeoisie. Et depuis le début, le capitalisme est incapable de surmonter cette contradiction.

Le monde capitaliste n'a jamais connu d'autre forme de supranationalité que celle imposée par la force des canons et des armées par une nation bourgeoise puissante à une nation bourgeoise plus faible. Il n'a connu la disparition d'un État national bourgeois au profit d'un État national plus vaste que lorsque le dernier a détruit par la force le premier. La supranationalité des États-Unis d'Amérique a été imposée aux États du Sud par ceux du Nord au cours de la guerre de Sécession et a coûté un million de morts. C'est par la force de sa puissante machine de guerre qu'Hitler a imposé une manière de supranationalité européenne à la Pologne, à la Tchécoslovaquie ou à la Belgique ; et d'ailleurs, malgré l'efficacité de cette machine de guerre, Hitler a préféré composer avec l'État de la bourgeoisie française.

Pour une bourgeoisie, l'État, son État, n'est pas seulement une arme contre le prolétariat, il en. est une également contre les bourgeoisies concurrentes. Si un État supranational peut faire l'affaire pour la première fonction, il ne la fait pas pour la seconde, du moins pas lorsque la bourgeoisie concurrente se retrouve sous l'égide du même État supranational.

Pour une bourgeoisie nationale, abandonner cette arme qu'est l'État national, serait s'abandonner sans rémission à la merci de la bourgeoisie dominant l'État «supranational». Les seules nations capitalistes dont le «supranationalisme» n'est pas dépourvu de sincérité, sont les nations capitalistes dominantes, celles qui sont assurées de contrôler l'État supranational.

Croire que l'Europe capitaliste est capable de surmonter sa division, de créer une entité économique susceptible de bouleverser le rapport des forces inter-impérialistes en développant les forces productives européennes dans des proportions considérables, est non seulement une utopie, c'est encore attribuer au capitalisme d'Europe un caractère progressif qu'il n'a plus depuis longtemps. « Dans cette voie (celle de l'unification européenne) - écrivait Trotsky il y a un demi-siècle - l'affaire ne peut aller au-delà des compromis partiels et des demi-mesures. Par là-même, l'union économique de l'Europe qui est susceptible d'apporter d'énormes avantages au producteur et au consommateur et en général, à tout le développement culturel, devient la tâche révolutionnaire du prolétariat européen, dans sa lutte contre le protectionnisme impérialiste et son instrument, le militarisme

La constatation reste valable aujourd'hui. La conclusion également. Face aux piteuses et vaines tentatives du capital de surmonter le cloisonnement anachronique de l'Europe en États rivaux, le mot d'ordre des révolutionnaires prolétariens demeure les États-Unis socialistes d'Europe.

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