Surpêche : le maquereau, espèce menacée ?03/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2992-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1279%2C1657_crop_detail.jpg

Leur société

Surpêche : le maquereau, espèce menacée ?

Alors que les ministres de la Mer des pays européens doivent négocier les conditions de pêche pour l’année 2026, les scientifiques recommandent de réduire de 77 % les quotas autorisés pour celle du maquereau.

Cette espèce, endémique dans les mers européennes de Gibraltar à l’Écosse et qui a nourri des populations entières des siècles durant, a en effet été décimée par la surpêche dans les vingt dernières années. Les maquereaux, poussés par le réchauffement de l’océan, ont migré vers le nord et se sont concentrés dans les eaux des îles Féroé, d’Islande, de la côte norvégienne. Ils sont tombés dans les filets des navires congélateurs, en dehors de tout quota limitant la pêche, faute d’accord ou de contrôle. La prise de maquereaux en Islande est ainsi passée de 53 tonnes en 2000 à 150 000 en 2011 et a été de 900 000 tonnes pour toute l’Europe en 2024.

Ainsi la quantité totale de maquereaux a été divisée par cinq en vingt ans et, l’an passé, un quart de ce qui restait de l’espèce a été détruit. Les navires congélateurs, dont le dernier lancé a été ironiquement baptisé Scombrus, le nom latin du maquereau, appartiennent souvent à deux compagnies européennes, Parlevliet & Van der Plas et Cornelis Vrolijk. Ils arrachent 120 tonnes de poissons à chaque coup de leur chalut de 350 mètres de long et 100 de large. Leurs cales en contiennent des milliers de tonnes, congelées immédiatement. Ainsi le maquereau congelé peut être vendu bien moins d’un euro le kilo, pour l’exportation, la confection de surimi ou de farine. Le maquereau frais et sauvage sert donc d’aliment aux saumons d’élevage, gras, insipides et bourrés d’antibiotiques. L’entreprise est absurde, mais rentable et seul cela compte.

Les compagnies qui arment ces navires congélateurs possèdent des bâteaux immatriculés dans tous les pays concernés et peuvent truster les quotas de pêche. Elles disposent évidemment de la plus grande part des subventions européennes à la pêche, concernant le carburant comme la modernisation des méthodes de travail. Elles ont des relais auprès des autorités nationales et internationales et, lorsque cela ne suffit pas, elles passent outre aux règlementations. Les lois nationales et les directives européennes, dans le domaine de la pêche comme dans d’autres, favorisent la concentration du capital, l’expropriation des artisans, l’exploitation des travailleurs, le pillage des fonds publics et la destruction des ressources naturelles.

De leur côté, les artisans pêcheurs ne peuvent que constater qu’ils n’ont plus de poisson à prendre et espérer que les plus anciens bénéficieront d’un plan de sortie de flotte, qui leur permette de prendre leur retraite. Les marins salariés, les travailleurs à terre des pêcheries et de toute la filière, les amateurs de poisson frais pas trop cher n’ont pas leur mot à dire.

Quant aux maquereaux, il n’en restera plus bientôt qu’une image, décorant les boîtes de conserves exposées dans les écomusées de Bretagne, des Flandres ou d’ailleurs.

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