Travail dissimulé : des contrôles qui épargnent les gros19/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2955-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Travail dissimulé : des contrôles qui épargnent les gros

Début mars, le gouvernement se félicitait de « résultats historiques dans la lutte contre le travail dissimulé ». En 2024, les Urssaf ont ainsi notifié pour près de 1,6 milliard d’euros de redressements à des entreprises recourant à du travail au noir. Ce montant est en hausse de 35 % sur un an, il a doublé en deux ans.

Il n’en a pas fallu plus pour que la ministre du Travail Catherine Vautrin proclame : « C’est une très bonne nouvelle. À l’heure de l’indispensable effort que nous devons consentir pour nos armées, nous devons nous assurer que chaque euro fraudé soit récupéré », et que sa sous-ministre Astrid Panosyan-Bouvet prétende que « l’Urssaf est un pilier de notre justice sociale, de notre compétitivité et du recouvrement des recettes publiques. La fraude ne doit souffrir aucune tolérance ».

Pourtant, entre les notifications de redressement et le recouvrement réel de ces sommes, l’écart est considérable. En 2024, les 7 000 contrôles ciblant le travail illégal n’ont rapporté que 121 millions d’euros à la Sécurité sociale, soit 8 % des sommes notifiées aux entreprises. Par contre, lorsque qu’il s’agit de fraudes aux allocations familiales, le taux de recouvrement atteint 78 % sur des centaines de milliers de contrôles.

En réalité la lutte contre le travail au noir cible en très grande majorité les petits patrons, surtout dans le BTP et les services aux entreprises, sous-traitants de grands groupes, qui eux sont épargnés par les contrôles. Dans cette logique, les Urssaf veulent accentuer à l’avenir les contrôles sur les auto-entrepreneurs. Ce sont pourtant les plus gros capitalistes qui imposent à leurs sous-traitants de rogner sur leurs marges, quitte à frauder la Sécurité sociale.

De plus, les patrons n’ont souvent pas besoin de frauder sur les cotisations sociales : c’est en toute légalité qu’ils en économisent une bonne partie. Les exonérations de cotisations accordées par l’État ont atteint 75 milliards d’euros en 2023.

Lorsque la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, déclare que « les fraudeurs doivent toujours payer, c’est une question de justice », elle devrait ajouter « sauf si ce sont de grands capitalistes ».

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