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Dans le monde
Royaume-Uni : le gouvernement Starmer à la remorque de l’extrême droite
Le gouvernement travailliste de Keir Starmer veut faire adopter une série de mesures drastiques contre les demandeurs d’asile. La ministre de l’Intérieur, Shabana Mahmood, à son poste depuis deux mois seulement, veut réduire de moitié la durée du statut de réfugié, aujourd’hui de cinq ans.

Ainsi, dès qu’un pays d’origine sera de nouveau jugé « sûr », les réfugiés perdront leur titre de séjour. Quant à ceux qui arrivent sur des embarcations de fortune, particulièrement ciblés, ils devront attendre vingt ans avant de pouvoir prétendre à un titre permanent, contre cinq aujourd’hui. Le gouvernement n’accordera plus d’aides – déjà très réduites – aux demandeurs d’asile qui seraient autrement dans le dénuement. Ceux dont la demande d’asile est rejetée seront expulsés, y compris avec leurs enfants. Et Starmer, qui cible en particulier les jeunes migrants suspectés de mentir sur leur âge, promet d’utiliser l’IA pour l’établir... Quant aux pays jugés pas assez coopératifs pour récupérer leurs ressortissants (Angola, Namibie, RDC), ils verront réduites leurs possibilités de visa.
Nombre de ces mesures sont inspirées par le « modèle » très restrictif du Danemark, dont le gouvernement social-démocrate a une politique « zéro réfugié », et a réduit le droit d’asile à moins de 1 000 titres par an, un niveau qui fait rêver les dirigeants du Royaume-Uni, lequel a accordé 112 000 titres en un an. Quand le Labour de Starmer est revenu au pouvoir, en juillet 2024, il avait annulé l’accord signé avec le Rwanda pour la déportation des demandeurs d’asile vers ce pays. Mais, comme l’illustrent ces annonces, il n’a pas tardé à chercher d’autres moyens de limiter le droit d’asile.
Ce faisant, le gouvernement travailliste répond aux sirènes de l’extrême droite, qui a approuvé ce durcissement. L’été dernier, des milliers de personnes ont manifesté devant les hôtels abritant des demandeurs d’asile, hôtels que le gouvernement promet de fermer pour les remplacer par des casernes. Le 13 septembre, au moins 110 000 personnes ont manifesté à Londres à l’appel du militant d’extrême droite Tommy Robinson. Le parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, déjà auréolé d’un franc succès lors des élections locales de mai, fait la course en tête dans les sondages, loin devant les travaillistes. Les conservateurs ont eux-mêmes adapté leur discours dans un sens xénophobe et islamophobe. Quand une ministre de l’Intérieur explique que le droit d’asile est « hors de contrôle » et quand le premier ministre dit redouter que le pays devienne une « île d’étrangers », le discours du Labour n’a lui-même plus grand-chose à envier à celui de la droite la plus dure.
Ces mesures n’empêcheront pas des migrants de rejoindre la Grande-Bretagne, mais elles rendront leur vie plus dure encore. Quant aux retombées électorales, l’histoire suggère qu’en matière de politique, les électeurs préfèrent souvent l’original à la copie... Pour tenter de conserver des électeurs dans la vague xénophobe actuelle, le gouvernement travailliste est prêt à tout contre les damnés de la Terre qui risquent aujourd’hui leur vie pour gagner les côtes anglaises.