Protection des océans : un sommet pour faire semblant11/06/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/06/une_2967-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Protection des océans : un sommet pour faire semblant

Le sommet des Nations unies sur l’océan s’est ouvert à Nice, lundi 9 juin, en présence d’une soixantaine de chefs d’État. On pouvait donc s’attendre, durant la semaine, à un flot de discours d’autant plus écologiques qu’ils auront moins de conséquences.

Macron a commencé par qualifier de triomphe la signature de quinze nouveaux pays permettant la mise en œuvre d’ici à la fin de l’année du traité de protection de la haute mer. Il s’agit de délimiter et de faire respecter des aires marines protégées (AMP) dans les eaux internationales, comme il en existe dans les eaux territoriales, françaises par exemple.

Ce triomphe macronien, outre le fait qu’il n’est pas avéré, ne recouvre pas grand-chose : dans les AMP françaises, les industriels de la mer peuvent à peu près tout faire sauf vidanger leur réservoir, jeter leur cargaison à la mer ou forer des puits de pétrole. Instaurer une AMP de cet ordre au milieu de l’océan ne gênera donc personne, d’autant qu’il n’y aura personne pour contrôler son respect.

À ce jour, les armateurs ne sont même pas tenus de déclarer les conteneurs qui tombent à la mer dans les eaux internationales.

La question de la décarbonation de la marine de commerce est à l’ordre du jour dans les mêmes termes que celle de l’industrie de terre ferme. Les armateurs, à l’origine de l’émission de 3 % du total des gaz à effet de serre, sont d’accord sur tout, du moment qu’on leur offre des subventions. Ils les encaissent, les plus gros en absorbent la quasi-totalité et s’équipent très lentement de nouveaux moteurs qui polluent… différemment.

L’océan se vidant manifestement de ses poissons, les chefs d’État et l’ONU vont discuter des subventions à la pêche, c’est-à-dire de la façon dont certains États aident des bateaux usines à ravager sans discernement des zones entières.

Au nombre des États en question il y a évidemment la France et les autres pays d’Europe, leurs puissantes pêcheries et leurs navires usines. Les capitalistes du secteur ont consciencieusement massacré les baleines et les morues. Ils sont en bonne voie d’exterminer les thons et ne s’arrêteront pas de leur plein gré, sommet de Nice ou pas.

Les dirigeants présents vont discuter du droit ou non d’explorer les fonds marins et de les retourner à la pelleteuse amphibie pour trouver des pépites.

En fait, les entreprises qui veulent tenter cette activité et se moquent des risques pour la vie marine se sont mises sous la protection de Trump. Le président américain, le foreur en chef, ne s’est pas déplacé et, de plus, si profit il y a, aucun capitaliste ne se sentira tenu par aucune loi.

Enfin, il sera question de la pollution plastique… évidemment avec la même bonne foi et la même efficacité que sur la terre ferme. Faire reculer l’usage du plastique mettrait en cause les profits des pétroliers, de la grande distribution, de l’industrie chimique, de la logistique, qui sont intouchables.

Sur toutes ces questions, des scientifiques du monde entier ont produit maints rapports documentés, convaincants et, désormais, de plus en plus inquiétants. Mais, devant l’océan des profits, l’océan des sirènes peut bien crever.

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