L’hôpital et la santé : malades du profit24/04/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/04/P6-1_medecine_gratuite_ok_lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C56%2C600%2C394_crop_detail.jpg

Leur société

L’hôpital et la santé : malades du profit

Le rapport annuel sur l’activité libérale dans les hôpitaux de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) montre que, en 2022, celle-ci (actes et consultations médicales) est en hausse de 15 % quand les revenus qu’en tirent les médecins augmentent de 25 %.

Illustration - malades du profit

Par activité libérale on entend la possibilité d’exercer en secteur privé à l’hôpital public en pratiquant des tarifs plus élevés, les dépassements d’honoraires. En pratique, pour qui peut payer, ce sont des rendez-vous plus rapides dans une médecine clairement à deux vitesses. Ces hausses de revenus sont d’autant plus significatives que, dans le même temps, l’activité hospitalière publique recule de 2 %.

La mise en place du secteur privé dans les années 1960 visait à retenir à l’hôpital public des médecins qui pouvaient être attirés par les sirènes financières d’un secteur privé bien plus rémunérateur. Aujourd’hui, le nombre de médecins en activité libérale à l’hôpital public reste faible : ils sont 5,6 % des médecins dans les 38 hôpitaux franciliens de l’AP-HP mais 19,1 % chez les professeurs de médecine et les praticiens hospitaliers, c’est-à-dire les sommets de la hiérarchie hospitalière. Comme le fait remarquer le cardiologue Milleron de l’hôpital Bichat de Paris, l’augmentation de 25 % des revenus de ces médecins amène à se demander si tous respectent bien le « tact et la mesure » que la loi leur demande dans la fixation de leurs tarifs.

Mais, au-delà de l’hôpital public et de son secteur privé, cette évolution reflète le délabrement de l’offre de santé lié aux politiques d’austérité menées depuis des dizaines d’années. Aujourd’hui, le nombre de médecins est insuffisant, les déserts médicaux sont une généralité, la prise de certains rendez-vous relève de l’exploit, les Urgences sont au bord de l’asphyxie, etc. Pendant ce temps, on voit se développer un secteur privé florissant, avec l’ouverture de cliniques privées, de centres de soins dentaires ou ophtalmologiques, sans oublier les Ehpad, ce nouvel « or gris ». Quand le public ne répond plus aux besoins accrus de la population, le privé propose ses services sonnants et trébuchants et gagne les nouveaux patients qui peuvent payer.

Mettre fin à cette « financiarisation de la santé » implique une autre politique, des moyens humains et financiers au service du public et de rompre avec cette logique du profit qui gangrène toute la société, à commencer par la santé qui devrait être accessible à tous.

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