En effet, cette île grecque de 27 km², peuplée de 70 habitants, se trouve désormais sur une nouvelle route que les migrants sont obligés d’emprunter pour traverser la Méditerranée. Or il est prévisible que le nombre de départs d’Égypte augmente prochainement. La population y est prise à la gorge par l’inflation, qui atteignait déjà officiellement 35 % en janvier et s’accélère après un accord du gouvernement avec le Fonds monétaire international. Les raisons de tenter de rejoindre l’Europe ne manquent pas pour les habitants, qu’ils soient égyptiens ou réfugiés du Moyen-Orient ou du Soudan.

Jusqu’à récemment, les migrants partant d’Égypte se rendaient à Tobrouk pour tenter de rejoindre ensuite l’Italie, mais les opérations policières se sont multipliées, rendant les voyages plus périlleux. En mars 2023, l’Union européenne a signé un accord avec la Libye lui apportant un soutien financier et matériel pour intercepter les migrants en mer et les renvoyer dans les centres de rétention où ils subissent la torture.

Quant à l’Italie, en plus des accords passés de longue date avec le gouvernement libyen officiel, elle vient de renforcer ses liens avec le général Haftar, dont les milices contrôlent le port de Tobrouk et sa région, de façon à intercepter, là aussi, les migrants. C’est ainsi que s’est ouvert un autre itinéraire en direction des îles grecques même si elles sont à 300 kilomètres, du moins pour ceux qui payent un prix plus élevé aux passeurs. Mais de son côté, l’Égypte s’engage à intercepter ceux qui partent du pays, par un accord de « partenariat global » qu’elle vient de signer avec l’Union européenne.

L’étau se resserre sans cesse. Cela n’empêchera pas celles et ceux qui ont besoin d’un refuge et d’un travail de tenter leur chance vers l’Europe forteresse, mais à quel prix !