Le Front National : Un programme "social" ... pour le patronat26/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1856.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le Front National : Un programme "social" ... pour le patronat

Jamais à court d'une démagogie, le Front National courtise l'électorat populaire, avec comme slogan phare de la campagne des régionales: "Contre l'insécurité sociale". Mais derrière les slogans du FN et ses dénonciations chauvines de la "mondialisation", il y a son programme et ses choix politiques.

Le parti du milliardaire Le Pen, loin de vouloir s'en prendre aux patrons, entend au contraire les choyer. Son programme officiel annonce clairement la couleur, en multipliant les titres tels que "Libérer l'initiative", "Favoriser l'équilibre financier des entreprises françaises" ou encore "Armer les entreprises françaises pour la bataille économique".

Les mesures proposées vont donc logiquement toutes dans le même sens: mettre l'État encore moins au service de la population travailleuse, et encore plus au service des capitalistes. Il faudra donc "réduire les dépenses publiques et sociales de 75 milliards de francs par an sur dix ans". Rien que cela! Mais avec l'argent ainsi dégagé, on pourra "aider nos entreprises sur les marchés extérieurs", "supprimer progressivement l'impôt sur le revenu", "réduire l'impôt sur les bénéfices des PME-PMI" et "réduire la fiscalité locale". Prendre dans la poche des pauvres pour réduire les impôts des riches, voilà autant de propositions qu'un Seillière pourrait signer des deux mains.

Alors, quand Marine Le Pen, dans un débat télévisé, affirme qu'il n'y a pas assez d'argent pour assurer les prestations sociales à la fois aux étrangers et aux Français, on comprend que, en réalité, elle et son parti comptent réserver les prestations sociales... aux capitalistes, qu'ils soient français ou étrangers d'ailleurs, tant les origines "nationales" des capitaux sont entrelacées. Pour appâter l'électeur, le FN parle de "préférence nationale". Mais sa vraie préférence, c'est la préférence sociale pour les patrons.

Lorsque le FN feint de s'emporter contre les subventions distribuées à des entreprises qui licencient et prétend vouloir réclamer leur remboursement, c'est une revendication en trompe-l' oeil. Car ce que les conseillers régionaux FN disent de la pratique des subventions est que: "l'aide aux entreprises ne consiste pas à prélever sur le dos des uns pour redistribuer aux autres (... ) La seule manière d'aider le créateur de richesse, c'est de lui laisser la plus grande partie des fruits de son travail. Cela implique de diminuer drastiquement les prélèvements obligatoires" (Jean-Pierre Emié au Conseil régional d'Île-de-France le 6 mai 2003). Autrement dit, plutôt qu'une subvention pour certains patrons, ils réclament la réduction massive des impôts pour tous!

Et lorsque le gouvernement attaque les retraites des travailleurs, le Front National lui reproche... de manquer de vigueur: "Les réformes proposées aujourd'hui, partielles, insuffisantes, tardives, ne sont pas les nôtres."

Quant aux travailleurs, même si le FN voudrait bien s'attirer leurs votes, son ton change dès qu'ils se mettent en lutte. Le service minimum dans les transports en commun est réclamé à cor et à cri par les responsables du FN, qui ne cessent d'accuser à ce sujet le gouvernement de mollesse coupable. Selon lui, les "enseignants, cheminots, ou postiers" en grève contre la réforme Fillon le faisaient "par idéologie ou défense d'intérêts claniques, commettant ainsi de véritables crimes contre la Nation".

Les capitalistes? Ce sont selon le FN, des "créateurs de richesse". Leurs bénéfices? Ce sont les "fruits de leur travail". Les intérêts des travailleurs? Ils sont "claniques". La grève? C'est un "crime contre la Nation". Cette "Nation" dont le FN se gargarise, c'est donc celle des riches, et seulement la leur. C'est celle des profits, des licenciements et de l'exploitation. Et les travailleurs qui voteraient pour un tel parti, pour un tel programme, ne feraient que donner des armes à leurs pires ennemis.

Partager