Voici le premier numéro d'une revue mensuelle qui se donne pour but l'étude et la discussion des problèmes qui se posent aujourd'hui aux militants communistes révolutionnaires.

Cette revue est éditée en français et en anglais. Notre but est, en effet, de lui donner dans la mesure de nos très modestes moyens, une dimension internationale. Dans la période de difficile renaissance du mouvement ouvrier révolutionnaire qui s'amorce depuis quelques années, après la nuit du stalinisme, les raisons pour ce faire ne manquent pas. Elles sont d'ailleurs évidentes pour tout militant révolutionnaire donc internationaliste.

D'abord parce que, tout simplement, les problèmes particuliers des militants révolutionnaires de n'importe quel pays, intéressent ceux de tous les autres. Ensuite, parce que les questions politiques et théoriques sont dans leurs grandes lignes les mêmes pour les différents pays, ne serait-ce que parce qu'elles tournent toutes autour de la construction du parti ouvrier révolutionnaire et que leurs solutions ont beaucoup de chances d'être similaires. Enfin, et surtout, parce qu'aucun courant, même s'il ne s'étend pas aujourd'hui au-delà de certaines frontières nationales, ne peut songer à forger un programme valable et élaborer une politique conséquente sans les confronter et les soumettre à la critique de tous les autres courants révolutionnaires dans son pays et hors de son pays. Toutes ces raisons se résument d'ailleurs en rappelant tout simplement que notre but n'est pas la construction d'un ou plusieurs partis révolutionnaires nationaux mais d'une internationale.

Ce premier numéro traite cependant plus spécialement de la politique des organisations gauchistes françaises et, parmi celles-ci, plus spécialement des organisations trotskistes et, implicitement ou explicitement, parmi ces dernières, plus spécialement encore de la section française du SU de la Quatrième Internationale, la Ligue Communiste. Il est vrai qu'à notre avis la politique des différents groupes issus de la Quatrième Internationale est fondamentalement la même, même si elle se manifeste de façon fort diverse pour chacun de ces groupes.

Mais Lutte Ouvrière qui exerce son activité en France, est d'abord une organisation trotskiste. C'est-à-dire qu'elle se réclame du Programme de Transition, programme de fondation de la Quatrième Internationale. C'est à partir de ce fond théorique et politique, en principe commun à l'ensemble du mouvement trotskiste, que nous analysons les insuccès et les échecs du mouvement révolutionnaire depuis trente ans, y compris ceux du mouvement trotskiste lui-même.

Lutte Ouvrière est d'autre part en contact régulier avec la Ligue Communiste et c'est avec cette organisation qu'elle a, dans la période écoulée, mené la plus grand nombre d'actions communes. On verra à la lecture des pages qui suivent, que cette volonté de rassembler dans l'action, autant que faire se peut, les différents courants révolutionnaires et plus particulièrement ceux qui se réclament du trotskisme, ne nous empêche pas de nous livrer à une discussion systématique de leur position politique et théorique. Pas plus d'ailleurs que cette discussion systématique ne diminue notre volonté d'oeuvrer à l'action commune chaque fois qu'elle sera possible.

Il était donc sans doute naturel que le premier numéro de Lutte de Classe situe le courant Lutte Ouvrière par rapport au groupe et à la tendance qu'il connaît le mieux pour avoir actuellement avec eux, non seulement une base programmatique commune mais aussi les contacts les plus suivis et le travail commun le plus important.