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Leur société
Retailleau : un plan de carrière sordide
Entre lundi 17 et mardi 18 mars, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, aura réussi à saturer l’espace public avec sa malpropre campagne d’autopromotion.

Retailleau a agité de nouvelles menaces contre l’Algérie, promettant le recours au « rapport de force » si cet État refusait de reprendre une soixantaine de ses ressortissants sous obligation de quitter le territoire (OQTF). Alors que les députés commençaient à examiner son projet de loi contre le narcotrafic, les sénateurs amis de Retailleau en déposaient un autre en son nom, visant à « réduire l’immigration illégale » par l’extension des internements arbitraires suivant des dispositions prises contre le terrorisme.
Cette campagne assimile terrorisme, délinquance, immigration, trafic de drogue et insécurité avec une insistance particulière contre les musulmans et une aversion coloniale pour l’Algérie. Elle est complaisamment reprise, voire amplifiée, par les médias de droite comme Le Figaro et ceux du groupe Bolloré, qui n’ont manifestement toujours pas digéré l’indépendance de l’Algérie.
Il s’agit bien sûr d’un épisode de la concurrence qui se livre pour représenter la droite à la prochaine présidentielle et, au-delà, de la concurrence entre la droite et l’extrême droite sur le seul terrain des préjugés réactionnaires. Les Retailleau, Darmanin, Wauquiez, Le Pen, Bardella n’ont rien d’autre à proposer aux électeurs des classes populaires que des discours attribuant tous les malheurs du monde à la présence de migrants et de leur descendance sur le sol national. Ce discours, aujourd’hui rarement contredit dans les médias, timidement critiqué par la gauche quand elle est dans l’opposition mais qu’elle utilise lorsqu’elle est aux affaires, contribue à tromper les travailleurs et à les diviser. Il est de plus assorti de mesures qui, empilées les unes sur les autres, rendent la vie impossible à toute une partie de la classe ouvrière, soumise à l’arbitraire, obligée de se cacher de la police, interdite de services sociaux, vivant dans une insécurité croissante.
Retailleau, de son poste de ministre, pourra toujours se targuer d’avoir personnellement attaqué les immigrés et les musulmans. Mais il ne pourra pas se vanter d’avoir fait reculer l’insécurité, le narcotrafic ou la délinquance, car ces problèmes dépassent, et de très loin, les possibilités d’un ministre, aussi réactionnaire et fier à bras qu’il soit. Il ne pourra même pas prétendre avoir dissuadé les migrants de venir tenter leur chance en France. Lorsqu’on est prêt à affronter les gangsters, les passeurs, les tempêtes et la faim, ce n’est pas un Retailleau qui peut faire peur.
Les discours sécuritaires ne peuvent que contribuer à renforcer l’extrême droite, qui promet de « faire mieux », c’est-à- dire pire, pour peu qu’on veuille l’essayer. Alors, Retailleau, faute d’avoir réussi à battre Le Pen sur son terrain, pourra toujours lui proposer d’être son ministre de l’Intérieur… ou de la propagande xénophobe, façon Goebbels.