Logement : la flambée des expulsions05/11/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/11/P6-1_Crise_du_logement_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C53%2C800%2C503_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : la flambée des expulsions

Depuis le 1er novembre, les locataires menacés d’expulsion n’auront plus, durant cinq mois, l’angoisse de se trouver du jour au lendemain à la rue. Mais cette « trêve hivernale » qui se renouvelle chaque année n’apporte qu’un bref répit, le nombre annuel d’expulsions battant des records.

Illustration - la flambée des expulsions

En 2024, 24 556 ménages, soit environ 50 000 personnes, ont été expulsés de leur logement par la police, ce qui représente une hausse de 29 % en un an et davantage qu’un doublement en dix ans. En réalité, deux à trois fois plus de ménages sous le coup d’un jugement quittent leur logement avant l’intervention des forces de police et beaucoup rejoignent la cohorte des quelque 350 000 personnes sans domicile.

Pour les habitants d’un bidonville, une simple décision du préfet suffit à les expulser, y compris pendant la « trêve hivernale », et c’est le cas aussi, depuis une loi de 2023, des personnes qui occupent un local vide, même inoccupé depuis longtemps. Au bout du compte il y a les 912 décès de personnes sans chez-soi recensés en 2024 par le collectif Les morts de la Rue, en hausse de 16 % par rapport à 2023.

Aux drames qui se multiplient, les gouvernements successifs répondent… par un renforcement de la répression. La loi de 2023 raccourcit sensiblement les délais entre un jugement contre un locataire et l’intervention de la police. En outre, un juge n’a plus comme auparavant le pouvoir d’accorder un délai, et il est encouragé à expulser un locataire même si celui-ci a recommencé à payer son loyer. Guillaume Kasbarian, député macroniste qui fut un moment ministre du Logement, est l’auteur de cette loi.

« J’assume ce record d’expulsions. On devrait même aller plus loin dans le respect de la propriété privée et la rapidité des expulsions », s’est exclamé ce ministre le 1er novembre sur France info. Une telle déclaration de guerre fait écho au patronat qui « assume » les licenciements. D’ailleurs, bien des travailleurs sont mis à la porte de leur logement après des licenciements qui les ont privés de leurs moyens d’existence, alors que les loyers continuent de flamber. Mais il en faut bien plus pour émouvoir un Kasbarian.

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