Mayotte : “Place Nette XXL”, des conséquences révoltantes31/07/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/08/une_2922-c.jpg.445x577_q85_box-3%2C0%2C1268%2C1641_crop_detail.jpg

Leur société

Mayotte : “Place Nette XXL”, des conséquences révoltantes

L’opération « Place Nette XXL » s’est officiellement terminée mi- juillet à Mayotte, après douze semaines de traque des plus pauvres, et notamment des travailleurs immigrés.

Comme pour les autres opérations du même nom dans les grandes villes françaises, celle-ci n’a rien réglé des problèmes de sécurité qui pourrissent la vie quotidienne des habitants. Mais elle a rendu la vie impossible à des milliers de sans-papiers.

En à peine trois mois, 3 500 personnes ont été expulsées, dont certaines vers le Congo RDC, pays en proie à une guerre civile. Et la chasse à l’homme qui terrorise bien des travailleurs continue, le préfet se vantant de faire du « Wuambushu tous les jours », selon le nom de l’opération similaire menée en 2023. Cette année, plus de 650 cases de bidonvilles ont été détruites et un nouveau quartier, Mavadzani, va être visé dès le mois de septembre.

Cette politique anti-immigrés participe aussi à la propagation d’épidémies. Outre le choléra, qui a touché plus de 220 personnes et fait trois morts, les soignants alertent sur la flambée de l’épidémie de VIH. Le nombre de cas connus a plus que doublé en quatre ans. Pour les deux épidémies, il s’agit « de la partie apparente de l’iceberg », selon les mots d’un infectiologue, car bien des patients n’osent pas venir se faire dépister de crainte d’être contrôlés par la police sur la route. Beaucoup de malades renoncent aussi à se faire soigner, en raison du coût. À Mayotte, il n’y a pas d’aide médicale d’État (AME) pour couvrir les frais médicaux des personnes sans-papiers, qui doivent donc payer pour la moindre consultation. Pour le VIH, les traitements sont interrompus, car les patients n’ont pas les moyens de se rendre à l’hôpital de Mamoudzou, seul lieu où ils peuvent retirer les médicaments. Sans compter ceux qui sont expulsés vers Madagascar, le Congo ou le Rwanda, avec comme quasi-certitude de ne pouvoir avoir accès au traitement là-bas. Les expulser, c’est donc les renvoyer vers la mort.

En s’en prenant à une partie d’entre elle, l’État met toute la population en danger. Les épidémies frappent tout le monde sans demander les papiers, et on meurt de ces politiques xénophobes, sous-produits d’un système capitaliste malade.

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