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Leur société
Musée du Louvre : braqueurs en gros et au détail
Le cambriolage spectaculaire au Musée du Louvre, dimanche 19 octobre au matin, a suscité un flot de commentaires indignés sur le fait que les biens publics et les trésors nationaux ne seraient pas protégés.
Ainsi, le plus grand musée du monde serait ouvert à tous les vents et à tous les vols, l’orgueil national serait piétiné et l’histoire de France profanée. La ministre de la Culture a immédiatement fourni l’explication d’un désastre préparé, selon elle, par « quarante ans d’abandon sur la question de la sécurité » du musée. Le ministre de la Justice a modestement ajouté « Nous avons failli », celui de l’Intérieur s’est contenté de promettre que les voleurs seraient retrouvés.
Ces piteux commentaires ne peuvent faire oublier la facilité déconcertante avec laquelle les voleurs ont opéré et se sont enfuis, d’autant que ce n’est pas la première fois que des vols sont commis dans des musées publics. Même les plus réactionnaires ont souligné que ces vols sont facilités par le manque de crédits, d’entretien, de personnel, de dispositifs de sécurité découlant de la baisse continue des moyens dévolus aux musées. Et de rappeler que le personnel du Musée du Louvre était en grève le 16 juin, contre une diminution de 200 emplois alors que la fréquentation est en augmentation constante. Des salles, disaient les grévistes, doivent même être fermées au public certains jours, faute de gardiens. Les syndicalistes et jusqu’à la Cour des comptes ont souligné un « niveau d’obsolescence inquiétant », qui étaient les mots de la conservatrice du Musée elle-même, à son arrivée en 2021. Mais, manifestement, l’État a d’autres chats à fouetter et utilise l’argent public à d’autres fins.
La culture subit donc les mêmes restrictions que tous les autres services publics. Le vol des bijoux au Louvre va de pair avec les élèves sans maître ou sans chauffage, les malades sans lit, les villes moyennes sans maternité, les gares sans personnel et les bureaux de poste fermés. Et le butin des voleurs du Louvre, quelques dizaines de millions d’euros, est peu de chose au regard des dizaines de milliards « économisés » chaque année sur les services utiles à la population. Comparés aux familles milliardaires régnantes, qui pillent les fonds publics, ces briseurs de vitrine sont du menu fretin.