Port de La Pallice – La Rochelle : morts dans les silos05/11/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/11/une_2988-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Port de La Pallice – La Rochelle : morts dans les silos

Le 14 avril 2020, un intérimaire de 21 ans, Jocelyn Gilly, qui venait de recevoir son diplôme de serrurier-chaudronnier, était mort dans un silo à grains du groupe Sica Atlantique, broyé lors de la remise en marche de la machine à l’intérieur de laquelle il se trouvait.

La mort de ce travailleur vient seulement d’être rendue publique, par un article du journal Sud-Ouest, ce qui porte à cinq le nombre de morts par accident du travail recensés dans les silos du port de La Pallice en trente ans.

La période de confinement à cause du Covid avait certainement aidé l’entreprise à faire que l’événement reste ignoré du public et de la presse, et la Sica s’est encore bien gardée d’en faire mention lorsqu’un autre accident mortel, sur lequel elle a alors dû communiquer, est survenu en octobre 2023. L’information sur les risques qu’ils courent intéresse pourtant au plus haut point les travailleurs et contribue à leur propre sécurité. C’est le cas en particulier pour ceux des autres silos du port de La Pallice, les silos à grain du groupe Soufflet et à béton du groupe Holcim, qui ont tous connu des morts au travail et apprennent cet accident mortel avec cinq ans de retard.

La Sica n’avait pas daigné non plus informer la famille de Jocelyn des circonstances de sa mort. Afin d’obtenir des éclaircissements, celle-ci avait dû porter plainte pour homicide avec dépôt de partie civile, mais elle n’a plus de nouvelle de la procédure depuis trois ans. « Tout ça parce que nous sommes de petites gens », disent le père, employé de grande surface, et la mère, aide-soignante.

Le directeur de la Sica, interrogé par Sud-Ouest, invoque ce qui serait « une véritable culture de sécurité » de son entreprise. La Sica avait pourtant dû revoir en urgence son protocole de sécurité après l’accident de 2020. Et cette prétendue « culture de sécurité » ne va pas jusqu’à éviter l’emploi de travailleurs en intérim, comme c’était le cas de Jocelyn, et de sociétés sous-traitantes, puisque la victime de l’accident de 2023 appartenait à une société extérieure de nettoyage, alors que l’on sait que c’est un facteur de risque aggravé.

Les cinq morts des silos du port de La Pallice avaient tous moins de 27 ans. Une grosse proportion des morts au travail sont en effet des jeunes, qu’il est donc criminel d’employer sur des sites dangereux sans une formation particulièrement solide, et a fortiori sous un statut précaire qui augmente le risque d’impréparation. L’hécatombe d’accidents mortels est le triste résultat d’une société dans laquelle les profits patronaux sont plus importants que la vie des travailleurs qui sont à leur source.

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