Nouveau Front populaire : une protection contre l’extrême droite ?19/06/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/06/P6-1_rempart_contre_le_RN_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C11%2C800%2C461_crop_detail.jpg

Élections législatives

Nouveau Front populaire : une protection contre l’extrême droite ?

Même si les responsables des partis de gauche et des principaux syndicats promettent monts et merveilles d’un gouvernement de Front populaire, leur véritable et pour tout dire unique argument est d’éviter d’avoir Bardella à Matignon.

Illustration - une protection contre l’extrême droite ?

Ils ont certes raison de prévoir qu’un Bardella continuerait en pire la politique de Macron en faveur des plus riches, ne tiendrait aucune de ses maigres et évanescentes promesses sur les retraites et les allocations chômage, continuerait à détruire les services publics pour payer les intérêts d’une dette creusée pour aider le grand patronat. Ils ont aussi raison de redouter une flambée de mesures contre les immigrés et une libération de la violence des racistes et des islamophobes avec ou sans uniforme. Le mensonge n’est pas dans ces sombres mais réalistes prédictions, il est dans l’affirmation que le Front populaire éviterait de telles calamités.

Le gouvernement de gauche de juillet 2024, s’il existe, se trouvera comme ces prédécesseurs face aux exigences du capital. La simple augmentation des salaires et leur indexation sur les prix se heurtera à cet obstacle. La crise économique continuant de s’approfondir et de sévir, on peut prévoir que la pression patronale se traduira par la poursuite des licenciements, du blocage des salaires, de la hausse des prix, du travail forcé et gratuit pour les chômeurs, des expulsions locatives, la misère croissante et la ruine des petits commerçants des quartiers populaires, des petits agriculteurs et entrepreneurs. Et même, si le Front populaire ne satisfait pas les revendications immédiates des travailleurs, le risque est qu’il devienne une cible contre laquelle se mobiliseront les couches de petits bourgeois ruinés qui iraient renforcer ainsi les troupes du RN.

La gauche, quand elle est au pouvoir, ne cède pas seulement devant le grand patronat, elle plie aussi devant l’appareil d’État, les généraux et les policiers. Largement gangrénés par le racisme, les policiers à la gâchette facile et les contrôleurs au faciès continueront à sévir et à être couverts par leur hiérarchie et, n’en doutons pas, par leur ministre, même socialiste. Bien sûr, avoir un Bardella à Matignon encouragerait les excités racistes mais à l’inverse un gouvernement de gauche ne ferait certainement rien pour les calmer et pour rendre la police moins complaisante envers eux.

La gauche au pouvoir, n’ayant pas la volonté de s’attaquer au grand capital, ne trouverait pas les dizaines de milliards nécessaires pour remettre sur pied des services publics dignes de ce nom. Elle les trouverait en revanche pour les budgets militaires, pour les aides aux entreprises et pour payer les dettes des gouvernements précédents, c’est-à-dire pour continuer à engraisser le capital financier et les quelques familles bourgeoises qui le détiennent.

En fonction des soubresauts de l’économie mondiale et des colères sociales, si cela ne dépend que de lui, un gouvernement de gauche continuera la politique de Attal ou commencera celle prévue par Bardella, sous la présidence de Macron et en préparant son remplacement par Le Pen.

La seule véritable protection contre une telle évolution serait une poussée venant de la classe ouvrière pour imposer ses exigences, comme cela s’était produit en 1936, en fait contre la volonté des dirigeants du Front populaire de l’époque. C’est à cela que les travailleurs doivent se préparer, en étant décidés cette fois à aller jusqu’au bout, c’est-à-dire à arracher le pouvoir à la bourgeoisie pour l’exercer eux-mêmes.

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